Commentaire de Krokodilo
sur Que veut vraiment Vladimir Poutine ? (Ukraine, étranger proche et stratégie globale)


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Krokodilo Krokodilo 18 mars 2023 19:37

Article qui, sous couvert d’analyse, mélange raccourcis et suppositions. Assez d’accord néanmoins sur divers points, comme le fait que Poutine défend les intérêts de la Russie tandis que notre président, ainsi que la majorité de l’UE et la GB, défendent ceux des USA. Idem sur le temps qui joue pour la Russie – mais là, on dirait que tout le monde en a pris conscience.

Le fil conducteur sur la « maskirovka » me semble romanesque, car la politique et les buts de Poutine n’ont jamais varié depuis qu’il a protesté contre la progression de l’Otan, devant tous les présidents concernés ! Et la Géorgie était une réponse, non une agression.

« Je peux donc affirmer, sans grand risque d’être démenti par les faits, que l’armée russe s’arrêtera à la frontière polonaise »

Bien au contraire, grand risque d’être démenti, mais comme on ne se souvient même pas une semaine plus tard des conneries dites sur LCI, c’est pas grave ! Poutine sait parfaitement qu’au-delà de Kiev, la grande majorité de la population n’est pas russophile, elle est soit totalement ennemie, Lviv étant l’épicentre de cette culture néonazie (minoritaire mais très influente), soir Magyar soit de langue polonaise, selon les régions. Alors que la Crimée et le Donbass, y compris Odessa Kharkov et Kiev, ont un long passé historique commun avec la Russie. Méconnaître ça, c’est méconnaître l’aspect composite et fragile de cette Ukraine, les tensions ethniques, la composante guerre civile de ce conflit.

« la dénazification de l’Ukraine, laquelle prendra autant de temps, si elle est obtenue sur le champ de bataille, et ne peut s’accompagner que d’une occupation militaire russe de l’entièreté du territoire ukrainien pour être pleinement garantie. »

Pas forcément. Un accord sur la démilitarisation, la neutralité, la non-adhésion à l’Otan, suffit.


« Certitude confirmée, de toute façon, par l’impossibilité pour l’élite dirigeante du Kremlin de concilier son exigence de sécurité avec la survivance d’un État ukrainien de quelque superficie que ce soit. »

Non, si la neutralité de l’Ukraine de l’ouest était garantie par des pays ou des dispositifs sérieux, la Russie pourrait même accepter un rattachement à l’UE (nous laissant tout le poids économique de la région la moins riche…). La difficulté réside dans les garanties, car avec le protocole de Minsk, la France et l’Allemagne ont montré qu’ils ne respectaient pas leur signature ni leur parole (déjà avec la vente des Mistral). Par ailleurs, en février ou mars 2022, Kiev et la Russie étaient proches d’un accord, c’est la GB et les USA qui ont convaincu Zélensky (et un peu les menaces de ses ultras !) que l’Occident le soutiendrait face à la Russie… Macron déjà appelait de ses vœux une « architecture de sécurité » pour l’UE, plutôt que d’être les soldats des USA, mais il a été passif alors que nous étions garants des accords de minsk2.

« de même, bien entendu, que le retour de la Crimée dans le giron russe, en 2014, consécutif au coup d’État de Maïdan »

Oui, en précisant que la Crimée était déjà autonome depuis 1991 et que les gens ne s’y sentaient pas du tout Ukrainiens, ce qui explique les résultats du référendum et la tranquilité du rattachement.


Voir ce commentaire dans son contexte