Séduisants et romantiques : les bateaux à vapeur suisses
La Suisse est un formidable pays de montagne. C’est également un pays de lacs dont les villes et les villages riverains sont desservis par près de 150 navires. Parmi eux, de très anciens bateaux à vapeur propulsés par des roues à aubes, témoins de la Belle Époque. Répartis sur 7 lacs de la Confédération helvétique, on compte encore 18 de ces superbes navires en service...
C’est principalement sur les plus vastes des lacs suisses, mais pas seulement, que l’on peut admirer ces magnifiques bateaux, emblématiques de la navigation héritée de la Belle Époque. Ces joyaux du patrimoine font, à juste titre, la fierté des citoyens helvétiques, mais aussi la joie des visiteurs, petits et grands, tant leur charme s’impose à tous, le plus souvent dans de somptueux décors de montagne.
Le premier bateau à vapeur a été mis en service en 1823 sur les eaux du lac Léman. Il se nommait Guillaume Tell, en hommage au mythique héros national. L’année suivante a été lancé le Winkelried puis, en 1826, le Léman. D’autres bateaux ont suivi, non seulement sur ce lac mais également sur ceux de Neuchâtel et de Zürich, puis des Quatre-cantons. Tous ces bateaux pionniers – à coque en bois – ont disparu.
Parmi les 18 vétérans toujours en activité au rythme de leurs roues à aubes, c’est le DS Uri – fierté des riverains du lac des Quatre-cantons – qui, avec ses 123 ans (il date de 1901), est le plus ancien. Sont également encore en service sur ce lac le DS Unterwalden (1902), le DS Schiller (1906), le DS Gallia (1913), réputé le plus rapide, et le DS Stadt Luzern (1928), dernier né de cette flotte vintage.
Si la palme du plus ancien de ces bateaux est décernée au lac des Quatre-cantons, celle du plus grand nombre de ces fleurons de la marine suisse revient au lac Léman avec 7 navires en activité : le SS Montreux (1904), le MS Vevey (1907), le MS Italie (1908), le SS La Suisse (1910), le SS Savoie (1914), le SS Simplon (1920) et le SS Rhône (1928). Avec leurs 78,5 m de longueur, La Suisse et le Simplon sont les plus grands navires de cette flotte.
Autres vétérans, le DS Stadt Zürich (1909) et le DS Stadt Rapperswil (1914), sont en service sur le lac de Zürich. Les quatre autres navires sont répartis ainsi : le DS Neuchâtel (1912) sur le lac éponyme (ainsi que sur le lac de Morat), le DS Hohentwiel (1913) sur le lac de Constance, le DS Lötschberg (1914) sur le lac de Brienz et le DS Blümlisalp (1906) sur le lac de Thoune.
Monter à bord de l’un de ces bateaux – tous classés monuments historiques –, est un réel plaisir car, aussi brève soit la navigation, elle offre la possibilité d’admirer de superbes paysages en ayant l’impression de remonter le temps. Soit en étant confortablement installé dans un salon aux belles boiseries anciennes, un verre de dézaley ou de fendant en main en accompagnement d’une friture de féras. Soit en étant accoudé au bastingage de l’un de ces joyaux pour voir défiler les rives, entre deux coquets embarcadères, au rythme régulier des aubes brassant les eaux.
Cerise sur le gâteau : la joie des enfants, comme celle des amoureux – parfois fort âgés – de cette flotte centenaire, est toujours est au rendez-vous. Tous sont ravis de voir s’activer les bielles rutilantes, le plus souvent bien visibles et impeccablement entretenues dans les entrailles de ces navires. Certains en oublient même de profiter des panoramas.
Ce n’est toutefois pas en Suisse* que l’on peut admirer le plus ancien bateau à vapeur, mais en Norvège : le PS Skibladner date de 1856 ; il navigue sur le lac de Mjøsa, ce qui est une prouesse car il a coulé deux fois (en 1937 et en 1967) avant d’être renfloué puis remis en état. Mais contrairement aux bateaux helvétiques, il n’assure pas de liaison commerciale entre les localités riveraines, son rôle est désormais dévolu à des croisières... culinaires.
* Ni dans notre pays : le dernier bateau à vapeur, Le France, a coulé en 1971 sur le lac d’Annecy où il était en service. Il avait été construit en 1909 à Zürich.
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