jeudi 13 novembre 2014 - par Gabriel

Amer constat, début de siècle

 De nos nuits cigarettes où, noyé sous nos palabres notre immodestie refaisait le monde, que restait-il au levé du jour à part les cendres de l’aube débordant d’un cendrier publicitaire ? On rentrait vaseux, sommeillant dans la fraîcheur du petit matin, en logeant les rues d’une ville en noir et blanc. Nous pensions déjà à l’époque que de notre terre ne sortirait plus rien de bon, qu’avons-nous attendu pour réagir avant que ne s’enracinent les chardons de la discorde et du communautarisme ? Du haut de notre jeunesse nous ignorions que, calcifiés dans nos certitudes, tous les dogmes sont souvent des prisons.

 Aujourd’hui, l’économie comme le journalisme formatent les citoyens. Les hommes politiques atteints de cécité ont bâtis d’illusoires châteaux sur et avec du sable. Une grande marée se prépare. Elle est née et c’est nourrit de leurs cupidités, de nos ignorances et de nos égoïsmes. Elle balayera bientôt sur son passage tout les édifices érigés à la gloire de leur sacro sainte finance et de leur sale pouvoir. Une nature rebelle et révoltée par nos agressions sans cesse répétées fera table rase d’une espèce qui c’est crue au dessus de toutes les autres et surtout de la vie.

 Nous avons fabriqué une réalité sur écrans plats alimentés de frustrantes publicités, de sports sectaires et élitistes et d’émissions mensongères doublées de jeux débiles détruisant l’esprit critique. Le savoir étant jugé dangereux pour les marchands d’illusions, ceux-ci le manipulent, le déforment ou le noient sous une pseudo culture commerciale qui envahie les médias et les rayons des nos supermarchés pour mieux contrôler les masses par des envies jamais assouvies. Nous avions l’occasion de changer le monde et nous avons préféré le télé achat.

 Notre civilisation a vécu les yeux fixés sur un mur où les reflets dansant des spots télé captivaient son attention. Notre humanité c’est résumée aux illusions de la caverne de Platon. Pourquoi n’avons-nous pas eu le courage d’arrêter la machine aux images déformées, aux fausses vérités et de nous retourner pour faire face à la lumière, à la réalité ? Par peur, par lâcheté, par fainéantise ou un peu des trois à la fois, sûrement…

 Nous nous croyons libres parce que nous ignorons tout des choses qui nous déterminent. Nous sommes des fragments de fatalité. Régit par l’interdépendance des éléments et de leurs actes nous ne sommes qu’un maillon comme les autres dans cette grande chaine qu’est la nature. Tout ce que l’on fait à des fins personnelles n’est que vanité car la vie se termine de la même façon pour tout le monde.

 L’idée que nous nous faisons du bonheur est un horizon inatteignable et indépassable car toujours au dessus de nos moyens qui, même en perpétuelle progression, sont sans cesse remis en cause par notre vanité. C’est une idée fausse car elle se veut supérieure à nos capacités matérielles et intellectuelles, c’est une insatisfaction permanente. Le désir ne devrait pas être le manque.

 S’en sortir exige un reformatage de notre système de pensée. Une remise en cause de nos exigences et, une incontournable modestie dans nos comportements vis-à-vis d’autrui et de notre environnement. Ajoutons à cela une opposition de masse aux systèmes politiques actuels qui, quel que soit l’appellation qu’ils se donnent sont tous basés sur le profit, la possession, le paraître et l’avoir. C’est une véritable révolution dans les comportements et celle-ci est actuellement irréalisable ensemble et spontanément. Une des solutions, serait d’appliquer le principe de Gulliver, c'est-à-dire associer des micro-résistances pour vaincre une résistance plus forte. C’est une des rares issues applicable. A ce jour, seule des microsociétés du style (Les colibris) peuvent s’affranchir en grande partie de l’aliénation de masse mis en place par les institutions dictatoriales du style gouvernement, banque, FMI ect…

 Recréer des pôles de vie dans les villages et les quartiers où les citoyens privilégieront le commerce de proximité plutôt que le supermarché, la culture de leur potager ou l’exploitation de petites surfaces agricoles, l’échange de biens et de services au niveau communal voir départemental. Ce n’est plus devenu une question de choix mais de survie à moyen terme afin d’éviter l’embrigadement et l’empoisonnement programmés par les grandes firmes. Il faut calquer la production sur la satisfaction des besoins et non sur celle des actionnaires. Le temps de travail devrait être indexé uniquement sur la production du nécessaire et non sur la production du superflu pour enrichir les propriétaires de stock.

 Oublions ces capitalistes bedonnants bien gras ou bodybuildés, chauves perruqués ou permanentés, dont le costard coûte cinq fois le salaire mensuel d’un ouvrier qu’ils exploitent. Ces jeunes loups qui sortent des écoles de commerce avec la sensation de tout savoir et dont le but ultime, la quintessence du bonheur, ou devrais je plutôt dire de leurs bonheurs, est le productivisme et la consommation à outrance afin de générer des profits, leurs profits. Le libéralisme est antirépublicain. Le libéralisme c’est le marché, l’individualisme, c’est l’argent, ça tue la république. Ce sont ce genre d’excès et de passions individuelles qui génèrent les échecs dans l’édification d’une communauté.

 Chez l’homme il y a des différences naturelles qui génèrent des inégalités sociales. Pas des différences de nature mais des différences de degré d’évolution, de compréhension. L’égalité n’a naturellement aucune légitimité car les différences d’origines naturelles créent déjà des différences sociales mais c’est une équité qui doit devenir de fait naturellement la norme. Il faut gérer et adapter selon les talents et possibilité de chacun. Les passions sont à propager en fonction de leur positivité selon l’usage social, les besoins sociétaux…

 La république c’est la communauté. Le capitalisme veut que l’on s’adapte à son système pervers soutenu par des requins qui en tirent leurs profits en appauvrissant ceux qui les enrichissent. Ce système est dans l’excès et ses défenseurs en seront un jour à leur tour les victimes. Les improductifs qui ne trouvent plus de travail considérés comme les déchets du système c’est cela que produit la machine libérale. Le fascisme, les dictateurs font leur lit de cette misère sale et s’installent grâce aux manques et aux absences d’actions des gouvernements démocratiques. Le capitalisme actuel, c’est l’aliénation, c’est la paupérisation, c’est l’esclavage.

 Les imbéciles de libéraux n’ont pas compris qu’en pillant les ressources des travailleurs par la spéculation et la suppression de l’activité, ils créaient leur propre insécurité car il n’y a pas de meilleure police sociale que le travail. Celui qui créer, cultive, construit, distribue ou vend est utile à la société car il rend un service à la communauté mais le spéculateur, à quoi sert-il ? Il n’est que le pilleur des richesses produites par autrui, le fossoyeur de l’équilibre communautaire, c’est un parasite qui vit sur le dos de l’animal qu’il dévore. Sans un contrôle démocratique sur les piliers de la finance, il en est fini du droit des peuples à disposer d’eux même. Il faut que notre monde est salement dérapé pour que ce genre de d’individu puisse avoir des responsabilités.

 Ajoutons à cela le choix complice des dirigeants et des intellectuels, qui se pavanent dans les média, de rejeter cette misère sale, celle qui est chez nous, celle des ouvriers, des SDF, des crèves la faims pour se donner bonnes conscience sans se salir les mains avec les misères exotiques, celles qui sont propres parce qu’elles sont loin. Ils contribuent à communautariser la société et à exacerber la xénophobie. Avec la complicité bienveillante et servile du monde médiatique, ils créent et dispensent la peur pour contraindre les gens à la raison, à leurs raisons.

 Il y a les désirs naturels et les désirs fabriqués. Il y a un dressage du désir et les publicitaires l’ont très bien compris. Le bonheur n’est pas dans l’avoir, le bonheur est dans l’être. Attention, Ils se sont spécialisés dans l’aliénation de l’humain. Sous le faux prétexte d'endettement résultant du pillage qu'ils ont entrepris pour leurs comptes personnels, ils nous ont mis une laisse nommée rigueur. Ils vous la présentent comme incontournable, nécessaire et peu importe la casse sociale et la misère humaine qu'elle génère car comme ils disent, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. A ce jour, je vois bien les œufs cassés par millions mais je ne vois aucune omelette excepté celle, bien grasse, de leurs privilèges.

 Pour conclure une petite explication de la situation : Je vous créer des besoins par le biais des merdias qui m’appartiennent, je vous prête de l’argent fictif pour assouvir ces besoins inutiles et lorsque vous êtes bien endettés, vous m’êtes redevable et ainsi, je peux vous contrôler et faire de vous mes esclaves. Au cas où il vous viendrait, suite à des éclairs de lucidités, des velléités de révolte, je trouverais toujours un bouc émissaire à vous désigner afin que sur lui, vous déversiez vos colères et vos frustrations pendant que je continuerais à vous tondre en toute sécurité car, avec mon inépuisable fortune capitalisée sur vos privations, j’ai acheté vos dirigeants, votre justice et votre police. Ainsi prospèrent les grands argentiers...

 Pourquoi tant de malheur à la vertu et tant de prospérité aux vices ? Voilà la question que l’on pourrait se poser en forme de constat et voilà peut-être, un semblant de réponse : « Ce n’est malheureusement pas l’intelligence qui fait la valeur d’un homme mais la façon dont il l’utilise pour autrui ».

 Individuellement, il nous faut bâtir une morale indexée sur la nature car, par notre faute, la matière sature le monde.



13 réactions


  • macha macha 13 novembre 2014 17:14

    cher Gabriel

    (vous portez le même prénom que mon fils qui a 19 ans)

    Je suis évidemment bien d’accord avec ce que vous dites, et à ce sujet nous pouvons aujourd’hui trouver sur internet beaucoup d’articles et de forums qui dénoncent ce que vous dénoncez. 
    C’est un bon signe. Les choses du monde sont lentes,mais on sent tout de même un lent processus de transformation des consciences. « Tout évènement réel trouve son fondement dans l’imagination » disait le père Salieri en 1653. 
    C’est un accouchement lent, pénible d’un nouveau monde qui s’annonce. 
    Déjà Shakespeare en 1600 disait que son époque était « désaxée ». L’histoire connaît des cycles, comme la Nature et comme l’Homme. Mais le dernier mot revient toujours au peuple.
    La lecture et la curiosité nous est d’une grande consolation dans un monde comme celui-ci.
    Pour moi les citations et les aphorismes des grands hommes de l’histoire me soutiennent. 
    En ce moment je lis Oscar Wilde et René Girard.
    Et puis j’ai vu cette vidéo avec Jean Ziegler (sociologue suisse) qui est intéressante :

    • Gabriel Gabriel 13 novembre 2014 17:44

      Bonsoir macha,

      Effectivement le monde bouge et des consciences s’éveillent mais, j’ai bien peur qu’elles ne soient pas assez nombreuses et que le temps qu’il nous reste pour arrêter le saccage de notre planète et inverser le cours des choses afin de redevenir humain ne soit trop court. Merci de votre intervention.


    • macha macha 13 novembre 2014 22:09

      Gabriel,


      « l’avenir n’appartient pas aux hommes » disait Charles de Gaulle :
      Il nous est impossible de prédire l’avenir et des solutions que nous ne soupçonnons pas viendront, dans la tourmente certes, mais la vie n’est qu’un pont.
      Au XIXè siècle il n’y avait presque plus de baleines (huile de baleine) pour nous chauffer et nous éclairer, et puis vint l’invention de l’électricité. 



    • Gabriel Gabriel 14 novembre 2014 11:45

      Ce que vous dites est intéressant macha mais c’est le résultat d’un analyse basée sur une époque révolue. Aujourd’hui les paramètres ont changé l’homme est devenu un consommateur compulsif dont l’absence de réflexion est amplifiée par les télés réalité, les publicités, les jeux du stade. L’individualisme est le maître du jeux et si l’homo sapiens a des milliers d’amis sur Facebook, il ignore et méprise son voisin de palier.


    • macha macha 14 novembre 2014 15:12

      oui, c’est vrai l’individualisme envahit tous les domaines, et cela m’attriste beaucoup.

      Mais la sympathie et la compréhension sont présents sur internet, puisque je vous trouve sympa , intéressant et lucide ! 
      On dit souvent que sur le net on trouve souvent des querelles et des bassesses, ce n’est pas vrai !

      Il faut que l’on se donne du courage et de l’estime nous tous sur les forums.

      L’individualisme ne doit pas marcher sur internet !!!
      Merci d’être là,





  • Piotrek Piotrek 13 novembre 2014 21:19

    En accord total avec le fond du problème.

    En revanche, je ne crois pas qu’on puisse créer une morale pour soi même, je suis perplexe quant aux prises de conscience individuelles nécessaires. Je ne dis pas ça dans le sens ou il faudrait à tout prix diriger les hommes ou les tromper pour arriver vers une forme d’harmonie stable, non, l’Histoire nous dit que ça ne marche pas.

    Je crois que nous vivons dans un rêve, plein de faux espoirs. L’espoir du sauveur politique, l’espoir du sauvetage technologique, l’espoir de la recette miracle spirituelle...
    Ce qu’il faut c’est rendre l’homme responsable de ses actes, ne pas lui interdire de se tromper, mais plutôt faire en sorte que ses erreurs ne conduisent plus à une catastrophe, réhabiliter l’erreur dans son rôle didactique.

    Je me sens donc obligé de caser ma pub pour la nano-démocratie d’Etienne Chouard, mais pas dans l’optique idiote du marketing.

    La vraie démocratie c’est pas la solution salvatrice qui va résoudre les problèmes que vous évoquez. Au contraire c’est le début et ce ne sera pas facile contrairement aux promesses des autres sauveurs.
    La vraie démocratie c’est être capable de soulever des sujets douloureux, de se battre pour ses idées dans débats sans censure, et avec le soucis de la pluralité. Il faudra poser des questions que nous n’aimerons pas entendre :
    - Y a-t-il trop d’immigrés en France, arguments, débats, vote.
    - Faut-il réformer le système bancaire et donc faire une croix sur une partie de nos économies ? arguments, débats, vote
    Je ne suis pas contre les immigrés ni pour la ruine des autres, mais le fait de poser la question, de débattre en toute liberté, d’accepter le vote souverain, d’en tirer les conclusions ensuite (car le vote souverain peut se tromper) et peut être de revenir sur les décisions, c’est la seule manière d’avancer.

    Mais ça vous l’avez compris.


    • Gabriel Gabriel 14 novembre 2014 11:32

      Bonjour Piotrek,

      Je pense qu’il faut une vraie morale démocratique et républicaine qui met la nature, la communauté et l’homme, dans cet ordre précis, au centre de toute décision. Je crois en la démocratie directe, participative mais surtout, le crois incontournable un contrôle permanent des élus afin d’éviter que ceux ci dérapent et confisquent le pouvoir à des fins personnelles comme c’est le cas aujourd’hui. Merci de votre commentaire.


  • alinea alinea 13 novembre 2014 21:54

    Voici ce que Bobby m’a répondu sur mon dernier article :

    L’homme libre

    Je me ris des honneurs que tout le monde envie,
    Je méprise des grands le plus charmant accueil,
    J’évite les palais comme on fait un écueil
    Où pour peu de sauvés mille ont perdu la vie.

    Je fuis la cour des rois autant qu’elle est suivie,
    Le Louvre me paraît un funeste cercueil,
    La pompe qui le suit, une pompe de deuil
    Où chacun va pleurant sa liberté ravie.

    Loin de ce grand écueil, loin de ce grand tombeau,
    En moi-même, je trouve un empire plus beau ;
    Rois, cour, honneurs, palais, tout est en ma puissance.

    Pouvant ce que je veux, voulant ce que je puis,
    Je tiens tout sous la loi de mon indépendance.
    Enfin les rois sont rois : je suis ce que je suis.

    Bonaventure de Fourcroy ( 1610 1691)

    Il faut que tout le monde comprenne ça, pour commencer !!! que tout le monde sache que le bonheur commence comme ça

    merci Gabriel


    • Gabriel Gabriel 14 novembre 2014 11:33

      Bonjour Alinéa,

      Dans la même verve il y a le poème de Kipling : « Tu seras un homme mon fils... ». Il est vrai que lorsque l’homme aura compris que son passage ici est provisoire et que tout pouvoir est illusoire alors, commencera une prise de conscience bénéfique à un changement radicale de société. Merci Alinéa.


  • gruni gruni 14 novembre 2014 09:55

    Bonjour Gabriel


    Observations lucides, mais qui arrêtera la machine infernale du consumériste. Je ne sais pas votre âge Gabriel, mais vous et moi ne verrons peut-être pas la fin de l’histoire, ça vaut peut-être mieux. J’ai peur qu’elle soit tragique.

    • Gabriel Gabriel 14 novembre 2014 11:34

      Bonjour gruni,

      Vous verrez la fin de cette histoire croyez moi, pas ici c’est sur, mais vous la verrez. Elle se fera dans la douleur, résultat d’une nature maltraitée et qui se révolte contre les comportements infantiles des humains qui polluent et surconsomment comme des machines oubliant qu’ils ont une âme et qu’ils forment tous l’équipage d’un même bateau. Merci de votre passage.


    • Gabriel Gabriel 14 novembre 2014 16:32

      Merci Xenozoid pour le lien. Article très intéressant, la frontière entre le monde des vivants et celui des morts a tendance à grossir ces temps ci, les morts vivants étant de plus en plus nombreux. Xenozoid, quelle lucidité, respect...


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