Fête de l’huma 2009 - les papys sont là !
La « fête de l’huma » a été cette année encore ce grand lieu de rassemblement, de fête et de réflexion proposé par le partie communiste français dans un paysage politique des plus mornes. A l’heure des nouvelles conquêtes et des alliances les plus imprévisibles, le journal de l’Humanité continue dans cette formule si riche en enseignements et en expériences.

Dès le vendredi 11 septembre, les habituels stands des différentes régions de France prenaient place sur l’immense terrain de la Courneuve, en bordure de l’aéroport du Bourget. Un village représentant un maximum de pays du monde s’installait tranquillement à leurs côtés, défendant leurs idées et exposant leurs problèmes, autour de spécialités culinaires régionales. Sous le soleil de cette fin d’été s’annonçait une nouvelle fois une fête de l’humanité aguerrie et toujours aussi vivante.
Là, les idéalistes côtoient les pessimistes, des factions s’affrontent quant à la privatisation de la poste, alors que tous se rassemblent autour d’une bière bienvenue. De nombreuses tables rondes, débats et échanges défilent tout au long du week-end, que ce soit à l’initiative de l’organisation ou directement des représentants départementaux fiers de montrer la vitalité de leurs communes.
Au salon du livre, de nombreux auteurs rient du capitalisme qui va bon train, n’oubliant pas de distiller de graves vérités au milieu d’un dessin ou d’une signature. Charb, pilier de Charlie Hebdo, a fait le déplacement, alors qu’en face, Siné, en compagnie de Lindingre vient fêter les 1 an du canard éponyme. Siné Hebdo a en effet fini sa première boucle, diffusant en ces douze mois plus de deux millions et demi d’exemplaires de son hebdomadaire.
Il existe encore bel et bien une France qui résiste et qui veut voir l’avenir différemment. Mais au delà des pétitions, des discussions parfois houleuses et des scandales autour de la présence de certains ministres, il ne faut pas oublier que dirigeants, partisans ou simples spectateurs, tout le monde est là avant tout pour faire la fête.
Et la fête de l’huma, c’est aussi une affiche où se bousculent une pléthore d’artistes heureux de retrouver un public de tous âges et de toutes origines.
Le vendredi commence ainsi sur la grande scène en compagnie de Cocoon, qui, semble légèrement impressioné. Ils offrent néanmoins un set drôle malgré les quelques erreurs et oublis. Rien ne les décontenance véritablement dirait-on, et le groupe assure une nouvelle fois un concert agréable du haut de leur jeune expérience.
C’est le vieux routard Keziah Jones qui s’y colle ensuite après une petite demi-heure d’attente. Aussitôt, il enflamme le parterre de fans venu l’accueillir, fêtant avec lui la sortie récente de son nouvel album et ravissant le public resté pour découvrir l’artiste. Ne comptant pas ses sourires, Keziah Jones se fait plaisir et nous fait plaisir, distillant sa musique funk dans un élan d’énergie et de joie communicatif, très bien servi par des musiciens de qualité.
Mais la star du soir est véritablement Manu Chao, venu en compagnie de sa Radio Bemba, adulé par plus de 75000 personnes, au plus fort de la nuit rouge. Dès les premières notes, le groupe, transcendé par une ambiance démente cabriole et s’envole, repoussant les frontières de la fatigue et du désespoir. Ce soir, tout le monde doit faire la fête. Personne ne s’en prive, et c’est sur cette apothéose musicale que Manu Chao fera venir sur scène un délégué du peuple Sahraouis venu parler de sa cause. Emotion et attention avant que ne se finisse en chanson cette revendication d’importance.
Le samedi, plus éclectique, est pris d’assaut dès le début d’après midi par un public nombreux. C’est en effet à Maxime le Forestier que l’on doit cette affluence spectaculaire pour une heure aussi journalière et le bougre s’en tire bien, enchaînant les titres phares et les réussites musicales.
Changement de décor et arrivée des Wampas, complètement déchaînés, emmené par un Didier Wampas survitaminé, courant, hurlant, sautant à tout va. Un concert dans le plus pur style des Wampas, tout en improbabilité, humour et orage de décibels, fini en osmose par l’invitation faite au public féminin de monter sur scène.
La soirée n’a fait qu’accroître l’affluence hallucinante face à la grande scène et The Kooks n’a pas grand chose à faire pour réveiller les ardeurs des fans, très nombreux. La prestation du groupe ne fut pas des plus spectaculaires, jouant un rock adolescent anglo-saxon basique et sans grande saveur, mais qui ravît visiblement bien les fans, jeunes pour la plupart. Qu’importe, l’heure est à la fête, et chacun s’échauffe pour LE groupe de la soirée.
C’est en effet peu avant 22h que résonne l’intro magique d’un groupe mythique que plus de 80 000 personnes attend. Et lorsque DEEP PURPLE entre enfin sur le ring, la foule vrombit et exulte, au bord du supplice. Les papys, fiers survivants de Woodstock sont bien là face à eux, et vraiment en plein forme. Arrive ensuite 1h30 de concert sans répis, dans un déluge de lumières chamarées et enivrantes, dans cette atmosphère qui va si bien à la fête de l’huma. Mélange de joie brut, d’oisiveté passive et de chaleur communicative, Deep Purple est la fête de l’huma. Rassemblant les générations, les goûts et les couleurs, la foule attend et entonne en choeur « alouette gentille alouette » ou encore quelques paroles de la marseillaise joué par Don Airey heureux de s’amuser un peu.
Mais place au riff fatale. Toute la fête de l’huma explose, hurle, se lève et acclame. Smoke On The Water. LEUR succès, les souvenirs de chacun fusent en cet instant magique. Pendant près de 6minutes, la communion est entière entre chaque personne et chaque membre du groupe, chacun à sa place, la tête dans les étoiles. Le grand plongeon de la musique, passion qui sait déchaîner les foules, faire vibrer et unir à la fois, cette langue que chacun comprend et aime partager.
Un concert d’exception donc pour une fête une nouvelle fois réussie, bien maîtrisée, diversifiée et efficace, sachant allier le goût du rire avec l’importance des réflexions et des discussions.
La seule ombre au tableau viendra de l’organisation du camping, véritable point noir de cette fête. D’abord une fouille complète et minutieuse des sacs, l’alcool étant prohibé, ce que l’on veut bien comprendre même si cette restriction servait principalement la buvette interne du camping. Suivit ensuite le placement des tentes, semblable à un camp d’infanterie, avec pour seuls interlocuteurs des semblants de muscles dépourvus de réflexion et d’intelligence. Résultat, des heures d’attentes, des concerts loupés pour beaucoup de gens, des tentes plantées sur le gravier voir même sur le bitume, quand certains n’ont pas fini sur l’espace même devant la grande scène, avant que l’organisaton ne se décide enfin à ouvrir la deuxième partie du camping. Sans compter durant les heures qui suivirent un placement complètement bordélique des tentes, avec une destruction complète des allées, couloirs de circulations, et bien sûr une quantité d’alcool et de personnes imbibées très loin du zéro absolu.
Bien heureusement, ces quelques mésaventures ne terniront pas toutes les choses positives que nous avons pu vivre lors de cette fête de l’Huma et, liberté oblige, nous souhaitons bien pouvoir la retrouver dès l’année prochaine, avec toujours dans la tête, l’idée d’agir et de se battre...
Article : Ugo Schimizzi
Plus de photos à venir dans les galeries consacrées à la fête de l’Huma très prochainement sur www.melting-actu.com !
Crédits Photos : Juliette Delvienne & Ugo Schimizzi