mercredi 5 décembre 2007 - par Le péripate

Critique de la logique comptable en matière de retraites

La France vieillit et le rapport actif/inactif menace le système de retraite. Voilà, résumé, le prêt-à-penser qui inspire les partisans de la réforme du système de retraite.

Avant d’entrer dans les faits démographiques, il faut rappeler que, dans le monde, on peut distinguer deux systèmes concurrents : la répartition et la capitalisation. Ces deux systèmes sont également sensibles aux bouleversements démographiques, et la question de savoir si la rentabilité de l’un ou l’autre est meilleure dépasse le cadre de cet essai. Notons simplement que la répartition est un système hors marché, un Eldorado dont le marché se voit interdire l’accès. Cependant, le marché peut se rattraper en proposant toutes sortes de produits de complément, capitalisant sur l’angoisse du futur et sur des pensions insuffisantes. Il se pourrait que cela soit l’option retenue en France.

La France vieillit, donc. Un trimestre par an, depuis un demi-siècle, par l’accroissement de l’espérance de vie après 50 ans. Mais, ces vieux ont eux aussi changé. Ils sont en meilleure santé. Un homme de 50 ans ne peut plus être considéré comme vieux, sauf par le patronat, qui en fait la cible principale des licenciements. Je reviendrai là-dessus plus loin.

Un autre phénomène vient compliquer la compréhension du problème. Le baby-boom et son corollaire, le papy-boom. Ce papy-boom viendra à voir ses effets s’atténuer progressivement à l’horizon 2035. Ce sont les conséquences lointaines du conflit de la Seconde Guerre mondiale. Il est donc important de comprendre que toutes les projections qui se limitent généralement à l’horizon 2040 intègrent ce papy-boom sans le distinguer de l’accroissement de la longévité, ce qui n’aide pas à la clarté du débat.

Débat encore obscurci par la comparaison avec les autres pays européens. Ceux-ci, notamment l’Allemagne, connaissent une véritable implosion démographique, qui n’est pas le cas de la France avec pourtant l’immigration la plus faible d’Europe. Enfermer le débat dans un cadre européen c’est donc comme fixer des normes de chauffage identique pour la Suède et l’Espagne.

De plus, les prédictions démographiques se sont régulièrement trompées. Personne n’avait prévu le baby-boom. Personne ne sait vraiment pourquoi le taux de remplacement de la population est positif en France. En ce qui concerne l’espérance de vie, prendrons-nous le chemin japonais avec des vieux en bonne santé, ou le chemin américain avec l’explosion des maladies liées à l’obésité ? Comment connaître aujourd’hui l’espérance de vie d’un quiquagénaire, sinon qu’en prolongeant des courbes, sinon qu’avec des a priori idéologiques, ou, pire, sous la pression experte des assureurs ?

Et, pendant que nous débattons avec des arguments bâtis sur le sable de la science démographique, les entreprises licencient leurs quinquagénaires. La France est le pays où la proportion d’actifs/inactifs entre 55 ans et 65 ans est la plus faible au monde. La souffrance au travail du travailleur lié à des tâches répétitives augmente dangereusement, souffrance aussi du cadre dépassé, troubles musculo-squelettiques, dépressions, et consommation élevées d’antidépresseurs, symptômes évidents d’un mal-être au travail.

Peut-on encore penser que reculer légalement l’âge de la retraite, augmenter simplement la durée de cotisations sont des solutions ? Je crois que non, pire, que ces pseudo-solutions ne feront qu’augmenter le mal-être, paupériser encore plus de larges pans de la société et, accessoirement, enrichir le secteur des assurances.

La vraie question est dans l’obsolescence des savoirs. Un quinquagénaire a bien sûr de l’expérience, mais ses savoirs ont vieilli. Essayez de trouver du travail à 50 ans, vous verrez. Quand une personne a une formation ancienne, elle coûte plus cher et elle a un moindre rendement. Les patrons ne sont pas (tous) des monstres !

Il faut donc réformer l’enseignement, offrir à tous à mi-vie une deuxième période de formation, quitte à raccourcir la formation initiale.

Nous sortirons alors d’une logique purement comptable de la société.



19 réactions


  • Tonio Tonio 5 décembre 2007 13:38

    Effectivement, le conseil d’orientation des retraites vient de sortir son rapport 2006. J’en fais un résumé sur les points qui semblent intéressants : les projections démographiques réactualisées par l’INSEE sont moins graves, selon les scénarios le déficit du système en 2050 sera entre 30 et 100 milliards d’euros (belle marge d’erreur, totu de même !) et les réformes de 2003 ont été partiellement inefficaces parce que le recul de l’âge de la retraite n’a pas significativement augmenté le nombre de cotisants (les jeunes retraités sont devenus de vieux chômeurs). Le résultat comptable est d’ailleurs un peu embelli, parce que le déficit des retraites est allégé de la pension de ces nouveaux chômeurs, alors qu’ils touchent des allocations chômage sous un autre budget. En somme, on fait en partie financer le déficit des retraites par l’assurance chômage. De l’influence du sapeur Camember sur la comptabilité publique...

     Je ne peux que suivre l’auteur de l’article quand il dénonce un pilotage purement comptable, parce que pour l’instant, on met dans le shaker une dynamique démographique supposée (naissances ET décès), une évolution espérée de la productivité des travailleurs, un taux d’emploi (de chômage) completement pifometrique, on secoue et puis on regarde ce qui sort. Moralité, on révise tous les ans ou presque en fonction des chiffres de six derniers mois.

    Une précision tout de même : il ne faut pas virer sur la position opposée qui est de délaisser un cadre comptable. La clé est bien entendu l’élévation générale de la productivité, et la hausse de l’emploi (des seniors, des chômeurs, des femmes au foyer...), mais il faut quand même "cadrer" un peu les prélèvements et l’âge de la retraite, et donc la doxa comptable, pour imparfaite qu’elle soit, est indispensable pour fixer les termes approximatifs du débat : "y’a de plus en plus de vieux !"
     


    • donino30 donino30 5 décembre 2007 17:12

      L’angle financier est indissociable des principes de répartition. Equité oui, mais à l’intérieur du plan de financement, pas l’inverse.

      Comme le souligne l’article, la formation souvent obsolète des quinquas est un des motif de désaffection des entreprises envers leurs candidatures. Une mise en place plus rigoureuse d’une formation continue tout au long du parcours professionnel y remédierait en partie. C’est souvent la raison invoquée dans les débats sur le travail des quinquas, avec le niveau de rémunération. Mais est ce réellement la principale ? j’en vois au moins deux autres.

      1- Quand on recrute dans une entreprise, c’est souvent avec une vision à moyen terme. Entre une personne de 35 ans et une personne de 55 ans, immanquablement on jouera la carte de la pérennité. Le capital humain est la principale richesse de beaucoup d’entreprises, le vilain patronat préfére donc recruter des personnes pour qui la question de la retraite ne se posera pas à moyen terme. A ce titre, le recule de l’age de la retraite aura à mon avis un impact positif sur le recrutement des jeunes quinquas. Le seul autre palliatif étatique serait un allégement fiscal TRES incitatif, ce qui n’est pas le cas actuellement.

      2- On sort du politiquement correct : les RH considèrent, à tort ou à raison chacun aura son idée sur la question, le recrutement d’un sénior comme un risque par rapport à un jeune. Moins de souplesse, esprit plus formaté, risques conflictuels plus forts. Un exemple dans le domaine de l’informatique, où les quinquas sont frappés de plein fouet par le chômage : les RH dans la mesure de possible évitent de recruter un sénior qui serait mis sous la responsabilité d’un jeune chef de projet, compétent ou pas. Car dans beaucoup de cas , les étincelles ne manqueront pas d’arriver et les tensions qui en résultent peuvent faire tanguer dangereusement un navire. Donc pourquoi prendre ce risque, quand on peut faire autrement ? C’est le raisonnement tenu, compris ou incompris c’est la réalité du terrain.

       

       


    • Proudhon Proudhon 5 décembre 2007 20:17

      Je suis d’accord avec vous, surtout sur le point 2.

      Les patrons savent très bien qu’ils ne peuvent pas raconter leurs conneries aux anciens. Avec les jeunes, ça marche le passage de pommade, les promesses jamais tenues, le tutoiement qui laisse croire que c’est copain copain. En plus, avec un bon outil de formatage ca fonctionne les cinq premières années. Ca laisse une marge de temps au patron avant le réveil brutal du jeunot qui croyait que les vessies étaient des lanternes.

      Mais le temps que le jeunot s’énerve quelque peu et cherche des solutions pour baiser celui qui l’a niquer, son cher patron a encore gagné cinq ans. Après que le jeunot, à bout, ce soit quelque peu énervé, le patron étale une bonne rasade de pommade, avec augmentation de salaire ou de statut à la clé. Ca fait 10 ans qu’il le baise. Il le passe par exemple niveau IV 3 avec augmentation de salaire mensuelle de 30 euros. Le jeunot tout content sent déjà moins le membre qui le pénètre depuis quelques années déjà. En plus, comme dirait l’autre, on s’habitue.

      Et c’est reparti pour un tour et hop là, en route pour 10 ans !!!!!

       


    • Proudhon Proudhon 5 décembre 2007 20:20

      En fait je viens de m’apercevoir que j’ai un lien avec le Péripate. Il est cinéaste et moi je monte et règle des Zooms Cinéma.

      Etonnant non !


    • Le péripate Le péripate 6 décembre 2007 08:04

      @Proudhon

      Cadré ! smiley


  • Le péripate Le péripate 5 décembre 2007 14:26

    Je n’ai pas voulu critiquer la logique comptable en présentant une comptabilité, justement. Non plus par des liens internet, ce qui vire rapidement à l’autoréférencement. J’ai été inspiré par le livre d’Hervé Le Bras, "Les 4 mystères de la population française ".

    On pourra lire avec profit cet article http://www.mouvements.info/spip.php?article206, et aussi sur le site de l’Ined http://www.ined.fr/fr/page_accueil_site_ined/ pour tous ce qui est chiffre.


    • Le péripate Le péripate 5 décembre 2007 16:40

      @ Alchimie

       smiley

      La démographie, c’est comme la météo, ça décrit très bien le temps qu’il fait aujourd’hui, ça permet à peu près de savoir si il faut prendre son parapluie pour le lendemain, mais, au-delà.....

      Et vous aurez beau inventer toutes sortes de systèmes, reculer l’âge de la retraite, allonger la période de cotisations, si vous ne pouvez maintenir au travail quelqu’un parce que ça fait trop longtemps qu’il a quitté les bancs de l’école, ou parce que vous ne pouvez lui fournir qu’un travail "idiot", vous n’avez rien fait, sinon, peut-être, d’enrichir les assurances.

      Ce qui est probablement le but poursuivi.


    • Le péripate Le péripate 5 décembre 2007 17:26

      Mais où est l’insulte ? Où est le reproche ? Reprocherait-on (ou l’insulterait-on) au physicien d’être incapable de nous transporter à la vitesse de la lumière ? Les sciences ne sont pas exemptes de débat. Sur un autre sujet, vous pourrez voir ici un débat entre démographes. http://olivier.hammam.free.fr/imports/user-ined/presse-publique/lemonde0611-10.html


    • Christophe Christophe 5 décembre 2007 21:10

      @alchimie,

       

      Ce qu’avance le Péripate n’est pas une insulte,ce n’est qu’une vision réaliste de toutes les approches prédictives.

       

      Lorsque vous faites une étude prédictive vous êtes contraint d’utiliser des calculs probabilistes (les données du futur n’étant pas disponible). Si sur un court terme vous avez un coefficient de confiance acceptable pour être proche d’une certitude (sans jamais être certain), ce même coefficient s’effrite au fur et à mesure que le terme s’éloigne.

       

      Généralement, lorsque les phénomènes sont répétitifs, nous utilisons des connaissances de l’expérience passée pour construire des modèles. Lorsque les phénomènes sont non reproductibles, toute l’étude probabiliste repose sur des estimations, elles-mêmes, de nature probabilistes. Tant en météorologie, la plupart des phénomènes étant reproductibles (en fonction de différents élément dans un état donné à un instant t), en démographie, tout est basé sur des hypothèses (taux de natalité, durée de vie, ... ; constantes ou non), vous pouvez estimez la forme que cela prendra dans un espace temps limité ; plus vous vous éloignez dans le terme, plus votre modèle tend à dériver.


  • Tonio Tonio 5 décembre 2007 16:08

    Alchimie : tout simplement parce qu’on arrive pas à compter. Plus exactement, les chiffrages "raisonnables" sont tellement divergents qu’on ne peut pas se focaliser dessus pour estimer la masse d’argent réelle qu’il faudra mettre dans les retraites. Donc il faut commencer à réformer le système, mais surtout il faut augmenter notre capacité à pouvoir financer, et puis on verra bien combien ça coûte quand on y sera.

     Brinb666 : oui et non. La vague du papy-boom aggrave le problème, mais la difficulté de base est qu’à la création du système, en moyenne, les travailleurs mouraient avant d’atteindre la retraite, maintenant ils en profitent pendant vingt ans. Donc même après le papy-boom la question continuera à se poser (de manière moins aigüe).
     


    • Le péripate Le péripate 5 décembre 2007 16:53

      Il y a probablement des réformes de bon sens (voir l’article de Sylvain Reboul sur le site). Et, il faut probablement distinguer entre le papy-boom, et l’allongement de la longévité par des dispositions adaptées à chaque cas.

      Mais, dans tous les cas la formation à tous les âges de la vie est à mettre réellement en place, du moins si on a vraiment le souci de faire que réformer soit synonyme de progrès, et non de régression sociale.


  • Ploum 5 décembre 2007 17:12

    Pour aller droit au but, repousser l’age de la retraite et allonger la durée de cotisation sont actuellement des mesure comptables sensées mais inefficaces car le taux d’emploi des travailleurs proches de la retraite est trop faible. Concrètement il y a un trop fort décalage entre l’age de départ à la retraite théorique et l’age de départ réel, car du fait de la difficulté pour les "vieux chomeurs" de trouver un emploi, on préfère bien souvent les faire partir à la retraite plus tôt avec une retraite troncquée, les éxonérer de chercher activement un emploi en les indémnisant moins bien, etc etc ...

     

    Ce genre de pratique a d’ailleurs bien servi les gouvernement successifs depuis 20 ans car il fait disparaitre des chomeurs des statistiques, mais pour l’efficacité on repassera.

     

    Sortir de la logique comptable, ce serait effectivement une véritable révolution, ou plutôt sortir de cette logique comptable là et en adopter une autre qui consisterait à raisonner sur la carrière complète des travailleurs et non sur une photographie à un instant t. La logique de Flex sécurité annoncée est un bon premier pas mais je demande à voir, car si cela se limite à quelques mesures de libéralisation du marché du travail pour faciliter les licenciements comme le réclame le Medef, le remède risque d’être pire que le mal.

     

    Comme le dit l’auteur, la seule optique possible c’est la formation au cours de la carrière du travailleurs, et j’oserai même dire en continu tout au long de la carrière. Le temps ou l’on entrait dans une entreprise pour y rester toute sa vie au même poste sans formation doit être révolu, il est temps d’entrer dans le 21ème siècle pour de bon et d’instaurer dans les entreprises une culture de l’investissement humain basée sur une vision à long terme et sur l’enrichissement des compétences, et tant qu’à défiscaliser quelquechose, c’est sur les heures de formation que j’aurais tablé.


    • naudin 5 décembre 2007 20:38

      "Sortir de la logique comptable ce serait effectivement une véritable révolution...."

      Soit, mais le problème des retraites, c’est bien un problème de financement, non ? Alors comment le résoudre sans compter ?

       


    • Ploum 6 décembre 2007 11:00

      Attention quand vous faites une citation, en la tronquant trop vite vous pouvez en changer totalement le sens, du moins j’espère que ce n’était qu’une erreur et pas intentionnel. Voici ce que j’ai dit :

       
      "Sortir de la logique comptable, ce serait effectivement une véritable révolution, ou plutôt sortir de cette logique comptable là et en adopter une autre qui consiste ..."

       

      Il est évident qu’on ne peut pas s’abstraire de tout calcul concernant le financement, je dis juste qu’il faut d’abord raisonner et seulement ensuite compter.


  • anny paule 5 décembre 2007 22:53

    Article intéressant, certes, mais qui pose le problème en termes parfois convenus : si la question de la rentabilité au travail des quinquas ne se posait pas jusqu’ici, c’est que leur expérience et leurs compétences (bien que je n’aime pas ce terme) se posait différemment.

    Pendant longtemps, le savoir-faire a été transmis par les anciens, qui devenaient "tuteurs" des nouveaux dans les entreprises (tuteurs, donc formateurs, et non rémunérés comme tels). Il est sûr que l’accélération du monde moderne et l’informatisation dans bien des domaines ont un peu flétri cette image traditionnelle. Par contre, est-ce à ces "quinquas" de prendre de plein fouet les "manques" de leur formation ? Doit-on les "jeter" pour autant ? Surtout, si, dans le même temps, on leur demande de travailler plus longtemps ?

    Les mêmes "quinquas" ou plutôt "sexas", ont permis, durant trois ou quatre décennies, de financer par leur travail, les retraites par répartition de bien des professions qui n’avaient pas, ou que peu cotisé : monde agricole, commerçants, professions libérales, notamment. Ceci faisait partie du "contrat social", de la "solidarité intergénérationnelle". Ainsi, c’est à ceux qui ont aidé à "payer" pour les autres qu’on demande aujourd’hui le plus fort tribut... pourquoi ? pour alimenter des systèmes par capitalisation dont nul n’est certain que les "bénéficiaires" soient payés un jour !

    La logique comptable qui fait aujourd’hui la loi ne prend pas en compte l’humain... mais, c’est dans l’air du temps ! Nous sommes si peu de choses au regard du Capital ! 


  • Christophe Christophe 6 décembre 2007 00:28

    @Péripate,

     

    Je vous joins ce lien qui me semble instructif concernant vos premiers paragraphes.

     

    Pour la formation, je suis d’accord que c’est un élément essentiel. Je rejoins d’ailleurs Ploum sur le fait qu’il faut qu’elle soit prévue tout au long d’une carrière professionnelle. Le seul problème posé étant bien entendu qu’il faille aussi l’acceptation des chefs d’entreprises et du gouvernement.

     

    Pour ce qui concerne les structures de formation continue, elles existent en France ; il faudrait certainement les redimensionner. De par ma propre expérience, cela fait 20 ans que je pratique cette formation continue ; quand on aime apprendre, on ne compte pas ! smiley Par contre, ce n’est pas toujours bien perçu par les employeurs ; surtout lorsque nous demandons un Congé Individuel de Formation (CIF). Pour ce qui concerne les accords applicables, un premier pas a été fait avec le DIF (Droit Individuel à la Formation), mais il est évident que c’est insuffisant.


  • Le péripate Le péripate 6 décembre 2007 08:43

    @Anny Paule

    Jugez-vous les termes de l’article convenus (soumis à une norme) parce que je laisse transparaître mon opposition aux "réformes" en cours, ou, au contraire, parce que je n’appelle pas à une opposition frontale en préconisant par exemple une augmentation des cotisations ?

    C’est vrai que j’aurai pu formuler autrement, appeller pour un "Plan Marshal" en faveur de la formation continue ! Mais plus simplement, le coeur de ce texte est dans ce paradoxe que je soulève, paradoxe entre une volonté affichée d’augmenter la durée de cotisations et les difficultés d’emploi des quinquas. Si ce message passe, la réflexion sur le régime des retraites ne peut qu’en sortir transformée.

    @ Christophe

    Merci pour ce lien extrêmement intéressant. Il en ressort, à mon avis, qu’une forme de capitalisation garantie par l’État pourrai permettre de passer le cap du papy-boom, réforme engagée par Jospin, mais avec une gestion insuffisamment dégagée de l’État, ce qui a permis au gouvernement Raffarin de revenir dessus.. A creuser.

    J’ai utilisé plus haut le terme de plan Marshall pour l’enseignement tout au long de la vie. malgré la méfiance que j’ai pour les slogans, c’est peut-être un mot d’ordre mobilisateur.

    @Tous.

    Merci pour vos contributions constructives.

     


  • ddacoudre ddacoudre 6 décembre 2007 13:39

    bonjour péripate.

    court mais excellent.

    je te copies un extrait de mon essai sur le sujet de l’éducation pour adulte, "rémunérer les hommes pour apprendre".

    3 - Ainsi, un jour, j’eus une idée née d’une problématique pas si simple, entre utopie et idéologie.

     

    Ainsi un jour...

     

    En 1975, à la tribune d’un congrès fédéral à Lyon, j’eus l’idée de réclamer dans les années à venir une réduction du temps de travail hebdomadaire, et de porter la semaine à 35 h. Le temps ainsi dégagé devait être utilisé, pour une moitié au gré des salariés, pour l’autre à s’éduquer. J’avais observé que l’accès au savoir, (ensemble des connaissances acquises par l’étude), permettant de comprendre, de maîtriser les rouages de l’activité socio-économique, échappait, à leur détriment à la majorité des salariés.

    Il m’a été donné à de nombreuses reprises, durant l’exercice de mes mandats syndicaux, d’en vérifier l’exactitude. Je dus approfondir plusieurs sujets, lois, droit, économie, sociologie, relations humaines, politique et autres, et je me heurtais inévitablement au mur incontournable du temps disponible.

     

    ...j’eus une idée...

     

    En 1978, je retenais comme fait marquant de la dégradation de l’économie la situation de l’emploie qui englobait, d’une part les difficultés rencontrées par les chômeurs pour changer d’emploi, et d’autre part l’allongement de la durée du chômage.

    C’est dans ces années que je réfléchissais à une source de richesse perpétuelle pour que chacun puisse s’assurer un revenu.

    Je préconisais donc de faire du développement de l’intelligence humaine une source de revenu direct, sans l’obligation de transiter par la production d’un bien monnayable

     

    ... née d’une problématique...

     

    En 1982 durant mon activité de militant, j’en retirais la problématique suivante. Si dans le futur, grâce aux nouvelles technologies, dix millions de personnes suffisent au fonctionnement de l’économie, et que l’espérance de vie s’allonge, qu’elle sera la source de revenu des citoyens ?

    Cette idée de développement de richesse intellectuelle, source de revenu individuel direct, me revint à l’esprit.

    J’imaginais alors, qu’elle ne devait plus seulement concerner que les seuls chômeurs, mais elle devait s’étendre obligatoirement à l’ensemble de la population adulte, active ou non, et cela jusqu’à l’âge de la retraite.

     

    ...pas si simple...

     

    Les années suivantes, je répétais, que dans une société riche, posséder le savoir et les moyens de communication étaient des atouts vitaux. (Par moyen de communication, je ne songe pas à la manipulation et à la désinformation qui se camoufle sous ce concept de communication mis au service de la duperie).

    En effet, je considérais comme une aberration de ne pas structurer l’accession à la richesse intellectuelle pour chacun tout le long de l’existence, tout en réalisant, en plus, l’objectif de n’avoir aucun citoyen dépourvu de ressources.

    Cependant nous verrons que ce n’est pas aussi simple. Bien que disposant de la quasi-totalité du savoir disponible, il ne peut se contenir dans un cerveau, aujourd’hui, comme hier.

    En conséquence, un choix qualitatif s’imposera sur plusieurs générations, tout en définissant des priorités.

     

    Pour ce faire, la montée en puissance durera des années pour ne pas déstructurer l’économie.

    Quel temps y consacrer ?

    Quel type d’enseignement ?

    Qui le dispensera ?

    Quelles seront les conséquences sur la vie au quotidien des actifs ou non actifs ?

    Quelles incidences sur l’appareil productif ?

    Quel financement ?

    Quels impacts sur la production de richesse ?

    Autant de domaine qu’il va falloir explorer.

    Quelles motivations incitatrices doivent être développées ? L’argent, l’idéal futuriste, la réflexion rationnelle, la contrainte partielle ou totale. Autant de réflexion à méditer.

    En revanche, que doit-on craindre ?

    Les effets, d’agrégations ? 

    Les déviations idéologiques ?

    Que pouvons-nous espérer grâce aux technologies de la communication ? Quels rêves pouvons-nous nourrir grâce à la génétique ou la neurologie ?

    Ne pas oublier l’essentiel, clora cet essai.

    D’autre part, ces questions ne doivent pas nous faire oublier que les hommes et les femmes réagissent avec leurs symboles, leurs idéaux, leurs philosophies, leur mysticisme, leurs valeurs, leurs classes sociales, leurs pouvoirs établis, leurs rêves, et le tout imbriqué dans le « mensonge culturel[1] » comme huilage de la sociabilité.

     

    ... entre utopie et idéologie.

     

    Dans mon développement je m’efforcerai d’éviter toute approche idéologique, sachant par avance que cela sera inconscient. D’une part, parce que je ne peux pas faire abstraction de mon vécu, et que je formulerais bien évidemment des critiques. D’autre part parce que vouloir que chacun dispose de ressources peut paraître un idéal utopiste, et en conséquence mon développement peut n’être qu’un déploiement idéologique. Ce en quoi, je paraphraserai Bergson « On ne lui avait pas dit que c’était impossible il la fait ».[2]


    [1] Note de l’auteur. Je fais allusion aux mensonges quotidiens que nous faisons aux autres et à nous même, soit pour nous protéger ou éliminer les sources de conflit, dont nous faisons l’apprentissage dès l’enfance en fonction des différentes cultures lors de l’analyse des événements.

    [2] Note de l’auteur. Je n’ai pas trouvé la source de cette citation attribuée à bergson.

    [1]Tout irait mieux dans ce monde disait May, si l’on donnait à chaque étudiant débutant une calculatrice de poche, et si on l’encourageait à jouer avec l’équation logistique. Ce calcul qui l’expose dans l’article de Nature (qui est considéré comme son article messianique paru dans Nature en 1976) aiderait à se défaire des préjugés acquis, lors d’études scientifiques standard, sur les possibilités de la nature. Cela transformerait les conceptions des gens sur bien des sujets, depuis la théorie des cycles économiques jusqu’à la propagation des rumeurs. Il faut enseigner le Chaos, affirmait-il. « Il était temps de reconnaître que la formation scientifique standard faussait les jugements. Quelle que soit la perfection atteinte par la mathématique linéaire, avec ses transformées de Fourier, ses fonctions orthogonales, ses techniques de régression, elle abusait inévitablement les scientifiques sur leur monde terriblement non linéaire. » « L’intuition mathématique que l’on développe prépare mal l’étudiant à affronter le comportement étrange présenté par le plus simple des systèmes discrets non linéaires. » « Tout irait pour le mieux, non seulement en recherche mais aussi dans le monde quotidien de la politique et de l’économie, si d’avantages de gens prenaient conscience du fait que les systèmes non linéaires élémentaires ne possèdent pas des propriétés dynamiques simples. » Gleick. La Théorie du Chaos.  Editeur Flammarion. 1991. P 110.


  • Le péripate Le péripate 6 décembre 2007 14:00

    Prolifique DDacoudre....

    Je pense parfois à ces sociétés de l’abondance décrites par les ethnologues, sociétés où le travail n’existe pas, avec seulement une fraction réduite du temps disponible consacrée à la chasse ou la cueillette, et où l’espérance de vie, passée la prime enfance, est fort longue. Les activités culturelles y tiennent quasiment toute la place. Serions-nous condamnés à tenter de retrouver un âge d’or ?


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