mercredi 3 novembre 2021 - par Jean-Luc ROBERT

Ces mots qui font mal. La n�vrose : de l’enfant � l’adulte

Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un fils comme toi ?

"Tu ne devrais pas mettre ce T-shirt"

"Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un fils comme toi ? Dis-moi ?"

"T'as l'impression de servir à quelque chose là ? T'as pas autre chose à foutre de ton temps ?"

"Tu as de grosses mains ma fille."

"Si j'avais su que je serais condamné.e à nourrir cette bande d'ingrats. J'ai pris perpet !"

"Vous me bouffez l'existence. Mon dieu, je vais les vendre ces enfants."

Tous ces mots prononcés sans calculs, sous le coup de la colère souvent, ne seront jamais oubliés. Gravés, ils constitueront les éléments néfastes d'une mémoire traumatique. Ces violences verbales auront pour conséquence psychotraumatique des réminiscences intrusives qui envahiront la conscience (flash-back, cauchemars), mais pourront aussi agir à un niveau inconscient (névrose), et influencer négativement la vie d'un sujet. C'est assurément pourquoi l'adulte devrait veiller à ne plus prononcer ces mots destructeurs qui sont de véritables bombes à retardement.

LezAPe - Articles psychologiques sur les comportements de l'enfant

La prophétie autoréalisatrice : quand ce qui est prédit devient réalité

Aussi appelée "effet Pygmalion", ce concept est issu de la mythologie Grecque. La légende raconte que le sculpteur nommé Pygmalion tomba amoureux d'une de ses créations nommée Galatée. Cet amour était si grand et fort qu'il finit par prendre sa création pour une vraie femme. La déesse Aphrodite, qui se montra émue par cet amour si sincère, décida de le rendre possible en donnant vie à cette sculpture.

Autrement dit, la croyance aveugle de Pygmalion en la réalité de cet amour pourtant impossible au départ, aurait été comme une prédiction qui a fini par se concrétiser. Le fait d'y avoir cru si fort, d'avoir couvert la sculpture de mots d'amours, et de l'avoir considérée comme une personne, a rendu cet amour possible dans le réel.

Comme pour Ovide et sa légende, nous croire capables de réussir dans un projet de grand importance auquel personne ne croit, peut nous conduire à le réaliser. Inversement, les croyances limitantes sont des pensées négatives qui brident le sujet et lui font renoncer à son ambition, le menant à l'échec (auto-sabotage) avant même d'avoir essayé.

Que deviendra donc l'enfant qui a entendu depuis son plus jeune âge qu'il n'était bon à rien ou qu'il était en trop ? Pourra-t-il dépasser cette prophétie néfaste prononcée par un parent n'ayant pas réglé lui-même ses comptes avec ses propres parents ?

Le transgénérationnel

Il est fort probable en effet, que ce parent maltraitant ait aussi entendu ces mots blessants qu'il répète et transmet comme un virus à son enfant, qui sera peut-être à son tour un parent maltraitant. Génération après génération, la mauvaise croyance, la fausse croyance, va pour ainsi dire se transmettre en s'incarnant en chaque nouveau né.

Il ne faut pas ignorer que les mots prononcés ont un pouvoir puissant. Ils ne sont jamais anodins. En consultation, bien des psychologues se retrouvent face à des adultes manquant d'estime d'eux-mêmes et de confiance. Tout ce qu'ils prétendent être n'a pas de valeur et n'est jamais assez bien. Mais pour plaire à qui ? Certainement pas à eux-mêmes. On parle bien d'une estime de soi si défaillante, qu'elle ne peut que dépendre du regard d'un autre qui à l'origine était le parent. Ainsi ces personnes se retrouvent-elles comme condamnées névrotiquement à séduire un parent inconscient (proches, amis, collègues...), afin que ce dernier puisse leur certifier qu'elles ont bien de la valeur (prisonnières du regard de l'autre).

Ce système tournant à vide puisque le doute est permanent, tous ces efforts sont vains. Le doute persiste, et l'adulte, poussé par l'enfant meurtri qui sommeille en lui, ne cesse d'attendre de chacun la confirmation qu'il vaut bien quelque chose. Une autre prison est aussi la comparaison perpétuelle avec les autres. Ah que l'on peut se haïr à penser les choses de cette manière ! La moindre critique, le moindre échec, et c'est alors la catastrophe, la confirmation terrible que la prophétie s'est bien réalisée. Quel drame !

Conscience et inconscience

> Conscience : Il y a bien sûr d'un côté les adultes, qui conscients de souffrir de ce manque d'estime d'eux-mêmes demandent de l'aide. La tâche est ardue, mais ils essaient tant bien que mal de trouver une issue ;

> Inconscience : Et puis il y a les autres. Ceux qui n'ont absolument aucune conscience que leur comportement présent est pleinement dicté par leur névrose (par exemple rabaisser l'autre dès que possible, ou éviter tout nouvel apprentissage afin de ne pas se retrouver confronté à leurs limites, leur impuissance). Ils luttent alors inconsciemment contre ce démon qui les ronge pourtant de l'intérieur.

Nous, thérapeutes, savons qu'il serait contre-productif de les contraindre à faire face à cette réalité. Certains prétendront même être plus brillants et confiants que la majorité d'entre nous (défense). Ils ne cesseront de prendre la parole pour étaler leur savoir et impressionner leurs hôtes.

La psychologie trouve là ses limites.

Ce que nous pouvons faire

- Accompagner les patients qui se sentent prêts à faire face à ces mots du passé qu'ils entendent toujours et qui ont saccagé leur enfance, puis l'adulte qu'ils sont devenus.

- Sensibiliser tout adulte ou professionnel sur la nuisance à moyen et long terme de ces mots qui nous le répétons, ne seront jamais sans conséquences.

- Sensibiliser sur le fait qu'une bonne estime de soi est parmi les choses les plus précieuses que peut posséder un enfant, et qu'une fois abimée, voire cassée, on ne la répare pas en un claquement de doigts.

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https://www.jeanlucrobert.fr

Auteur de :

Ma vérité sur l'autisme

LezAPe : La face cachée de la psychologie de l'enfant

L'ENFANT : L'instrument du Conflit Parental

12 r�actions

Docteur Faustroll 3 novembre 2021 15:17

Duhamel, lui, il n’a jamais de mots durs avec les enfants. Il est gentil. Les cur� aussi, d’ailleurs.

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- ETIENNE 3 novembre 2021 18:35
  
  @Docteur Faustroll
  Pourtant il lui arrive de durcir devant un enfant
  
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- ZenZoe 3 novembre 2021 18:52
  
  @Docteur Faustroll
  Ok pour la boutade.
  Ceci dit, Duhamel et les cur�s violeurs �taient des salopards, mais ceux qui savaient et ont regard� ailleurs ne valent pas grand chose. Je me demande ce qui a fait le plus de mal � l’enfant : le tripotage pouss�, ou le mur de silence absolu tout autour comme si c’�tait lui qui avait fait une connerie (quand il ne se prenait pas une baffe par-dessus le march� !).
  
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- quijote 4 novembre 2021 10:46
  
  @ZenZoe
  
  Remarque psychologiquement juste.
  
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ZenZoe 3 novembre 2021 18:41

Tout ce que vous dites est tr�s bien vu bien s�r, mais je ne suis pas certaine que l’on puisse r�parer totalement les d�g�ts. J’avais une amie psychologue clinicienne qui me r�p�tait souvent � propos de ses patients ’’on ne fait pas de miracles’’ sur un ton d�courag�.

Je me demande si d�j� le fait d’admettre que ses propres parents ont �t� mauvais n’est pas un tabou absolu pour un enfant humili�, et que le reconna�tre serait de fait une trahison et donc une rupture totale avec ce qui constitue souvent l’unique v�ritable lien d’attachement avec autrui.

Sans doute la cl� est-elle dans la compr�hension de l’histoire personnelle de ses parents, du fait qu’ils ont �t� eux-m�mes humili�s comme vous le dites tr�s bien, et que leurs insultes s’adressaient � eux-m�mes et pas � leur enfant, comme s’il �tait un miroir... Comprendre n’est pas suffisant pour gu�rir, mais c’est d�j� un sacr� antalgique !

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- Jean-Luc ROBERT 3 novembre 2021 19:34
  
  @ZenZoe
  Oui comprendre n’est pas suffisant pour gu�rir mais �a reste � mon sens une premi�re �tape fondamentale.
  
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quijote 4 novembre 2021 11:07

La psychologie devrait �tre enseign�e � l’�cole. Et pourrait l’�tre sans le moindre probl�me depuis le CP jusqu’au lyc�e. La connaissance de soi et des autres �tant normalement une priorit� dans des soci�t�s de masse comme les n�tres. Cela permettrait d’agir pr�ventivement sur nombre de probl�mes de harc�lement et autres ph�nom�nes de groupe que l’on observe � chaque nouvelle g�n�ration, ces derni�res repartant par d�finition de z�ro dans ce domaine comme dans d’autres. Les enseignements de la famille ne suffisent pas toujours, loin de l�. Tous les probl�mes ne seraient pas �limin�s mais l’ensemble serait singuli�rement am�lior� : meilleure gestion du stress, besoin de moins de psy, de moins de psychotropes et autres drogues diverses et vari�es, etc. Les b�n�fices � moyen et long termes seraient sans doute incommensurables. Et gratuits... Ce serait pas �a, le probl�me ? Ha ha ha...

Au lieu de �a, « on » a choisi d’enseigner la th�orie du genre et aussi d’autres doctrines plus ou moins extr�mistes du fait d’un entrisme militant dans les cercles du pouvoir et de l’�ducation.

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- quijote 4 novembre 2021 11:09
  
  @quijote
  
  On �viterait aussi la b�tise id�ologique militante des « repr�sentants du Bien sur terre ». Salut les amis !
  
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- Jean-Luc ROBERT 4 novembre 2021 15:19
  
  @quijote,
  Merci pour votre remarque. Oui je pr�f�rerais de loin un monde o� l’on enseigne la psychologie � l’�cole au monde actuelle o� l’on pense prioritaire d’enseigner la th�orie du genre... en effet.
  
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Effondr� remont� 4 novembre 2021 13:21

R�arranger de mani�re plus confortable, par exemple contre le sens de la pente qui va fatalement en s’accentuant, les chaises de ce Titanic qu’est l’ego, la fausse conscience de soi, c’est bien, �a va un temps, �a peut am�liorer la fausse conscience d’�tre, att�nuer des paroxysmes de souffrance et donc de violence retourn�e d’une mani�re ou d’une autre, mais tout cela dispara�tra dans un dernier soupir apr�s tant de bruit et de fureur de vivre une vie jamais r�ellement v�cue. La psychologie occidentale, freudienne, post-freudienne, para�t �tre une �tape int�ressante dans le d�veloppement humain mais elle s’est d�velopp�e sur les infinies variations de cette pathologie mentale qu’est l’ego et non sur la Conscience � jamais inconnaissable (par l’ego) mais totalement exprimable dans cette vie, ce corps, cet instant, puis l’autre instant, puis l’autre... � jamais...pr�sence de la Vie �ternelle...

D�bat refus� par la psychologie entre elle et la spiritualit�, qui la d�passe infiniment.
Et quand on parle ici de spiritualit�, il s’agit de la seule qui vaille : l’Inconnaissance chr�tienne (immanence et transcendance), le Yoga de la Connaissance (jnana-y�ga), le bouddhisme Zen et... je ne vois pas d’autres Voies...

Aplanir le terrain psychique pour pr�parer une �me au d�part trop tourment�e � l’asc�se, la mettre en attente consciente de la Gr�ce (de Dieu), de la Lib�ration (« jivan-mukta », lib�r� vivant), du Satori (Eveil � la Nature-de-Bouddha), serait l’honn�te objectif de la psychologie ; il me semble que bien peu de psychologues l’envisagent ainsi...

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M�lusine ou la Robe de Saphir. 4 novembre 2021 18:20

Le plus grand mal : le mensonge..... L’enfant a besoin de rep�res pour grandir....Et s’il s’apper�oit qu’on lui ment, tout son univers s’�croule... Face au contes de f�e et Saint-Nicolas, il suffit d’entrouvir une porte : c’est un conte, mais rien ne dit qu’il comporte une part de v�rit� ou de sagesse...Fermer la porte au merveilleux est aussi une erreur...

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M�lusine ou la Robe de Saphir. 4 novembre 2021 18:21

Parfois, ce sont les non-dits qui d�truisent... ;

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