samedi 11 février 2012 - par L’appartement collectif

The Artist : The Arnaque

publié par Roi Des ânes dans l'Appartement Collectif

Ah vraiment, je n’aime pas faire ça… Balancer sur un film au moment où il va être couronné de statuettes, où il est encensé par une critique unanime, c’est mesquin. C’est le fait des jaloux. Surtout quand il réunit le duo Hazanavicius - Dujardin à qui l’on doit les deux OSS117 qui sont des petits chefs-d'oeuvre du genre. Je voudrais tant crier cocorico avec les autres, mais dans mon for intérieur, un démon m’habite, alors je serai celui qui parmi les courtisans ose dire “le roi est nu” : The Artist est - passablement - une arnaque.

 

Donne la papatte à Harvey Weinstein !

 

Sans diminuer le talent indéniable de Jean Dujardin qui a eu la chance inouïe ( le petit coup de pouce du divin diront certains) de mourir dans la séquence d’ouverture des Petits Mouchoirs de Canet, voici trois éléments centraux qui résument mon malaise avec ce film que j’aurais immédiatement oublié si les académies outre atlantiques n’en avait fait leur chouchou.

1. De l'hommage au plagiat

C’est l’histoire d’une star du muet que le public et la critique abandonnent à l’arrivée du parlant car ses minauderies lassent. C’est l’histoire d’une jeune figurante du muet qui devient vedette au même moment. Ils s’aiment, elle viendra le sauver et ils partageront ensemble le haut de l’affiche.

The Artist ? Que nenni, Singing in the Rain, film sonore de 1952 où Don Lockwood est campé par Gene Kelly. Suis-je le seul qui ait vu les séquences non musicales ?

Je comprends bien que pour financer un film muet, ce cher - mais violent-, “french moghul ” de Thomas Langmann ait du s’appuyer sur un script translucide, universel, référencé. Mais quand on pompe à ce point, il faut citer, ou payer des droits de remake.

2. De l’usage des cartons dans les films muets

Ça, c’est le comble. Ils réunissent des décors somptueux, la musique est très réussie, mais ils ne sont pas foutus de caler correctement un carton.

C’est une évasion le carton de muet, une cassure de rythme poétique qui fait naître des associations sublimes entre les mots et l'image.

Là, ces gogols n'ont mis quasiment que des dialogues. Seulement sur un film en HD de 2011, on lit sur parfaitement sur les lèvres, et comme Hazanavicius leur fait jouer le même texte pendant les prises, c’est juste redondant, lourd, répétitif. L'élégance du muet leur échappe complétement sur ce point.

3. Du léchage de boules éhonté des US

Ça me fait littéralement mal au cul que l’hommage au cinéma muet réalisé et produit par des Français soit situé à Hollywood. Parce que les walous du muet, les caïds, les King c’est nous, les Européens ! L’âge d’or de Fantomas ( Feuillade, 1913), des Trois Mousquetaires ( Pouctal, 1912) et Napoléon selon Gance ( Gance, 1927), c’est à Paris que ça se passe ! Et Nosfaratu ( Murnau, 1922 ), Metropolis ( Lang, 1927) à Berlin ! Et Pauline Carton, c'est du polysulfaté ?!! (JP Coffe)

Pauline, la grande, l'unique, l'artiste !

Ont-ils oublié que jusqu’en 1914, le premier exportateur de films mondial, c‘était Charles Pathé et que sans cette foutue Première Guerre mondiale, les Américains ne nous auraient jamais délogés ? Ils ne nous auraient pas non plus piqué Chaplin, Murnau et René Clair ! Bref, avait-on besoin de leur lécher gratuitement les boules une fois de plus ? En tout cas, ils ont apprécié.

Voilà, justice est faite avec partialité, n'est-ce pas ? La preuve, je n’ai même taclé Bérénice Bejo et pourtant Dieu sait si elle avait sa place dans Les Petits Mouchoirs.



35 réactions


  • FRIDA FRIDA 11 février 2012 09:12

    J’abonde le sens de l’article,
    merci d’avoir pris la peine de nous faire une critique bien sérieuse.


  • Fergus Fergus 11 février 2012 09:27

    Bonjour à tous.

    Je suis un amateur de cinéma plutôt exigeant. Je vois environ une trentaine de films par an. Durant plusieurs années, j’ai été administrateur d’un cinéma classé Art et Essai mais aussi Recherche, un rareté dans l’hexagone. Bref, j’ai eu la chance d’avoir accès à des excellents films souvent inaperçus du grand public parce qu’ils étaient argentins ou afghans.

    Sauf de nom, je ne connaissais ni Hazanavicius ni Dujardin, la seule vue des affligeantes bandes-annonces de OSS117 ayant suffi à me dissuader d’aller voir le résultat de leur collaboration sur grand écran.

    Et pourtant, je suis un inconditionnel de The Artist. Ce film est, à mes yeux, une pure réussite. Certes, il n’y a rien de nouveau dans ce mélo à l’ancienne, mais c’est précisément cela qui en fait le charme : avoir réussi de manière aussi éclatante à recréer si fidèlement l’univers des films muets au moment de la transition vers le parlant. Et cela dans une démarche productrice qui était un vrai casse-gueule mais répondait à un désir sincère d’hommage au cinéma hollywoodien.

    Tout y est, du générique à l’ancienne à ces cartons que vous décriez, y compris les gueules du casting si conformes à celles des films hollywoodiens de l’époque. Même le jack russell surdoué semble sorti d’un numéro de music-hall des années 20. De surcroît, certaines scènes sont de purs moments de plaisir, à l’image des pas de danse de part et d’autre du rideau ou de la rencontre dans l’escalier, sorte de lien entre Hollywood et le cinéma de Tati.

    Reste la scène de claquettes que vous qualifiez de plagiat alors que c’est un très bel hommage à Fred Astaire et Ginger Rogers. Je sais que quelques critiques ont vilipendé ce film. Comme par hasard, ce sont toujours les mêmes : ceux des Inrocks ou de Télérama qui se la pètent « intello » et n’ont finalement que mépris pour la culture populaire.

    Désolé, The Artist est, à mon avis, un grand film qui mérite toute l’attention qu’il suscite et toutes les récompenses qu’il a déjà engrangées.


    • Jean-Pierre Jean-Pierre 11 février 2012 10:04

      Culture populaire ?

      Il faudrait préciser. Populaire signifierait qui appartient au peuple, qui émane du peuple.

      Dans votre texte, cela doit signifier : qui est destiné au peuple. Hélas, le mot à les deux sens…


      Un film est un produit culturel, une marchandise, qui est produit par l’économie dominante.

      Qu’il dépasse la marchandise qu’il est, pour atteindre l’art, la liberté, est possible, mais pas nécessaire pour que ce soit un film. 

      Mais s’il n’atteint pas cette qualité, cette universalité, il n’est d’aucun secours à la « culture populaire », il reste une marchandise, un outil pour faire circuler la monnaie, un anesthésiant pour le peuple réduit à l’état de consommateur.

      Entre « folklorisation » et récupération, la « culture populaire » est en voie d’extinction.


      Ce sont des questions que je me pose. Autant vous en parler.

      Je ne peux pas parler du film. Je ne l’ai pas vu.


    • Fergus Fergus 11 février 2012 11:19

      @ Jean-Pierre.

      C’est bien au sens de « destiné au peuple » mais aussi de « qui parle au peuple » que j’ai employé cette expression de « culture populaire ».

      Cela dit, vous avez raison de souligner que le cinéma est une industrie qui répond à des impératifs de rentabilité, et c’était déjà le cas à l’époque du muet. Mais le mot « industrie » peut, dans ce domaine, rimer avec celui d’« art », et si la grande majorité des films ne peut prétendre à ce titre, il en est qui sont de réels chef d’œuvre, à l’égal des chefs d’œuvre qu’ont produit la littérature, la peinture ou la sculpture.

      Je ne prétends pas ici que The Artist soit un chef d’œuvre, l’histoire et les cinéphiles le diront, mais avec sa poésie et son hommage au patrimoine cinématographique, il marque le présent et s’inscrit, à mes yeux, précisément dans cette culture populaire qui a forgé notre représentation de l’art et notre rapport à ses œuvres.

      Bonne journée.


    • brieli67 11 février 2012 12:06


      Encore « une belle Histoire de Civilisation(s) »

      Qu’en pensez vous Herr Königsberg ??

      Ha ! Ha ! le collec-tiffes ne dit mot sur la prestation de l’amie épistolière de Fergus,

    • Valerianne Valerianne 11 février 2012 12:39

      Bonjour LGcontact,

      Avec une carte illimitée (20,08 € par mois), je vais voir 3 à 4 films par semaine. Dans une salle de ciné donc, avec rideaux, grand écran, ambiance parfois. Ce que n’apporte pas pour moi la vision d’un DVD, même sur grand écran. D’ailleurs, je dois visionner moins de 3 fois par an un film chez moi.

       


    • Valerianne Valerianne 11 février 2012 12:43

      ...sachant qu’en plus, avec cette carte, j’ai accès non seulement à des grandes salles de distributeurs type MK2, UGC ou Gaumont - mais aussi à toutes les petites salles de ciné « art et essai » indépendantes ! Celle du « Nouvel Odéon », refaite à neuf, est d’ailleurs aussi confortable que le MK2 Bibliothèque.

      Bon, je vous laisse, je vais justement aller « Another Happy Day » ! smiley


    • Fergus Fergus 11 février 2012 15:47

      Bonjour, Lgcontact.

      « C’est de l’amateurisme ». Certes, mais je suis très difficile, et c’est pourquoi je ne vais au cinéma (cela vaut également pour le théâtre) qu’après réflexion et si le thème du film m’intéresse réellement. Ou alors pour des metteurs en scène, style les frères Dardenne ou les frères Coen.

      Quant au prix, je paie entre 3,60 et 5 euros la place.


    • Switcher 11 février 2012 18:41

      @Lgcontact


      Etre « exigeant » signifie choisir ces films, pas en bouffer.
      On est pas forcément cinévore quand on est cinéphile.

      Et votre saillie sur les films d’Art & Essai est désopilante… Et vous traitez les autres d’ « amateurs », tsss… 
       smiley

  • Jean-Pierre Jean-Pierre 11 février 2012 09:29

    Ne serait-ce pas Anouk Aimée sur la photo ?


    • Fergus Fergus 11 février 2012 09:41

      Bonjour, Jean-Pierre.

      Si, c’est bien Anouck Aimée, la superbe héroïne du « Lola » de Jacques Demy, photographiée par le studio Harcourt.


  • Krokodilo Krokodilo 11 février 2012 09:56

    Le public américian témoigne, sauf exception comme le public du palmarès étranger, d’un incroyable désintérêt voire mépris des autres cultures, preuve en est leur habitude de réaliser des remakes de la plupart des succès, notamment des comédies (le dîner de cons, 3 hommes et un couffin, les visiteurs). Ils ne veulent pas lire de sous-titres (et je les comprends) mais pas non plus faire de doublages, Pour quelques réussites (le retour de Martin Guerre), la plupart des remakes sont inférieurs. Un article à ce sujet cette semaine dans Téléobs (Nouvel observateur)


  • Valerianne Valerianne 11 février 2012 11:06

    Bonjour à tous,

    Moi, c’est plutôt 150 à 200 films que je vois par an au cinéma. En appréciant aussi bien un bon blockbuster (« Millenium » par ex, pour en citer un récent) qu’un bon film d’auteur, qu’il soit français ou étranger.

    Et bien, je n’ai pas boudé mon plaisir quand j’ai vu (en traînant un peu les pieds d’ailleurs) « The Artist », qui fait partie de mon Top 20 2011. Je trouve ce film très bien abouti (scénario, mise en scène, jeu des acteurs...) et charmant ! Et il mérite pour moi amplement ses nominations et les prix qu’il a reçus jusqu’alors.

    Mais je suis d’accord avec votre première phrase... smiley « Balancer sur un film au moment où il va être couronné de statuettes, où il est encensé par une critique unanime, c’est mesquin. C’est le fait des jaloux. »  smiley

     

     


  • sisyphe sisyphe 11 février 2012 11:39

    D’accord avec l’article.

    Ce film n’est qu’une resucée d’un tas de films américains, sans aucun apport nouveau, aucune innovation, aucune double lecture possible.

    Un film « à la manière de » ; sans même l’ironie qui présidait aux deux OSS 117 (qu’on les aime ou pas).

    Chaque plan est désespérément prévisible ; à tel point qu’on se dit ; « il ne va quand même pas nous faire ce coup-là.. » eh bien, si ; il fait ce qui est prévu, téléphoné, lourdement, plan après plan.

    Un film qu’on a déjà vu avant de le voir ; consternant.

    Pas étonnant qu’il plaise aux américains : il est, plan par plan, non seulement un hommage, mais une flagornerie à leur cinéma ; comme s’ils l’avaient inventé.
     Ce film ne présente, pour moi, absolument aucun intérêt ; histoire vue et revue ; je m’y suis emmerdé, et même énervé, tant chaque séquence y est prévisible, d’un bout à l’autre.

    Hazanavicius ne fait que des films « à la manière de » ; au moins, les 2 OSS avaient l’intérêt d’être parodiques ; celui-ci n’en a aucun.

    Quant aux « Petits mouchoirs » évoqué par l’auteur ; rarement vu un film d’une telle vacuité, qui ne raconte rien,ne dit rien, ne montre rien : j’ai quitté la salle avant la fin, tellement j’ai trouvé ça pitoyable.


    • Fergus Fergus 11 février 2012 12:05

      Bonjour, Sisyphe.

      Evidemment pas d’accord. Ce film est un hommage appuyé au cinéma d’autrefois, et une formidable occasion pour les jeunes de découvrir un cinéma qu’ils ne connaissent pas car catalogué définitivement ringard.

      En musique, des compositeurs parmi les plus grands ont aussi rendu hommage d’une manière comparable à une musique d’un autre temps. Je pense notamment à Prokofiev avec sa « symphonie classique » ou à Tchaïkovsky avec « Mozartiana ». Créer « à la manière de » peut être une formidable expérience, et ceux qui l’osent prennent un grand risque car l’exercice est, je le répète, casse-gueule.


    • sisyphe sisyphe 11 février 2012 12:29

      Bonjour fergus

      Pas du tout, du tout d’accord avec vous, sur ce film.

      Quand vous dites :
      Par Fergus (xxx.xxx.xxx.198) 11 février 12:05

      . Ce film est un hommage appuyé au cinéma d’autrefois, et une formidable occasion pour les jeunes de découvrir un cinéma qu’ils ne connaissent pas car catalogué définitivement ringard

      Je lis ça comme une plaisanterie.

      « Formidable occasion » ????? vous rigolez ?

      Si les jeunes veulent découvrir le cinéma muet, ce ne sont pas les chefs-d’oeuvre qui manquent ; notamment tous les films du génie Chaplin, de Max Linder, Buster Keaton, Harold Lloyd, et même les Laurel et Hardy, sans parler, en France, des premiers Renoir, les Melies , Feuillade, L’herbier, Abel gance (et son chef-d’oeuvre « La roue »).

      Pour l’hommage à cette époque, on peut voir, avec un grand profit, le dernier Scorcese : Hugo Cabret, qui est, celui-là, un vrai hommage à Méliès, et qui n’a pas besoin, pour autant, de se travestir en film muet.

      The artist n’est, de mon point de vue, qu’un remake sans intérêt, qui ne donnera à personne l’envie de revoir quoi que ce soit ; il est juste fait pour flatter Hollywood dans le sens du poil, avec les emprunts les plus lourdingues au ciné US ringard de cette époque ; pas étonnant qu’il soit tellement nommé aux Oscars.

      Ceci dit, tant mieux pour lui s’il en remporte un maximum ; mais ce ne sera que la confirmation que les Oscars ne sont qu’une vaste entreprise de lobbying et d’influence des studios ; en aucun cas une référence pour le vrai cinéma.


    • Peachy Carnehan Peachy Carnehan 11 février 2012 14:07

      Ce sont les gamins les plus épanouis qui apprécieront Abel Gance ou feront l’effort de découvrir Méliès. Par malheur la plupart iront voir « Transformers 4 » au cinéma avec leurs parents (avant d’aller au McDo).

      C’est là que l’école ne joue pas son rôle.


    • Peachy Carnehan Peachy Carnehan 11 février 2012 14:09

      A sa décharge elle n’a pas été servie ces cinq ou dix dernières années...


    • sisyphe sisyphe 11 février 2012 14:34

      Oui, Peachy, je suis d’accord.

      Ce qui signifie bien qu’un film comme « The artist » ne peut, en aucun cas, être considéré comme une occasion, pour les jeunes, de « redécouvrir » le cinéma muet.. Aucun pouvoir d’incitation, parce qu’il n’est que la copie du cinéma hollywoodien déjà ringard de l’époque..

      Qu’on cite Metropolis, à ce moment-là : ça, oui, ce peut être une occasion de redécouvrir les merveilles de l’époque.. parce que totalement moderne et contemporain.


    • Fergus Fergus 11 février 2012 15:59

      @ Sisyphe.

      Le problème est que l’école, comme l’a souligné Peachy Carnehan, ne joue pas son rôle, de même que la majorité des parents. Et c’est en cela que The Artist est important car il peut amener dans les salles des gens, et notamment des jeunes, qui ne seraient jamais allés voir un film muet des années 20. Ces derniers ne sont d’ailleurs diffusés qu’à hauteur de quelques dizaines de séances par an pour l’ensemble du territoire national, et jamais dans des multiplex.

      J’ai parlé de musique dans un autre commentaire, et j’y reviens. Un film comme « Le concert » a, si je puis dire, mis le classique à égalité avec Mélanie Laurent comme premier rôle. Résultat : grâce aux 17’ d’extraits du concerto pour violon de Tchaïkovski, superbement interprété par Sarah Nemtanu, des personnes jusque là rétives aux classique s’y sont intéressées, y compris des jeunes qui, auparavant, trouvaient cette forme de musique ringarde sans la connaître. Comme ils trouvaient ringards les films muets avant d’avoir vu The Artist !


    • Fergus Fergus 11 février 2012 16:24

      Bonjour, Sabine.

      Je ne dis pas que rien n’est fait car ici et là de bonnes initiatives sont prises pour intéresser les jeunes à la culture, mais avec de terribles inégalités, souvent liées à un terrible manque de moyens. Qui plus est, il est pratiquement impossible pour de nombreux établissements d’emmner les jeunes à la fois au cinéma, au théâtre, au concert ou dans les musées.


    • sisyphe sisyphe 11 février 2012 16:36

      Par Fergus (xxx.xxx.xxx.198) 11 février 15:59

      @ Sisyphe.

      Le problème est que l’école, comme l’a souligné Peachy Carnehan, ne joue pas son rôle, de même que la majorité des parents. Et c’est en cela que The Artist est important car il peut amener dans les salles des gens, et notamment des jeunes, qui ne seraient jamais allés voir un film muet des années 20.

      Fergus

      Vous êtes bien gentil de défendre votre point de vue, et d’y insister lourdement, mais je vous répète que ce film n’est que la copie des films déjà ringards de l’époque ; je vous défie de me trouver le moindre « jeune » qui aura envie, après ce film, d’avoir la curiosité ou l’intérêt de regarder n’importe quel film des années 20... 

      Pour y trouver quoi ? Un sujet éculé, larmoyant, mièvre, lourdingue, qui n’amène strictement rien sur aucun plan : ni de l’histoire, ni de la façon dont c’est filmé, ni d’une quelconque originalité..

      Ce film n’est « important » à aucun niveau,si ce n’est, éventuellement, celui de la promotion de ses acteurs ; ce qui serait d’ailleurs un comble, parce que c’est vrai que Dujardin en fait des tonnes, dans le genre (à sa décharge, on peut lui concéder que c’était le cas des acteurs muets de l’époque)..

      Par ailleurs, vous parlez « d’emmener dans les salles » des jeunes : vous êtes totalement à côté de la plaque, parce que, dans les salles, à part les ciné-clubs et les cinémathèques, on ne projette jamais aucun film muet d’époque ; et, si on devait en projeter, il existe quelques chefs-d’œuvre (dont quelques uns que j’ai cité :La roue, Metropolis, Le cuirassé Potemkine, les Méliès et pratiquement tous les films de Chaplin), dont The artist est à des millions de lieues, et ne donne aucune idée de leur qualité, et de leur puissance.

      On ne parle de ce film QUE parce qu’il est nommé pour les Oscars, et, disons, parce que Dujardin est « à la mode »  : du business, et rien d’autre.


    • Fergus Fergus 11 février 2012 17:10

       @ Sisyphe.

      Désolé, mais je ne défends pas mon point de vue plus « lourdement » que vous défendez le vôtre. A moins que votre avis doive primer sur le mien ? Mais en vertu de quels critères ?

      Il se trouve que je connais aussi les grands classiques du muet que vous citez, et que cela ne modifie en rien mon regard sur The Artist,

      Il se trouve que, contrairement à ce que vous affirmez, il arrive que certains films muets soient projetés dans des salles d’Art et d’Essai lors de séances piano-cinéma à l’ancienne. Le cinéma dont j’ai été administrateur a même récemment diffusé un film muet de Hitchcock (The Lodger). Et d’autres salles en France pratiquent de même !!!


    • Fergus Fergus 11 février 2012 17:15

      @ Sabine.

      Effectivement, il ne faut pas demander l’impossible à l’école.

      C’est pourquoi The Artist est une bénédiction pour les enseignants car ils peuvent inciter les gamins à aller voir en salle ce qu’est un film muet sans risquer la rebuffade car aux yeux des enfants le fait de passer dans un multiplex valide la fait qu’il s’agit d’une oeuvre cinématographique digne d’intérêt.

      Dès lors, qu’ils aiment ou n’aiment pas devient secondaire car l’essentiel est qu’ils aient, pas le biais de ce film, été au moins une fois dans leur vie en contact avec un film muet. 


    • sisyphe sisyphe 11 février 2012 20:12

      Par Fergus (xxx.xxx.xxx.198) 11 février 17:10

       @ Sisyphe.

      Désolé, mais je ne défends pas mon point de vue plus « lourdement » que vous défendez le vôtre. A moins que votre avis doive primer sur le mien ? Mais en vertu de quels critères ?

      @ Fergus

      Aucun avis ne prime sur l’autre.

      Je vous ai répondu parce que vous êtes intervenu sur une de mes réactions.

      Je vous ai exposé mes arguments : vous n’en tenez pas compte : c’est votre droit le plus absolu, de même que celui d’aimer ce film et le défendre.

      Et comme vous vous êtes présenté avec votre cv cinéma, perso, je vois au moins 3 films par semaine (dvd, tv, cinés, cinémathèques) depuis presque 50 ans, et je suis plutôt bon public pour peu qu’un film présente un centre d’intérêt .

      Et je pense que The artist peut avoir une utilité de divertissement, de nostalgie, mais que je ne le vois d’aucune utilité « initiatrice » ni éducative, en ce qui concerne le cinéma.

      C’est un exercice ; on peut le trouver réussi, y prendre du plaisir, mais ce n’est qu’un exercice

      C’est mon avis et je le partage.

      Cordialement

       smiley


    • Valerianne Valerianne 11 février 2012 15:59

      Bonjour Sabine,

      Dans chaque pays, il y a des cinéastes intéressants, et Kelly Reichardt fait partie des cinéastes américains à suivre. J’ai beaucoup aimé son dernier film, « La dernière piste » (qui a eu un beau succès par bouche à oreille l’an passé), film taiseux d’ailleurs (il y a très peu de dialogues).

      Là, je sors d’un film américain bien plus conventionnel, bien trop bavard (et trop hystérique...), « Another happy day » de Sam Levinson. Je garde néanmoins en positif la prestation d’Ezra Miller (découvert dans « We need to talk about Kevin »), et les moments silencieux.

       


    • Fergus Fergus 11 février 2012 16:07

      Bonjour, Kerjean.

      Je trouve ahurissant que l’on puisse dézinguer un film sans l’avoir vu. Moi aussi, j’avais une terrible prévention contre Dujardin et Hazanavicius, et c’est pourquoi je suis allé voir The Artist en traînant les pieds. Mais je ne l’ai pas regretté : ce film est une véritable réussite et un formidable hommage au cinéma hollywoodien des années 20 et 30.

      D’accord avec vous pour les frères Coen (je viens de les citer dans un autre commentaire) ou les films indépendants comme « Little Miss Sunshine ». Comme quoi l’on peut aimer les Coen (ou l’excellent cinéma néo-réaliste belge) et apprécier The Artist, du moins lorsqu’on a été le voir !)


    • Valerianne Valerianne 11 février 2012 17:09

      Les frères Coen font des films, pour moi, inégaux. Les derniers ne m’ont pas d’ailleurs emballée.

      Mais chez eux, j’ai adoré « The big Lebowski » (qui me fait toujours mourir de rire), et un film en noir et blanc, assez mélancolique, « The barber », qui changeait d’ailleurs des films d’humour noir qu’ils font habituellement.


    • Fergus Fergus 11 février 2012 17:21

      @ Kerjean

      O’ Brother est également mon film préféré des frères Coen, et la bande son y est exceptionnelle, même les Peasall Sisters lorsqu’elles chantent « In the Highways ».

      Cela dit, j’aime également énormément Fargo pour le personnage de la fliquette placide et l’humour macabre de ce film.


  • Susanoo ! Susanoo 11 février 2012 15:44

    Les USA ont besoin de caresser la France dans le sens du poil pour avoir son appui sur plein de sujets stratégiques majeurs.
    Et il y a pas de meilleurs moyen de le faire que en offrant un Oscar a l’idole des Français à un moment extrêmement critique de l’histoire.
    C’est le seul objectif de « The Artist », il me semble.
    Ils vont sacrifier le beau George afin d’attendre cet objectif.
    Ca c’est de l’Art.
    « What else » ?


    • Fergus Fergus 11 février 2012 16:18

      Bonjour, Susanoo.

      Cette explication ne vaudrait que pour les Golden Globes et les Oscars. Or The Artist truste les récompenses un peu partout et a d’ores et déjà, hors USA, reçu des prix prestigieux, notamment au London Critic’s Circle (meilleurs film,réalisateur et acteur).


  • jordanne jordanne 11 février 2012 16:36

    Bon on est d’accord ou pas ! on aime ou on n’aime pas !
    M’’enfin tout ce que j’ai pu en comprendre c’est que l’auteur n’aime pas, critique, croit être le seul à avoir remarqué, etc... bonne pub pour son blog
    Vous allez rire : je n’aime pas ce film, mais seulement parce que je ne supporte pas le cinéma muet, d’un autre côté je salue la performance.
    Mais bon pour me répéter  : on aime ou on n’aime pas !

    PS ; Lgcontact s’il vous plait arrêtez de nous faire croire n’importe quoi ! The Artist n’est sûrement pas un film qui pourrait vous enthousiasmer au point de le télécharger (ou alors pour le « refiler » aux amateurs)  ;)


  • BlackMatter 11 février 2012 22:23

    Si ce film est autant primé aux states, c’est parce que le muet est la seule langue étrangère qu’ils comprennent smiley


  • ilan ilan 28 février 2012 13:25

    The artist : le traître vendu à Hollywood.

     Mise à part quelques considérations sur les qualités artistiques de Mr Dujardin, il serait très intéressant de réécouter l’interview de Mme Michèle Halberstadt dans l’émission « Comme on nous parle », de Pascale Clarke sur France Inter.

    Voici déjà ce que l’on peut lire sur la page de l’émission de Clarke : « L’invitée de Pascale Clark dans "5 minutes avec", est aujourd’hui Michèle Halberstadt, productrice et distributrice de cinéma chez ARP Sélection. Elle revient bien entendu sur la bonne forme actuelle du cinéma français et sur la pluie de récompenses pour le film "The artist" avec la nuit dernière 5 Oscars. »

     Bien, que nous dit cette dame ?

    Michèle Halberstadt : C’est un film français produit aux Etat - Unis, avec pas forcément de l’aide de l’Etat Français […].

     Pascale Clarke  : C’était malin aussi de la part du réalisateur, Michel Hazanavicius de faire un film « hommage à Hollywood », tourné à Los Angeles ? Est-ce-que c’était un petit peu fait pour les Oscars finalement ? Est ce- que c’était préméditer ? 

     M. H : […] Objectivement quand vous regardé le film a plat, il a fait son Michael Jackson. […], il s’est blanchi, il s’est transformé, il s’est fait américain […], il a fait un film américain, ou il dit au américains, vous avez inventé le cinéma, le cinéma ne se remettra pas de ce rêve, Hollywood est ce qu’il y avait de plus beau […]. Donc, il leur a fait un film pour eux sur mesure pour eux, […] le constat, c’est qu’il n’y a pas un mot de français, […], ce n’est pas un film Français. 

    P. C : C’est un faux film Français.

    […]

    M. H :  Il est allé chatouiller les américains sur ce qu’ils ont fait eux, c’est-à-dire le cinéma muet.

     Puis un petit discours sur Harvey Weinstein, un magnat d’Hollywood. 

     M. H : Chaque année il choisit un film et il y passe 6 mois, 8 mois. 

    P. C : Avec parfois des méthodes quelque peu décriés non ? 

    M. H :  Oui bien-sûr, c’est du lobbying.

    [..]

    P. C : Et il a réussi à faire passer the artist comme un film apatride, c’est aussi ça le coup de génie…sans nationalité.

     M. H : Mais quand vous le voyez, il n’a pas de nationalité. Pour nous il est français parce que nous connaissons Jean Dujardin et Bérénice Bejo, les américains ne les ont jamais vus, pour eux c’est un film totalement américain. Pourquoi pas ? Vous savez l’Amérique c’est quand même fait de toutes les nationalités, c’est le pays où vous pouvez venir d’où que vous voulez du moment que vous parlez l’anglais. 

     P. C : 5 Oscars pour The artist, comment ce palmarès historique peut-il booster le cinéma français ? ca va se passer comment les répercussions, est ce que l’on sait ? 

     M. H : Non, […], le cinéma français se porte très bien. 

    P. C : Alors effectivement le cinéma français se porte bien, on l’a vu au César.

    Conclusion :

    Intéressant, cette subtile ambiguïté : un film tourné par une équipe française, qui loue et se fait la porte parole du mythe et rêve américain, et Hollywood qui de son côté, fait de l’argent de façon réaliste sur l’infantilisation des esprits.

    Alors comme ça, The artist illustrerait le dernier symbole de la mondialisation : un film apatride, sans nationalité, applaudit par la critique française. Très très fort !

     

    http://www.franceinter.fr/emission-5-mn-avec-michele-halberstadt


  • ilan ilan 28 février 2012 13:26

    The Artist, un engramme de plus dans nos mémoires !

    Le cinéma Us qui inonde l’Europe et le reste du monde, n’a qu’un seul et unique objectif, celui de propager la pensée américaine. C’est véritablement une arme de destruction massive de la pensée.

    On peut croire que cela marche aux vues de certains commentaires qui défendent ce film sans en connaître et analyser sa véritable utilité et finalité.

    Ne jamais oublier la phrase de Jack Joseph Valenti (1921-2007), conseiller politique de Lyndon Johnson, puis président de la Motion Picture Association of America (MPAA), de 1966 à 2004. En un mot le Guru d’Hollywood. Ce personnage a dit une phrase qui résume à elle toute seule, toute la connivence du politique et de l’amusement -l’Entertainment- comme gestion de masse aux USA. Je cite : « Washington et Hollywood ont le même ADN. »

    Je rappellerai que dans la préface du livre de Mr Brzezinskin « Le grand échiquier, l’Amérique et le reste du monde », il y est dit : « Aucun autre Etat ne pourra au cours des trente prochaines années disputer aux Etats – Unis la suprématie dans les quatre dimensions de la puissance : militaire, économique, technologique et culturelle. ». Mettre la culture au même niveau que le militaire et l’économique -que nous savons assez agressifs chez les Yankees,- paraît très claire sur sa véritable utilité.

    Pour n’importe quel faucon du gouvernement Us, et magnat hollywoodien, ce film est d’abord un outil avant d’être de l’art. Mais tout cela est dit dans de nombreux ouvrages. Cherchez et vous trouverez, vous verrez c’est édifiant... Sur le sujet je vous suggère :

    La propagande parfois grossière d’Hollywood.

    http://www.knowckers.org/2010/02/la-propagande-parfois-grossiere-d%E2%80%99hollywood/

    Cinéma et propagande aux Etat - Unis.

    http://www.infoguerre.fr/fichiers/hollywood_propagande.pdf

    Opération Hollywood la propagande du Pentagone.

    http://www.dailymotion.com/video/xdfao2_operation-hollywood-la-propagande-d_webcam

    Propagande Hollywood anti arabe.

    http://www.dailymotion.com/playlist/x195e9_wxc264_propagande-hollywood-anti-arabe/1#video=xcgsif


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