samedi 11 octobre 2014 - par TDK1

Boîtes noires, caméras, les assureurs vous épient...

Les premiers contrats "connectés" viennent d'arriver chez Allianz et chez Axa..

Nous vous en parlions déjà il y a un an, les assureurs sont en train d'instaurer, au nom de la responsabilisation, la surveillance complète de votre vie, de vos faits et gestes, de votre alimentation, de vos relations intimes.

Allianz connecte votre véhicule

On connaissait déjà le principe du contrat d’assurance automobile avec kilométrage limité, qui impose au conducteur de faire régulièrement vérifier le compteur de son véhicule pour s’assurer qu’il n’a pas dépassé la limite. Mais voici que désormais certaines sociétés, en premier lieu Allianz, envisagent d’aller encore plus loin en proposant des contrats d’un nouveau genre. Le concept : votre véhicule est connecté à une puce, un logiciel ou une application smartphone, qui enregistre vos moindres faits et gestes au volant : vitesse, violence des accélérations, distances de freinage… Grâce aux données récoltées, votre assureur a la certitude que votre comportement est plus ou moins accidentogène que la moyenne. Et vous pouvez ainsi bénéficier d’un tarif plus avantageux. Ou pas. À l’heure actuelle, deux sociétés envisagent de proposer ces contrats à leur clientèle en France dans les prochains mois : Direct Assurance (filiale d’Axa) et Allianz. La première offre concrète vient de ce dernier. Le contrat « Allianz conduite connectée » propose aux automobilistes qui le souhaitent d’équiper leur véhicule d’un capteur de la société Tom Tom Telematics, qui, une fois connecté à leur smartphone, leur permettra de bénéficier de nouveaux services, et pourquoi pas demain de réduction sur leur prime d’assurance. Commercialisée en option d’un contrat auto pour 50 € par an, la solution « Allianz conduite connectée » permet de collecter des données sur les performances du véhicule et sur le comportement de son conducteur. En cas de choc violent, par exemple, un contact sera automatiquement établi avec un système qui déclenchera, si le conducteur ne se manifeste pas, l’intervention des secours sur base des données de géolocalisation fournies par le dispositif. Cette solution permet aussi à l’automobiliste d’appeler le service d’assistance, qui pourra recueillir automatiquement des informations sur l’état du véhicule. Sur base des données collectées lors de l’utilisation du véhicule – kilométrage, freinage, accélération, manière de prendre les virages, etc. –, l’automobiliste pourra par ailleurs analyser sa façon de conduire. Il n'en demeure pas moins que plusieurs questions se posent. Par la collecte de ces informations, la compagnie d'assurance a accès à des données de vie privée. Quel usage en fera-t-elle ? Quelles barrières peuvent être érigées pour limiter cet usage ? Le prétexte de la statistique ne permettra-t-il pas le stockage et le traitement de ces données ? Si il y a stockage, combien de temps ? L'administration ou la justice ne pourront ils pas exiger la communication de ces données, exactement comme ils peuvent aujourd'hui exiger la communication de votre usage de carte bancaire par votre banque ou de votre téléphone portable par votre opérateur ou de votre activité internet par les services de cloud ou votre FAI ?

L’appât de la récompense des vertueux

Pour le moment, en 2014, les informations collectées n’ont pas d’incidence sur le contrat d’assurance en tant que tel, « mais à partir de l’année prochaine, nous pourrons envisager des évolutions de tarif à la baisse pour les assurés dont la conduite s’avère vertueuse », indique Delphine Asseraf, directrice digital d’Allianz France. « En revanche, si ce n'est pas le cas, les tarifs n'évolueront pas à la hausse », précise-t-elle. Pour l'instant, bien sûr. Ne soyons pas naïfs, ceux d'entre nous qui ne "joueront pas le jeu" se verront tôt ou tard pénalisés. De même, Allianz communique sur le fait d'avoir "collaboré" avec la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) pour s’assurer de coller à la réglementation. En fait, la collaboration consiste à étudier l'adaptation de la réglementation aux nouvelles donnes.

AXA espionne votre hygiène de vie

La société d’assurance Axa assure la promotion de son contrat d’assurance santé Modulango en le reliant à un objet connecté de mesure de ses données de santé. L’objet est un compteur Pulse de Withings d’une valeur de 100 € qui est offert aux 1 000 premiers souscriveurs de sa complémentaire santé Modulango sur le site axa.fr (Le nombre de 1000 n’est toutefois pas repris sur d’autres parties du site.) Le Pulse mesure votre activité physique en temps réel. Il compte le nombre de pas parcourus, le dénivelé, la distance parcourue, le nombre de calories brûlées dans la journée. Il mesure le rythme cardiaque, le taux d’oxygène dans le sang et il analyse du cycle de sommeil. L'approche marketing d'Axa est différente de celle d'Allianz. Si l'Allemand met l'accent sur les "services" supplémentaires de votre connexion est susceptible de vous assurer, le Français promeut sa boîte noire individuelle sous la forme ludique d’un concours jeu (à chacun sa culture...). Il s’agit de relever le défi, et de savoir combien de pas chacun d’entre nous fera par jour. L’objectif est de se rapprocher des 10 000 pas par jour, auquel cas on gagne des surprises. En utilisant l’objet connecté Pulse, dès sa réception, on gagne 1 chèque de médecine douce d’une valeur de 50 € et 15% de remise sur ses achats sur le site withings.com pour 7000 pas/jour pendant 1 mois. Pour 10 000 pas/jour pendant 1 mois, on gagne 2 chèques de médecine douce d’une valeur de 50 € chacun et 20% de remise sur ses achats sur le site withings.com. Pour l'instant le "jeu" ne prévois pas de bonus particulier en fonction du nombre de rapports sexuels, forcément enregistrés par l'appareil... La finalité est la même, si vous avez "une bonne hygiène de vie", votre cotisation sera amenée à baisser, sinon, gare ! Même George Orwell n'y avait pas pensé ! Nous sommes à l'ère de l'absolu totalitarisme. La Stasi fait figure d'amateurs, quant à la Gestapo ou au Guepeou, de joyeux plaisantins !

Article paru sur MaVieMonArgent



7 réactions


  • lautrecote 11 octobre 2014 14:29

    Mais puisqu’on vous dit que c’est pour votre bien...


  • Montdragon Montdragon 11 octobre 2014 14:48

    Bientôt le buraliste devra prévenir la SECU en cas d’achats de clopes ?


  • foufouille foufouille 11 octobre 2014 16:34

    c’est du libéralisme en pratique : une corpocratie


  • Jean Keim Jean Keim 11 octobre 2014 20:16

    Je suis un petit rouleur et j’ai un contrat d’assurance « kilométrage limité » avec l’une des sociétés citées dans l’article et je n’ai pas à prouver que je respecte le contrat, je reçois un courrier annuel me rappelant le kilométrage cumulé que je ne dois pas dépasser et rien d’autre, en cas d’accident l’assureur regardera mon compteur bien entendu, ceci dit je suis d’accord avec l’article.


  • eresse eresse 12 octobre 2014 01:21

    Une idée, tu accroches la boite à ton chien et tu te « cales » bien devant la télé. Tu devrais a voir ton chèque de 50 euros sans problème, pour payer les bières...


  • Jean Keim Jean Keim 12 octobre 2014 09:05

    Désolé si j’ai une télé je ne bois pas de bière, ceci dit je ne décode pas le message smiley


  • sls0 sls0 13 octobre 2014 02:26

    Si l’on regarde que du coté étude statistique en fonction des différents paramètres c’est pas idiot.
    Comme il y a des actionnaires a engraisser derrière ont peut se poser des questions sur le bien fondé.

    Le ’’qui casse paie’’ est déjà pris dans le bonus/malus, plus de détails n’est pas trop nécessaire.

    En Australie où ils sont très statistiques sans trop de blocages déontologiques, il ont trouvé que 83% des accidents étaient dû à des personnes dont le QI était inférieur à 105.
    83% pour 63% de la population c’est assez parlant, malgré que mathématiquement il est juste, il est inégalitaire donc il est injuste.

    De la précision pour des ’’Bourdieu’’ où des chercheurs oui*, dès qu’il y a de l’actionnaire en vu c’est un fort risque d’inégalités.
    * Ce n’est pas nominatif, si c’est nominatif avec les moyens actuels bonjour big brother.

    Quand on voit les excellentes analyses des statistiques qu’a fait Bourdieu pour décrire la société sans l’outil informatique, avec la puissance de l’informatique et une multitudes de détails nominatifs, c’est plus la société que l’on décrit c’est la personne.

    C’est plus pour la compréhension de la délinquance en Amérique latine mais j’ai aussi une base de données, plus je croise les bases plus ma compréhension augmente. Je suis passé d’une façon exponentielle en fonction du rajout de bases d’une corrélation qui stagnait vers les 0,52 à parfois 0,876. Malgré qu’à priori la façon de rouler ou de bouger des personnes j’en ai pas trop l’utilité, en y regardant de plus près avec un minimum de formules ou algorithmes j’y trouverai mon bonheur.

    Il faut imaginer non pas une personne mais un groupe avec des moyens, l’accès au nominatif, le pouvoir de connaissances qu’il peut avoir avec le croisement de fichiers.
    Un exemple simple par rapport au fichier AXA, croyez vous que quelqu’un qui a une conduite nerveuse en voiture ait le profil d’un lanceur d’alerte ? C’est une petite base qui parait sans intérêts mais qui dans ce cas précis le boulot est fait à 60%, si je croise ça devient puissant.


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