lundi 5 novembre 2012 - par Fergus

Chanson française : de la Grande Guerre aux Années folles

Entre les déconvenues de l’exécutif français, les incertitudes sur la sortie de crise et la décevante campagne électorale américaine, la période reste très chargée en actualité politique déprimante. Dans un tel contexte, il est nécessaire de se changer les idées de temps à autre. Puisse ce petit florilège de la Chanson française de 1914 à 1929 y contribuer...

Le précédent volet, La chanson française à la Belle époque, se terminait en été 1914. La campagne de Verdun était alors verdoyante et fleurie et n’aurait pas dû cesser de l’être si la folie des hommes n’en avait décidé autrement. Quatre ans plus tard, c’est un territoire dévasté par des milliers d’obus et les ruines des villages morts qui sont rendus à la population civile, ou ce qu’il en reste, par les cloches annonçant l’Armistice le 11 novembre 1918.

De ces années noires antérieures aux Années folles, il reste de nombreuses chansons dont beaucoup sont dédiées aux soldats et visent, soit à leur donner du cœur au combat, soit à remonter le moral des fameux poilus. C’est évidemment le cas de la plus célèbre d’entre elles, Quand Madelon..., créée quelques mois avant la guerre par deux « comiques troupiers » : Bach à Paris et Polin à Marseille. Enregistrée en 1917 par Marcelly, la Madelon a ensuite été reprise par de nombreux artistes, y compris dans une version anglaise destinée aux troupes britanniques. Il est vrai que des emprunts identiques ont été faits aux « britiches », notamment avec Tip... Tip... Tipperary, créée en 1914 par Mayol et inspirée de « It’s a long way to Tipperary ».

Pour remonter le moral, il n’y a pas que les femmes, le vin peut également y contribuer, même s’il n’est que de « la vinasse » qui « réchauffe là où c’que ça passe » comme le chante Bach en 1916 dans Le pinard. Mais après tout, peu importe la qualité du breuvage, « vas-y, Bidasse, remplis mon quart », ajoute le comique troupier. Un célèbre ami, ce fameux Bidasse, « natif d’Arras, chef-lieu du Pas d’Calais » comme chacun sait. Depuis sa création par Bach en 1914 sous le titre Avec Bidasse, le succès ne s’est pas démenti et cette pochade continue d’amuser « pioupious » et « tourlourous », comme on disait alors fréquemment pour désigner les fantassins.

Dans un genre différent, Ma p’tite Mimi, créée par Théodore Botrel en 1915 sur l’air célèbre de La petite Tonkinoise (ici chantée par Polin en 1906), n’a rien d’une fragile demoiselle. Cette Mimi-là est en effet une... mitrailleuse : « Comme des mouches / je vous couche / tous les soldats du Kaiser / le nez dans nos fils de fer » chante le mitrailleur qui confie préférer sa Mimi à sa bonne amie Rosalie. Pure dérision qui déchaîne encore les rires des décennies plus tard comme le montre Pierre Desproges.

« Nous sommes les sacrifiés »

Impossible de ne pas citer, dans un registre autrement plus grave, la Chanson de Craonne (ici reprise par Marc Ogeret en 1973). Écrites par des anonymes sur le front en 1917 et recueillies par le journaliste communiste Paul Vaillant-Couturier, les paroles de cette chanson « subversive », et en son temps censurée, décrivent l’horreur du sort réservé aux poilus des tranchées : « C'est à Craonne sur le plateau / Qu'on doit laisser sa peau / Car nous sommes tous condamnés / Nous sommes les sacrifiés ». Puis vient le temps de la rébellion : « Ceux qui ont l’pognon, ceux-là r’viendront / Car c’est pour eux qu’on crève / Mais c’est fini car les troufions / Vont tous se mettre en grève ». On sait, hélas, ce qu’il est advenu de ces troupes, et notamment des mutins de cette même année 1917, souvent associés à la Chanson de Craonne, et dont la plupart ont été fusillés pour l’exemple.

C’est toutefois une autre très belle chanson, écrite par Montéhus en hommage au sacrifice des poilus, qui deviendra emblématique de cette guerre si meurtrière, bien qu’elle ait été écrite en 1923 : La butte rouge. Souvenir d’un épisode particulièrement sanglant, cette chanson est une émouvante épitaphe, ô combien plus évocatrice que de longs discours, à la mémoire des morts au combat : « La butte rouge, c’est son nom, l’baptême s’fit un matin / Où tous ceux qui montaient, roulaient dans le ravin. / Aujourd’hui, y’a des vignes, il y pousse du raisin / Mais moi, j’y vois des croix, portant l’nom des copains. »

En entendant sonner les cloches de l’Armistice le 11 novembre 1918, les Français sont loin d’imaginer ce que vont être ces Années folles. La période qui suit la sortie du conflit est en premier lieu celle des bilans. Avec 1,5 millions de morts et disparus, 3 millions de blessés, 850 000 invalides, mutilés et « gueules cassées », près de 630 000 veuves de guerre et 750 000 orphelins, la France a payé le plus lourd tribut à cet hallucinante boucherie. Peu à peu, des monuments aux morts sont érigés dans les communes pour rendre hommage à tous ces hommes victimes des combats. Gravées dans la pierre, les listes de noms sont parfois si longues pour d’humbles villages ruraux qu’elles laissent pantois d’horreur. Les semaines et les mois passent. Tant bien que mal, la vie reprend, souvent grâce au courage d’une veuve ou d’une mère en deuil, qui cumule parfois les deux malheurs...

Progressivement, on réorganise la production industrielle et les travaux agricoles. Pas évident dans un pays où l’appareil industriel, principalement concentré dans le Nord et l’Est du pays, a été ravagé. Pas évident non plus lorsqu’on sait que 10,5 % de la population active ont été décimés. Née dans la défaite de 1870 et poursuivie dans l’amère victoire de 1918, la IIIe République fait pourtant face aux défis malgré l’ampleur du désastre économique. Raymond Poincaré en sera le principal artisan et affichera sa fermeté vis-à-vis des sanctions financières qui visent l’Allemagne en allant jusqu’à occuper la Ruhr de 1923 à 1925 pour contraindre l’Allemagne à respecter ses engagements du Traité de Versailles.

Le président en pyjama

Du sérieux d’un côté, du burlesque de l’autre avec ce « paquet tombé sur la voie » le 24 mai 1920 du côté de Montargis. Lorsque le train arrive en gare de Roanne, on constate que le « paquet » n’était autre que... le président Paul Deschanel, retrouvé marchant en pyjama le long de la voie ferrée. Du pain béni pour Le Canard Enchaîné fondé cinq ans plus tôt. On rit aussi au théâtre avec la pièce de Jules Romains Knock ou le triomphe de la médecine . ; en 1923, elle attire le Tout-Paris venu applaudir triomphalement Louis Jouvet dans le rôle de cet éminent médecin capable de faire la différence entre un mal qui « gratouille » et un autre qui « chatouille ».

Triomphe également, côté cinéma, pour Abel Gance à l’Opéra de Paris où l’on projette en 1927 son Napoléon sur triple écran, ce qui donne un excellent dérivatif à la lecture du pavé de Marcel Proust Á la recherche du temps perdu publié pour la première fois cette même année dans son intégralité. Nouveau triomphe cinématographique deux ans plus tard pour le Marius de Marcel Pagnol. Servi par le génie de Raimu et Pierre Fresnay ainsi qu’une pléiade de seconds rôles épatants, le film connaît un extraordinaire engouement malgré cet accent marseillais qui, prédisaient les oiseaux de mauvais augure, allait torpiller le film.

On éprouve aussi de la fierté sur le plan sportif durant ces années. Grâce à Georges Carpentier qui, en 1920, devient le premier français champion du monde de boxe. Ou bien grâce aux Mousquetaires Borotra, Brugnon, Cochet et Lacoste, vainqueurs de la Coupe Davis à six reprises à compter de l’année 1927. Qui plus est, la France s’enorgueillit d’avoir organisé avec succès les JO d’hiver de Chamonix et les JO d’été de Paris en 1924.

Exploits sportifs sur les stades, exploit technique et humain dans les airs : Charles Lindbergh, parti de New York le 20 mai 1927, atterrit le lendemain en héros à Paris, sur l’aéroport du Bourget, à bord de son Spirit of Saint Louis. Le peuple est en délire devant cette « première traversée de l’Atlantique en avion ». Lindbergh a pourtant été devancé dès... 1919 par deux modestes officiers britanniques, Alcock et Brown, partis de Terre-Neuve dans des conditions beaucoup plus précaires pour atterrir tant bien que mal dans une tourbière du Connemara (cf. Justice pour Alcock et Brown !). Mais la légende est en marche et aujourd’hui encore, seule une petite minorité de personnes connait l’identité des véritables vainqueurs de l’Atlantique.

La tragédie est également à la Une des médias de l’époque. Tragédie romantique avec la mort en 1927 de la danseuse aux pieds nus Isadora Duncan, décédée près de Nice pour cause de mortelle coquetterie : la malheureuse est étranglée par son écharpe prise dans les rayons de l’Amilcar conduite par son ami Benoît Falchetto. Morte trop tôt, Isadora n’aura jamais l’occasion de danser sur le lancinant Boléro de Maurice Ravel, créé en 1928 ; le compositeur ne croyait pas au succès du plus long crescendo de l’histoire, il a eu tort ! Tragédie grandguignolesque avec la singulière fuite en avant criminelle d’un homme passé maître dans l’usage des fourneaux : Désiré Landru. Jugé en 1921 par les Assises de Seine-et-Oise pour le meurtre de 11 femmes soigneusement dépecées puis incinérées dans la cuisinière domestique de sa maison de Gambais, ce sérial killer à la française est condamné à mort, puis guillotiné en 1922.

Le 21 octobre 1929, montée sur son hydrocycle, Aimée Pfanner réussit, en 11 heures 6 minutes, la traversée de la Manche à la force des pédales. Trois jours plus tard, le 24 octobre, la bourse de New York s’effondre, les valeurs cotées perdant 30 % en une seule séance. En quelques jours, le désastre se traduit par de nombreuses faillites et par une série de suicides parfois spectaculaires d’hommes d’affaires ruinés qui se jettent dans le vide. Ce krach sans précédent marque le début d’une Grande dépression aux conséquences planétaires. L’exploit d’Aimée Pfanner est déjà tombé dans les oubliettes de l’actualité, tout comme le sera, quelques semaines plus tard, le rêve d’Aristide Briand, plaidant à la Société des Nations pour des États-Unis d’Europe. Les Années folles ont vécu...

Décadence et lubricité

Durant les années difficiles, on n’a paradoxalement jamais cessé de s’amuser, que ce soit pour oublier la guerre ou pour fêter la paix revenue. Les Français se montrent fascinés par les soldats US et les mouvements artistiques venus dans leurs paquetages de cette lointaine Amérique où domine le jazz naissant et où s’impose le style Art déco qui fait l’objet en 1925 d’une Exposition très remarquée sur l’Esplanade des Invalides. Dans la chanson et les revues, ce goût pour la culture américaine se traduit tout naturellement par une profusion de rythmes venus d’outre-Atlantique : le one-step, le fox-trot et le shimmy font un tabac avant d’être éclipsés par le charleston.

Une influence américaine d’autant plus exotique qu’elle est colorée du noir de la peau de ses musiciens de jazz. Le « nègre » devient à la mode, et le Bal Nègre de la rue Blomet (cf. Quel avenir pour le « Bal Nègre » ?), connaît un grand succès. Un succès largement assuré par les artistes de Montparnasse, épicentre de la création artistique du moment, venus écouter là les biguines d’Alexandre Stellio en dégustant le traditionnel Ti Punch. Dès 1925, Josephine Baker, vêtue de son pagne de bananes, complète cette « négromania » en faisant un triomphe dans la célèbre Revue Nègre, accompagnée par un fabuleux trompettiste encore peu connu en France mais appelé à un bel avenir : un certain Sydney Bechet. On vilipende la revue, on parle de décadence et de lubricité, on crie au scandale, mais on ne voudrait pour rien au monde rater le spectacle.  

Durant une décennie, on s’étourdit dans les fêtes, et si les « élites » préfèrent l’ambiance des cabarets, les « populaires » courent au music-hall voir et acclamer les revues à la mode et leur débauche d’artistes et de costumes. La période donne lieu à toutes sortes d’initiatives plus ou moins excentriques, et parfois totalement extravagantes. Jusqu’au moment où, de manière abrupte, la grande crise économique et sociale de l’automne 1929 vient tout remettre en cause, donnant le clap de fin de ces Années folles.

Si l’on ne devait retenir qu’un nom de cette époque en matière de chanson, ce serait incontestablement celui de la reine des promenoirs et des poulaillers, la populaire Mistinguett, tant la gouaille et le dynamisme de la demoiselle d’Enghien devenue meneuse de revues ont marqué son temps et durablement conquis le public. Une Mistinguett qui, pour obtenir la libération de son amant Maurice Chevalier, n’hésite pas, durant les années noires, à devenir espionne et à solliciter le roi d’Espagne, Alphonse XIII, et le roi d’Italie, Victor-Emmanuel III. Aujourd’hui encore, c’est avec un réel plaisir que l’on écoute l’ancienne gigolette d’avant-guerre dans Mon homme (1920), cet homme qu’elle a « tellement dans la peau qu’elle en devient marteau », ou dans La java (1922) « qui dégotte le fox-trot et même le shimmy ». Avec Valencia (1925), Mistinguett connaît un nouveau grand succès sur un rythme de paso doble. Rebelote avec Ça c’est paris ! (1926) et La java de Doudoune (1928) où la Miss, 53 ans, chante en duo avec un jeunot de 24 ans fort prometteur : Jean Gabin. L’inusable Mistinguett était déjà présente avant la guerre, elle survivra aux Années folles.

« Elle avait de tous petits tétons »

Amant de Mistinguett, Maurice Chevalier est trop volage pour le rester, et s’il a collaboré naguère sur scène avec la Miss, c’est en meneur de revue qu’il entend poursuivre sa carrière. De cette période, on garde Dans la vie faut pas s’en faire (1921) et surtout cette Valentine (1925) qui « avait de tous petits tétons ».

Nettement plus romantique, Ne rendez pas les hommes fous, car « leur pauvre cœur est un joujou », supplient de leur voix chaude à l’attention des dames Louis Lynel et Paul Gesky en 1919. Ce même Louis Lynel qui, en 1922, enregistre Nuits de Chine, un shimmy oriental où l’on apprend que « L’opium endort les malheureux / Et les emporte jusqu’aux cieux / Dans un nuage merveilleux / De fumée bleue ».

Deux immenses dames de la chanson, deux Bretonnes nées dans le Finistère, Berthe Sylva (cf. Des roses blanches pour Berthe Sylva) et Fréhel (cf. Splendeur et déchéance : Fréhel, 60 ans déjà !), enregistrent également durant ces années-là, et c’est avec émotion que l’on écoute les voix de ces géantes du répertoire réaliste français. La première grave en 1927, un an après Mary Ketty, un titre devenu « culte » comme l’on dirait aujourd’hui et qui, durant des décennies, fera couler bien des larmes : Les roses blanches. La seconde, revenue de la drogue et des bordels turcs avec une allure de matrone (elle qui fut pourtant la jolie maîtresse de Maurice Chevalier avant que Mistinguett ne lui chipe le « gars de Ménilmontant »), enregistre en 1928 Quand il joue de l’accordéon. Fréhel, « L’inoubliable oubliée », a entamé l’année précédente une deuxième carrière qui culminera avec son inoubliable prestation dans le film Pépé le Moko mais aussi avec l’enregistrement en 1937 d’un titre créé par Paul Dalbret en 1926 : Arrêter les aiguilles. Attention aux débordements lacrymaux !

Le réalisme peut être parodique comme l’illustre en 1927 Robert Goupil avec ce petit bijou : Pour acheter l’entrecôte (ici dans une reprise des Frères Jacques). On y découvre avec horreur le destin d’une mère aimante : « C’est pour pouvoir acheter l’entrecôte / Qui nourrira les chères têtes blondes / Qu’elle reçoit sans cesse de nouveaux hôtes / Et qu’elle devient la femme à tout le monde ». Tragique !

Mais on passe très vite des larmes au rire durant les spectacles de music-hall. En écoutant par exemple Fred Gouin en 1927 dans le très entraînant one-step Elle a perdu son pantalon « tout en dansant le charleston ». Ou bien Georges Milton, également en 1927, dans La fille du bédoin, l’histoire d’une demoiselle peu farouche qui « connut tour à tour les trois mille bédouins de la caravane ». Sacrée santé ! N’oublions pas non plus Bach qui, en 1914, a créé La caissière du Grand café (ici dans une reprise de Fernandel), à mettre dans les oreilles de tous ceux qui se méprennent sur la nature d’un sourire commercial.

Les Années folles sont aussi le temps de l’émancipation des dames dans une société où, du fait de la guerre, elles ont appris à porter la culotte. Au sens figuré tout d’abord, puis dès les années 20 au sens propre. La mode est en effet à « la garçonne », sous la double influence du roman éponyme de Victor Margueritte et de la créatrice Coco Chanel. Elle s’était fait couper les ch’veux « pour être à la mode », chanson gravée par Dréan en 1924, s’inscrit de manière burlesque dans ce mouvement.

Avec le superbe Riquita, un fox-trot parfaitement rythmé enregistré en 1926 par Robert Jysor, ce sont des décennies de succès qui rendent hommage à cette native de Java dont les « beaux yeux langoureux ensorcellent ». Autre chanson formidable pour son rythme : La plus bath des javas. Gravée en 1924 par Georgius, on y apprend à quel point il est dangereux de « chiper une rame de métro » et de la « dissimuler sous son paletot ».

Autre grand succès de l’époque, Elle vendait des petits gâteaux, créée en 1919 par Mayol. Et que dire de l’inusable Titine, gravée en 1923 par Léonce et enregistrée ici par Marcelly l’année suivante ? Titine que le grand Charlie Chaplin réutilisera en 1936 dans une formidable scène du film Les temps modernes. Mais le plus grand succès de ces Années folles revient sans doute à la chanson Tu verras Montmartre créée en 1923 par Lucien Boyer qui en fait l’« Hymne officiel de la République de Montmartre ». Un hymne qui, dans sa version intégrale, compte douze couplets entrecoupés du célèbre refrain. Cela va du couplet conjugal au couplet des Bolcheviks en passant, entre autres, par le couplet patriotique ou celui des colonies. Fais comme le dit la chanson, ami lecteur : « Monte là-dessus, et tu verras Montmartre... »



54 réactions


  • Pierre Régnier Pierre Régnier 5 novembre 2012 10:25


    Merci Fergus

     

    La chanson peut être une forme de résistance à ce qu’on ressent comme inacceptable.  

    Il ne faut pas se résigner à l’élimination de la chanson française.

    Voici la forme que j’ai donnée récemment à mon refus de l’échec :

     

    J’en avais assez

    quand j’ouvrais le tiroir

    où j’avais seul accès

    d’y trouver mes inutiles chansons

     

    Il existe aujourd’hui

    des tiroirs ouverts à tous

    on appelle ça des sites Internet

     

    J’ai décidé de faire un site Internet

    rien qu’à moi mais ouvert à tous

     

    trentesixchantsdelles

     

    c’est ainsi que mon site s’appelle

    et si l’on clique sur son achtétépé

    ou qu’on le copie / colle,

    sur firefox ou sur goût gueule,

    on accède tout de suite au tiroir ouvert

     

    http://trentesixchantsdelles.fr/


    Pierre Régnier



    • Fergus Fergus 5 novembre 2012 10:40

      Bonjour, Pierre.

      Merci pour le lien. Prendre la plume (ou la souris) pour commenter l’actualité ou la brocarder en rimes chantées ou non, voilà une excellente initiative. C’est également ce que fait un autre AgoraVoxien, Taverne alias Voris Bian, sur son site.


    • Taverne Taverne 5 novembre 2012 11:13

      « Monte là-dessus, et tu verras Montmartre... » : le titre a été repris par le duo Hollande-Ayrault en 2012., non ?

      J’ai tourné la page Voris Bian mais je vois quel a relève est assurée... smiley


    • Fergus Fergus 5 novembre 2012 11:20

      Bonjour, Paul.

      Pour ce qui est du tandem Hollande-Ayrault, je crains que, là où ils sont montés, ils ne voient pas grand’ chose tant le brouillard est épais. Puisse cette purée de pois se dissiper rapidement, dans un sens ou un autre, mais sur une ligne claire. 


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 5 novembre 2012 11:07

    Bonjour Fergus 


    Sydney c ’était pas la clarinette  ? 

    Je continue de lire ce très bon article , j’ en ai encore des frissons pour Isadora 
    et son écharpe passée dans les roues . 
    Je continue de lire .

    • Fergus Fergus 5 novembre 2012 11:16

      Salut, Capitaine.

      Houla ! Grosse faute de ma part : Sydney Bechet était effectivement clarinettiste, mais aussi saxophoniste. Merci d’avoir relevé cette impardonnable bourde.

      Bonne journée.


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 5 novembre 2012 11:37

    http://youtu.be/c_qI0wUbyDU


    http://youtu.be/1F-_uVE2jQs


    le lendemain elle était souriante et sous les palétuviers roses ...

    Dans le coffre à souvenirs on a des trésors de chansons . 

    Bonne distraction par les temps qui courent  ( je vous assure , il a de grandes 
    jambes et court comme un dératé )


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 5 novembre 2012 12:06

      J’confirme Capt’ain ,sous les palétuviers y a des Félicie sans poils au pattes ,contrairement aux crabes .....


    • Fergus Fergus 5 novembre 2012 14:02

      @ Rocla.

      J’adore « Les palétuviers roses » (Aimons-nous sous les viers...) et Pauline Carton. Et il ne fait aucun doute que si cette chanson n’était pas postérieure à la période de référence, je l’aurais citée sans hésiter.

      Merci pour le lien.


    • Francis, agnotologue JL 5 novembre 2012 14:21

      @ Fergus,

      « Aimons-nous sous les viers .. »

       ?

      Pas dans mon dico. Moi j’ai toujours ’dit’ : « Aimons-nous sous l’évier... »


    • Fergus Fergus 5 novembre 2012 14:30

      Bonjour, JL.

      Il est dit dans le refrain de la chanson : « Aimons-nous sous les pa, aimons-nous sous les , aimons-nous sous les tu, aimons-nous sous les viers ». Ce qui suggère évidemment « sous l’évier ».


    • rocla (haddock) rocla (haddock) 6 novembre 2012 09:04

      P’tain , j’ avais jamais fait le rapprochement sous l’ évier ... 


    • Fergus Fergus 6 novembre 2012 09:21

      Bonjour, Capitaine.

      Sans blague ?


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 6 novembre 2012 09:45

      Mais, Capitaine, expérimentez-le vous même le « rapprochement sous l’évier ».

      Vous allez voir, c’est encore plus agréable que sur un excellent matelas.

    • rocla (haddock) rocla (haddock) 6 novembre 2012 10:23

      Sur les conseils de Regnier je viens d’ expérimenter sous l’ évier 

      c ’est assez sympa j’ ai eu l’ impression de me faire syphonner  le robinet ... smiley

  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 5 novembre 2012 12:26

    Octobre 1928 ,un jeune gars de 18 ans ,virtuose au banjo et accompagnateur de« musette »se retrouve gravement brulé main gauche suite à l’incendie de sa roulotte .
    Il met 18 mois à guérir totalement ,mais l’état de sa main fait dire aux médecins qu’il ne pourra plus jouer .
    Un jour son frangin Joseph « Nin Nin » passe afin de lui offrir une guitare pour sa réeducation .
    6 mois plus tard tout le monde est estomaqué ,le patient a inventé une nouvelle façon de jouer l’instument, avec le pouce et deux doigts main gauche .
    En meme temps il écoute force jazz qui lui fait modifier son appréhension de la musique .
    Django renait ,les années 30 peuvent commencer ..... 


  • ZEN ZEN 5 novembre 2012 13:21

    Bonjour
    Les Stille Nacht furent brèves pendant la grande boucherie...


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 5 novembre 2012 13:25

    Salut Aïta , ah les nanas  ( je sais plus si c’ est la onara ou la orana ) ... smiley


    Django  a  accompagné au banjo ou à la guitare de nombreux chanteurs 
    et chanteuses à la mode d’ alors . 

  • rocla (haddock) rocla (haddock) 5 novembre 2012 13:40

    @ Sabine 


    Magnifique interprétation de ce si belle chanson J’ ai deux amour par cette artiste 
    très joliment accompagnée sur un rythme un peu plus lent , façon sobre .

    Merci .



    • rocla (haddock) rocla (haddock) 5 novembre 2012 14:12

      Un régal cette Madeleine  à consommer sans modération !


      de plus les musicos assurent .

    • Fergus Fergus 5 novembre 2012 14:24

      @ Sabine.

      Merci de citer cette artiste et son album. J’avoue que je ne connaissais ni l’une ni l’autre. Je profite de ce commentaire pour inviter tous ceux qui le peuvent à écouter le « Careless love » de Bessie Smith : une pure et inégalable merveille dans le top du blues !


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 5 novembre 2012 14:00

    Pas dans le contexte mais tellement ....



  • rocla (haddock) rocla (haddock) 5 novembre 2012 14:06

    et celle-là elle est épatante  



    • Fergus Fergus 5 novembre 2012 14:28

      @ Rocla.

      Superbes, ces deux liens sur Michel Simon et son extraordinaire voix éraillée. J’en profite pour saluer l’immense talent d’Albert Willemetz, auteur de tant de succès.


  • alberto alberto 5 novembre 2012 14:13

    Salut Fergus : joli florilège !

    Y a aussi le genre coco, sans remonter jusqu’au Temps des Cerises, mais ça, que perso, bizarrement j’ai appris à chanter dans mon collège de curés... smiley

    Bien à toi.


    • Fergus Fergus 5 novembre 2012 14:43

      Salut, Alberto.

      Dommage, le lien que tu as mis ne fonctionne pas.

      A propos de « cocos », il est une chanson que j’aurais bien mis en lien si j’en avais trouvé trace sur le net. Il s’agit de « Il était syndiqué », plus à même de plaire à l’UMP qu’au PC.

      Il y est question d’un ouvrier qui sabote les installations à coup de trognons de chou et de clés de boîtes à sardines. Impossible pourtant pour le patron de lui filer ses huit jours, sauf à provoquer des grèves, car « il était syndiqué ». Un ouvrier qu’ensuite le patron augmente car « il était syndiqué ». Tout cela avant de lui donner sa fille car « il était syndiqué » !

      Preuve que l’on trouve tout dans la chanson.

       

      Bonne journée.


    • Surya Surya 5 novembre 2012 15:01

      ’jour Fergus,

      Seulement un court extrait ICI de « Il était syndiqué », malheureusement, mais il existe visiblement un album incluant cette chanson.
      Mais la chanson, comme l’album en entier, sont en téléchargement payant.
      Je viens d’ailleurs de jeter un coup d’oeil sur le reste, il y a une autre chanson sur cet album intitulée « Y’a des communistes dans le quartier ». Authentique !! smiley
      Une autre : « les Russes à Paris » ! Toutes ces chansons, qui fleurissaient à l’époque, provoqueraient peut être des tollés de nos jours !  smiley
      Il semblerait en tout cas qu’à l’époque décrite par votre article, les paroles des chansons n’hésitaient pas non plus à parler de l’actualité, alors qu’aujourd’hui, ce n’est plus trop le cas, ou plus du tout le cas ?


    • Fergus Fergus 5 novembre 2012 15:34

      Bonjour, Surya.

      Merci pour le lien. Je m’aperçois que ma mémoire m’a joué un tour : l’ouvrier veut la même augmentation pour tous ses camarades. Et vérification faite depuis, l’ouvrier refuse la fille car il veut la femme du patron, etc...

      Effectivement, la chanson était très politisée à l’époque. Cela s’explique, à mon avis, par le fait que peu de gens dans les classes populaires lisaient la presse. La chanson, alors vendue encore majoritairement sous la forme papier (les fameux « petits formats ») servait donc de support tant à la gauche qu’à la droite pour faire passer des idées, fussent-elles caricaturales, dans le prolétariat.


  • brieli67 5 novembre 2012 15:20

    ambiance

    avant Sydney Bechett, le sax servait  de basse à l’ensemble.

    au hot de France

    Tiens Ra-clo de Rollmops de Sauce-Heim
    une pompe alsacienne


    • Fergus Fergus 5 novembre 2012 15:39

      Bonjour, Brieli.

      Merci pour ces liens, excepté le « Sauce-Heim » qui ne fonctionne pas.

      Personnellement, c’est le dixieland que je préfère, étant peu amateur de jazz manouche.


    • brieli67 5 novembre 2012 16:51

      Sausheim patrie de Roger Hassenforder ........ et pays du capitaine

      http://www.rollmops68.com/

      Ohé les copains, v’nez vous rincer la gueule, il est mort ce matin !!

  • brieli67 5 novembre 2012 15:39

    en ces temps là Sydney Béchett était bien en France .........à Fresnes

    Mais Sidney Bechet a un fort caractère, et en 1928, une bagarre éclate entre lui et le banjo sur lequel il tire. Le drame est évité, mais Sidney Bechet se retrouve 11 mois en prison à Fresnes puis expulsé de France.

    in Wiki.

    pas que le sax et la clarinette cf wiki anglais

    On April 18, 1941, as an early experiment in overdubbing at Victor, Bechet recorded a version of the pop song « The Sheik of Araby », playing six different instruments : clarinet, soprano saxophone, tenor saxophone, piano, bass, and drums. A hitherto unissued master of this recording was included in the 1965 LP Bechet of New Orleans, issued by RCA Victor as LPV-510. On the liner notes, George Hoeffer quotes Bechet as follows :

    "I started by playing The Sheik on piano, and played the drums while listening to the piano. I meant to play all the rhythm instruments, but got all mixed up and grabbed my soprano, then the bass, then the tenor saxophone, and finally finished up with the clarinet."

    un des nombreux enregistrements de Syd Bechet

    et celui des frères Vian



  • Jason Jason 5 novembre 2012 17:51

    Bonjour Fergus,

    Je ne serais qu’un ingrat si je ne vous disais un grand merci pour ce florilège généreux. Je vais m’en coller plein les esgourdes.

    Rassembler tout ça a dû être un travail de bénédictin ou d’amoureux fou de la chanson (ou les deux). « Longtemps, longtemps après que les poëtes ont disparu/ leurs chansons courent encore dans les rues. »

    Mille cordialités


    • Fergus Fergus 5 novembre 2012 17:56

      Bonjour, Jason.

      Merci pour votre commentaire.

      Amoureux de la chanson ancienne, mais aussi de l’ambiance des caf’ conc’ et des music-halls, oui, bénédictin, non.

      Du travail, c’est certain, mais avant tout du plaisir. Plaisir d’écouter des vieux titres, et plaisir de les partager avec ceux qui les apprécient.

      Cordialement.


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 5 novembre 2012 18:12

    Puisque le sujet traite des années autour 1925 il se dansait ça



    • Fergus Fergus 5 novembre 2012 19:47

      @ Rocla.

      Le quikstep, sorte de fox-trot rapide, était réservé aux très bons danseurs. Petit oubli, j’aurais dû le mentionner.


  • brieli67 5 novembre 2012 18:17

    ambiance........... gloomy

    un succès international lors de la Grande Dépression

    sombre, gris ....... par la Grande Tragédienne des Vosges.

    Szomorú Vasárnap (Sombre Dimanche)

    c’est d’un hongrois

    par giant de Jazz longtemps « stationné » à Paris dans l’ Ecurie du dit Barclay
    http://www.youtube.com/watch?v=o43b9nj9BSg

    galvaudée.....
    après les 3 minutes
    la surprise !! une hymne au Hongrois par des compatriotes !!


  • Antoine 11 novembre 2012 22:27

     Bean chapelet de naiseries musicales passées au carbone 14.


    • Fergus Fergus 11 novembre 2012 22:38

      Bonsoir, Antoine.

      Merci pour ce commentaire plein de délicatesse pour le goût des autres. Je constate, non sans en être navré pour vous, que vous êtes toujours aussi élitiste et condescendant. J’espère qu’au moins cela vous fait du bien.


    • Antoine 11 novembre 2012 23:37

      Match nul ! Je suis à votre endroit tout aussi navré que vous perdiez votre temps avec des broutilles alors qu’il existe tant de partitions génialissimes ignorées par une immense majorité.


    • Fergus Fergus 12 novembre 2012 09:01

      Bonjour, Antoine.

      S’intéresser à l’histoire de la Rolls-Royce n’interdit pas de s’intéresser également à celle de la 2 CV.


    • Antoine 12 novembre 2012 22:22

      Sauf que la 2CV comportait quelques inovations et quoi qu’il en soit, s’extasier devant un 2CV sans avoir idée de l’existence de la Rolls, c’est une fois de plus le quasi néant...


    • Antoine 12 novembre 2012 22:23

      merci d’ajouter un « n » à « inovations »


  • Abou Antoun Abou Antoun 12 novembre 2012 00:34

    Bravo et merci Fergus pour cette splendide évocation faisant suite à la précédente. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt, à la marge, la partie consacrée aux ’villages disparus’ puisque la famille d’une mienne grand-mère est originaire de Perthes-Les-Hurlus. Les images des destructions sont simplement hallucinantes.
    Mais il faut bien vivre et la nature a donné à l’homme des défenses contre l’horreur. On rit on mange on boit, on fait l’amour (quand on le peut) pendant les guerres. Il m’a été donné de constater tout cela quelques décennies plus tard loin d’ici. Notre cher Georges Yang a fait le même constat.


    • Fergus Fergus 12 novembre 2012 09:10

      Bonjour, Abou Antoun.

      Merci pour votre commentaire.

      La visite des « villages morts » est un grand moment d’émotion, et les personnes ayant, comme vous, un lien avec Perthes-les-Hurlus (depuis intégrée à Souain) sont bien placées pour mesurer à quel point la Grande Guerre a été terrible tant pour les hommes que pour leur habitat et leurs terres.

      S’amuser durant les guerres a toujours été l’une des caractéristiques du comportement humain. Le moyen sans doute de ne pas se laisser aller à la dépression, voire à la folie pour tous ceux qui se sont trouvés confrontés au pire.

      Georges Yang, parfois avec une pointe de provocation, est souvent un observateur très fin de ces comportements.


  • brieli67 12 novembre 2012 02:28

    • Fergus Fergus 12 novembre 2012 09:17

      Bonjour, Brieli.

      Merci pour ce lien sur une chanson de ma jeunesse au goût nostalgique.


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