Commentaire de Octave Lebel
sur Et après !


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Octave Lebel Octave Lebel 1er août 2020 15:44

Je pense que pour un observateur expérimenté de notre société comme Michel Onfray, c’est une erreur.

Michel Onfray a fait une oeuvre philosophique conséquente et s’est donné les moyens (Université populaire de Caen) de l’éducation populaire en en transmettant le contenu à travers une histoire de la philosophie. Ce qui était très novateur dans le contexte et courageux. Je trouve le philosophe très stimulant par l’ampleur du champ de son travail et son engagement personnel.Il entend vivre en philosophe conséquent. Il aime les positions tranchées sans échapper à l’occasion au dogmatisme et à la simplification à mon avis. Mais c’est que je ne dois pas être d’accord avec lui sur certains points. C’est comme cela que la réflexion avance. Il me semble aussi qu’il ne fasse pas toujours la différence entre une conviction et une certitude mais qui d’entre nous le fait toujours  ?

Pendant le mouvement des gilets jaunes, il a écrit dès le début beaucoup de textes d’analyses et de soutien à chaud très brillants et très courageux avec des positions fortes et sans équivoques. Il a en même temps appuyé la défiance qui se portait sur tous les responsables politiques et syndicaux. Celle-ci, de la part de personnes instruites par leurs expériences personnelles, la prise de conscience de leurs capacités à se prendre en mains, le spectacle de l’impuissance syndicale et de la langue de bois phénoménale que partagent bon nombre d’élus avec leurs relais médiatiques  est tout à fait compréhensible mais aussi me semble-t-il un passage obligé de la construction d’une expérience démocratique nouvelle confrontée aux ruses des pouvoirs institutionnels. Une situation novatrice a été créée, moment important de notre histoire sociale et des résultats ont été obtenus. Chacun a pu voir aussi l’évolution vers l’impasse dont le pouvoir avec le contexte médiatique qui est devenu le nôtre a tiré tactiquement parti.

Je pense que pour un observateur expérimenté de notre société comme Michel Onfray, c’est une erreur. Et que cohérent avec lui-même, il persiste et va persister. Qui va imaginer que pour sortir de l’emprise progressive, résolue et déjà bien installée du néo-libéralisme sur toutes les institutions et fonctionnements de notre société , nous n’avons pas besoin de toutes les forces politiques et sociales unies par un projet inscrit dans une coalition soumise au soutien, à la vigilance et au contrôle de l’ensemble de nos concitoyens. Que seule une évolution institutionnelle pourra si ce n’est garantir du moins permettre. Pour être clair, nous avons besoin de toute la gauche sortie des erreurs qui l’ont disqualifiée en profondeur au détriment de ses militants et de ceux qui pensent qu’ils n’y a pas de raison qu’une société pacifique, apaisée, profondément démocratique soit possible. Il me semble que c’est là que se situe le centre de gravité qui peut faire basculer les choses. C’est l’engagement dans un projet contractuel (essentiel étant donné les trahisons et le double langage pratiqué pendant tant d’années) qui est de nature à fonder une coalition solide et non pas l’inverse. Sinon, nous aurons de nouvelles aventures électorales avec promesses et bouc-émissaires de circonstances afin de remplir juste ce qu’il faut les urnes et une robuste abstention.


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