« L’Ennemi intime » : coup de coeur pour le dernier Florent-Emilio Siri
J’ai eu le privilège de rencontrer Florent-Emilio Siri voici presque dix ans, à l’occasion du tournage de son premier long métrage, Une minute de silence, tourné dans le bassin houiller, du côté de Petite-Rosselle et de Freyming-Merlebach.

Figurant, dans la peau d’un mineur de fond (ne me cherchez
pas, j’ai malheureusement été coupé au montage...), j’ai ainsi été dirigé par ce Mosellan pure souche, d’une simplicité déconcertante (il est spontanément venu
se présenter et j’ignorais complètement qui il était !) et très attaché à
ses origines lorraines.
Fidèle à
ses racines donc, mais aussi à ses amis. Benoît Magimel est l’un de ceux-là,
collaborant à trois reprises aux réalisations de Siri. La dernière en date, L’Ennemi intime (sorti
le 3 octobre), fruit du désir des deux compères de faire un film sur la guerre
d’Algérie, soulève le sujet douloureux encore rarement évoqué par la trop
frileuse production cinématographique française. Pour mener à bien ce projet,
le réalisateur de Nid de guêpes
se permet de refuser la direction de Die Hard 4, là-bas, du côté
d’Hollywood. Le cœur plutôt que le porte-monnaie...
L’Ennemi
intime est une œuvre d’une grande dureté où la violence de la guerre
déborde de presque chaque image, s’inscrivant en totale contradiction avec
l’immensité et la beauté des paysages, mises en valeur par une caméra
somptueuse. La perte de repères des personnages de chaque camp est
omniprésente, la confusion règne dans chaque esprit. Le duo Magimel-Dupontel,
interprétant des militaires dont la conception des choses est diamétralement
opposée, nous rappelle à quel point la « sale guerre »,
insidieusement cachée au peuple, a traumatisé toute une génération d’Algériens
et de Français.
Au final, il est impossible de ressortir indemne de ce
film, malgré le sentiment de déjà-vu qui s’immisce petit à petit ; Florent-Emilio
Siri ne cache pas son admiration pour les films sur la guerre du Vietnam, Voyage au bout de l’enfer et Platoon en tête. Et
même si le spectateur avisé n’apprend rien de véritablement nouveau sur les
atrocités commises durant ce drame de la décolonisation, il n’est et ne sera
jamais vain de rappeler, notamment dans le contexte actuel, que la guerre reste
toujours la pire des solutions.
Bien le bonjour Florent-Emilio, tous mes vœux de réussite
t’accompagnent pour la suite de ta (longue) carrière !
Maxime Freyberger