mercredi 2 octobre 2019 - par CHALOT

SORCIERES La puissance invaincue des femmes

 livre de Mona Chollet

éditions ZONE

229 pages

septembre 2018

 

Un ouvrage de référence

 

Les prétendues sorcières ont été poursuivies, martyrisées et exécutées, non au Moyen Âge mais après.

Elles étaient différentes des autres femmes....

Au lieu d'être soumises, non seulement à dieu mais surtout aux hommes, elles pensaient, et suivaient une voie non conforme.

L'auteure, journaliste, nous présente au début de ce livre, le martyre de ces femmes après le Moyen Âge... dès la « Renaissance » et un peu après.

Alors que l'on présente le Moyen Âge comme la période obscurantiste, on oublie que les femmes, à cette époque là, travaillaient le plus souvent, étaient présentes dans les corps des métiers et n'étaient pas encore la chose des hommes.

Les soignantes, praticiennes qui étaient reconnues ont été chassées, bannies avec « l'instauration d'un monopole masculin sur la médecine, survenu en Europe à la Renaissance et aux Etats-Unis à la fin du XIXè siècle ».

Quand elles reviendront dans le monde médical, ce sera comme infirmières, comme des appuis au travail de ceux qui connaissent et qui maîtrisent, donc les hommes !

Les informations et analyses sont originales et appuyées par de nombreuses références historiques.

Après ce départ sur les chapeaux de roues, l'auteure poursuit son étude en abordant plusieurs aspects de la lutte des femmes, héritières des sorcières d'hier.

Le féminisme de Mona Chollet n'est pas un féminisme de façade :

elle dénonce le réflexe de service et explique que l'« institution de la maternité » est un boulet au pied.

Ce point de vue étayé ne plaira pas aux « familialistes » de la gouvernance de l'institution qu'est l'UNAF...

« Nous n'aimons pas nous avouer que nous voyons les femmes avant tout comme reproductrices. »

Il ne s'agit pas d'appeler les femmes à ne pas faire d'enfants, ce qui serait stupide mais de bien saisir ce qu'est la condition de la femme, mère d'un et de plusieurs enfants et de comprendre que certaines puissent, pour réaliser leurs projets, choisir la non-maternité.

Ce livre est un monument vivant, rien n'est laissé au hasard, ni l'histoire récente, ni l'actualité et la renaissance du féminisme.

La mode, les images véhiculées restent dans le droit fil du machisme ambiant.

Prenons par exemple ce regard sur la vieillesse des femmes :

« Les hommes ne vieillissent pas mieux que les femmes ; ils ont seulement l'autorisation de vieillir. »

Ce constat conduit à prôner la résistance, à montrer que la vieillesse n'est pas un naufrage et à donner la parole à des femmes qui considèrent que leur vieillissement leur donne une nouvelle beauté.

Cette œuvre ne plaira pas à tout le monde et d'ailleurs c'est sa force de destruction des représentations actuelles et de construction d'autres.

Avec beaucoup de talent, l'auteure rejette cette vision du monde qui consiste à traquer les sorcières.

Vous n'êtes pas convaincu-e-s ?! Allez découvrir ce livre qui vous passionnera.

Jean-François Chalot



6 réactions


  • Aimable 2 octobre 2019 13:09

    Au pays des droits de l’homme , il n’est pas toujours bon d’être une femme .


    • JC_Lavau JC_Lavau 2 octobre 2019 13:28

      @Aimable. Au Féministan judiciaire  sous cornaquage par le Féministan médiatique , être un mâle est une malédiction. Ça ne pardonne pas.


    • Aimable 2 octobre 2019 13:44

      @JC_Lavau
      ça je vous l’accorde , dans cette catégorie les rôles ce sont inversés .


  • Étirév 2 octobre 2019 14:44

    La Sorcière est toujours là.

    La sublime Prêtresse qui chantait le cantique de la Nature, l’inspiratrice des hommes, la grande consolatrice, Celle qui était la promesse et la miséricorde, Celle qui était la science et guérissait toutes les blessures, a été chassée du temple.

    L’ignorance a pris sa place et s’est faite orthodoxie. Alors, que va-t-elle devenir ?... Qu’elle le veuille ou non, la voilà destinée à l’œuvre sourde des conspirations.

    « Humiliée dans les petites occupations, elle qui avait vu par-dessus nos fronts, dit Jules Bois, elle fut enfoncée dans les détails obscurs. La sibylle qu’elle porte en elle fait semblant de dormir, mais s’éveille parfois.

    « La femme est en tête de l’hérésie. Chassée du temple, elle devint la sorcière. Elle paya cette révolte du plus riche et du plus précieux de son sang. Les Albigeois et les Gnostiques la glorifièrent. La sainte Sophia était pour eux la Déesse invisible. C’est dans le massacre que fut noyée cette résurrection mystique de la femme. Plus tard, quand les Bohémiens arrivent à Paris, ils disent obéir à la sublime maîtresse du feu et du métal, prêtresse d’Isis, qui dans le dernier de leurs chariots penche un front couronné de sequins sur les livres antiques. Mais la pauvre sorcière du moyen âge est encore la plus dolente. On l’extermine par hécatombes. »

    Mais il faut un prétexte pour l’exterminer.

    On l’accuse d’exercer un pouvoir magique, occulte et tout-puissant, pour nuire à l’homme.

    La puissance donnée aux femmes sorcières était immense. Une d’elles, du pays de Constance, qui n’avait pas été invitée aux noces de son village, à cause de sa supériorité, se fit, dit-on, porter par le Diable sur une haute montagne, y creusa une fosse dans laquelle elle répandit sa sécrétion urinaire, puis prononça quelques mots magiques, et, aussitôt, un formidable orage éclata qui dispersa la noce, les ménétriers et les danseurs. Tout cela prouve que le mal qui arrivait lui était attribué : c’était sa vengeance qu’elle exerçait, l’ancienne vengeance divine à laquelle on croyait toujours, quoiqu’elle ne fût plus Déesse. Elle était devenue au moyen âge la Stryge, celle qui s’envolait par les cheminées, se précipitait du haut des montagnes, devenait une chatte, etc.

    Et cependant, malgré la persécution, elle travaille, elle écrit, son esprit toujours actif se manifeste sous l’impulsion de sa plus brillante faculté, l’intuition ; c’est ce qui fait dire à Jules Bois, dans Le Satanisme et la Magie (p. 43) : « Elle se relève la nuit, écrit d’étranges pages, qui semblent ne jaillir ni de ses souvenirs, ni de ses lectures, ni de ses conversations. D’où alors ? Autour d’elle, on s’inquiète : comment croire à des fraudes ? On se récrie, on résiste, puis d’épouvante on accepte tout. C’est que l’invisible devient visible de plus en plus, il commande, il conseille, il investit la maison de sa présence outrecuidante, utile cependant. Il gère les affaires, prophétise, allonge dans la famille moderne l’ombre des vieux Dieux.  »

    La Fée Mélusine, la femme savante et bonne, n’était-elle pas représentée dans un corps qui finit en serpent par le Catholique qui la maudit  ?

    Après ce massacre de la Femme, qu’allait-il rester de la société humaine ?

    « La Femme universelle, toujours refoulée par l’Eglise, la Mère étouffée par la Vierge, la Femme vraie, sans fausse honte de sa nature et de ses dons » (Jules Bois). En effet, il restait la Nature avec ses éternelles lois. Il restait la Femme !.. Déesse sans autels, Reine sans royaume, qui n’ose avouer sa royauté,... mais la prend quand même !

    Mais toutes n’étaient pas des femmes fortes, des sorcières. Il y avait aussi les femmes faibles et amoureuses de l’homme perverti. Celles-là vont au prêtre, et ce sont les riches, les joyeuses, les heureuses, celles qui plaisent aux séducteurs par leurs complaisances ; elles lui apportent leurs amours et leur or. Qui oserait critiquer la sainteté de leurs intentions ? Aussi les maris se taisaient.

    Ces bons Pères ! on les comblait vraiment, on les traitait comme des dieux ; il n’y avait pas assez de belles dentelles pour leurs surplis, pas assez d’or pour leurs ornements, pas d’étoffe assez belle pour les vêtir,... les saints hommes  !

    Des mains princières travaillaient pour eux, filaient le fin lin de leur robe... Et tout cela couvrait si bien leur boue, qu’on ne la voyait plus.

    Mais les femmes fortes allaient à l’homme maudit, à celui que, par un paradoxe fréquent, le prêtre appelait « Satan », c’est-à-dire à l’homme vrai, grand et droit. Elles allaient donc au diable, elles se donnaient au diable, modeste, pauvre, déshérité comme elles.

    Ce sont eux qu’on appelle les bons hommes, on les prend en pitié parce qu’ils n’ont pas l’astuce et l’hypocrisie des grands seigneurs de l’Église. Ces naïfs sont restés fidèles à l’antique loi morale ; aussi, comme ils sont ridiculisés, avilis, meurtris, les pauvres grands bons hommes, et hués par le peuple abruti ! Mais qu’importe à ces hommes ce qu’on dit d’eux ? il leur reste la vraie femme, la grande, c’est-à-dire tout, et c’est cela qui, finalement, les fera triompher.


  • Samson Samson 4 octobre 2019 19:11

    Le procès des sorcières de Salem (MA-USA) en 1692 (22 exécutions, 5 mort-e-s en prison) a débouché après la proclamation d’indépendance des USA en 1791 sur un premier amendement proclamant que « Le Congrès ne fera aucune loi accordant une préférence à une religion ou en interdisant le libre exercice, restreignant la liberté d’expression, la liberté de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement et d’adresser à l’État des pétitions pour obtenir réparation de torts subis ».
    Pour qui a la chance de visiter Salem, la mémoire de ce procès reste toujours extrêmement vivace et est soigneusement entretenue !

    Mais alors qu’on estime à environ 60.000 le nombre de victimes de la chasse aux sorcières en Europe, aucun mémorial ne la commémore à ce jour (à ma connaissance, en tout cas) et son souvenir reste largement occulté !

    Par contre, ni des siècles de répression écclésiastique motivée par le monopole du sacré, ni le formatage rationnaliste de rigueur dans l’éducation moderne - motivé lui par sa noble mission de lutte contre l’obscurantisme et les superstitions - ne sont venus à bout des pratiques tant traditionnelles que modernes de magie et/ou de sorcellerie !

    Comme quoi, « La puissance invaincue des femmes » ne se résume fort heureusement pas — mais qui en doutait ? au seul sous-titre d’un livre. smiley

    Merci pour la référence, en vous présentant mes cordiales salutations ! smiley


  • Samson Samson 6 octobre 2019 17:34

    "Les soignantes, praticiennes qui étaient reconnues ont été chassées, bannies avec « l’instauration d’un monopole masculin sur la médecine, survenu en Europe à la Renaissance et aux Etats-Unis à la fin du XIXè siècle »."


    ..., sauf les sages-femmes, quand même !


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