jeudi 7 novembre 2019 - par rosemar

Musique à la cour des Sforza et des Farnèse, avec l’Ensemble A Rebours...

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Que diriez-vous d'un parcours musical en Italie du Nord à l'époque de la Renaisssance et au début du baroque ?

 Les familles Sforza à Ravenne et à Milan, les Farnèse à Venise, Parme, Plaisance, Mantoue ont été très influentes dans la politique, l'économie, la religion et les arts, surtout par leurs alliances avec les Médicis et les Visconti.
Elles se sont offert les meilleurs artistes pour la peinture, l'architecture et la musique tant profane que religieuse.

 

L'Ensemble A Rebours composé de solistes réputés a donné à Nîmes un récital de ces musiques anciennes peu connues... 

 

D'abord, on est charmé par un air mélodieux de Josquin des Prés : Baisiez-moi... les chanteurs sont accompagnés par les sons d'une sacqueboute et d'un cornet à bouquin... dépaysement garanti...

 

Comment ne pas apprécier aussi la belle vivacité de ce morceau : El Grillo, Le grillon ? C'est enlevé, léger, charmant, scandé par un tambourin...

El grillo è buon cantore,
Che tienne longo verso,
Dalle beve grillo canta.

Ma non fa come gli altri uccelli,
Come li han cantato un poco,
Van' de fatto in altro loco
Sempre el grillo sta pur saldo,
Quando la maggior è'l caldo
Al' hor canta sol per amore.

 

Le grillon est un bon chanteur
Il peut chanter longtemps


Il chante tout le temps

Mais il n’est point comme les autres oiseaux
S’ils ont chanté un peu
Ailleurs ils s’en vont
Le grillon reste ou il est
Et quand la chaleur est très accablante
Alors il ne chante que pour l’amour.

 

On écoute ensuite une danse d'un anonyme, un air de flûte solo : une musique légère, vaporeuse, sautillante...

 

Comment ne pas être séduit par l'air suivant de Palestrina : Amor, fortuna ? On est envoûté par la douceur et l'harmonie de cette mélodie.

 

On est aussi ébloui par la vivacité, la gaieté de ces airs : L'Innamorato, L'Accesso de Giovanni Gastoldi... quelle légèreté et quels envols de notes !

 

Puis, c'est un duo instrumental auquel on est convié, un "bicinium", avec sacqueboute et flûte : douceur et légèreté de la flûte, notes plus graves de la sacqueboute, une musique apaisante qui nous entraîne vers le rêve...

 

C'est encore un duo instrumental de Frescobaldi qui nous enveloppe d'une musique envoûtante, douce : une canzone, la Bernardina...

 

Des madrigaux de Claudio Monteverdi, notamment S'andasse amor a caccia nous entraînent dans des notes légères, virevoltantes....

 

On pourrait s'étonner de voir Josquin des Prés dans un programme de musique italienne : en fait, il a passé une bonne partie de sa carrière en Italie, chez les Sforza.

Au cours d'un entracte, Mario Hacquard a présenté au public les instruments utilisés lors de ce concert :

la sacqueboute, ancêtre du trombone, le cornet à bouquin dont l'embouchure ressemble à celle d'une trompette...

Un beau moment pour ce concert donné dans le cadre de l'Automne musical de Nîmes, et une occasion de découvrir des mélodies peu connues...

 

 

MUSIQUE A LA COUR des SFORZA et des FARNESE, Josquin des Prés, Allegri, Ingegneri, Palestrina, Graziani, Gastoldi, Monteverdi, Frescobaldi, Sabbatini

Ensemble A REBOURS
Bertrand Dazin, contre-ténor
Pierre Vaello, ténor
Maud Caille, cornet à bouquin, flûte
Claire McIntyre, sacqueboute
Mario Hacquard, baryton et direction

 

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2019/10/musique-a-la-cour-des-sforza-et-des-farnese-avec-l-ensemble-a-rebours.html

 

Vidéos :


 



11 réactions


  • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 7 novembre 2019 14:09

    « Les familles Sforza à Ravenne et à Milan, les Farnèse à Venise, Parme, Plaisance, Mantoue »

    Il faudra qu’un jour, nous autres francophones perdions la détestable manie d’arranger à notre sauce les noms propres de villes comme Ravenna, Milano, Venice, Parma, Piacenza ou Mantova. Ce n’est pas parce que les Italiens appellent la capitale de la France « Parigi » qu’il faut les imiter. Dans les deux cas, cela traduit un sentiment de supériorité culturelle hérité du passé (pareil pour Londres, Smyrne, Le Caire, etc.)


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 7 novembre 2019 15:37

      @alexis42

      ... et trouver un remplaçant pour « commentaire stupide ».


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 7 novembre 2019 15:42

      @Séraphin Lampion

      on a bien fini par dire « Ankara » et non plus Angora« comme avant, on commence à voir ça et là »Beijing« et non plus »Pékin« , »Mumbai« et plus »Bombay"

      pendant qu’on y est, pourquoi ne pas dire Le Pont Doré de Saint-François ?


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 7 novembre 2019 17:15

      @San Jose

      si, si, pardon, ou barrière ou même portillon, mais là ça serait plutôt le genre portail... désolé... 


    • rosemar rosemar 7 novembre 2019 21:08

      @Séraphin Lampion

      Non, un usage bien établi...


    • eau-mission eau-pression 8 novembre 2019 09:16

      @Séraphin Lampion
      Et quand les anglais ont des idées lubriques quand on parle de Condom, les parisiennes idem quand on les accompagne à Lombez ?

      Idées coquines sans doute voulues par Rosemar, avec son choix de « baises moy ». Pourtant, il fait un peu frais aujourd’hui, même à Nîmes, pour se baigner nue à la Fontaine. Quoique ... il reste des feuilles sur les vignes.


  • phan 7 novembre 2019 16:06
    Taisez-vous en bas, voyez le maestro, les laissant faire, écouter de façon sublime « Baisez Moi » (le maestro est le sixième sur la liste et il y a si peu de mecs pour faire l’équipe).

    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 7 novembre 2019 16:50

      @phan

      Josquin des prés est né vers 1450 et mort en 1521, ce qui les situe à cheval sur les 15ème et 16ème siècles. Comme pour François Villon né en 1431 et mort après 1463. Baiser signifiait « faire un baiser », sans plus :

      « S’ils n’ayment fors que pour l’argent,

      On ne les ayme que pour l’eure.

      Et m’eust il fait les rains trayner,

      S’il m’eust dit que je le baisasse … »


      Ou Ronsard (1524-1585) :


      « Maîtresse, embrasse-moi, baise-moi, serre-moi,

      Haleine contre haleine, échauffe-moi la vie,

      Mille et mille baisers donne-moi je te prie,

      Amour veut tout sans nombre, amour n’a point de loi.

       

      Baise et rebaise-moi ; belle bouche pourquoi

      Te gardes-tu là-bas, quand tu seras blêmie,

      A baiser (de Pluton ou la femme ou l’amie),

      N’ayant plus ni couleur, ni rien semblable à toi ?

       

      En vivant presse-moi de tes lèvres de roses,

      Bégaie, en me baisant, à lèvres demi-closes

      Mille mots tronçonnés, mourant entre mes bras.

       

      Je mourrai dans les tiens, puis, toi ressuscitée,

      Je ressusciterai ; allons ainsi là-bas,

      Le jour, tant soit-il court, vaut mieux que la nuitée. »


    • phan 7 novembre 2019 20:07

      @Séraphin Lampion
      Et voilà une belle thèse : Au Zambèze, les filles sont belles et gentilles ...

      Du latin bāsĭāre qui désignait initialement le baiser donné à des personnes respectées, par exemple au père. Le mot s’est rapidement substitué à suāvĭum (« baiser d’amour ») et à oscŭlum (« petite bouche = arrondissement de la bouche »). Le sens sexuel de baiser est attesté dès le XIIe siècle.
      1 - (Transitif) Appliquer sa bouche sur le visage, sur les lèvres, sur une partie du corps d’une personne, par amitié, par amour, par civilité, par respect ; et par extension, faire le même acte à un objet. — Note d’usage : À cause de la prééminence du sens obscène, ce verbe n’est pratiquement plus utilisé actuellement dans cette acception, sauf dans quelques emplois très spécialisés tels que baiser la main d’une dame ou baiser l’anneau d’un évêque.
      2 - (Intransitif) (Vulgaire) (Par euphémisme) Euphémisme de coïter, s’accoupler, copuler.
      Notes
      Depuis le milieu du XXe siècle, le sens « avoir des relations sexuelles » l’emporte sur l’autre ; pour éviter cette ambiguïté l’usage privilégie « embrasser » pour « donner un baiser ».

      Aristocrates, vous voilà dans le bahut, 
      Je baiserons vos femmes et vous serez cocus,
      Aristocrates, je vous vois tous cornus.(bis) — (Anonyme, Le Tombeau des aristocrates, 1791)

  • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 8 novembre 2019 22:07

    @rosemar tin du Gard .

    En prélude à « baises moy » ne serait-il pas judicieux de se laisser murmurer à l’oreille un petit « Besame Mucho » como si fuera esta la noche la ultima vez ♫

    smiley


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