Commentaire de Octave Lebel
sur Sommet international sur l'IA à Paris : entre promesses exaltées, contre-voix critiques et inquiétudes existentielles
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Le problème est avant tout politique, c’est celui qui se pose avec toutes les nouvelles technologies et d’autant plus avec celles qui sont structurantes. Qui décide du développement et des usages et les régule. Et au nom de quoi et de qui et pour quoi faire et avec quelles conséquences. Ici une tribune politique au contenu informatif conséquent.
→ Sommet de l’IA : Macron transforme la France en colonie numérique (Tribune de Jean-Luc Mélenchon publiée dans Le Figaro le 8 février 2025).Extraits.
https://melenchon.fr/2025/02/10/sommet-de-lia-macron-transforme-la-france-en-colonie-numerique
« Tout ne se résume pas aux piles de milliards. L’intelligence artificielle d’abord, se développe avec de l’intelligence humaine. La France en regorge ! Elle forme parmi les meilleurs chercheurs, les meilleurs ingénieurs dans ce domaine. Chez Meta, chez Google, les départements de recherche en IA sont pleins de français. Mais si leur propre pays se donnait une ambition, un objectif enthousiasmant, ces jeunes femmes et jeunes hommes ne voudraient-ils pas y contribuer ? N’a-t-on pas déjà créé ici les premiers modèles d’IA ? Et ne disposait-t-on pas de bases plus avancées même que celle de l’IA chinoise avec la base BLOM au CNRS ? Qu’est-elle devenue ? Mais pour cela, la France doit se distinguer, et ne pas accepter servilement tout ce que la tech américaine veut nous faire gober. »
« Il faut l’assumer : nous ne sommes pas d’accord avec le futur numérique que les GAFAM et le gouvernement états-unien nous préparent. Pourquoi la France agit elle en lobbyiste pour abaisser le niveau des garde-fous decidés par l’Europe face aux GAFAM ? Pourquoi confier la production des règles d’usages et leur gouvernance à une Fondation privée comme le veulent les GAFAM et Macron ? C’est à l’ONU et au droit international décidé par toutes les nations d’être les maitres de ce monde nouveau. Le cœur des questions posées est dans la souveraineté sur les données et les usages qui en sont fait. Sinon tout ce qui sera stockés en France par des entreprises américaines, sera accessible et utilisable aux USA du fait des lois d’extra-territorialité de ce pays. »
« Le capitalisme numérique sous la forme des plus grands monopoles privés jamais formés dans l’histoire de l’Humanité pose un défi inédit. Car ce que ces géants monopolisent, c’est la production de connaissances sur les sociétés humaines et la circulation des informations entre les êtres humains. Tout le passé mais aussi tout le présent et donc le futur. Les milliards de milliards de données que ces plateformes collectent sur nos comportements leur permettent de faire émerger une connaissance fine sur la façon dont nous vivons, dont nous consommons, nous nous déplaçons. En observant des régularités du passé, ils peuvent prédire ce que nous allons faire. De telles capacités, une telle concentration du savoir leur donne un pouvoir énorme. C’est le cas pour nous imposer des choix politiques, comme tente de le faire en ce moment Elon Musk avec l’extrême droite européenne. C’est aussi le cas pour capter la plus grande part de la richesse produite. En nous mettant dans la main des nouveaux seigneurs de la tech, nous nous soumettrons à leur diktat politique et à leur tribut économique. C’est le chemin que nous prenons. Car le gouvernement de François Bayrou, applique au secteur numérique la stricte politique de l’offre. »
« Le 28 janvier, les Insoumis ont présenté une nouvelle version de leur programme historique, l’Avenir en Commun. Celui-ci contient de nouveau une série de mesures pour conquérir notre indépendance sur le plan numérique. Comme par exemple le fait de créer un réseau de datacenters publics, gérés par l’Etat et des institutions publiques, interconnectés pour former un cloud véritablement français. Il s’agit de maîtriser les infrastructures clés et de constituer un domaine public des données. Cela doit nous permettre d’innover, de proposer de nouvelles solutions, d’entraîner des modèles d’intelligence artificielle voués à l’intérêt général plutôt qu’au profit et à la puissance d’entreprise devant des puissances souveraines. Est en jeu la liberté de la Noosphère qui désormais engobe toute la biosphère elle-même. C’est-à-dire de l’immense territoire de tout le savoir humain sur toute la réalité entièrement globalisé et numérisé. Pour cela, il faut nous desserrer de l’emprise techno-féodale des Elon Musk et des autres milliardaires de la Silicon Valley. L’Elysée fait le contraire. »
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