mardi 29 août 2023 - par Fergus

Adelaïde Labille-Guiard : Autoportrait avec deux élèves

 

Exposé en 1785 au Salon Carré du Louvre, l’Autoportrait avec deux élèves d’Adélaïde Labille-Guiard marque les esprits. Il est même salué par les critiques pour son originalité et sa qualité picturale. Ce tableau, remarquable à plusieurs titres, vaudra à son auteure une reconnaissance méritée dans les milieux artistiques de son temps où sa rivale Élisabeth Vigée Le Brun, « peintre de la reine » Marie-Antoinette, occupe déjà une place éminente...

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Nées à quelques années d’intervalle au milieu du 18e siècle, ces deux grandes dames de la peinture françaises ont légué à la postérité nombre d’œuvres admirables, notamment de magnifiques portraits des puissants personnages de leur temps. Mais l’une, Élisabeth, est toujours restée dans la lumière jusqu’à notre époque tandis que l’autre, Adélaïde, a longtemps été confinée dans l’ombre de sa cadette après son décès prématuré en 1803*. Une injustice désormais réparée par les experts internationaux et par les amateurs de peinture qui, fort justement, créditent ces deux femmes d'un égal talent.

Entrées la même année (1783) à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture malgré une cabale destinée à entraver leur carrière**, les deux femmes n’ont toutefois pas le même statut. Élisabeth est en effet depuis quelques années la portraitiste officielle de la reine de France Marie-Antoinette. Qu’à cela ne tienne, Adélaïde deviendra la portraitiste de Mesdames, autrement dit des sœurs du roi, Adelaïde de France, Victoire de France et Élisabeth de France en 1787. Nul doute à cet égard que la reconnaissance acquise grâce à l’exposition de son Autoportrait avec deux élèves deux ans plus tôt au Louvre a joué un rôle déterminant.

Conservé au Metropolitan Museum of Art de New York depuis 1953 après être passé entre différentes mains au fil du temps depuis la mort de l’artiste***, l’Autoportrait avec deux élèves – un grand format en pied de 210 cm x 151 cm – est assurément un tableau atypique et novateur, voire « révolutionnaire » aux yeux de certains experts. Et cela pour plusieurs raisons.

Il est tout d’abord étonnant d’y voir l’artiste représentée palette et canne**** en main – par conséquent censément au travail –, vêtue d’une superbe robe d’apparat et d’une élégante capeline, plus appropriés à une garden-party mondaine qu’à l’atelier d’un peintre. Sans doute faut-il voir là une manière pour Adelaïde de mettre en scène ostensiblement sa position sociale, mais aussi de montrer aux nombreux visiteurs du Salon Carré du Louvre – des clients potentiels – son savoir-faire dans le rendu de la toilette : le drapé des soieries, le réalisme des coutures et la finesse des dentelles de sa robe y sont merveilleusement restitués, tout comme le sont ses cheveux ainsi que les plumes et le ruban qui ornent la capeline.

Adelaïde est d’autant moins au travail qu’elle se représente tournée vers l’observateur et non vers le sujet qu’elle est censée peindre, en l’occurrence elle-même faisant face à un miroir. On ne voit d’ailleurs pas l’endroit de la toile mais l’envers du châssis (où figure la signature de l’artiste), ce qui est rare mais ne constitue pas une innovation, Diego Vélasquez l’ayant déjà montré dans la composition de son célèbre tableau Les Ménines en 1656. Là encore, l’on peut admirer la très grande finesse d’exécution d’Adelaïde, tout comme dans le rendu du parquet Versailles, du tabouret et du siège de l’artiste, tous deux de bois doré et de velours, ainsi que du coffre et des autres accessoires.

Égalité de condition sociale

Au-delà de ces qualités picturales, l’historienne de l’art et ex-membre du MLF Marie-Jo Bonnet voit dans ce tableau « un véritable manifeste en faveur de l’enseignement artistique des femmes ». Et de fait, Adelaïde, déjà très en pointe dans la lutte pour une plus grande accessibilité de l’Académie aux femmes, y revendique le droit des personnes de son sexe à enseigner officiellement la peinture, ce qui n’était encore, dans le meilleur des cas, toléré que par les plus libéraux des artistes masculins, en l’occurrence minoritaires dans la profession. Or, jamais avant cette œuvre une femme n’avait été ainsi représentée avec des élèves dans un statut de « maître ».

Mais Adelaïde va encore plus loin, quatre ans avant la Révolution, en nous offrant à voir ses deux élèves les plus douées dans une posture audacieuse pour l’époque : la main gauche de Marie-Gabrielle Capet, fille d’une servante et d’un domestique lyonnais, est en effet placée sur la taille de Marie-Marguerite Carreaux de Rosemond, fille d’un couple d’aristocrates suisses, tandis que la main droite celle-ci apparaît sur l’épaule de la roturière. Il en résulte un amical enlacement qui constitue à l’évidence un symbole d’égalité de condition sociale, tout droit hérité des valeurs véhiculées par les Lumières.

À noter la grande finesse d’exécution des visages, que ce soit celui de l’artiste elle-même ou ceux des deux élèves, l’une, Melle Carreaux de Rosemond, fixant l’œuvre de la peintre, tandis que l’autre, Melle Capet, est tournée, comme l’artiste, vers le visiteur du Salon Carré. Peut-être faut-il y voir une façon pour Adelaïde d’augurer que cette élève particulièrement talentueuse sera elle aussi une grande artiste, ce que l’avenir confirmera (cf. Mademoiselle Capet).

Enfin, l’on peut observer, dans l’ombre de l’arrière-plan, deux sculptures qui ne sont pas là par hasard : elles trônaient réellement dans l’atelier de l’artiste. L’une est le buste du père d’Adélaïde, Claude-Edme Labille, un mercier proposant à sa clientèle de somptueux tissus et des parures de luxe ; cette œuvre a été réalisée par Augustin Pajou dont Adélaïde avait fait en 1783 un magnifique portrait. L’autre représente une vestale, sculptée par Jean-Antoine Houdon ; cette statuette a disparu, contrairement à une autre vestale du même sculpteur, datée de 1787 et conservée au Louvre. Peut-être faut-il voir dans la présence de cette vestale, évidemment pas une référence à la chasteté inhérente à la fonction de vestale, mais une caution de la moralité d’Adelaïde, mise en cause par la cabale de 1783.

L’Autoportrait avec deux élèves a été une étape importante dans la lutte conduite par Adelaïde Labille-Guiard et quelques autres artistes pour renforcer les droits des femmes dans la société patriarcale de leur temps. Notamment pour supprimer les quotas d’admission à l’Académie et permettre sans réserve l’accès des femmes aux postes de professeur. Ce tableau a, de facto, constitué un manifeste revendicatif, comme l'a souligné Marie-Jo Bonnet. Une manière pour cette grande dame d’œuvrer pour une cause qui, malheureusement, se heurtera encore à de nombreux obstacles dans les décennies ayant suivi son décès.

Élisabeth Vigée Le Brun survivra 39 ans à Adelaïde Labille-Guiard.

** Élisabeth Vigée Le Brun et Adelaïde Labille-Guiard – mais aussi Anne Vallayer-Coster – ont notamment été visées par un pamphlet anonyme les accusant de vie dissolue sous le titre Suite de Malborough au Salon 1783.

*** Bien qu’elle ait reçu des propositions d’achat lors de l’exposition du tableau en 1785, Adélaïde Labille-Guiard avait refusé de vendre l’Autoportrait avec deux élèves. À sa mort, il a été légué à son second mari, le peintre François-André Vincent.

**** La canne de peintre est un appuie-main utilisé par les artistes pour les aider à peindre des détails.

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135 réactions


    • gnozd gnozd 30 août 2023 17:30

      @Fergus

      Il faut éviter de traiter le flan à l’acrylique.


    • Fergus Fergus 30 août 2023 18:54

      @ gnozd

      Voilà un domaine technique dont j’ignore tout. Mais aucun risque que je commette une erreur, ce domaine n’entrant pas dans le champ de mes activités. smiley


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 30 août 2023 10:30

    Dans un couple, nous sommes quatre : l’homme et sa partie féminine, la femme et sa partie masculine.


    • Fergus Fergus 30 août 2023 10:34

      @ Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Sans compter les parasites comme le ténia. smiley


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 30 août 2023 10:34

      @Fergus et les acariens.. ;


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 30 août 2023 10:38

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
       

      ’’Dans un couple, nous sommes quatre : l’homme et sa partie féminine, la femme et sa partie masculine.’’

      >

      Et je dirai même plus : il y a en chacun de nous un parent, un enfant et un adulte. Certains sont plus enfant que parent, plus parent qu’adulte.


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 30 août 2023 10:41

      @Francis, agnotologue je parle de couples accomplis et matures. Difficile de vivre avec quelqu’un qui ne s’est pas remis en question. Sept expériences de couples... et c’est moi qui en général suis partie. Plus deux décès...


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 30 août 2023 11:16

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
       
       parent et enfant sont complémentaires pour le meilleur et plus souvent pour le pire. Adulte vs adulte aussi mais plus souvent pour le mieux. En dehors de ces situations relationnelles il y a toujours des frictions et des malentendus.


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 30 août 2023 11:42

      @Francis, agnotologue
       
       les situations relationnelles sources de frictions et de malentendus débouchent souvent dans des triangles de Karpman quand un tiers peut-être convoqué par l’un des non-adulte sinon des deux. C’est d’ailleurs à ça qu’on reconnait une telle situation.


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 30 août 2023 11:48

      @Francis, agnotologue Parfaitement illustré par la pièce de théâtre : OTHELLO.


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 30 août 2023 12:41

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
       
       c’est aussi parfaitement illustré plusieurs fois par jour sur ce site ici même.
       
       smiley


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 30 août 2023 12:43

      @Francis, agnotologue Exact, si vous saviez comme je m’en fouts. Des tarés, j’en ai croisé toute ma vie. Ici comme ailleurs.. smiley


    • gnozd gnozd 30 août 2023 17:29

      @Fergus

      Et les morbacks.


    • Fergus Fergus 30 août 2023 17:59

      Bonjour, gnozd

      Les « morbacks » ont au moins la courtoisie de rester à l’extérieur de nos personnes. smiley 


  • ZenZoe ZenZoe 30 août 2023 11:49

    Bonjour Fergus,

    Magnifique tableau en effet, et excellente analyse de votre part je trouve. Vous insistez sur le message plutôt que sur les qualités purement esthétiques, et c’est une très bonne chose. Il est bon de rappeler que les femmes ont toujours été aussi capables que les hommes dans tous les domaines (enfin, sauf peut-être dans la chasse au mammouth...) et arrivaient quelquefois à prendre leur place dans un milieu qui peinait à les accepter. Peinture, mais aussi sculpture, littérature, poésie, et tant d’autres domaines... Je suis toujours émerveillée par le courage qu’ont eu ces pionnières d’autrefois, en pavant ainsi le chemin pour leur descendantes...

    Comme le disait Philipp Morris avec Virginia Slims ’’You’ve come a long way, baby !’’. smiley


    • Fergus Fergus 30 août 2023 12:00

      Bonjour, ZenZoe

      Merci à vous !

      « Je suis toujours émerveillée par le courage qu’ont eu ces pionnières d’autrefois, en pavant ainsi le chemin pour leur descendantes »
      En effet, et c’est pourquoi je m’intéresse plus à ces femmes qu’à leurs contemporains mâles, nettement mieux servis  parfois de manière très injuste  par l’histoire. 


  • Samson Samson 30 août 2023 12:20

    Bonjour @Fergus

    Merci pour cette passionnante présentation !

    Portez vous bien, en vous présentant mes cordiales salutations ! smiley


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 30 août 2023 12:46

    Bon ! elle s’arrête cette foutue pluie...


  • Dudule 30 août 2023 20:37

    Je ne comprends pas votre interprétation :

    Il me semble bien qu’Adélaïde est bel et bien au travail, et qu’elle se peint au travail. Elle réalise son autoportrait et peint donc ce qu’elle voit quand elle regarde le miroir. Un peintre qui peint un modèle quelconque regarde son modèle puis regarde sa toile pour peindre.

    Il aurait été tout à fait curieux qu’elle se peigne regardant ailleurs que dans le miroir.

    De plus, ce regard tourné vers l’observateur est une interprétation erronée de votre part, il me semble, pour la même raison : si elle peint ce qu’elle voit dans le miroir, son regard tourné vers le miroir donne évidemment l’illusion qu’elle regarde l’observateur une fois la peinture achevée et exposée.


    • Fergus Fergus 30 août 2023 20:50

      Bonsoir, Dudule

      Non, elle n’est évidemment pas au travail.
      D’une part, une peintre ne travaille jamais en tenue d’apparat (Melle Capet a d’ailleurs peint Adelaïde  devenue Mme Vincent au travail dans ce superbe tableau : L’atelier de Madame Vincent).
      D’autre part, une peintre au travail ne tient jamais dans ses mains tout à la fois sa palette, sa canne et l’ensemble de ses pinceaux !


    • Fergus Fergus 30 août 2023 20:51

      La tenue de travail d’une peintre est faite de coton ou de lin, certainement pas de soie ou de satin !!!


  • Aristide Aristide 31 août 2023 11:46

    Une incidence sur ce sujet, n’ayant aucune compétence en histoire de l’art, je me garderais bien d’interpréter quoique que ce soit de cette œuvre.

    Mais je m’interroge sur l’interprétation féministe avant l’heure qui en faite ici. Je crois que nous ne pouvons juger de ces temps anciens sans tomber malheureusement dans l’anachronisme(*)

    Cette peintre était surement préoccupée de sa position qui n’était pas à la hauteur de son talent, elle en connaissait la cause essentielle du fait même de sa nature de femme. Mais est-ce suffisant pour transformer cette volonté farouche d’être jugée pour la qualité de son œuvre en militantisme féminisme. J’en doute ...

    (*) Anachronisme assez ... courant qui provoque le déboulonnement de statues, le changement de nom de rues, de mise à l’index historique, etc ...


    • Fergus Fergus 31 août 2023 12:59

      Bonjour, Aristide

      C’est pourtant bien de « militantisme féministe » qu’il est question ici, même s’il est exprimé de manière courtoise et ne prend pas la forme des actions contemporaines, souvent beaucoup plus agressives.

      En 1790, Labille-Guiard et quelques autres femmes peintre ont ensuite déposé des requêtes, notamment pour que soient augmentés les quotas d’accès féminins à l’Académie. Or, Labille-Guiard, artiste reconnue, n’était pas concernée, étant d’ores et déjà académicienne, ce qui ne l’a pas empêchée de « militer », plus pour ses consoeurs que pour elle-même.

      Des requêtes qui, soit dit en passant, on été refusées par les hommes en poste. Ce qui ne dissuadera pas Labille-Guiard de continuer d’agir les années suivantes.


    • Aristide Aristide 1er septembre 2023 12:43

      @Fergus

      Vous ne prenez pas la mesure de l’anachronisme de nos jugements actuels sur le passé. Et pas que dans ce domaine. 

      Vous pouvez admettre, il me semble, que le féminisme est une lutte égalitaire qui dépasse la lutte pour l’égalité de traitement d’une élite féminine, fussent-elles artistes de talent ....Il me parait que le militantisme féministe dépasse largement la présence de femmes dans des institutions officielles que sont les Académies. Il ne s’agit pas de contester son investissement dans ce domaine.

      Je ne suis pas sûr, à ce que j’ai lu, qu’elle soit sortie de ce domaine assez restreint pour, par exemple, lutter contre l’exploitation de la femme, les mariages forcés, l’inégalité des droits dans tous les domaines...

      Enfin, il me semble que nommer cela féminisme est assez ... tiré par les cheveux... Mais il est vrai que toutes les « idéologies » ont besoin de figures marquantes capables de les incarner au mépris de la réalité des engagements et surtout de l’époque ....

      Lire la suite ▼

    • Fergus Fergus 1er septembre 2023 16:30

      @ Aristide

      Vous avez du « féminisme » une idée fausse, ou au minimum très incomplète.

      Certes, le mot était encore rarement employé à la fin du 18e siècle. Mais il existait déjà à l’époque de Labille-Guiard. Le « féminisme » avait notamment été défini par Hubertine Auclert (à laquelle j’ai consacré un article en 2021 : Droit des femmes : Hubertine, la pionnière oubliée) comme l’engagement à défendre les droits des femmes, sans qu’il soit fait mention dans ses écrits de réserves à l’usage de ce concept.

      Dès lors, relevait bel et bien du « féminisme » toute action qui visait à améliorer la condition des femmes, même sur un plan catégoriel, cadre dans lequel entraient les revendications de Labille-Guiard.

      Si vous séjournez à Paris, je vous engage à visiter la Bibliothèque Marguerite Durand dans le 13e arrondissement : vous y trouverez un fonds documentaire exceptionnel sur tout ce qui touche au « féminisme » !


    • Fergus Fergus 2 septembre 2023 09:10

      Vérification faite (j’avais un doute), le mot « féminisme » n’existait pas encore à la fin du 18e siècle (je plaide coupable !).
      Il est apparu au milieu du 19e siècle, éventuellement un peu plus tôt si l’on accorde du crédit à la thèse selon laquelle Charles Fourier en serait l’inventeur.
      Cela n’enlève rien au fait que le concept existait déjà  y compris au niveau des réflexions sociétales chez les philosophes des Lumières , même s’il n’avait pas été nommé par les intellectuels, et a fortiori traduit en pistes d’action politique. 
      La définition produite par Hubertine Auclert a le mérite de jeter un pont entre les actions revendicatives des temps passés et celles de notre époque moderne, même si les méthodes et les champs de ces actions ne peuvent évidemment pas être comparés.
      Mais dans tous les cas, il s’agit bien de « féminisme ».


    • Aristide Aristide 2 septembre 2023 11:41

      @Fergus

      Mais la datation du mot n’a rien à voir. D’autres personnages comme Olympe de Gouges, alias Marie Gouze, mériterait mieux de cet « anachronisme ». Un personnage du plus étonnant tant par sa vie que par la lucidité de ses propos sur son époque. Époque troublée de la révolution, durant laquelle elle affirme son « féminisme » et la défense des « noirs ». 

      Assez loin de la « lutte » feutrée d’une artiste de talent ...
       


    • Fergus Fergus 2 septembre 2023 11:59

      @ Aristide

      La question n’est, me semble-t-il, pas de savoir quel a été le degré d’engagement ni s’il a pris un caractère général ou catégoriel pour parler de « féminisme ». 

      Réfuter ce terme reviendrait, pour faire une analogie, à chipoter sur l’engagement syndical entre un militant de base, simple délégué du personnel dans son entreprise au service de revendications catégorielles, et un militant engagé au plan national pour servir les intérêts des travailleurs tous secteurs confondus !


    • Aristide Aristide 2 septembre 2023 12:37

      @Fergus

      Votre analogie ne vaut pas tripette !!! Allons, il ne s’agit pas de nier l’engagement, mais la « dénomination » de celui-ci. 

      Une précision tout de même, le représentant syndical en entreprise et le militant national sont dans le même temps, dans la même problématique de défense des droits des travailleurs, même si l’un a une action dans le réel et le second dans un domaine plus transversal.

      Pour revenir à notre artiste, son engagement était catégoriel, mais surtout il ne s’inscrivait pas dans le champ plus vaste de l’égalité entre hommes et femmes. Ce qui a été le cas d’Olympe de Gouges qui a su « théoriser » sa conception du droit des femmes dans un monde patriarcal.


    • Fergus Fergus 2 septembre 2023 13:05

      @ Aristide

      Désolé, mais ce qui ne « vaut pas tripette », c’est votre incroyable insistance à nier le caractère « féministe » de l’action de Labille-Guiard, comme avant elle, celle d’Artemisia Gentileschi.
      Ce sont les experts en histoire de l’art eux-mêmes qui les ont qualifiées de « féministes ».
      Et ils ont eu raison car, même si cela n’a pas pris l’ampleur de l’engagement d’Olympes de Gouges, le fait est qu’elles ont clairement oeuvré, à leur manière et dans le contexte de leur temps, pour « l’égalité (des droits) entre hommes et femmes ».
       


    • Aristide Aristide 3 septembre 2023 14:04

      @Fergus

      Jeanne d’Arc aussi devait être féministe !!!! 

      Vous ne pigez rien de ce qu’est l’anachronisme : juger suivant nos critères actuels, comme vos experts, d’événements, de personnes, de situation ... du passé.

      C’est avec ce genre d’idée que l’on détricote toute l’histoire, que l’on passe à la moulinette du wokisme tout notre passé, 


    • Fergus Fergus 3 septembre 2023 15:30

      @Aristide

      N’importe quoi !!!
      J’ai autre chose à faire que de débattre de telles âneries.


    • Aristide Aristide 4 septembre 2023 12:40

      @Fergus

      Vous avez raison, ne réfléchissez pas trop !!!


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