vendredi 18 avril 2008 - par jack mandon

Vincent Van Gogh 1853-1890, un homme de phosphore et de sang

Zundert, les cris d’un nouveau-né retentissent. Premières plaintes humaines qui prendront un jour les formes torturées, lumineuses et sombres d’un mal de vivre envoûtant.

Famille traditionaliste, le père pasteur est apprécié de ses ouailles, la maman effacée, mais très présente écrit fort agréablement, dessine et pratique l’aquarelle.

Est-ce la fatalité ou le hasard qui place sous les yeux de Vincent une pierre tombale dont l’épitaphe porte son nom. Dans ce petit jardin de famille, un enfant sombre s’interroge.

Quelques mois avant sa naissance, un autre Vincent est mort en couche. Au cœur de cette famille nombreuse hollandaise, les enfants naissent et meurent selon les voies du seigneur. Les rêveries solitaires de Vincent se mêlent déjà aux murmures de la mort.

Dans la période formatrice du caractère de l’enfant, l’identification obsédante au terme des jours d’un mystérieux disparu est bien lourd à porter. Dans la solitude d’un être hypersensible, les sentiments les plus forts se fixent sournoisement. Plus tard, les spécialistes en charge de Vincent, évoqueront un complexe psychologique, un sentiment de culpabilité indéracinable, graduellement accentué, ainsi qu’une impulsion à se mettre en valeur par le sacrifice le plus total.

Que n’aurait-il pas fait cet excentrique roux, arpentant les chemins de campagne pour reconquérir, comme s’il remplaçait un autre, une identité perdue.

A un âge ou les gosses s’agitent autour des jupes de leur mère, le petit Vincent s’isole dans la nature et s’imprègne déjà des grands ciels contrastés et lumineux du plat pays.

Sa scolarité est discrète. Son regard bleu intense scrute la forme et la perspective, son premier dessin Ferme et hangar pour charrette se révèle intéressant.

Plus tard, le voici marchand de tableaux chez Goupil à La Haye, puis à Londres.

Après un réveil amoureux parsemé d’infortune, tour à tour aide-enseignant en Angleterre, prédicateur méthodiste, étudiant en théologie, le voici prédicateur, avec tous les excès de sa nature enflammée.

C’est un tempérament complexe, ou se mêle la bonté, la douceur, la tolérance et la tendance à l’explosion, à la colère et à la jalousie. Il est animé d’une compassion envahissante. Il porte en lui une immense capacité de prendre part à ce qui touche autrui dans un puissant désir de justice et d’éthique.

Il existe en lui une espèce de bipolarité, cela a pour effet de distiller l’angoisse et de mobiliser les affects brutaux et leur décharge subite. La prédication dans le pays minier du Borinage achève de mettre en lumière sa personnalité douloureuse et chaotique. Cette période est artistiquement fructueuse, elle décrit les scènes émouvantes et rudes de la condition ouvrière. L’époque est particulièrement sensibilisée aux idées humanitaires socialisantes.

Evangéliste prédicateur congédié, Vincent commence sa folle errance de visionnaire à travers le plat pays, soutenu par son frère Théo, son modèle et son ami de toujours.

La dualité de son tempérament est une entrave à l’affirmation picturale. La perfection technique est souvent sacrifiée à l’extériorisation des tensions internes. La vie affective connaît les mêmes difficultés et enfonce Vincent dans le labyrinthe de la solitude. Les premiers travaux et recherches picturales de l’artiste, après un bref contact avec le peintre Anton Mauve, remontent à l’époque de La Haye. L’introduction de la peinture à l’huile marque un tournant décisif au plan technique.

Après un retour au foyer parental, Vincent prend conscience que malgré les prévenances de ses parents il demeure incompris. Son père meurt, c’est pour lui l’occasion d’une brutale libération artistique, son premier chef-d’œuvre Les Mangeurs de pommes de terre. Ce tableau sombre et pathétique crie la condition paysanne. De retour à Anvers, il parfait sa connaissance de Rubens, le clair-obscur, et retrouve Théo à Paris. Il travaille à l’atelier Cormon où il fait la connaissance de sa famille étoilée, Toulouse-Lautrec, Emile Bernard, les pointillistes Signac et Seurat, les impressionnistes Pissaro, Gauguin et Guillemin. Chez le père Tanguy, il se passionne pour les estampes japonaises.

Arles, la lumière et la limpidité du ciel de Provence. A mi-chemin entre le vagabond et le prophète, cet homme de phosphore et de sang connaît les périodes les plus prolifiques de sa folle destinée. Pourchassé par le soleil, il embrase la Provence. Pyromane innocent, il consomme et consume la campagne à la manière d’un volcan roulant sa lave. Sous l’impulsion de son pinceau, la nature craque, se fend, crépite, devient une immense fournaise dans laquelle, comme un diable égaré, il s’agite éperdu. Sous un ciel lourd et étouffant, il n’entend pas les obsédantes plaintes qui remontent de ses entrailles agonisantes.

Un répit, enfin le croit-il, la visite d’un autre rude phénomène, l’anarchiste de Pont-Aven, le futur dévoreur d’espace exotique, Gauguin. Même combat, même énergie plutonienne, même goût pour l’absinthe, même course vers l’inaccessible étoile aux allures de walkyrie, mêmes tourments physiques et métaphysiques... et pourtant, et surtout, l’explosion la décompensation et la mutilation de l’oreille.

S’imprime plus violemment dans ses toiles, ce penchant pour la volute incandescente, cette propension à multiplier les brasiers dans tous les tons de l’arc-en-ciel... palette prolifique d’un dieu celtique à la conquête des vergers arlésiens, des paysages des Saintes-Maries de la mer, des oliviers et des blés de Saint-Rémy-de-Provence... mêmes tourments, mêmes souffrances de l’enfantement.

Dans les moments intimistes, Vincent se passionne pour les gens, les petites gens, qu’il fait trôner comme des rois dans ses toiles vives et contrastées.

Dans les périodes sombres de retrait et de solitude, c’est-à-dire dans la permanence de la quête, il se retrouve face à lui-même. Dans cet isolement autistique, il bascule dans la toile. Comme la phalène fascinée par la lumière, il vacille et chute, de l’autre côté de la vie... le temps universel qui se moque du temps. C’est le rituel du visionnaire épileptique, un des secrets de Vincent, l’autoportrait vrai.

Il nous délivre alors, avec rigueur et sincérité, l’ange déchu portant le monde, avec le regard bleu et pénétrant, l’authentique regard lucide et fou du sage visionnaire... viennent les tourbillons, les volutes fatales génératrices de cyclone dévastateur... le réveil dans le temps humain entouré de misérables hères, l’internement à l’asile de Saint-Rémy.

Là, par une nuit bleue et limpide d’avril, du fond de sa cellule, l’artiste prophétique immortalise un tableau cosmique dans une nuit tourbillonnante de mille feux.

Plus tard, dans un dernier sursaut d’inspiration, il reprend la route de l’Île-de-France. Auvers-sur-Oise, le Dr Gachet l’attend. C’est un original et inconditionnel de Vincent. Dans le Mercure de France, Albert Aurier, le critique d’art, publie le premier article sur l’artiste. A Bruxelles, la première toile du peintre, La Vigne rouge est vendue 400 francs.

Dans cette Île-de-France chère aux peintres de la fin du XIXe siècle, il rencontre un univers paisible et verdoyant, mais celui de son esprit est apocalyptique.

La petite église gothique d’Auvers, ultime rappel de son enfance sage, le plein ciel de la plaine d’un bleu vitrail, la sombre traversée tumultueuse et bruyante des corbeaux, le ciel alourdi soudain, l’or des blés mûrs crépitant, le rouge vermillon du sang de la terre... le choc !... Vincent, couché dans son plus beau tableau... crépuscule d’un Dieu.

Dans une mansarde, l’acte paisible, le premier, le dernier, comme un animal abandonné, sage comme l’image de la confiance et de l’amour, Vincent notre ami, foudroyé dans son plus bel orage... et l’orage s’éloigne apaisé.




26 réactions


  • TALL 18 avril 2008 10:47

    Beau style...

    A noter que le frère de Vincent, en qui celui-ci faisait confiance, l’a totalement trahi en se chargeant de soi-disant vendre ses tableaux, alors qu’en réalité il n’en a rien fait, tant un éventuel succès de Vincent l’aurait rendu profondément jaloux ( suite à leur vieille compétition affective vis-à-vis de la mère ).

    Et c’est essentiellement à cause de cette trahison, due aussi à la naïveté de Vincent, que ce dernier n’a guère pu profiter de son succès de son vivant, comme l’ont pu Picasso, Renoir et d’autres...


  • jack mandon jack mandon 18 avril 2008 11:06

    Merci pour cette précision, je me passionne pour Vincent depuis 50 ans, j’ai du faire preuve de naïveté moi aussi car j’ai du mal à croire à la trahison de théo. Je sais aussi que les sentiments sont dévastateurs.

    Abel et Caïn inscrivent depuis la nuit des temps un curieux ballet dans le coeur des hommes.

    Merci pour votre intervention.


  • LE CHAT LE CHAT 18 avril 2008 11:21

    ça faisait longtemps qu’on avait pas lu un article écrit dans un langage intelligible !

    bravo au nouveau taulier de la gallerie d’art !


  • jack mandon jack mandon 18 avril 2008 11:42

    Vous ne manquez pas d’humour, vous, le chat-huant, tant vous ne manqez pas de manifester avec sincérité et force conviction, enchanté de vous connaître

    MERCI , pour le clin d’oeil


  • jack mandon jack mandon 18 avril 2008 13:38

    Je pensais que vous aviez l’humour "harpic", ou l’humour décapant, en fait , votre pulsion anale salissante, c’est à dire l’humour de chiotte, je le découvre aujourd’hui.

    L’essentiel, est l’humour, à condition de savoir rire de soi, c’est un gage d’équilibre.

    Révérance au chat-marrait, voire même plutôt marrant, à condition d’accrocher sa ceinture.

    Merci de votre intervention.


  • Breton8329 rol8329 18 avril 2008 14:22

    C’est à la fois beau et ennuyeux . Ennuyeux comme un dimanche après midi, mais d’un ennui dont on ne peut se départir et qu’on apprécie jusqu’à l’ultime ponctuation. Ennuyeux car dépourvu d’humour, juste beau. Beau car chacune de vos phrases ressemble à un tableau du peintre, tortueuse, insidieuse et claire à la fois. Combien de temps la rédaction de cet article vous a t’elle pris ?


    • jack mandon jack mandon 18 avril 2008 16:16

       

      A l’attention de rod 8329

      Vous avez tout à fait raison, et vous le dites avec beaucoup de talent.

      Je connais Van Gogh dans sa nature et sa peinture depuis 50 ans, je n’ai donc aucun mérite d’en parler , sauf respect que je lui dois, c’est un peu mon frère, mon ami. Par tendresse pour lui, j’ai choisi de m’immerger dans son personnage, et ce n’était pas gai.

      Van Gogh était, selon moi, un épileptique temporal, il avait une nature dépressive, avait contracté la syphilis, et un penchant très accusé pour l’absinthe.

      Comme Armelle ci dessous le décrit parfaitement, il y avait en lui une espèce de dichotomie, donc une tendance schizoïde, par extension autistique...mais tout ça ce sont des mots psychiatriques dépourvus de poésie. Un détail important, c’est un introverti, d’où l’intensité qui se dégage du personnage et de ces tableaux.

      Je préfère voir en lui un ami d’où jaillissent des soleils en abondance...lui se trouve à l’intérieur, il en est le centre.

      Sa fragilité psychique ne le portait pas à l’humour...jadis, un bagnard à vie, devait se résigner, c’est ce qu’il fit, jusqu’au suicide pour en terminer avec cette curieuse destinée..

      Tout le monde à la propension à mettre en avant ceux que l’on aime, c’est mon choix, mon goût et c’est mon métier.

      Merci de votre intervention et de votre sincérité.


  • Armelle Barguillet Hauteloire Armelle Barguillet Hauteloire 18 avril 2008 14:30

    Quel beau texte, celui d’un poète dialoguant avec cet autre poète de la couleur et des ciels enflammés qui peignait comme l’orage foudroie ! Depuis l’enfance, il semble que Van Gogh vivait dans un état proche des révélations ultimes, comme si l’art, devancant les Temps, se devait d’être l’annonciateur de l’heure dernière. C’est la tragédie permanente déclinée dans tous ses octaves, brossée par larges envolées de pinceaux, travaillée dans sa pâte originelle. On reste cloué devant les toiles de Vincent, simplement parce que son art est traversé de fulgurations prophétiques. Ce n’est plus l’homme de chair qu’il nous donne à voir, malgré l’empâtement de la matière, mais le combat permanent avec l’ange qui est en lui, ce double qui est l’inaccessible, l’inconnaissable, sans doute l’aimé. ARMELLE


    • jack mandon jack mandon 18 avril 2008 16:56

       

      C’est en adhérant à la poésie des choses et surtout des êtres, que l’on arrive a trouver en eux quelque chose de divin et que l’on poursuit l’aventure.

      A vrai dire, l’art en général, et l’écriture en particulier, nous place en situation paradoxale d’excitation et de manque permanent.

      Au pied de nos limites, quelques soient notre caractère et nos talents, il faut se battre, d’où votre remarque du combat avec l’ange, allégorie biblique, bien enfoui dans notre inconscient.

      L’inaccessible étoile de jacques Brel, lui le Don Quichotte moderne submergé et emporté par le cancer des moulins.

      Merci Armelle...on se sent bien, sur ce site, l’intérêt pour l’art, la courtoisie, malgré quelques bavures en dérapage contrôlé, qui au demeurant ne manque pas d’humour (le chat) et sont évidemment l’occasion de prendre un peu d’oxygène, si j’ose dire, comme le suggère notre voisin de bon conseil rod 8329...c’est vrai ce peut être tellement triste un dimanche après midi, le travail le lendemain ou pour d’autres l’école...où simplement parce que c’est comme ça.


  • Garance-Rafaella Garance-Rafaella 18 avril 2008 16:16

    Bonjour,

    Je m’étais intéressée à votre article sur la roue de médecine... et je découvre aujourd’hui votre article sur VAN GOGH. Bien que je n’ai pas vraiment un grand intérêt pour ce peintre, j’apprécie néanmoins votre écriture sobre, emprunte d’analyse psychologique . J’apprends en vous lisant, merci.

    Garance-Rafaella


    • jack mandon jack mandon 18 avril 2008 17:16

       

      Garance...nostalgique derrière sa voilette, gaie comme un pinson, selon Jacques Prévert, dans « les enfants du paradis » et...ce malheureux Baptiste, qui assiste impuissant à votre ultime fuite en carrosse.

      Baptiste, Vincent, sont vraiment trop tristes pour alimenter votre penchant à la joie et au rire, je présume.

      Poursuivez ainsi vers l’éternelle jeunesse.

      Si vous trouvez un intérêt aux articles, j’en suis très heureux.

       


  • stephanemot stephanemot 19 avril 2008 09:30

    J’ai bien aimé sa tournée d’adieu à son village (vers 85 si ma mémoire est bonne) - il y a toute une série de scènes et de portraits au musée Van Gogh d’Amsterdam et si ça semble perfectible on y voit encore plus nettement la source de l’expressionnisme.


    • jack mandon jack mandon 21 avril 2008 08:41

       

      Stephanemot
       

      Au fond, ne trouvez vous pas, que le propre de l’artiste, est de se déplacer dans un espace de liberté, de ce fait, Van Gogh et inclassable.

      Expressionnisme convient bien à sa nature explosive, j’aime bien l’appellation de « fauve » qui nous projette dans un bestiaire et caractérise puissamment le prédateur de la couleur qu’il était.

      Merci pour votre intervention, votre site est impressionnant !


    • jack mandon jack mandon 20 avril 2008 17:36

       

      J’ai du plaisir à vous lire, la critique est toujours latente chez vous, vous me rappelez quelqu’un que j’aimais beaucoup, Paul Léautaud, le pamphlétaire aux cent chats, il disait à qui voulait l’entendre, « J’aurais pu passer ma vie en prison, à condition d’avoir de quoi écrire »

      Son côté abrupte et cassant cachait une grande sensibilité, mais cela s’entend, il préférait ses livres aux gens. Il avait un côté redoutable pour la médiocrité, tant il mettait d’amour dans la beauté littéraire.

      En ce qui vous concerne, vous êtes assez laconique, çà ne manque pas de saveur...être entendu pour ce qu’on a pensé, l’économie de soi qui fait réfléchir l’autre sans prendre son espace de réflexion, mais en l’obligeant à s’interroger et à se remettre en question.

      Sur le site, beaucoup pratiquent l’insulte, en s’offusquant quand on leur rentre dedans, manque d’humour caractérisé et raidissement intellectuel.

      Content de vous lire

      A bientôt


    • jack mandon jack mandon 21 avril 2008 08:18

       Furtif

      Au risque de taquiner cette parano latente qui sommeille en chacun de nous dans l’adversité, je pressens un pathos sur le site d’ Agoravox.

      C’est imputable, en partie, à l’idée selon laquelle, ce moyen de presse facilite l’émergence du 5ème pouvoir.

      Tous les pouvoirs flirtent avec le pathologique.

      A propos des laconiens, en d’autres temps, selon Albert Mallet et son ouvrage sur l’antiquité, il rapporte ceci : Philippe de Macédoine écrivait aux spartiates :

      « Si j’entre en Laconie, je détruirai votre ville ! » « Si ! » répondirent les spartiates.

      Le silence prend tout son sens en ménageant l’espace de l’autre. Évidemment, ce n’est pas très journalistique...cependant c’est infiniment plus subtil.

      Ce que vous m’avez dit m’intrigue, c’est le mot, à propos du pouvoir de nuisance.

      Bien cordialement

      Jack Mandon


  • Diane Diane 29 avril 2008 08:16

    Bonjour Jack Mandon,

    Comment expliquer cette fracture radicale entre la période picturale figurative, classique, pratiquée encore au début du XIX ème et celle que l’on voit apparaître au terme du XIX ème siècle ?

     


    • jack mandon jack mandon 29 avril 2008 10:33

       

      @ Diane

       

      Les changements, au terme du XIX ème, sont nombreux, les découpages géographiques et politiques, des états naissent, des empires sont engloutis.

      Les idées, les sciences, les techniques s’imposent.

       

      L’artiste a par nature et vocation d’anticiper, c’est un visionnaire, sa sensibilité, son intuition lui permettent d’évoluer aisément dans l’en deçà et l’au delà.

       

      Pour cette raison tout le monde comprendra que dans le chevauchement du siècle dont on parle et le début du XX ème, plusieurs guerres, à retentissement mondial pour les grandes puissances d’alors, et les guerres coloniales à la portée également mondiale, se dérouleront entraînant des pertes de millions de vies humaines. C’est bien là, l’inconvénient majeur généré par un conflit.

       

      En revanche, les hommes, les femmes et les idées circulent, se déplacent sur la surface de la terre et la communication s’établit dans ce brassage finalement créatif. La multiculture portera de nouveaux fruits.

       

      Pour revenir à la seule peinture, Van Gogh est Hollandais, il a perdu un frère dans la guerre au Transval, sud Afrique, qui oppose les colons Anglais et Néerlandais. Cet artiste va passer une partie de sa vie artistique en France, il subira l’influence japonaise, dans le dessin, la touche et la tache. Il est, lui aussi obligé de tenir compte d’un art nouveau...la photographie.

      Les peintres figuratifs, académiques, pompiers, comme l’on disait trivialement, vont subir un sérieux revers.

       

      La philosophie de l’époque porte un coup fatal au religieux, avec l’anarchisme et le communisme naissant, pour parler des deux principaux courant. Les hommes cassent le carcan culturel, ils se libèrent, les artistes sont avant-gardistes, ils sont les premiers à le faire. De plus, compte tenu du penchant naturel de Vincent...

       

      Le classicisme représente le conformisme qu’il faut abattre, c’est valable pour tous les artistes...et à tous tes temps.

       

      Ce qui est nouveau et tout à fait original pour l’époque, les hommes, et les artistes en particulier, découvrent qu’il existe un autre monde derrière le monde « connu » La notion de conscient et d’inconscient flotte dans l’air.

      J’observe que sur ce site, existent encore des hommes, d’une époque néolithique, qui l’ignorent, ça les rend prétentieux et grossiers.

      Je déplore l’absence des femmes, car, même bancaires, économistes et politiques elles n’en demeurent pas moins sensibles et ouvertes d’esprit.

       

      Ce que je voulais vous dire Diane, c’est que la culture est un prisme qui s’ouvre sur toutes les disciplines et qui favorise l’élargissement du champ de conscience.

      Jack


  • priscy 30 avril 2008 18:43

     Super,

    Franchement, j’aime apprendre mais je préfère le faire quand c’est pas ennuyant... Lá, je viens tout simplement d’apprendre á connaître un peintre dont finalement je ne savais pas grand chose sur lui.

    Par ta facon d`écrire, tu m’a transporté et mot aprés mot, j’ai lu tout l’article sans même m’en rendre compte. Je me suis amusé, revé et surtout appris la vie de VAN GOGH...

    En effet, je suis une jeune fille, de nature curieuse, je suis tombé sur ton article qui m’a beaucoup intéressée. Depuis, je veux en savoir plus et plus sur ce peintre... Je me documente et j’ai plein de question á te poser, notament :

    - Est-ce que tu pense que depuis bébé il était déjá depressif ?(sa mère venait de perdre son frère "Vincent") par son mal être, tu penses qu’une mère peut transmettre sa mélancolie á l’enfant au point même que l’enfant nait depressif ?

    - J’ai aussi lu le premier commentaire rédigé par un des lecteurs, où il dit que le frère de Vincent l’a trahi en se chargeant de vendre ses tableaux et qu’en réalité il n’en a rien fait (...), dans mes recherches, j’ai rien trouvé sur ce sujet á part qu’ils s’entendaient très bien... Avez-vous plus dínformation ? pouvez-vous m’en dire plus ?

    Merci de m’avoir permis d’apprendre tout en rêvant, c’était pour moi comme si je lisais une poésie... Dans mes recherches sur VAN GOGH, j’ai visité d’autres sites et je dois avouer que cela m’ennuyé á chaque fois. Souvent les textes ne sont pas clairs, trop complexes, et pas envahissant (passionant). Sans intérêt...

    Personnellement, je trouve que avec leur texte, il faut avoir une certaine passion pour la lecture, pour l’art, et surtout connaître le peintre pour en avoir envie de lire autrement dit, cela n’incite pas les jeunes gens á lire, á se cultiver, á apprendre...

    Pourquoi compliquer ce que est facile et comprehensible si on peut faire en sorte que tout le monde puisse apprendre, comprendre, voir même donner son avis ??????

    Souvent on dit des jeunes des personnes peux curieux, qu’ils ne s’intéressent á rien á part "faire la fête"... C’est faux, on s’intéresse á de quantité de choses, on est curieux vu qu’on ne sait pas forcement beaucoup. Mias il faut écrire des articles, des textes, des livres compréhensibles et ne pas parler du "chinois" parce qu’on est pas forcement tous des intellectuels...

    Alors, M. Jack, je tiens á vous remercier de m’avoir permis de voler, de rêver, d’apprendre la vie d’un être, d’un homme que pouvait tout simplement être Moi, Toi, Il ou Elle qu’importe...

    Mais une personne avant tout, un enfant, un jeune homme, un adulte, peintre, amant, un HUMAIN comme Moi et pas une fabule, ni du chinois. Je suis contente d’avoir appris l’histoire d’un homme et pas d’un intouchable, alors merci.

    Amicalement,

    Priscy 

     


    • jack mandon jack mandon 1er mai 2008 08:56

       

      @ Prisci

       

      Je me permet de te tutoyer, tu es jeune, ça sera plus facile pour nous deux.

      Si j’ai pu t’intéresser à la vie de Van Gogh, à l’homme et à l’artiste, alors j’ai accompli mon travail de communication.

      A l’occasion, transmet le message à tes copains et copines avec ta sincérité, ton enthousiasme et ta joie sera complète.

      Tu soulèves quelques questions, je vais y répondre chronologiquement.

      Pour bien apprendre, il faut se sentir concerné et dans l’émotion...alors la curiosité s’éveille...c’est magique !

      Tu as déjà vu une course de relais sur un stade ?

      Le relais est comme une énergie, un trésor qui se transmet de main en main.

      A l’arrivée, c’est une symphonie collective, c’est la victoire de toute une équipe.

      La culture, c’est comme un relais que l’on transmet, c’est un partage, et, à l’arrivée c’est un feu d’artifice de joie...c’est l’éveil de la conscience.

      Dans la collectivité, cela se nomme la dynamique de groupe...comme tu dirais sans doute, c’est génial !

      Le partage du savoir, c’est la multiplication d’un trésor. Paradoxalement, plus l’on donne et plus l’on se sent heureux et riche...c’est magique !

      Avec une poignée de grains de blé tu récoltes un sac de farine et tu nourris une famille pendant une semaine...pour la culture c’est la même chose.

      Tu t’interroges sur la dépression de Vincent ?

      C’est une maladie aux facettes multiples. Elle est souvent symptomatique, c’est à dire qu’elle est la manifestation visible de quelque chose qui se cache en nous.

      Tu évoques les dispositions familiales, l’influence de la maman, tout est envisageable...

      La maman était peut être dans une souffrance réelle occasionnée par les difficultés ou violences qu’elle subissait. Son état de santé de l’époque se justifiait pour cela et surtout parce qu’elle ne réagissait pas d’une manière appropriée.

      Elle a peut être maintenant changé de vie, décidé de se réaliser, de s’affirmer dans sa différence et ses talents...va et fais de même !

      En définitive, tu fais déjà le nécessaire car tu ouvres ton coeur et ton esprit et tu communiques ta joie et ton enthousiasme, c’est essentiel ! Et c’est le remède.

      Tout ce que tu fais là se nomme la vie, c’est exactement le contraire de la dépression qui, elle, flirte avec le néant et la non-vie.

      Il existe des gens joyeux et curieux avec lesquels tout devient lumineux.

      Prisci, ton commentaire m’a fait plaisir, je suis émerveillé par ton enthousiasme, ta joie de vivre et ta curiosité d’esprit. C’est l’indice d’une bonne intelligence, continue comme cela...c’est super ! Comme tu dirais sans doute.

       

      Merci pour ce que tu m’as apporté.

       

      Jack


  • Diane Diane 30 avril 2008 19:27

    Bonsoir,

    Je vais très prochainement , partir quelques jours et j’aimerais savoir dans quelle région de l’Isle de France,

    je peux trouver les souvenirs les plus marquants de Vincent ?

    Merci !!


    • jack mandon jack mandon 1er mai 2008 09:15

       

      @ Diane

       

       

      Sans aucun doute, il faut se rendre à Auvers/oise, c’est un merveilleux petit village qui garde un souvenir vivant de Vincent,

      La petite église gothique, la plaine, comme l’on dit à Auvers, qui est en fait un plateau qui surplombe le village et le château et son parc.

      En été, autrefois on y trouvait de joyeux champs de blé...mais aussi le cimetière ou reposent Vincent et Théo.

      Je pourrais énumérer sur plusieurs pages toutes les images qui grouillent dans ma tête quand je pense à Auvers.

      Vos questions me prouvent que vous avez gardé un coeur d’enfant, dans un corps de femme c’est un compromis harmonieux

      Merci Diane,

      Bonnes vacances

      Jack


  • jack mandon jack mandon 7 novembre 2009 11:15

    Par ARMINIUS (xxx.xxx.xxx.73) 7 novembre 10:54

    Texte bien ciselé, un vrai bijou ! travail d’expert ? Une question : la walkyrie...de Wagner ? le« Vaisseau Fantôme » m’ a été souvent suggéré comme application musicale du génie tempétueux du Vincent « en crise ». Les paysages apaisés...tout à fait d’accord d’un Vincent pour un temps apaisé lui aussi... L’église d’Auvers-sur -Oise : le ciel est d’un bleu excessif, voir tourmenté, comme celui du gris foncé contrasté de lumière violente, du calme qui précède l’orage. Ce bleu est une réminiscence du sud, donc de la période des crises génératrices...de ses oeuvres les plus géniales, même si le reste de la toile semble revenir à de plus calmes périodes...cette toile à mon avis ne fût pas exécutée d’un seul jet, isn’it ?


    • jack mandon jack mandon 8 novembre 2009 13:22

      @ Arminius

      Wagner, grand visionnaire en un temps ou le monde musical se perd dans une tradition légère et mièvre. C’est le pendant sonore de Nietzsche, à la recherche d’un nouveau Dieu. Un contre poids à la misère et à la monstruosité qui plongera le monde dans un chaos innommable. Les artistes, et tous les gens sensibles, comme les animaux, captent les grandes métamorphoses.
      D’ailleurs, comme la phalène, ils traversent la flamme, c’est trop lourd à porter...
      Les psychiatres, malgré eux imposteurs, mais de bonne foi, "pardonnons leurs, ils ne savent pas ce qu’ils font", placent des noms savants, masquant leur noble ignorance, sur des comportements éclairant mais illuminés.
      Vous avez raison Arminius ( j’ai l’impression que je suis connecté avec la Rome antique, je vais me faire embarquer),
      Van gogh est tout droit sorti du walhalla, son état d’esprit en témoigne et son physique le crie.
      Merci pour votre intervention


  • jack mandon jack mandon 7 novembre 2009 11:34

    Par olivier cabanel (xxx.xxx.xxx.160) 7 novembre 10:12

    @ cher Jack Mandon,
    je vous remercie très sincèrement de ce magnifique texte que vous avez bien voulu proposer à notre lecture,
    j’aime cette écriture précise, courte, et pour tout dire impressionniste quelque part,
    on se trouve plongé malgré nous dans la vie de ce personnage si passionnant,
    cet homme paradoxal, si plein de talent qu’il ne pouvait vivre dans le monde qu’on lui proposait.
    encore merci.


  • jack mandon jack mandon 8 novembre 2009 12:40

    Par sisyphe (xxx.xxx.xxx.168) 7 novembre 17:01

    @ Jack Mandon

    Superbe texte, qui dit l’essentiel, et la substance.

    Et qui ravale au rang d’écume les pauvres pseudo « révélations » des exégètes en mal de notoriété.

    Merci.


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