vendredi 18 septembre 2009 - par jack mandon

Jack London : Humanisme écologique pour un nouveau monde

Depuis que nous grouillons sur la surface de la terre, dans cet immense creuset bouillonnant, il s’en passe des choses. Mélanges et métissages, explosions de joie et de souffrance, constructions et destructions d’espace, éveils explosifs, finalités implosives.

A cette différence, chez Jack London, le passage fut vécu, impulsif et créatif, incarné et sublimé, mais aussi écrit et conté dans tous les sens du sens et des sens. Passage incarné et désincarné, diabolisé et sublimé, serein et foudroyant, mais merveilleusement conté, avec simplicité, pour les petits et pour les grands.

Conquérant pacifique, mais guerrier infatigable, Jack mobiliserait bien une armée de journalistes et de reporters tant il est débordant de vie et qu’il s’investit et semble se dédoubler à l’infini, à tous les vents et les courants, sur les chemins, les fleuves et les mers, dans tous les grands espaces originels, animés et dangereux de la planète.

Mais que se passait-il donc dans ce nouveau monde, à ce moment de l’histoire où les peuples de la terre tentaient d’affirmer leur identité. Epoque de romantisme finissant, broyée par l’industrialisation, le capitalisme, le socialisme, l’impérialisme gigantesques et tous les ismes les plus fous aux allures de pandémies. Il se passait ce qui se passe depuis toujours...détruire et reconstruire est l’une des vocations humaine.

Le contexte terrestre global posé, de quel fermant humain notre héros va-t-il jaillir ?

Cela ne manque pas d’originalité dans la signature « zodiacale » extraterrestre de Jack.

Son père, le géniteur, le professeur William Henry Chaney...ne lui donnera ni son nom, ni son affection, mais son goût pour l’espace « illimité » des luminaires et des planètes, car il consacre sa vie à l’astrologie.

Mais il a une maman, même les dieux mythologiques sont enfantés par une femme, voire même par une déesse, ce que beaucoup d’hommes semblent occulter.

Sa maman, Flora Wellman est de santé fragile, elle est même presque naine. Il est naturel qu’elle ai enfanté d’un elfe lunaire-solaire nordique, comme dans les contes de Grimm. Cela quant à la forme, mais quant au fond, ça se confirme, car elle consacre son temps au spiritisme et gagne sa vie comme médium...ces deux là, William et Flora ont tout de même donné la vie à une espèce de visionnaire généreux, curieux, passionné et créatif.

Mais il méritait bien un papa, le petit Jack, il en eut un, en la personne d’un brave homme, John London, blessé pendant la guerre de sécession. Un papa bancal. Il a deux enfants, il est veuf, il épousera Flora et donnera son nom à cet enfant d’ailleurs et de nulle part, qui sans doute assez vite, se singularisera en l’honorant, mais en troquant le prénom de John pour le diminutif de Jack.

Le petit Jack, déjà un peu sorti d’une citrouille écarlate, ou peut être de la métamorphose éclatante d’une rainette en chasse, soulignera encore son originalité en s’abandonnant dans les bras rassurants et protecteurs d’une nounou africaine, Alonzo Prentiss, qui comme son ethnie et son nom l’indiquent, était une grande voyageuse, au lourd passé, devant l’éternel...La foi semble vraiment nécessaire à la survie de l’espèce, mais absolument indispensable au petit Jack.

La palette du grand coloriste universel se dévoile, Je veux parler du très haut.

L’intellectualité « neptunienne » du père géniteur, et professeur William London, la délicate sensibilité visionnaire de maman Flora, la modeste et grande générosité de papa John, héros malgré lui d’une page malheureuse de l’histoire des états unis, la sensualité débordante et chaleureuse de Prentiss, la nounou émergée du vieux continent africain, l’origine de l’humanité...

Ce mélange détonnant d’amour et de conquête à grandes fresques, d’espaces tortueux et torturés, d’immensité vierges et sauvages, de curiosité, de passion et d’irrationalité constitue le terreau originel pour un découvreur d’espaces intérieurs et géographiques, sans en garantir la stabilité..

Sa première muse...jolie et inspirée, se nomme Ina Coolbrith, elle est bibliothécaire dans la ville d’Oakland, elle recevra plus tard le titre de première poétesse de Californie. Pour Jack, la passion des livres s’accompagne de celle de la mer dans la baie de San Francisco.

Bien naturel qu’il cherche à mieux connaître l’oeuvre de Marx et de Spencer, ses deux idoles. Il prépare l’entrée à l’université de Berkeley. Pour cela, il s’inscrit à l’école secondaire d’Oakland en compagnie d’élèves de cinq ans plus jeunes que lui.

Ses premiers écrits ont une coloration politique, son évolution intellectuelle et universitaire à la mesure du personnage, à l’arraché, selon son humeur. Les entreprises les plus rocambolesques émailleront sa jeune vie, pléonasme, sa vie fut toujours jeune, un Rimbaud musculeux dans un mouvement perpétuel, quel feu l’anime ?

L’humanité à fleur de peau, un don familial, mais une propension pour invectiver, agir et interférer sur la matière vivante comme un bateleur imprudent et provocateur.

Son environnement familial invoquait les esprits, Jack les bouscule et les prend à la gorge. Une espèce de démiurge claustrophobe à la recherche du Graal...sans doute l’un des inspirateurs d’Indiana Jones...mais sans doublage. Les chutes, accidents, catastrophes garanties, le phénix renait toujours de ses cendres...mais dans quel état et à quelle prix !

A propos de cendres, Jack active puissamment la pulsion des paroxysmes. Il accumule les affects, colère, sentiment d’injustice, désir de vengeance. La charge émotionnelle intense et non dominée motive des conduites de violence impulsive et de révolte. Il est naturel qu’autour de lui, les tempêtes et incendies se multiplient au gré de ses entreprises...peut-être buvait il pour s’apaiser sa frénésie naturelle qu’accompagnait une grande frustration...mais l’alcool sur le feu...

Son havre de paix, la solitude, le grand large, la nature vierge, l’écriture de chair, la transposition animalière...là, il se ressource comme un titan aux limites du monde, à l’extrémité de ses forces.

Alors se dévoile son côté visionnaire et inspiré, sa délicatesse et son amour pour la vie naturelle.

La ruée vers l’or fut sa première grande tentative de tourner le dos à la civilisation. Le Klondike, le voyage en Alaska et dans le Yukon, le franchissement de la terrible Childhood pass...dans cette folle aventure il s’abandonne, le scorbut le rattrape...il en oublie résolument la fortune.

Cependant, l’artiste en éveil capte et inscrit en lui de puissantes impressions, génératrices d’informations et d’inspirations littéraires. Le grand nord canadien, le contact avec les trappeurs et les indiens, la nature impériale et indomptable...maintenant, il possède une source intarissable d’inspiration

Deux mariages, le premier avec Elisabeth, « Le fils du loup », « La fille des neiges »,le second avec Charmian, « Rien d’autre que l’amour »ne semblent pas constituer l’unique centre d’inspiration pour ce poète solitaire qui fréquente les muses dans les profondes forêts, les rochers escarpés, les torrents déferlants et les océans qui s’égarent dans les ciels de bout du monde.

Les voyages, en route pour l’Afrique Australe, comme correspondant pour couvrir la guerre des boers, il s’arrête à Londres. Il vivra, travesti en clochard, une expérience humaine au milieu des ouvriers démunis, les sans logis, les miséreux. « Le peuple de l’abîme »

La séparation d’avec sa première femme, le voyage à Londres, l’expérience douloureuse et révoltante avec les malheureux du laminoir-broyeur de la révolution industrielle, par une curieuse alchimie dont les artistes ont le secret, le voici recentré dans son intime passion.

Le rebondissement créatif ignore, comme par enchantement, l’implacable réalité du monde, et s’en abreuve. L’alchimie opère comme le mouvement du flux et du reflux de la vague qui transforme ses tourments en une écume joyeuse et paisible.

C’est le retour à l’état sauvage et le passage de relais à l’animal totem « L’appel de la forêt »

Maintenant le succès qui pousse l’aventurier en extrême orient, le correspondant qui couvre la guerre Russo-japonaise, on le retrouve, dans un dédoublement de romancier, penché sur le manuscrit du « Loup des mers ». Devinez où ? En Californie ! Il était au moins deux, peut être trois. Son militantisme socialiste ne porte pas ses fruits électoraux, pourtant ses conférences sont « scandaleuses »...ça me rappelle quelque chose, le monde évolue mais la terre tourne en rond.

Au fond, tant mieux, en retour on publie « Croc-blanc, dans son apparente simplicité, son roman est le plus abouti. C’est l’expérience de Jack dans le grand Nord canadien, lors de la ruée vers l’or du Klondike. Deux sociétés distinctes cohabitent : Les pionniers rustres et brutaux voire cruels, des ingénieurs des mines éduqués. Ce magma européen a déjà érigé sa ville. Dans un décor boueux, bruyant, insalubre et inquiétant, la banque, le saloon, le bordel, les boutiques pour trappeurs...

Plus loin, dans un lieu sauvage édénique, sur les berges d’un lac tranquille, des indiens s’affairent, calmes et sereins, les enfants jouent sur la plage. Le campement composé de huttes brunes en peau de bison et adossé à une forêt enveloppante de conifères et d’érables. « tout est charme et volupté »

Les amérindiens vivent en harmonie avec les animaux et la nature.

Cependant, la focalisation majeure du livre est celle des animaux, rédigé principalement du point de vue de Croc-blanc...humanisé à la manière amérindienne, ou le contraire...

La soif de l’aventure après la notoriété, amorce le dernier salut de l’artiste et du navigateur.

Les ambitions ne sont plus à la mesure des ressources physiques, son hérédité fragilisante, sa gourmandise généralisée pour la vie, le colosse d’airain au pieds d’argile doit abréger le voyage autour du monde de 7 années qu’il devait entreprendre avec sa femme Charmian.

Il revient d’Australie et rentre en Amérique avec son beau voiler, vingt-sept mois après son départ.

Jack London est maintenant addictif, l’alcool, d’autres drogues sans doute, déjà usé par sa vie frénétique, mais il poursuit son oeuvre romanesque.

Il flirte avec son inconscient collectif « Avant Adam » Les guerres tribales préhistoriques et les fauves. Dans un tout autre genre, répondant à ses convictions politiques, il présente « Le talon de fer », puis il brosse une parabole négative de sa propre réussite « Martin Eden », prophétique sans doute. Il retrouve le grand nord « Radieuse Aurore », Les voyages en mer « La croisière du Snark »

« La vallée de la lune », un voyage autour du Cap Horn, « Le cabaret de la dernière chance », l’itinéraire d’un ivrogne repenti, une sorte d’autobiographie. Utilisé plus tard par les tenants de la prohibition.

Surmené, épuisé , il est atteint d’urémie et de rhumatismes, insomniaque, sa santé s’effondre. Sa foi en l’idéal socialiste suit la même courbe, elle s’érode progressivement, c’est la démission. Ses camarades s’indignent de le voir partir avec son yacht de milliardaire.

Le 22 novembre 1916, Jack London décède à l’âge de quarante ans, après avoir absorbé une trop forte dose de médicaments et de morphine.

La condition humaine est si dure, que tous les hommes sont des héros, mais le grand Jack, prend des allures de leader. Le choix des origines implique une incarnation proportionnelle, cela ne va pas de soi.

Le contenant ? Je m’interroge sur l’enveloppe qui permit l’animation dans un espace souvent traditionnel et convenu. Jack dut se réinventer, se recréer, se métamorphoser jusqu’à l’épuisement...son imaginaire et la passion de l’écriture firent jaillir l’image rebelle de la « liberté » sans doute plus colossale et plus aérienne que celle de Bartoldi, qui se rigidifie, avec son bras pesant et son flambeau d’airain, dans les frimas du port de New-york.

Quand j’étais enfant, je m’interrogeais sur la vraie nature de cet homme insaisissable et attachant. Plus tard, à l’âge des critiques vaines, il m’apparut matérialiste, les pieds dans l’argile, mais la tête dans la galaxie, un pugiliste-poète anglo-amérindien au métissage culturel énigmatique et ambigu. Maintenant, à l’automne de ma vie, je sais sa véritable essence.

Son univers amérindien est pur et féérique, son esprit suspendu « entre chien et loup » s’est incarné dans son animal totem, il répond au nom de « Croc blanc »



23 réactions


  • Sandro Ferretti SANDRO 18 septembre 2009 10:33

    Bonjour Jack,
    C’est juste pour vous dire que vous avez manqué ( à la pelle...) sur le site.
    Un Jack qui parle de Jack, ça peut pas nuire.
    Superbe illustration. C’est de qui ?


    • jack mandon jack mandon 18 septembre 2009 18:13

      Délicate attention Sandro, merci.
      A vrai dire, même d’une souris, j’accouche dans la douleur...
      Pour Jack et Jack, ça ne m’échappe pas, même avec le nom de famille, sur un fond d’accent américain, avec un début de cécité, un soupçon de sénilité...on pourrait se méprendre.
      Je dois dire que vous me manquez tous
      Je voulais dire aussi, avec la permission de Michel Berger,
      « On a tous quelque chose en nous de Tennessee,
      Cette volonté de prolonger la nuit,
      Ce désir fou de vivre une autre vie,
      Ce rêve en nous avec ses mots à lui »
      Pour l’illustration, sur google image « le loup qui hurle à la lune »


  • Krokodilo Krokodilo 18 septembre 2009 10:57

    Bel hommage. Coïncidence, je l’ai cité dans la discussion après l’article de Yang sur les suicides à France télécom. Pour moi, c’est Le loup des mers qui le caractérise le mieux, parce que son oeuvre ne cesse de s’interoger sur la condition humaine, sur la nécessaire solidarité envers les malheureux, alors même que lui était fort, intelligent,riche (par moments...) et adulé  : en somme un « self made man » qui défendait la solidarité humaine tout en admirant la force primitive.


    • jack mandon jack mandon 18 septembre 2009 18:25

      Vous avez raison, K. , « Le loup des mers » est certainement son dernier chant du cygne, donc plus intense, et comme un relais qu’il faut saisir.
      J’ai focalisé sur « Croc blanc »pour servir mon développement vers la forme de réincarnation animalière la plus représentative de l’amérindien qu’il était, c’est à dire de l’homme respectueux de cette malheureuse ethnie... Merci pour votre éclairage


  • Francis, agnotologue JL 18 septembre 2009 11:01

    Coc blanc, un livre magique ! A mettre dans toutes les mains, et à consommer sans modération. Je ne comptte plus les fois où je l’ai relu : c’est comme une madeleine de Proust puissance 10 000. Je sais, ça fait un peu « colossale finesse ».

    Vous avez évoqué « Le loup des mers ». Ce roman et quelques autres ainsi que de nombreuses nouvelles, et qui relatent ses aventures dans les « mers du Sud » sont réunis dans un ouvrage publié aux éditions Robert Laffont, sous le titre « Jck London » dans la collection Romans maritimes et exotiques.

    Dans sa bio, mais pardonnez moi, ce n’est pas le sujet de votre très belle évocation, il ne faut pas oublier : « Le peuple d’en bas » : en 1902, London déguisé en clochard, se perd dans les bas-fonds de Londres, et en rapporte un témoignage terrifiant.


    • jack mandon jack mandon 18 septembre 2009 21:03

      « Croc blanc » Dans une introspection, « entre chien et loup » pose bien le problème de la dualité entre l’animalité originelle, sauvage et libre du loup, et la nature contenue, dressée du chien.
      Ce sont deux modes de comportement qui travaillent en permanence, le livre nous invite à sentir ces deux tendances en nous...d’où votre judicieuse remarque sur la madeleine de Proust. Il s’exerce comme un magnétisme autour de cette interaction.
      En même temps l’expression ,« entre chien et loup », jette un doute, une confusion aux limites de l’inconscient et de la conscience. Proust, comme vous le soulignez, excellait dans cet exercice.
      Avec Jack London, nous ne sommes plus dans l’introspection, mais dans une extériorisation à pas de géant de tout ce qui fait l’homme. A la mesure du grand continent amérindien.
      Merci pour votre intervention.


  • Gül 18 septembre 2009 14:07

    Bonjour Jack,

    C’est un plaisir de vous lire à nouveau.

    J’ai lu ce billet presque comme une demande ! Un exemple pour montrer que le monde ne tourne toujours pas bien rond et que la passion, la curiosité, le détachement matériel seraient ce qui manque tant pour que les choses évoluent de manière plus positive, plus riante...

    En tous cas, vous avez fait revenir des souvenirs extraordinaires à ma mémoire. J’ai suivi, il y a longtemps ce chemin du Klondike. De Skagway jusque WhiteHorse.

    Je vous confirme qu’on ne revient pas indemne de telles immensités. Oui, cela peut pousser à la folie et tout autant apporter une grande sagesse. Les amérindiens, pour ceux qui ont évité les ravages de l’alcool, perpétuent la traditionnelle communion avec Gaïa, c’est une leçon que je n’ai jamais oublié.

    Merci aux « Jack » !

    Amicalement.


    • jack mandon jack mandon 18 septembre 2009 21:28

      La photo, votre photo couleur sépia, me fait vous imaginer dans le contexte épique de la conquête de l’ouest, et il me semble, que si vous évoquez le chemin du Klondike, vous avez croisé, et peut être accompagné Jack dans cette aventure...pour vous révélatrice de sagesse.
      Vous comprenez, dans l’imaginaire, nous vivons dans le temps hors du temps.

      Très heureux de vous « entendre » de nouveau, mais aussi d’apprendre que vous avez eu la chance de vivre cette expérience. Au fond, ça vous correspond bien.

      Merci pour votre témoignage

      Bien amicalement

      Jack....l’autre, dans les coulisses.


    • Gollum Gollum 19 septembre 2009 09:25

      Les amérindiens, pour ceux qui ont évité les ravages de l’alcool, perpétuent la traditionnelle communion avec Gaïa


      Je pense plutôt qu’ils font référence au Grand Esprit, Gaïa, ça fait un peu New-Age..

    • jack mandon jack mandon 22 septembre 2009 14:03

      @ Gollum

      Par delà cette espèce de représentation physique, le mystique le plus primaire se trouve à un moment ou à un autre dans un état second qui se passe de forme, mais se connecte avec une espèce de ressentir profond et très personnalisé...ne croyez-vous pas ?


  • Georges Yang 18 septembre 2009 15:41

    Merci pour cet article très complet. De Jack London je ne retiendrais pas les romans pour ados avec des chiens, mais surtout :
    - avant Adam très darwinien
    - le peuple des abîmes journalistique sur les basfonds de Londres
    -le bureau des assassinat réflexion intéressante sur la dérive de l’analyse nietzschéenne
    Et puis London pilleur d’huitres, grand buveur, aventurier ne peut qu’être sympathique


    • jack mandon jack mandon 18 septembre 2009 21:45

      @ Georges
       
      A chacun sa parcelle du personnage, votre choix plus épicurien permet la pause.

      Et pourtant l’espace de respiration et de détente me semble inexistant chez Jack...ah oui les moments de rédaction, là j’ai beaucoup de mal à l’imaginer rivé à sa table, peut être que comme Cézanne dans sa montagne sainte victoire... il produisait autant de croquis qu’il développait de kilomètres.
      En attendant, merci pour votre intervention, elle m’offre d’autres pistes, une autre perspective.
       


    • Georges Yang 19 septembre 2009 11:17

      Curieusement, je détestais London quand j’étais ado ! Je refusais de le lire pour ne pas avoir l’air d’être comme les autres qui aimaient les histoires de toutous dans la neige.
      Arrivé adulte, j’ai enfin apprécié cet écrivain touche à tout, érudit par lui même , à la fois journaliste, analyste de la société de son temps. Et puis aimant la vie à en mourir. London n’était pas un tiède de salon. En dehors du penchant pour l’alcool qu’ils partagent, London est l’anti Hemingway (un vantard) et l’anti Scott Fitzgerald (un dandy dillétante)
      Et puis un type capable de se saouler, de se bagarrer et de commettre des délits tout en s’intéressant à Nietszshe et Darwin, c’est autre chose que Knobelspiess


    • jack mandon jack mandon 20 septembre 2009 19:35

      Pour votre second commentaire Geoges,

      Jack London a choqué ses camarades, comme lui engagés en politique.

      On ne peut que l’imaginer en dehors des systèmes et appareils. Il prend le large, il tire sa révérence, il fout le camp pour incompatibilité d’humeur..
      Cette société génère un chaos économique et se prépare à entrer dans la guerre la plus meurtrière de son histoire. Il a beaucoup donné, il est épuisé, il a sans doute dépassé le cap de l’argument discutable « mourir pour des idées », en revanche, comme vous le dites si bien,
      « Il aimait la vie à en mourir »
      S’il appréciait Nietszshe et Darwin, je crois d’intuition, en bon « Peau rouge », qu’il était capable de s’en remettre à des forces qu’il ne nommait pas, par pudeur peut être, mais qu’il portait dans son ventre, lui, le descendant fulgurant d’ancêtres vikings...pour aspirer sans doute,à une espèce de walhlalla....Quant à la forme, ça s’est passé un peu différemment, mais quand au fond, Odin lui était familier.

      Au plaisir


    • Georges Yang 22 septembre 2009 13:13

      Parler de Walhalla concernant Jack London est tout à fait judicieux quand on se souvient que dans ce paradis des vikings, on buvait sec dans le crâne de ses ennemis, en compagnie de blondes. Cela dit, London parle peu de sexe dans son oeuvre


    • jack mandon jack mandon 22 septembre 2009 13:54

      @ Georges

      Quand l’occasion vous est offerte d’exprimer votre art de vivre, l’impulsion enclenche la mise en scène. Alors les géants chevelus dont la monstruosité affichée mettait en déroute les armées de César déferlent au coeur de l’action...et le brave gaulois brandit son sanglier fumant en signe d’approbation...il me semble que je vous confond avec Obélix , quand au fond seulement, il sont vraiment fous ces romains !


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 18 septembre 2009 16:29

    Cher Jack Mandon .

    Vous êtes un sale égoiste de nous priver aussi longtemps de vos articles si bien écrits .
    Je vous en veux pour autant d ’ingratitude .

    Mille mercis à vous .


    • jack mandon jack mandon 18 septembre 2009 22:02

      Vous comprenez, mon cher haddock, vos interventions depuis Moulinsard me manquait aussi.
      Votre téléphone n’est plus en dérangement ?

      Votre style de générosité qualitative et quantitative me va droit au coeur. En fait, par manque de lecteur, j’ai choisi le silence. Je vous fais une confidence, j’ai la faiblesse d’avoir besoin de l’entourage de pleins d’amis...il ne manquait plus que vous, je suis comblé maintenant, je vais me coucher.

      Amicalement


  • Krokodilo Krokodilo 18 septembre 2009 18:17

    Hormis ses romans célèbres, il a écrit de grandes nouvelles, véritables chef d’oeuvres : Faire du feu, implacable enchaînement dramatique avec un suspense digne des meilleurs films où la vie elle-même du personnage est en jeu et entre ses mains, c’est faire du feu ou mourir, pas d’autre issue possible ; et aussi « La loi de la vie »
    (un extrait ici ) sur l’inexorable succession des générations, une nouvelle épurée à l’’extrême.
    Et son cycle sur les mers du sud a dû ravir les scientifiques, car il a à la fois la plume du journaliste et l’oeil de l’ethnologue.


  • jack mandon jack mandon 19 septembre 2009 08:28

    Krokodilo,

    Fort, sonore, odorant et très dense ce passage introspectif amplifié par l’absence de lumière extérieure . L’auteur s’est emparé du vieil homme méditatif et l’habite littéralement.
    Nous sommes happés dans le monde clos et plein de la conscience humaine.
    Acceptation et résignation du vieux sage aveugle et infiniment voyant...au bord du trépas enveloppé de sensations et de clameurs...« la loi de la vie ».
    Vous êtes enthousiaste et tellement concerné par l’auteur, comme son alter ego.
    Merci pour votre témoignage qui invite à la lecture de Jack London.

    Je ne peux pas m’empêcher d’établir une comparaison avec ce qui se passait à l’époque en France, à quelques années près, E. Zola.
    Il y a quelque chose de très libre et très jeune chez les écrivains américains de ce temps.


  • zelectron zelectron 19 septembre 2009 11:48

    Humanisme écologique d’un monde nouveau : James Oliver Curwood aussi


  • jack mandon jack mandon 19 septembre 2009 12:27

    @ Zelectron

    Intéressant de rappeler l’existence de Curwood, cependant, les frasques et les scandales, mais aussi la nature bouillonnante, généreuse et kinesthésique de London, ont peut être éclipsé la discrétion, voire même l’humilité de Curwood. Ce dernier avait une démarche spirituelle et mystique et vivait dans une quasi solitude méditative...et surtout sans histoire.
    Au fond, il faut faire des histoires, emmerder le monde pour dessiner son histoire...quel monde !

    On ne peut pas oublier le matérialisme ambiant qui régnait au terme du XIX eme, La science de l’époque était d’une prétention intellectuelle navrante...alors les ermites illuminés, qui en plus n’entendent rien à la publicité, restent dans l’ombre...les coulisses de l’esprit.
    Merci de me le rappeler


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