mercredi 26 septembre 2018 - par Axel_Borg

Neymar, de l’ombre de Messi à celle de Mbappé ?

Joueur d’exception, Neymar a déjà dépassé tous les grands buteurs brésiliens en Seleçao, sauf Pelé (77 buts et Ronaldo (62 buts). A 26 ans, l’ancien écrin de Santos a déjà surpassé Romario, Zico ou Garrincha dans les annales du maillot auriverde. En 2013, le jeune prodige avait quitté Santos pour apprendre le métier de superstar du football mondial au Barça, aux côtés de Lionel Messi. Dans l’ombre de l’Argentin pendant quatre ans, Ney est venu prendre la lumière à Paris, un an après le départ fracassant de la légende suédoise Zlatan Ibrahimovic, parti vers Manchester United … Mais déjà une autre ombre s’approche, celle de Kylian Mbappé, né en 1998, soit cadet de six ans du Brésilien … Cette situation pourrait-elle précipiter le départ de Neymar du PSG vers le Real Madrid en 2019 voire en 2020 ?

Né un 5 février comme Cristiano Ronaldo (1985 pour le Portugais, 1992 pour le Brésilien), Neymar n’est pas de ceux qui doutent de leur talent, tant ce joueur dégouline de classe pure. Comme CR7 ou Lionel Messi, avec qui il a partagé le podium du Ballon d’Or en 2013 et 2015, Neymar a été nourri au nectar et à l’ambroisie par les fées du destin.

Dès 2010, l’année de ses 18 ans, le roi Pelé réclamait sa sélection en équipe nationale du Brésil pour la Coupe du Monde en Afrique du Sud. Romario et Ronaldo se joignirent aux éloges d’O Rey, un connaisseur puisqu’il avait été de l’aventure suédoise de la Seleçao en 1958, à seulement 17 ans. Mais au contraire de son glorieux aîné à Santos, Neymar ne découvrira pas le Mondial à l’adolescence … Tel le prodige argentin Diego Maradona laissé de côté par Menotti en 1978, Neymar regardera la Coupe du Monde sud-africaine depuis son tube cathodique … Mais l’année 2010 est fructueuse pour le jeune espoir du football brésilien, devenu le talisman de Santos : il reçoit le prix Puskas du plus beau but de l’année par la FIFA, se voit offrir un contrat par Chelsea (vente refusée par Santos) et débute sous le maillot auriverde le 26 juillet…

Le 18 décembre 2011 à Yokohama, Santos avait été atomisé 4-0 par le Barça en finale du Mondial des clubs, Lionel Messi, à quelques jours de son troisième Ballon d’Or de rang (une première depuis Platini en 1985), s’était offert un doublé contre le club pauliste … Ce jour là, Neymar avait pu mesurer l’étendue du chemin lui restant à parcourir devant un joueur qui était déjà l’alpha et l’oméga du plus grand club du monde, et avec qui seul Cristiano Ronaldo pouvait rivaliser en aura comme en statistiques.

Sur le Tour de France 1993, un jeune blanc-bec américain du nom de Lance Armstrong s’était imposé dans l’étape de Verdun au nez et à la barbe de vieux routiers du peloton, dont le Français Ronan Pensec. En l’absence de la star Greg LeMond, le journaliste new-yorkais Samuel Abt était venu interviewer le jeune espoir de la formation Motorola, tout juste sacré champion des Etats-Unis sur route à Philadelphie :

  • Seras-tu un deuxième Greg LeMond ?

    Le futur champion du monde d’Oslo, le 29 août 1993 devant le roi Miguel Indurain sous la pluie norvégienne, avait répondu avec aplomb et répartie :

  • Non, je serai le premier Lance Armstrong.Le Texan le sera, par son parcours atypique qui en fera l’icône du dopage, le mouton noir d’un cyclisme 2.0 dévoré par l’ivraie et par la gangrène du dopage sanguin comme mécanique. Imposteur gagnant sept maillots jaunes de rang entre 1999 et 2005, le cynique Armstrong sera pris dans l’œil du cyclone en 2012. Et en effet, il n’aura pas copié l’odyssée romantique de LeMond, rompant avec son idole de jeunesse en 2001.
  • Pour la même raison, Neymar aurait pu répondre la même chose à une question de ce style, si l’on avait comparé aux plus grands footballeurs du passé, Puskas, Di Stefano, Pelé, Garrincha, Cruyff, Beckenbauer, Platini, Zico, Maradona, Van Basten, Baggio, Ronaldo, Zidane …
    Dans sa carrière, Neymar a montré à deux reprises qu’il avait vraiment la taille patron, et que plus que tout autre joueur contemporain (Dybala, Hazard, Higuain, Kane, Modric, Robben …), il était digne d’être le successeur de CR7 et Lionel Messi, qui ont phagocyté le Ballon d’Or entre 2008 et 2017 (cinq victoires chacun, la plupart sous forme de plébiscites …)

    La première révélation fut la Coupe du Monde 2014 à domicile, au Brésil. Depuis 1950, le pays vivait avec le traumatisme du 16 juillet 1950, le fameux Maracanazo qui avait fait du gardien Moacir Barbosa un chat noir. Pour comprendre 2014 et le Minheirazo, il faut comprendre 1950 … Dans l’esprit de tous, ce n’est qu’une formalité, le Brésil va gagner cette quatrième Coupe du Monde, douze ans après sa troisième place en France en 1938 : des limousines sont déjà prêtes pour le défilé, une par joueur de la Seleçao ... Les Brésiliens ont oublié la fièvre jaune, le vaccin obligatoire, l’assassinat de Pinheiro Machado (président de la République tué en 1915), mais ils n’ont pas oublié la boulette de Barbosa, écrira plus tard le journaliste Nelson Rodrigues à propos du Maracanazo¸ sorte de traumatisme national. La France a Alésia (52 avant J.C.), Crécy (1346), Azincourt (1415), Waterloo (1815) ou Dien Ben Phu (1954), les Etats-Unis ont l’assassinat de Lincoln en 1865, celui de Kennedy et le 11 septembre 2001.

    Le Brésil a le Macaranazo, ensuite rejoint dans la nécrologie du football local par le Minheirazo de juillet 2014. En 1970, Barbosa vit l’épisode le plus cruel de son existence, point d’orgue de son long châtiment de cinq décennies de souffrance, ce qu’il avouera en 2000 à quelques semaines de son décès … Dans un supermarché, une femme retient son enfant et désigne l’ancien gardien de but du doigt avant de porter l’estocade verbale à Moacir Barbosa … Regarde, mon petit, c’est l’homme qui a fait pleurer le Brésil. En 1994, avant la World Cup aux Etats-Unis où le Brésil mettra fin à une interminable disette de 24 ans, Barbosa se voit refuser l’accès du camp d’entrainement de la Seleçao à Teresopolis, alors qu’il est accompagné d’une équipe de la BBC. Un vigile l’avait reconnu et, de peur qu’il ne porte la poisse, ne l’avait pas autorisé à entrer. Version officielle. La version officieuse dit que Carlos Alberto Parreira, le sélectionneur brésilien d’alors, ne voulait pas du chat noir national Barbosa près de ses joueurs. Le président de la confédération brésilienne Ricardo Teixeira refuse qu’il commente un match du Brésil à cause de cette finale perdue.

    Moacir Barbosa déclare : Au Brésil, la peine maximale pour un crime est de 30 ans. Moi, je paie depuis plus de 43 ans pour un crime que je n’ai pas commis. Employé de la Mairie de Rio chargé de l’entretien de la piscine du Maracaña, Barbosa apprend que les poteaux en bois des buts vont être changés … Il les récupère et les brûle lors d’un barbecue à son domicile. Un exorcisme vain : J’ai pensé un million de fois à ce but. Et, parfois, je me dis qu’il aurait été préférable que la terre s’ouvre sous mes pieds et que je disparaisse sur le-champ. Apprenant la détresse du gardien brésilien, le buteur uruguayen Ghiggia viendra publiquement à sa rescousse : Bigode, leur défenseur, n’est pas parvenu à m’empêcher de tirer. Il avait bien plus de responsabilités que lui. Mais, que voulez-vous, Barbosa était le bouc émissaire idéal.

    Printemps 2000. Alors qu’il se rend au Brésil, Alcides Ghiggia présente son passeport à l’aéroport de Rio de Janeiro. Face à lui, une jeune femme d’une vingtaine d’années. Elle regarde le document, dévisage son interlocuteur. Il y a un problème, demande-t-il ? Etes-vous LE Ghiggia ?, l’interroge la fille. Oui, c’est moi, dit-il, surpris. Mais 1950, c’était il y a très longtemps. Alors, la main sur la poitrine, elle lui lance : Au Brésil, nous le sentons dans nos cœurs tous les jours. Toute sa vie, Barbosa va payer ce maudit but qui priva le Brésil d’un sacre prévu à l’avance, et tel Sisyphe poussant son rocher, va payer son châtiment jusqu’à sa mort, le 7 avril 2000. Souvent, Moacir pleurait sur mon épaule, témoigne Teresa Borba, une amie proche. Et il me soufflait toujours les mêmes paroles : « Je ne suis pas coupable. Nous étions onze  ». Mort veuf dans l’indifférence générale au printemps 2000, Barbosa se verra octroyer une pension par son ancien club pour lui assurer un minimum de dignité durant les trois dernières années de sa vie. Idole du Vasco de Gama des années 40, meilleur gardien du tournoi mondial de 1950 avant la terrible erreur contre l’Uruguay, Barbosa ne cessera de tomber de Charybde en Scylla par la suite.

    Ghiggia, héros involontaire du jour, avouera plus tard qu’il fut un des trois seuls hommes à faire taire le Maracaña, avec Frank Sinatra et le pape Jean-Paul II.

    Son coéquipier Juan Alberto Schaffino, future star de l’AC Milan, rappelait, lui l’ambiance glaciale du stade carioca : Un silence sidérant a régné dans le stade pendant de longues minutes. A tel point qu’on aurait entendu une mouche voler. Rio de Janeiro est une ville morte de chagrin en ce 16 juillet 1950, et ce chagrin va se transformer en courroux. Le destin va donc s’abattre sur le pauvre gardien martyr Barbosa, ainsi que sur le deuxième coupable, l’arrière Bigode. Le racisme n’était pas nouveau au Brésil envers les joueurs noirs … Dans les années 20, un joueur noir de l’aristocratique club carioca de Fluminense avait dû se recouvrir le visage de poudre de riz pour entrer sur le terrain, étant moqué par le public adverse. Les journaux européens, dont L’Equipe, décrivant le désarroi d’un certain Joas da Silva, qui meurt à 58 ans après une ultime phrase avant son dernier souffle : Le Brésil est mort. Et sur ces mots, il mourut ….

    Après cela, plus rien n'a été comme avant. Le Brésil a fait table rase, allant même jusqu'à changer de couleurs. Parce que la télé n'existait pas ou peu, et parce que les rares images des premières Coupes du monde étaient en noir et blanc, on oublie parfois que la célébrissime tenue auriverde, probablement la tenue de sport la plus célèbre du monde, est née sur les ruines du Maracanazo. A l'époque, le Brésil jouait en effet en blanc. Des pieds à la tête. La défaite contre l'Uruguay a tout changé. Le blanc, devenu synonyme de porte-malheur, a été banni. C'est la dernière fois que la Seleçao a joué dans cette tenue en Coupe du monde. Dès 1954, en Suisse, le bleu et l'or avaient pris le pouvoir ... Car le Brésil avait vécu ce 13 juillet 1950 ce que le dramaturge Nelson Rodrigues qualifia d'Hiroshima, de catastrophe nationale. Prise au pied de la lettre, la comparaison est évidemment hors de propos. Il évoquait simplement la puissance fédératrice d'un évènement ressenti douloureusement par l'ensemble d'un peuple. Le Brésil n'a jamais connu de conflit armé de grande ampleur sur son sol. Son Waterloo, son Pearl Harbor, ce fut le Maracanazo.

    Il n'y a probablement qu'au Brésil qu'un match de football puisse prendre une telle proportion et faire office de tragédie nationale. Parler ici d'ambiance lourde serait un euphémisme. Certaines personnes pensent que le football est une question de vie ou de mort. Je trouve ça choquant. Je peux vous assurer que c'est bien plus important que ça, disait le légendaire coach écossais de Liverpool, Bill Shankly. Cette finale Brésil-Uruguay est l'application la plus fidèle de cette phrase culte. Avant le début de la compétition, les bookmakers cotaient le Brésil à 2 contre 1 et l’Uruguay à 25 contre 1. Comme l’édition suivante de 1954, cette Coupe du Monde 1950 montra qu’en sport, il n’existe pas de certitude absolue, et que tout favori sur le papier doit le confirmer sur le terrain …

    C’est le cas du Brésil en 2014. Vainqueur de la Coupe des Confédérations en 2013 en écrasant la Roja espagnole en finale (3-0), la Seleçao s’avance avec Neymar en figure de proue. Clé de voûte du onze titulaire de Luiz Felipe Scolari, le jeune homme de 22 ans vient de passer une première saison en Europe, dans la lignée de Romario (1993), Ronaldo (1996), Rivaldo (1997) et Ronaldinho (2003), autres Brésiliens passés par l’ogre catalan.

    Virtuose du football, Neymar sort d’une première saison honorable au Barça, 15 buts et 11 passes décisives en 41 matches. Mais Lionel Messi, l’OVNI du football, fait bien mieux sous les couleurs blaugrana … 48 buts et 16 passes décisives en 57 matches pour le natif de Rosario.

    Au Mondial 2014, à domicile, Neymar porte la pression du Brésil sur ses seules épaules, tel Atlas soutenant la voûte céleste : 4 buts en 4 matches avant la blessure en quart de finale contre la Colombie : doublé en ouverture face à la Croatie à Sao Paulo le 11 juin, doublé encore face au Cameroun à Brasilia le 23 juin pour le dernier match du groupe A.

    Blessé contre les Cafeteros, Neymar ne participe pas au naufrage du 7 juillet contre l’Allemagne à Belo Horizonte : défaite 7-1, la Mannschaft menant 5-0 après une demi-heure de jeu face à une équipe tétanisée par l’enjeu et la pression démesurée, tombant de Charybde en Scylla, comme prisonnière de sables mouvants … Cette génération sera marquée au fer rouge par la plus grande humiliation de l’Histoire du football brésilien. Neymar aura au moins échappé à cette Bérézina collective, à ce Radeau de la Méduse, à ce camouflet monumental confirmé lors de la petite finale face aux Oranje de Louis Van Gaal : défaite 3-0 à Brasilia, il était temps que l’hémorragie s’arrête pour la Seleçao.

    Un an plus tard, Lionel Messi se blesse au début de l’automne 2015, la MSN formée depuis octobre 2014 avec le pistolero uruguayen Luis Suarez est décimée. Le puzzle est orphelin de sa pièce maîtresse, la Pulga. Neymar et Suarez doivent justifier les énormes investissements consentis par le Barça pour les arracher respectivement à Santos et Liverpool.

    Le 26 septembre 2015, l’Argentin est victime d'une rupture du ligament collatéral interne du genou gauche contre Las Palmas qui l'oblige à se tenir éloigné des terrains pendant deux mois. A l’apogée de sa carrière en cette année 2015 qui le verra gagner son cinquième Ballon d’Or, Lionel Messi effectue son retour le 21 novembre devant le Real Madrid, et est à l'origine du quatrième but de son équipe (victoire 4-0) en Liga.

    Durant deux mois entre fin septembre et fin novembre 2015, Neymar et Luis Suarez vont porter le Barça et assumer leur statut, avec 10 buts en 8 matches pour le Brésilien, et 8 buts en autant de rencontres pour l’Uruguayen :

  • 29 septembre (2e journée de Ligue des Champions), FC Barcelone / Leverkusen 2-1 : 1 but de Luis Suarez (1 but en cumulé)
  • 3 octobre (7e journée de Liga), FC Séville / FC Barcelone 2-1 : 1 but de Neymar (1 but en cumulé)
  • 17 octobre (8e journée de Liga), FC Barcelone / Rayo Vallecano 5-2 : 4 buts de Neymar (5 buts en cumulé) et 1 but de Suarez (2 buts en cumulé)
  • 20 octobre (3e journée de Ligue des Champions), BATE Borisov / FC Barcelone 0-2 : néant
  • 25 octobre (9e journée de Liga), FC Barcelone / Eibar 3-1 : 3 buts de Suarez (5 buts en cumulé)
  • 31 octobre (10e journée de Liga), Getafe / FC Barcelone 0-2 : 1 but de Neymar (6 buts en cumulé) et 1 but de Suarez (6 buts en cumulé)
  • 4 novembre (4e journée de Ligue des Champions), FC Barcelone / BATE Borisov 3-0 : 2 buts de Neymar (8 buts en cumulé), 1 but de Luis Suarez (7 buts en cumulé)
  • 8 novembre (11e journée de Liga), FC Barcelone / Villarreal 3-0 : 2 buts de Neymar (10 buts en cumulé) et 1 but de Suarez (8 buts en cumulé)

    Mais au-delà des statistiques vertigineuses, Neymar a pris les clés du camion, s’affirmant comme le joueur clé de Luis Enrique durant l’absence de Messi. Dans un Barça trop souvent critiqué pour sa Messi-dépendance sur le modèle de la Cristiano Ronaldo-dépendance en vigueur au Real Madrid, le Brésilien aura illuminé de sa classe les rencontres disputées sans le numéro 10 argentin, jouant en harmonie avec son coéquipier Luis Suarez.

    Eliminé par l’Atletico Madrid au printemps 2016 de la C1, le Barça frôle le précipice en février 2017. L’usure du pouvoir après une décennie d’hégémonie sur le football européen, et trois C1 conquises en 2009, 2011 et 2015 avec le triumvirat magique Messi / Iniesta / Xavi. Battu 4-0 au Parc des Princes le 14 février 2017 par un PSG pourtant orphelin de Zlatan Ibrahimovic, le club catalan est condamné à une remontada pour le mercredi 8 mars … Si Iniesta, Piqué et Messi communiquent que c’est possible, pour beaucoup, ce discours politiquement correct tient de la méthode Coué.

    Ce match retour Barça / PSG va offrir des montagnes russes d’adrénaline, dans la lignée d’autres rencontres d’anthologie où Barcelone avait détruit son rival à domicile en C1, imposant sa férule sur sa pelouse avec un sceau d’une rare violence : Manchester United (4-0) en novembre 1994, le Bayern Munich (4-0) en mars 2009, Arsenal (4-1) en mars 2010, l’AC Milan (4-0) en mars 2013 … En matière de remontada, les socios du Nou Camp ont une madeleine de Proust, datant du printemps 1986, face à l’IFK Göteborg, vainqueur 3-0 en Scandinavie avant de céder 3-0 à Barcelone, ce qui avait ouvert en grand les portes de Séville pour le Barça de Schuster et consorts …

    Face au quadruple champion de France en titre, Barcelone mène 3-0 à la 50e minute grâce à Suarez, un csc de Kurzawa et Messi quand Edinson Cavani marque le précieux but à l’extérieur à l’heure de jeu : 1-3. Voilà les Blaugranas condamné à l’impossible, à inscrire six buts, il en reste donc trois à inscrire face au PSG d’Unaï Emery. Mais l’utopie n’est pas culé en ce 8 mars … Le double champion d’Espagne en titre va forcer le destin, provoquer sa chance …

    Le diable Neymar va sortir de sa boîte dans le money time de ce huitième de final retour, il dresse la guillotine, et fait passer le PSG de QSI sous ses fourches caudines : doublé du Brésilien aux 88e et 90e minutes de jeu … Barcelone mène 5-1, Paris sent le souffle du dragon sur sa nuque …

    L’épée de Damoclès est désormais au-dessus de la tête des Parisiens, aussi proches du Capitole que de la Roche Tarpéienne. Le Goliath catalan renverse le David francilien qui se voit porter l’estocade par Sergi Roberto sur une ultime passe décisive de Neymar : 6-1.

    Cette fois, exploit unique depuis 1955, Paris est dehors après avoir gagné 4-0 au match aller ! Mais le lendemain, si les puristes reconnaissent que le catalyseur de la remontada catalane fut Neymar, les réseaux sociaux et les gazettes catalanes ont les yeux de Chimène pour un autre homme, Lionel Messi, porté en triomphe par les socios … Messi est l’ADN du club depuis qu’il a récupéré, à l’été 2008, le numéro 10 laissé vacant par le talentueux mais instable Ronaldinho, autre alchimiste du football … Mais ce 6-1 sera une victoire à la Pyrrhus pour Barcelone, qui va perdre Neymar dans l’euphorie générale, lassé de voir Messi prendre toute la lumière et les lauriers.

    Mais Lionel Messi est LE joueur ultime du Barça, il incarne le club, comme Di Stefano au Real Madrid, Eusebio à Benfica, Best à Manchester United, Cruyff à l’Ajax, Beckenbauer au Bayern, Maradona à Naples, Platini à la Juventus, ou Van Basten à l’AC Milan jadis, sans oublier Cristiano Ronaldo dans la Dream Team moderne du Barça. Cet effet de prisme se vérifie aussi en Formule 1, avec des pilotes devenus les symboles de leurs écuries : Jim Clark chez Lotus, Ayrton Senna pour McLaren, Michael Schumacher au sein de Ferrari. Neymar aura beau accumuler buts et passes décisives à Barcelone, il restera un faire-valoir de Messi, dont l’image est indissociable du destin du grand club catalan. De ce constat naît un besoin d’émancipation de la star brésilienne, qui doit quitter le cocon blaugrana pour grandir et devenir, à son tour, un authentique héros qui gravera son nom en lettres d’or dans le gotha du football mondial.

    La Juventus Turin renverra ensuite ce Barça miraculé à ses chères études, avant de scalper l’AS Monaco du jeune prodige Kylian Mbappé, auteur de 5 buts à 18 ans en matches couperet. Adoubé par le vétéran italien Gigi Buffon, l’étoile de Bondy ne se doute pas qu’il jouera, un an plus tard, avec le légendaire gardien de la Vecchia Signora.

    Le Real Madrid, lui, continue de cannibaliser le football sur le Vieux Continent avec une deuxième C1 de suite, prouesse inédite depuis l’AC Milan de Sacchi en 1990. Avec son redoutable tandem Zidane / Cristiano Ronaldo, l’un sur le banc comme implacable chef d’orchestre, l’autre sur le pré comme métronome et premier violon, le club merengue semble intouchable, stratosphérique, stellaire. Le charisme de ZZ associé à la précision clinique du natif de Madère font du Real Madrid le modèle à copier pour gagner en Europe.

    Pour détrôner ce grand d’Espagne, PSG veut frapper fort après un mercato estival 2016 raté sans aucune tête d’affiche. Deux joueurs de classe mondiale, Zlatan Ibrahimovic et David Luiz, avaient traversé la Manche vers la Premier League, respectivement Manchester United et Chelsea. Paris, recrutant Unaï Emery comme remplaçant de Laurent Blanc, avait fait venir l’enfant terrible du football français, Hatem Ben Arfa, renaissant de ses cendres à Nice, loin des recrutements clinquants des étés précédents, Javier Pastore (2011), Zlatan Ibrahimovic et Thiago Silva (2012), Edinson Cavani (2013), David Luiz (2014) et Angel Di Maria (2015).

    Si Nasser Al-Khelaïfi a corrigé le tir à l’hiver 2017 en faisant venir le milieu offensif allemand Julian Draxler en provenance de Wolfsburg, il sait qu’il lui faut un électron libre au talent exceptionnel, un homme qui s’attire tous les superlatifs et peut tutoyer la perfection, jouer à chaque match une partition sans fausse note aux airs de requiem pour la concurrence en pérennisant les exploits comme on enfile les perles. Un joueur qui a toujours faim de victoires, tel Pantagruel et son appétit colossal, un joueur pour qui le zénith est un quotidien.

    Et cela tombe bien, sur les trois joueurs correspondant à cette définition (Cristiano Ronaldo, Messi, Neymar), l’un est actuellement en disgrâce avec ses dirigeants, Neymar, qui partage avec CR7 l’avantage d’un potentiel marketing plus grand qu’un Messi trop premier de la classe ... A l’heure de Facebook, Twitter et Instagram, l’argument vaut son pesant d’or, d’autant que Paris espère amortir le coût du transfert en écoulant une myriade de maillots floqués du numéro 10 et des six lettres magiques : N-E-Y-M-A-R. Avec ce messi(e) venu de Sao Paulo, ce fauve indomptable en perpétuel état de grâce, c’est certain, Paris va enfin éparpiller la concurrence façon puzzle. Sauf que la culture de la victoire ne s’achète pas, elle s’acquiert au fil du temps … L’expérience est une vertu du temps qui s’égrène, pas du chéquier qui s’affole …

    C’est un secret de polichinelle, le Brésilien a fait du Ballon d’Or une obsession, une affaire personnelle, une quête du Graal, comme un passage obligé dans sa carrière, une ligne attendue sur son CV de fuoriclasse. L’épisode du penaltygate avec Cavani, contre Lyon en septembre 2017, a été révélateur. Prenant chaque penalty ou chaque coup franc comme un défi personnel, Neymar espère marquer chaque but comme un talisman le guidant vers l’oasis dans le désert … Gare au mirage …

    Mais à force de vouloir braquer Fort Knox en raisonnant comme un épicier, Neymar risque l’effet boomerang, de se fourvoyer, lui qui rêve de succéder à Ronaldo (1997 et 2002), Rivaldo (1999), Ronaldinho (2005) et Kakà (2007) comme cinquième Ballon d’Or dans l’aréopage des lauréats venus du pays de Pelé et Garrincha. Après dix ans de jachère pour le Brésil au palmarès du trophée, Neymar se sent investit d’une mission, programmé pour ce sacre comme Ayrton Senna avait, tel un moine soldat, organisé sa vie et sa carrière pour remporter le titre de champion du monde de Formule 1, accomplissement obtenu en 1988 à Suzuka au Japon.

    A l’été 2017, les Qataris font exploser les compteurs pour recruter Neymar, payant la clause de 222 millions d’euros du joyau parisien. Du haut de leur tour d’ivoire, les dirigeants du Barça n’ont pas vu venir ce coup de bélier dans leur donjon …

    Mais Paris ne s’arrête pas là, et comme Bernard Tapie avec l’OM ou Jean-Michel Aulas pour le compte de Lyon avant eux, les Qataris viennent s’offrir le meilleur joueur de la concurrence, avec un pari sur l’avenir : l’AS Monaco prête sa pépite Kylian Mbappé au PSG avec option d’achat en 2018 pour la bagatelle de 180 millions d’euros ... Plus que jamais, Paris affiche son ambition, et rêve plus grand, d’une Coupe aux grandes oreilles que seul le rival phocéen a gagné en 1993 pour l’Hexagone. Le climax européen, Paris le regarde de bien loin depuis l’arrivée du Qatar en 2011. Ironie du destin, son meilleur résultat en C1, le PSG l’avait atteint en 1995 avec son trio Weah / Ginola / Rai, sous l’égide de Canal + et la présidence de Michel Denisot, bien avant l’arrivée d’Ibrahimovic au Camp des Loges ! Cerise sur le gâteau, Paris avait alors sorti en quart de finale le Barça de Cruyff, certes orphelin de Romario reparti à Rio de Janeiro et de Michael Laudrup transféré au Real Madrid. Certes Stoïtchkov avait déjà la tête ailleurs et Hagi, le Maradona des Carpates, cirait le banc de cette Dream Team encore traumatisée par son naufrage athénien face au Milan de Capello (0-4) en mai 1994. Mais on notera que Barcelone fut par trois fois le bourreau du PSG version QSI, en 2013, 2015 et 2017.

    Avec Neymar (25 ans), Paris s’offre le présent tout en anticipant le futur avec Mbappé (18 ans), futur crack que l’on compare à Thierry Henry. Bientôt, ce sera au roi Pelé en personne que Mbappé sera comparé, du fait d’un doublé contre l’Albiceleste au Mondial russe, où Mbappé vole la vedette aux deux leaders supposé de l‘équipe de France, Antoine Griezmann et Paul Pogba ... Quant aux différents prodiges offensifs ayant éclos depuis 2014 dans le football français et lancés par Didier Deschamps, ils sont totalement éclipsés par le phénomène Mbappé, d’Anthony Martial à Ousmane Dembélé en passant par Kingsley Coman, Alexandre Lacazette ou encore Nabil Fékir. Totalement hors normes, Mbappé semble investi d’un don que l’on ne voit qu’une fois par génération, comme un Pelé, un Cruyff, un Maradona, un Ronaldo, un Messi … Un Neymar ?

    Par cette double arrivée de Neymar et Mbappé sur une sorte de tapis rouge à l’été 2017, Paris s’attirera les foudres de Javier Tebas, président de la Liga, ainsi que du Bayern Munich, le FC Hollywood se faisant un honneur de ne jamais se muer en tonneau des Danaïdes. Aux yeux des Allemands et des Espagnols, le PSG a franchi le Rubicon en sortant la Kalachnikov financière. Paris entrevoir déjà son soleil d’Austerlitz, mais c’est bien Waterloo morne plaine qui attend une fois de plus ce PSG trop tendre pour les combats de gladiateurs. Après les combats de petits garçons à l’automne, l’hiver et le printemps européens révèlent les samouraïs.

    Marchant sur la Ligue 1 avec une insolente facilité, Neymar se heurte au plafond de verre du Real Madrid en huitième de finale aller de la C1. Dans le match des titans, Cristiano Ronaldo a remporté le bras de fer, avec un doublé contre le PSG. En ce 14 février 2018, un an jour pour jour après ce 4-0 sans lendemain face au Barça, le PSG est battu 3-1 à l’Estadio Santiago Bernabeu. C’est la douche froide pour ce PSG qui pensait avoir trouvé la martingale gagnante. Mais le péché originel du PSG reste le même année après année, cette incapacité à se sublimer dans ces matches à fort enjeu, dans ces rencontres de Ligue des Champions à l’intensité telle que les plaques tectoniques bougent … Sans la rage chevillée au corps, Paris ne gagnera rien d’autre que le titre du loser devenu l’agneau sacrifié de service, la victime expiatoire tant espérée au tirage au sort dans les salons de l’UEFA … La lose colle au PSG comme le sparadrap du capitaine Haddock, pour s’en défaire il faudra vaincre ce talon d’Achille de la suffisance et de la faillite mentale (et tactique) rédhibitoire face à des Minotaures comme Sergio Ramos ou Cristiano Ronaldo, l’homme qui voltige sur la C1 comme meilleur buteur incontesté et incontestable depuis des années. A l’image de Neymar, le PSG veut forcer la porte du saloon comme un shérif illégitime, comme le Chelski d’Abramovitch avant lui. Le club londonien aura patienté neuf ans pour atteindre le sommet de la pyramide, de 2003 à 2012. Les Blues ont eu le temps de manger leur pain noir, Paris doit lui apprendre la patience. Le millésime exceptionnel tant espéré est à ce prix, sinon le PSG va collectionner la piquette. Partir comme un dragster à l’automne ne sert à rien, en C1 il faut comme Jean de la Fontaine, gérer son effort en tortue plutôt qu’en lièvre dans le dédale menant à la victoire.

    Car le club parisien oublie que le Real Madrid et CR7 se consumaient d’impatience entre 2009 et 2013 dans l’ombre du Barça avant de renverser la tendance à partir de 2014, en Ligue des Champions comme au Ballon d’Or, du fait d’un travail stakhanoviste et d’une volonté de fer, symbolisée par Cristiano Ronaldo, son uomo squadra capable de changer le cours d’un match, et donc d‘une saison, à lui seul ou presque …

    Le quintuple Ballon d’Or portugais, couronné le 7 décembre 2017 à la Tour Eiffel tel un James Bond régnant sur le Vieux Continent footballistique, devance Lionel Messi et Neymar pour le plus prestigieux trophée individuel, faisant comme en 2016 le triplé avec les prix de la FIFA (The Best) et de l’UEFA (Meilleur Joueur UEFA). La comète Mbappé, elle, rentre directement dans le top 10 du Ballon d’Or à seulement 19 ans (7e), sorte de quadrature du cercle réalisée par bien peu de jeunes joueurs de moins de 23 ans dans l’Histoire :

  • Eusebio 2e en 1962 (Benfica Lisbonne) à 20 ans et 11 mois
  • Gianni Rivera 2e en 1963 (AC Milan) à 20 ans et 6 mois
  • Eusebio 5e en 1963 (Benfica Lisbonne) à 21 ans et 11 mois
  • Eusebio 4e en 1964 (Benfica Lisbonne) à 22 ans et 11 mois
  • Gianni Rivera 9e en 1964 (AC Milan) à 21 ans et 6 mois
  • Franz Beckenbauer 3e en 1966 (Bayern Munich) à 21 ans et 3 mois
  • Franz Beckenbauer 4e en 1967 (Bayern Munich) à 22 ans et 3 mois
  • George Best 7e en 1967 (Manchester United) à 21 ans et 7 mois
  • George Best 1er en 1968 (Manchester United) à 21 ans et 7 mois
  • Johan Cruyff 4e en 1969 (Ajax Amsterdam) à 22 ans et 8 mois
  • Bernd Schuster 2e en 1980 (FC Barcelone) à 21 ans
  • Bernd Schuster 3e en 1981 (FC Barcelone) à 22 ans
  • Michael Laudrup 4e en 1985 (Juventus Turin) à 21 ans et 1 mois
  • Marco Van Basten 8e en 1986 (Ajax Amsterdam) à 22 ans et 2 mois
  • Paulo Futre 2e en 1987 (Atletico Madrid) à 21 ans et 10 mois
  • Robert Prosinecki 5e en 1991 (Real Madrid) à 22 ans et 10 mois
  • Ryan Giggs 9e en 1993 (Manchester United) à 20 ans et 1 mois
  • Alessandro Del Piero 4e en 1995 (Juventus Turin) à 21 ans et 1 mois
  • Patrick Kluivert 5e en 1995 (Ajax Amsterdam) à 19 ans et 5 mois
  • Marc Overmars 8e en 1995 (Ajax Amsterdam) à 22 ans et 9 mois
  • Ronaldo 2e en 1996 (FC Barcelone) à 20 ans et 3 mois
  • Alessandro Del Piero 4e en 1996 (Juventus Turin) à 22 ans et 1 mois
  • Ronaldo 1er en 1997 (Inter Milan) à 21 ans et 3 mois
  • Raul 7e en 1997 (Real Madrid) à 20 ans et 6 mois
  • Ronaldo 3e en 1998 (Inter Milan) à 22 ans et 3 mois
  • Michael Owen 4e en 1998 (Liverpool) à 19 ans
  • Raul 9e en 1999 (Real Madrid) à 22 ans et 6 mois
  • Michael Owen 1er en 2001 (Liverpool) à 22 ans
  • Wayne Rooney 8e en 2004 (Manchester United) à 22 ans et 2 mois
  • Cristiano Ronaldo 2e en 2007 (Manchester United) à 22 ans et 10 mois
  • Lionel Messi 3e en 2007 (FC Barcelone) à 20 ans et 6 mois
  • Cesc Fabregas 8e en 2007 (Arsenal) à 20 ans et 7 mois
  • Lionel Messi 2e en 2008 (FC Barcelone) à 21 ans et 6 mois
  • Lionel Messi 1er en 2009 (FC Barcelone) à 22 ans et 6 mois
  • Neymar 10e en 2011 (Santos) à 19 ans et 10 mois
  • Neymar 3e en 2013 (FC Barcelone) à 21 ans et 10 mois

    Blessé contre l’OM en Coupe de France, le Brésilien rate le match retour, revenant juste à temps pour uen Coupe du Monde où la Seleçao tombe face aux Diables Rouges belges. Neymar voit ensuite son jeune coéquipier Mbappé, qui a sonné le glas des espoirs mondiaux de Leo Messi, briller en finale contre la Croatie de Luka Modric. Avec quatre buts en Russie, le prodige de Bondy a tiré la quintessence de son incroyable talent. Deux ans après avoir ébloui l’Euro 2016 des U19, Mbappé a gravi l’échelle de la gloire à une vitesse foudroyante, tirant la substantifique moelle de son potentiel : technique, vitesse, sens du but, vision du jeu, le jeune attaquant a été gâté par les fées du destin s’étant penchées sur son berceau.

    Sous la pluie moscovite, l’ancien Monégasque reçoit le trophée du meilleur jeune du tournoi, avant de recevoir sa médaille de champion du monde comme ses coéquipiers Griezmann, Pogba et consorts ... Annoncé comme LE joueur majeur de la décennie à venir, Mbappé laissera-t-il à Neymar et aux autres frustrés de l’oligopole CR7 / Messi le temps d’échapper aux oubliettes du Ballon d’Or ?
    L’idole Neymar, totem a priori indéboulonnable à Paris, va-t-il vaciller si les fulgurances majuscules de Mbappé continuent à ce rythme effréné ?

    De la relation Neymar / Mbappé sur et en dehors du terrain dépend l’avenir (européen) du Paris Saint-Germain, tant le suspense est inexistant en Ligue 1, le bulldozer francilien continuera sa razzia. Parti en 2017 de la MSN (Messi Suarez Neymar) catalane où il jouait le rôle de l’étoile montante tandis que Messi incarnait avec force la pierre angulaire du Barça, Neymar est arrivé à Paris comme la poutre maîtresse d’un nouveau trident offensif, la MCN : Mbappé Cavani Neymar. La poule aux œufs d’or Neymar est presque surpassée par l’inattendu Mbappé, étoile capable de se muer en supernova.

    Mais le football est un univers darwinien, et seul le plus fort émerge sur le terrain. Les derniers mois ont semé le doute sur la hiérarchie Neymar / Mbappé, reste à savoir où penchera la flèche du balancier in fine. Malgré son expérience bien supérieure à 26 ans, Neymar est-il encore le vrai patron de ce trio parisien où Cavani, comme Suarez en Catalogne, n’a pas d’autre rôle que celui du maître artificier en bon renard des surfaces ? Deux crocodiles dans un marigot, c’est un de trop …

    Fontaine de jouvence du football mondial depuis son éclosion au printemps 2017, Mbappé semble avoir un esturgeon dans chaque pied tant il multiplie les caviars à une fréquence affolante …S’il commence à se regarder en chiens de faïence, Paris implosera. Habitué à gérer les egos de Pierre-Emerick Aubameyang et Ousmane Dembélé à Dortmund dans la froideur de la Ruhr, Thomas Tuchel saura-t-il gérer ce vestiaire galactique dans la Ville Lumière comme jadis Vicente Del Bosque dans le Real Madrid des Raul, Figo, Zidane et autres Ronaldo ? A Barcelone, Luis Suarez n’avait pas l’ambition, lui qui avait voulu rejoindre cette ville qui symbolisait la lointaine Europe rejointe par son amour de jeunesse devenue son épouse, Sofia.

    Neymar, lui, a débarqué en 2013 en Catalogne avec les dents longues d’un Rastignac désirant devenir à terme le calife du football mondial, une fois que Messi et CR7 auraient emprunté de façon irréversible l’inexorable toboggan menant vers le déclin, vers leur chant du cygne. Ce jour n’est pas encore arrivé qu’une menace grossit chaque mois un peu plus dans le rétroviseur, Kylian Mbappé, ouragan qui souffle de plus en plus fort, qui ferait de Neymar le Poulidor du Ballon d’Or … A seulement 18 ans, Mbappé a déjà chaussé ses bottes de sept lieues, quittant la scène monégasque pour les feux de la rampe du PSG ...

    Si Neymar échoue à Paris sans ramener la Ligue des Champions sur les Champs-Elysées, et/ou que Mbappé l’éclipse notamment par un Ballon d’Or trop précoce à seulement 20 ans (le record de jeunesse appartenant à Ronaldo en 1997, à 21 ans et 3 mois), alors la boîte de Pandore libérera ses démons, et le mercenaire Neymar cèdera probablement aux sirènes de Florentino Perez sans avoir nettoyé les écuries d‘Augias parisiennes, tâche herculéenne qui justifie le colossal investissement venu de l’état gazier du Golfe Persique.

    L’arrivée du taulier Gianluigi Buffon dans le vestiaire parisien en 2018 n’est pas anodine non plus, Thomas Tuchel ayant besoin d’un aboyeur capable de transcender les troupes pour se cracher dans les mains et y croire, le trouillomètre à zéro, avec ce supplément d’âme et des trémolos dans la voix.

    Sans cette envie viscérale de gagner, sans ce mojo capable de renverser des montagnes, Paris ne gagnera pas la C1 et rentrera chaque année bredouille de ses campagnes en Europe, que le rival soit italien (Juventus Turin), allemand (Bayern Munich), anglais (Manchester City, Liverpool) ou espagnol (Real Madrid, Barça). Et si Paris parvenait à son acmé avec ce titre européen en forme d’apothéose, Neymar capterait-il toute la lumière, ou serait-il dans l’ombre du trou noir Mbappé qui semble capable de tout avaler avec sa force irrésistible ?

    Rien n’est moins sûr et Neymar rejoindra peut être les Puskas, Netzer, Rensenbrink, Lineker, Baresi, Bergkamp, Maldini, Batistuta, Raul, Henry, Xavi, Pirlo, Buffon et autres Iniesta au panthéon des rois maudits du Ballon d’Or …

    En tout cas, LeBron James, de passage à Paris le 30 août 2018, a désigné Kylian Mbappé comme The Chosen One Jr, le nouvel élu, en référence à son propre surnom, clin d’œil à Matrix (Neo, anagramme de One pour le personnage incarné par Keanu Reeves) mais aussi et surtout à la saga Star Wars et à Anakin Skywalker, le futur Dark Vador ... La star des Los Angeles Lakers a croisé Neymar et Mbappé comme voici une dizaine d’années, Kobe Bryant avait rencontré Ronaldinho et Lionel Messi. Le Brésilien avait présenté l’Argentin comme le meilleur footballeur des années à venir, l’adoubant comme le futur crack du ballon rond ... On voit mal Neymar faire de même avec Kylian Mbappé auprès de LeBron James, et pourtant …



7 réactions


  • Axel_Borg Axel_Borg 26 septembre 2018 14:55

    On verra ce que va donner l’association Neymar / MBappé sous l’égide de Thomas Tuchel. Mais l’exposion du crack de Bondy est un gros problem pour Ney, qui était justement venu à Paris pour s’émanciper du cocon Barça de l’ombre de Messi.

    Celle me rappelle l’arrivée de Fernando Alonso chez McLaren Mercedes en F1 en 2007, où il tomba sur le rookie prodige Lewis Hamilton ... On connaît la suite, l’Espagnol quitta Woking pour Renault en 2008 avant de rejoinder Ferrari en 2010. Black Senna, lui, a gagné 4 titres mondiaux avant un probable 5e sacre en 2018 avec Mercedes AMG.

    Mbappé est déjà devant Neymar au niveau des classements de prix UEFA, FIFA et Ballon d’Or à seulement 19 ans. Certes il faudra confirmer en année « hors Coupe du Monde » mais le Brésilien devra bien réfléchir à son avenir, entre l’incapacité chronique du PSG à franchir le palier decisive en Ligue des Champions et la concurrence du jeune virtuose français pour le Ballon d’Or, obsession du Brésilien.


  • Dom66 Dom66 26 septembre 2018 17:39

    Whaoo quel long article sur Neymar, la fiotte qui fait la pleureuses aux roulé-boulés spectaculaires.

    Le comportement de Neymar est « une honte pour le football »

    Neymar ça rime avec connard


  • Lionel Ladenburger Lionel Ladenburger 27 septembre 2018 09:10

    Salut Axel,


    Je me permets de prolonger notre discussion PSG par ici, c’est plus logique vu le theme de l’article ;)

    Pour Nainggolan tu as tout dit, c’est certes un electron libre mais c’est un battant, un guerrier et perso je me fiche de savoir ce que le mec fait la nuit du moment qu’il est bon sur le terrain le lendemain. Avec un coach digne de ce nom, ce genre de problematique doit pouvoir se gerer sans trop de souci a ce niveau-la.

    Dans le cas d’un eventuel passage par la case C3 du PSG cette saison, effectivement le risque de « branlitude » existe mais en meme temps je pense que les dirigeants feraient comprendre a quel point un titre europeen serait important. Alors certes, une C3 ne vaut pas une C1 mais ca reste un titre de prestige qui completerait deja la vitrine du PSG.

    Et sinon, pour en revenir aux Reds de Klopp, on est bien d’accord. Tu es donc fan du Barca et de Liverpool Axel, idem pour moi. Une finale Barca-Liverpool ce serait trop bon. 

    • Axel_Borg Axel_Borg 27 septembre 2018 09:28

      Salut Guga,

      Fan du Barça surtout, je respecte énormément Liverpool nuance, cette ville respire tant le football, j’ai eu la chance d’y aller un week-end en novembre 2014 pour voir un Liverpool - Chelski le samedi, et faire le musée des Beatles le dimanche près des docks.

      Je n’ai pas fait des milliards de stades, il me manqué San Siro, le Nou Camp, Old Trafford, Celtic Park et le Bernabeu. Mais Anfield c’est vraiment magique, tout ce que j’ai fait en France ça ne lui arrive pas à la cheville : Vélodrome, Parc des Princes, Gerland, Stade du Ray, stade Pierre-Mauroy ...

      Disons que pour la Perfide Albion j’ai plutôt tendance à supporter MU, mon club anglais de coeur (j’ai grandi en voyant Cantona et Giggs rafler les titres avec Fergie) ... Mais Liverpool reste un mythe, je serai content de les revoir gagner en PL depuis le temps qu’ils attendant, et en C1 bien entendu.

      Même principe pour l’Italie, plus fan de l’AC Milan que de la Juventus meme si impossible de ne pas respecter l’institution piémontaise.

      Bon Paris a tué Reims 4-1 comme prévu devant His Airness Michael Jordan. Ce championnat de France est déjà presque fini après seulement 7 journées, avec pour seul intérêt le nom du 2e avec Lyon favori devant l’OM, car pour Monaco ils pourront s’estimer heureux de finir top 5 vu leur médiocrité actuelle ...

      Sur le PSG en C1, il y a trop de manques comme discuté sur ton article :

      - pas de sentinelle

      - pas de grand défenseur central

      - poste de gardien soumis à l’incertitude

      - pas d’état d’esprit de guerriers et d’engagement dans les duels

      - pas de prise de conscience des problèmes des années précédentes

      - entraîneur manquant de charisma et surtout de vécu en C1, Tuchel ne valant pas mieux qu"Emery sur ce point

      - risque de lassitude de Neymar et de clash interne avec Mbappé si ce dernier progresse trop vite ou gagnait le Ballon d’Or (j’y crois de moins en moins vu comment Modric aligne les distinctions individuelles)

      - joueurs clés focalisés sur leur avenir plus que sur le projet parisien : Neymar, Rabiot, Verratti mais aussi Di Maria ou Draxler.


    • Lionel Ladenburger Lionel Ladenburger 27 septembre 2018 11:36

      @Axel_Borg

      OK Axel, a titre perso moi c’est le Barca en Espagne, Liverpool en Angleterre, la Fiorentina en Italie et (tu l’auras compris depuis le temps) le FC Metz en France ;)

      Perso les trois plus grands stades que j’ai fait sont le Stade de France, San Siro et le Stade Olympique de Munich (l’ancien stade du Bayern). J’ai aussi ete au Stade Pierre-Mauroy pour la finale de la Coupe Davis 2014. Sinon je vais encore souvent au Stade Saint-Symphorien de Metz et je connais bien le Stade Artemio-Franchi de Florence (epoque Batistuta-Rui Costa), La Meinau a Strasbourg, Le Ray a Nice et meme La Bocca a Cannes quand le club evoluait encore en L1. 

      Concernant la L1 2018-19, tout pareil que toi. Le seul suspense sera effectivement de savoir qui sera vice-champion entre les deux Olympiques et pour elargix aux autres competitions nationales : est-ce qu’un club empechera le PSG de faire le « Grand Chelem Hexagonal » (L1 + CF + CL + TC), rien n’est moins sur au vu des forces en presence...

      De toute facon (je ne sais pas si c’est aussi ton cas), je me suis bcp desinteresse du ballon rond ces dernieres annees. Trop de fric, trop de resultats escomptes donc plus assez de surprises a mon gout, etc. C’est pour ca que je suis revenu a mes premieres amours avec le tennis et dans une moindre mesure le cyclisme en particulier avec l’emergence d’un personnage comme Sagan qui fait (selon moi) beaucoup de bien au velo de par son charisme et son panache ;) 

  • Axel_Borg Axel_Borg 27 septembre 2018 12:09

    Salut Guga,

    J’ai fait le Stade de France pour du rugby et pour des concerts mais jamais pour du foot, why not un jour ...

    Sinon Charléty en rugby car j’habitais pas loin à l’époque, j’étais allé voir le Stade Français pendant les travaux de Jean Bouin.

    Roland-Garros et Bercy en tennis, Bercy pour une exhibition des Knicks en basket, et Monza en F1. Voilà c’est tout ...

    La Fiorentina ? Ah club si sympathique avec de grands joueurs comme Antognoni, Baggio, Batistuta ... Trop souvent place mais rarement gagnant, mais bon quelle ville sublime que Firenze !!

    Quant à Metz, ils auraient du être champions en 1998 avec Pires, dommage ils ont perdu à la maison contre Lens ce fut fatal.

    Pour le PSG, oui sauf catastrophe ils vont encore faire le quadruple. En gros depuis 5 ans ils ont perdu 1 Coupe de France (Guingamp 2014) et 1 championnat (Monaco 2017) ...

    Suspense inexistant, le foot manqué de grands matches à force d’inflation, il faut attendre les 1/8 et 1/4 voire des fois 1/2 de C1 pour voir du très beau jeu, et bien sur les phases couperet d’Euro ou de Mondial. 

    C’est le tennis qui vit son age d’or avec le Big Three car le vélo a perdu son âme avec l’oreillette, et la F1 souffre trop de la domination de Mercedes et Hamilton, meme si Ferrari et Vettel lui donnent un peu du fil à retordre (magnifique GP de Lewis à Monza cependant récemment, de loin le plus beau des 4 diffuses par TF1 cette saison).


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