mardi 17 juillet 2012 - par Laconique

Bayrou et Bukowski

 Il y a quelques mois, dans une émission de télé, on interrogeait François Bayrou sur ses lectures. J'ai été surpris de l'entendre citer le nom de Bukowski. A première vue, rien de plus opposé que François Bayrou, le fervent catholique, l'homme politique dont la probité touche parfois à l'austérité, et Charles Bukowski, l'écrivain alcoolique, obsédé sexuel et compagnon de misère des "damnés de la terre". Sur le coup, j'ai apprécié l'ouverture d'esprit de François Bayrou, et puis je suis passé à autre chose.

 Les semaines ont passé. François Bayrou ne s'est pas qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle, il est arrivé en cinquième position avec 9 % des voix. Puis ce furent les élections législatives, avec une nouvelle défaite pour Bayrou qui a perdu son siège de député des Pyrénées-Atlantiques. Dans tous les cas, Bayrou a fait bonne figure, il est monté à la tribune pour déclarer qu'il acceptait la décision des électeurs et continuerait à l'avenir à œuvrer à la constitution d'un centre indépendant, pivot d'une future union nationale qu'il juge inéluctable. Et puis il a quitté les écrans de télévision, la tête droite et la conscience nette.

 Alors j'ai repensé à Bukowski, et je me suis dit que, finalement, Bayrou lui ressemblait assez. Voilà deux hommes de caractère qui se sont pris des coups toute leur vie ("Il est indéniable que j'aurai passé la majeure partie de mon existence à trimer comme un esclave" écrit Bukowski dans son dernier livre), et qui, pourtant, avec une obstination et une ténacité rares, n'auront jamais cessé de poursuivre un objectif unique, obsessionnel : écrire pour l'un, rassembler les Français pour l'autre. Deux hommes trop francs, trop entiers, victimes d'une société avide de circonvolutions hypocrites. Deux solitaires épris de liberté et d'idéal, et prêts à tout sacrifier pour cela. Deux héros en somme.

 Et maintenant, quel avenir pour Bayrou ? Eh bien il continuera à dire la vérité aux Français, qui ne l'écouteront pas et voteront pour Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. Il dira la vérité et poursuivra son chemin, sans dévier. Car, comme l'a écrit Bukowski, dans un monde comme le nôtre "le simple fait de rester en vie est une victoire".  



28 réactions


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 17 juillet 2012 15:11

    L’un distribuant des tracts pour changer le monde
    L’autre ingurgitant des pacs pour l’oublier,ce monde ...


  • Agerate Agerate 17 juillet 2012 15:35

    Un article qui résume bien les choses. Il ne fait pas bon d’être honnête dans le monde d’aujourd’hui. Mais qu’importe : eux, au moins, sont libres, et peuvent se regarder dans une glace.


    En apparte : Il est assez amusant de voir François Hollande appliquer exactement le programme de Bayrou, après que les socialistes aient passé la campagne à nous traiter de gens « de droite ». 

    Au final... il n’était pas plus « de droite » que Hollande, mais plus honnête car il avait annoncé à l’avance son programme et l’état réel du pays...

  • Ronald Thatcher rienafoutiste 17 juillet 2012 17:49

    réussir à faire un rapprochement entre le magnifique destin du « vieux déguelasse » (qui a réussit à gagner ses galons d’Immortel Poête en suant sang et larmes) et du Bayrou (politicien-parasite de carrière) faut vraiment être soit un inculte en littérature américaine soit être complètement fou d’amour pour l’autre looser... je n’imagine même pas l’article s’il avait parler de Spinoza ou Platon


    • Gallerneau Gallerneau 17 juillet 2012 22:23

      Juste un mot rienafoutiste : pitié relisez vous... on aurait du plaisir à lire vos commentaires autant que les textes de Bayrou, dont non seulement la ligne politique et le chemin sont irréprochables mais aussi son orthographe !


  • Taverne Taverne 17 juillet 2012 18:07

    Curieux rapprochement en effet. Bayrou a l’habitude de citer en exemple un autre Charles que celui-là. Mais j’ai une explication. Cela viendrait d’un évènement mal interprété. Un jour Bayrou a tiré une piste aux sports d’hiver et s’est enivré. On a dit alors « Bayrou n’a jamais tant bu qu’au ski ». La nouvelle a été mal colportée. Autre hypothèse : Bukowski avait un cobaye roux auquel il servait ses breuvages avant de s’imbiber, par crainte d’empoisonnement. Là aussi, le fait aurait été ébruité de façon déformée. Toujours est-il que le cobaye est mort et qu’il a été par la suite remplacé par le hamster dame de Hollande. Mais il ne vaut rien, il ne fait que tweeter en rond.


    • JP94 17 juillet 2012 18:42

      Je me demande quelle est l’analyse la plus sérieuse : la vôtre ou ce curieux parallèle vino ac spiritus Bayrouis sunt aequalis in verita . Amen ...

      Ormesson lit bien Aragon , alors pourquoi Bayrou , qui n’a pas le droit de boire à table , n’aurait-il pas la possibilité d’éprouver du vertige grâce à Bukowki ?

      Après tout , lire les évangiles ne signifie pas que la lectrice ou le lecteur soit un saint . Et certain(e)s saint(e)s n’ont pas lu les évangiles - parole !

      Bayrou a même des amis au FG ... je pense que ce sont eux qui lui ont passé Bukowski pour le distraire pendant sa campagne électorale . Et voila le résultat .


  • nightwings nightwings 17 juillet 2012 21:48

    Bayrou avait dit qu’il passerait par un référendum pour moraliser la politique, Hollande va passer par une commission qui sera enterré par le parlement qui n’a pas intérêt à ce que cela change comme il l’avait fait pour la commission Balladur sur le même sujet.

    si je me souviens bien d’un interview de Bayrou sur le sujet on lui demandait pourquoi il voulait passer par un référendum plutôt que par le parlement il avait répondu :

    « si vous demandez au parlement pour se réformer autant boire de l’eau, vous n’obtiendrez rien le seul moyen c’est le référendum ».

    C’est logique personnellement si on vous demandait de réduire votre salaire, vos avantages et que rien ne sera fait sans votre accord vous le feriez ? non et bien pour moi la commission de Hollande n’aboutira sur rien surtout qu’ils viennent de rejeter la fiscalisation de leur indemnité (et ce n’est pas la première fois)  :

    http://www.bfmtv.com/finances-les-deputes-rejettent-la-fiscalisation-actu30675.html

    http://www.paristribune.info/Reforme-des-retraites-les-deputes-ont-rejete-l-amendement-n-249-Rect_a3992.html

    alors faire croire qu’ils voteront les propositions de cette commission à l’inverse de ce qu’ils avaient fait précédemment c’est soit de l’hypocrisie relevant de l’effet d’annonce pour faire passer les pilules de ce qu’on va cette fois réellement nous imposer ou de la douce naïveté et franchement on ne devient pas président en étant naïf.


  • Christian Labrune Christian Labrune 17 juillet 2012 23:43

    A voir la mine peu bizarre et brouillée du bonhomme, qui semble remonter d’un long séjour à la cave, j’avais toujours craint qu’il ne fût le dernier des hydropathes. Ses sympathies littéraires n’ont donc rien pour me surprendre.

    Je ne savais pas qu’il était « fervent catholique ». Le vin de messe, peut-être !

    En tout cas, Dieu nous l’avait donné, et Dieu nous l’a repris. 

    Etant donné le nombre vraiment extraordinaire de catholiques qui ont été béatifiés sans qu’on en sache très bien la raison, pourquoi pas lui ? Cet article hagiographique est à conserver pieusement : quand le moment sera venu, à Rome, d’examiner les paroles et les miracles du saint homme, ce sera sans nul doute une pièce importante du dossier.


  • volpa volpa 18 juillet 2012 08:17

    Les personnes sages et honnêtes sont prises par les français pour des couillons.

    Ils préfèrent les hâbleurs qui se couchent à la moindre alerte comme des toutous bien dressés.

    Le pognon et les médias aident dans ce sens.

    Que Bayrou soit catholique je n’en ai rien à faire.

    Ce sont ces actes qui parlent pour lui.

    Il n’a rien demandé à Hollande.OK.

    Hollande ne l’a surtout pas remercié et Nain-Bush sans lui serait toujours au pouvoir avec sa cantatrice.


  • Christian Labrune Christian Labrune 18 juillet 2012 09:00

    @Volpa

    Bayrou a été ministre de l’Education nationale de 93 à 97. En 94, il s’efforce de favoriser l’enseignement privé par une réforme de la loi Falloux. Un million de manifestants dans la rue en 94 ! Parmi ceux qui ont occupé ce ministère, il aura été, avec Allègre et Lang, l’un des plus efficaces destructeurs d’un système d’enseignement républicain qui, désormais, est complètement foutu : l’ascenseur social est définitivement hors d’usage.

    Je modifierai donc votre appréciation : « ce sont des actes qui parlent [contre] lui ».

    Le soutien fanatique à des politicards d’extrême centre est sans doute moins dangereux que celui qu’on peut observer relatif aux énergumènes d’extrême droite (Le Pen ou... Mélenchon (sic !)) mais il n’est pas moins surprenant. Je trouve même ça complètement incompréhensible. C’est l’éloge paradoxal de la grisaille, de la poussière proliférante et, pour tout dire, d’un obscur triomphe du néant. 


    • Agerate Agerate 18 juillet 2012 13:03

      En gros, les gens qui pensent différemment de vous sont des « fanatiques », symboles du « triomphe du néant ».


      Et votre commentaire, c’est pas un peu le néant, lui aussi ?

      Le civisme, le respect des opinions différentes, et même la simple curiosité, vous connaissez ?

    • Vieux Sachem 18 juillet 2012 09:21

      Pour une telle insulte, Zidane a donné un sensationnel coup de boule : puis-je me permettre ?


    • volpa volpa 18 juillet 2012 10:23

      Chez moi on ne dit pas .

      « çà ne vaut pas un coup de boule ! » mais plutôt

       « Çà ne vaut pas un coup de scie ! ».


    • Agerate Agerate 18 juillet 2012 13:24
      « et ta soeur. »

      Cogno3 développe une argumentation.

  • nightwings nightwings 18 juillet 2012 09:22

    Christian Labrune une question je m’étonne de l’acharnement qu’on certains pour ce politicien qui au moins reste droit dans ses bottes sur le plan de ses convictions, ne serait ce pas justement parce qu’il dit la vérité que les autres finissent par faire (tout du moins sur le plan économique sans le reste qui les dérange) ?


    Ressortir les moindres failles du passé (ceci dit il appliquait la politique qu’on lui demandait d’appliquer je ne vous rappelerait pas la phrase « un ministre ça obéit ou ça démissionne ») pour discréditer son projet du présent, c’est un vieux truc j’aimerais bien que vous fassiez pareil sur les promesses de Hollande et comment il oriente finalement au minima rejettant la faute sur le régime précédent qui lui fut l’apothéose de l’hypocrisie.


    Tous les politiciens actuels font du centrisme, parce qu’il ne peuvent faire autrement et tapent sur celui qui en est un vrai et a un projet ainsi qu’un discours en adequation, tant qu’il sera là tout le monde pourra voir qu’ils trompent les français.


    Mais il faut reconnaître un tort à Bayrou c’est de ne pas promouvoir assez ses conseillers se cantonant dans une attitude seul contre tous qui le dessert et ne lui permettra pas de redresser son parti.


    • Christian Labrune Christian Labrune 18 juillet 2012 12:05

      @Nightwings

      « Un ministre, ça obéit ou ça démissionne », effectivement. Et quand on lui demande de faire des horreurs, il doit démissionner, et non pas obtempérer pour ménager sa future carrière politique. Dans l’épouvantable gouvernement Guy Mollet, en 56, Mendès-France avait choisi la démission, c’était honnête. Mitterrand, lui, non seulement s’était incrusté, mais, futur abolitionniste, n’avait pas hésité à faire marcher la guillotine en Algérie pour complaire au pouvoir en place, conseillant, en tant que ministre de la Justice, un refus aux demandes de grâce présidentielle dans 80% des cas. C’est le prototype même du comportement d’un politicard de style quatrième république. Bayrou et l’Education nationale, c’est du même tonneau.

      Je n’appelle pas ça une « moindre faille du passé ». C’est grave.

      Si vous m’aviez lu sur d’autres pages, vous verriez que je ne suis pas plus tendre avec les socialistes et en particulier avec Hollande. Mon sentiment est que nous sommes bien mal partis, avec une droite conservatrice qui a perdu les pédales, un parti socialiste uniquement soucieux de ses mandats et une extrème droite qui est partout et qui tire les ficelles, de Le Pen à Mélenchon.

      Que j’en sois à produire une troisième ou quatrième intervention à propos d’un Bayrou qui, politiquement, ne représente rien, ne signifie rien, cela me paraît tout à fait surprenant et même consternant. Laissons tout cela tomber dans les poubelles de l’histoire et cessons d’en parler, cela vaudra mieux.


    • Agerate Agerate 18 juillet 2012 13:10

      @Christian


      C’est exactement ce que j’étais en train de penser : vous ne cessez d’affirmer de façon péremptoire « Bayrou n’est rien ! », « Bayrou n’existe pas ! »

      Passer sa journée a rédiger des commentaires pour affirmer que Bayrou n’existe pas, ça fait un peu obsessionnel.

      On va finir par se demander si vous n’êtes pas amoureux. En tout cas, vous ressentez beaucoup de passion pour quelqu’un qui (on aura bien compris) n’existe pas.

    • airlane 18 juillet 2012 13:56

      « Mais il faut reconnaître un tort à Bayrou c’est de ne pas promouvoir assez ses conseillers se cantonant dans une attitude seul contre tous qui le dessert et ne lui permettra pas de redresser son parti ».

      Communiqué du porte parole du MoDem le 16 juillet - quel média l’a-t-il relayé ?

      http://www.mouvementdemocrate.fr/actualites/120716-wehrling-commission-moralisation-politique.html


    • Christian Labrune Christian Labrune 18 juillet 2012 18:32

      @agerate

      Au lieu de trépigner de dépit et de parler pour ne rien dire parce qu’on démolit votre baudruche en forme d’idole, expliquez-nous plutôt ce qu’a fait Bayrou quand il était ministre de l’Education nationale.


    • Christian Labrune Christian Labrune 18 juillet 2012 23:55

      J’observe avec tristesse qu’aucun des sectateurs de la Beyroulâtrie n’est en mesure de nous éclairer sur les intentions profondes de cet ancien ministre lorsqu’il s’est trouvé à la tête de l’Education nationale.

      Je serais pourtant fort curieux de savoir de quelles solutions originales pourrait être porteur un politicien qui ne s’est illustré jusqu’ici que dans la mise en oeuvre d’un grand chantier de démolition.


  • volpa volpa 18 juillet 2012 10:20

    @Christian Labrune
    C’est du resucé complet cette explication.

    @Par cogno3
    Si je comprends bien l’explication, Bayrou est pédophile.
    Bravo à toi l’intellectuel de gôôôche.
    Qui l’a défendu avec Dany le rouge qui se faisait tripoter par des enfants lors de l’émission ??

    Celà dit DCB n’est certainement pas pédophile mais je n’ai jamais eu de gosses qui s’en sont pris à ma braguette.
    Des femmes d’âge mûr, oui .


    • Christian Labrune Christian Labrune 18 juillet 2012 12:17

      « @Christian Labrune
      C’est du resucé complet cette explication. »

      @Volpa

      Quelle explication ? Le rappel du passage de Bayrou à l’Education nationale ? Ce n’est pas du « resusé », c’est un simple rappel du passé et des oeuvres dont le bonhomme a été capable. Feriez vous partie de ces Français sans mémoire qui croient ce qu’on leur dit au présent sur le petit écran et ne se souviennent pas de ce que les mêmes ont su faire dix ou quinze ans plus tôt ? De ces Français qui ont vu leur pays détruit par deux septennats durant l’occupation mitterrandienne et qui n’ont jamais su en tirer de conclusion au moment de faire tomber leur bulletin dans l’urne ?


  • blablablietblabla blablablietblabla 18 juillet 2012 10:53

    Je me rappelle quand il a débarqué chez Bernard Pivot complètement bourré ha ça alors,pétard qui s’avait plus ou se mettre le Pivot Bukowski fait comme un rat ,voilà le malaise qu’il eut !!


  • ALasverne ALasverne 18 juillet 2012 11:20

    Entre les menus revers politico-médiatique de Bayrou et la misère, le rejet parental, puis social et enfin éditorial longtemps que vécut le grand écrivain Bukowski, je ne vois strictement aucun rapport, si ce n’est que les noms commencent par la même lettre.


    • Agerate Agerate 18 juillet 2012 13:16

      " la misère, le rejet parental, puis social et enfin éditorial"


      Sans vous en rendre compte, vous venez d’écrire la biographie de Bayrou (pratiquement).

      Pour vous en rendre compte, il eût fallu de votre part un peu de curiosité. Et pas seulement reprendre à son compte tout ce que tout le monde raconte sur Bayrou, sans rien connaître de sa pensée, ni de sa vie.

      Soyez libre. Pensez par vous-même. Renseignez-vous.

    • ALasverne ALasverne 18 juillet 2012 14:59

      Je ne le vois pas encore frappé par la misère, notre ami béarnais, avec un patrimoine dont il dit lui-même qu’il est « estimée aujourd’hui à 450 000 euros ». Il n’est pas non plus rejeté au point de ne pas trouver un média national ou local pour recueillir ses propos quand il le juge nécessaire. Et la FNAC propose cinq de ses livres en rayons ; sans doute sa façon à elle de rejeter ce poète maudit.


  • Pale Rider Pale Rider 18 juillet 2012 11:51

    Merci pour cet article. Il est intéressant de voir que, comme c’était prévisible, Bayrou se fait siphonner toutes ses idées, comme la gestion de l’Etat à moyens constants, la moralisation de la vie politique ou le fait d’accepter de payer un peu plus (les opérateurs téléphoniques) pour rapatrier les emplois en France. C’est tout à son honneur, et même s’il ne devait pas réapparaître en politique, c’est l’Histoire qui finira par lui rendre justice.


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