Billets doux : 003 Conscience
Peut-on aller plus loin dans l’ouverture à TOUT et se distancer même de son identité ? NON....
20 fevrier 2015
Peut-on aller plus loin dans l’ouverture à TOUT et se distancer même de son identité ? NON. On ne peut pas plus se distancer de son identité qu’une chose de son ombre, car l’identité suit la conscience, laquelle se crée au contact d’un « non-moi » complémentaire et est incessamment enrichie de la séquence des perceptions de leur interaction.
De la perception de l’altérité nait toute conscience – dont la « conscience de soi ». La Conscience, qui ne se definit pas, mais dont le constat peut se décliner comme on veut, au gré d’une infinie et eternelle tautologie.
On ne peut choisir de se distancer de l’identité qu’on se perçoit, mais celle-ci, se transformant sans cesse, ne peut avoir d’autre permanence qu’une perception de ce changement. La conscience de soi se confond ainsi avec la conscience du changement lui-même… et n’a pas d’autre substance.
Ce qu’on appelle « être » est en réalité « devenir ». Un flux. La conscience est une chaîne de pensées, dont rien ne prouve qu’elle ait une autre cohérence que son déroulement même. Existe-t-il vraiment un Observateur-sujet… ou seulement une séquence d’observations dont il est le produit plutôt que la source ?
Ce qu’on appelle « identité » ne serait-il pas une simple « identification » ephémère de la conscience à son objet dans l’instant même ? Le role de la notion d’identité découlant de ce déroulement d’observations ne serait-il donc alors que l‘équivalent mnémonique de la persistance rétinienne, une illusion de la Conscience pour que puissent coexister son désir de maintenir une cohérence, de CONTINUER, d’être dans la durée… et cette autre désir qui est de changer, de VIVRE de réaliser toutes les combinaisons du possible ?
Ne nous y trompons pas, ces deux desirs (pulsions) sont antithétiques. De la rapide succession des pensées–images, la Conscience fait un film. La réalité de la Conscience, ce sont ces pensées–images, mais son attachement est au « film », au déroulement, a cette identité, qui pourtant n’est pas cause, mais effet, pure création …. et infiniment éphémère. L’identité à laquelle la Conscience s’attache freine le déroulement spontané du film et est donc la source de son insatisfaction.
On ne peut se détacher de son identité, mais on peut accepter qu’elle se détache de soi. Ce détachement ne délivre pas la conscience de la necessité de l’identification – une libération qui serait un impossible choix du néant ! – mais permet seulement la transformation sans douleur de l’identité.
L’identité acceptée comme ephémere, l’observateur devient alors toujours UN avec l’objet observé… dont il tire sa seule substance et qu’il perçoit comme SON observation même s’il sait/sent que c’est lui qui EST CELA (Tat Tvam Asi) et rien d’autres
Pierre JC Allard