lundi 9 novembre 2015 - par Saltz

Elections régionales : les transports

Les élections régionales désintéressent les électeurs et ils ont tort.

Plutôt que de râler contre les embouteillages et les difficultés liées à la circulation, ils feraient mieux de titiller les candidats.

Les transports et les infrastructures sont à la charge des régions, et dépendent donc de la volonté des décideurs que nous élisons.

Les embouteillages, que les Canadiens ont la bonne idée d'appeler congestions, ont de nombreuses conséquences économiques, sociales, sanitaires et écologiques.

Le temps passé dans les embouteillages est majoritairement considéré comme perdu, n'étant utilisé ni pour le travail ni pour les loisirs. Cette perte a un coût économique très important.

À Paris, le boulevard périphérique de 35 km avec 3 voies sur chaque direction et une voiture tous les dix mètres sur chaque voie représente donc en gros 21 000 véhicules immobilisés qui représenteraient un capital d'environ 21 millions d'euros.

Si un million de Franciliens perdent une heure par jour en transports, cela représente un million d'heures par jour, soit l'équivalent de 57 vies humaines "perdues" par an.

Selon un calcul fait vers 2010, « L’État Français perdrait 2,5 milliards d’euros à cause des bouchons franciliens chaque année.

Autre conséquence, les retards de livraison peuvent être dramatiques pour les entreprises, notamment celle qui utilisent le principe du Juste-à-temps (flux tendu).

En plus de réduire la vitesse de circulation, un embouteillage est une source importante de pollution atmosphérique, due à une consommation supplémentaire de carburant et à un moindre mélange des couches d'air. Il a un impact sur les coûts sanitaires, et, à moyen et long termes, un impact climatique via les émissions de gaz à effet de serre.

A ce que dit Wikipedia, il faut ajouter la conclusion de INRIX®, fournisseur international majeur d’info-trafic et d’aide à la conduite, et le cabinet d’études britannique Centre of Economics and Business (Cebr) qui ont publié les résultats d’une étude sur le coût des embouteillages en France. Les embouteillages coûteraient plus de 5,6 milliards d’euros à la France, soit 623 euros pour chaque foyer se déplaçant en voiture. Ce coût global est le résultat de l’addition des coûts directs (en carburant et en temps perdu) et indirect (répercussion sur les prix des biens et services vendus par les entreprises). http://www.sixtblog.fr/news/les-embouteillages-coutent-56-milliards-deuros-a-la-france-par-an/

623 euros pour chaque foyer se déplaçant en voiture ! C'est à dire plus de la moitié du Smic.

Les déplacements sont souvent subis : on ne choisit pas son lieu de travail, on l'accepte parfois à contre-coeur vu la rareté du travail. On ne choisit pas toujours son domicile en fonction de son travail. Les prix de l'immobilier sont déterminants.

Alors que font les décideurs politiques ?

Ils plantent des panneaux de limitation à 30 km/h.

Ils installent des ralentisseurs dans les rues, qui n'ont à ma connaissance jamais empêché personne de mourir, mais qui ont dû provoquer quelques naissances prématurées.

Ils détestent la voiture qui est indispensable pour ceux qui n'ont pas les moyens d'habiter au centre des métropoles.

Ils écoutent les électeurs retraités qu'ils croisent au marché la veille des élections et qui se rendent le soir à leur réunion de concertation.

Ceux qui travaillent vont dans les centres commerciaux et n'ont pas le temps d'aller aux réunions.

Ca tombe bien, les retraités votent davantage que les plus jeunes.

Les politiques peuvent continuer à chouchouter les retraités et à pénaliser ceux qui travaillent.

Lundi 2 novembre, le service d'études et de statistiques du ministère du Travail, autrement dit la Darès, a publié un rapport sur les déplacements http://travail-emploi.gouv.fr/etudes-recherches-statistiques-de,76/etudes-et-recherches,77/publications-dares,98/dares-analyses-dares-indicateurs,102/2015-081-les-temps-de-deplacement,19051.html avec de données "Darès Analyses" à télécharger : http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/Dares_Analyses_081_-_Donnees_a_telecharger-2.xls

En voici le résumé.

L’aller-retour entre le domicile et le lieu de travail prend, en moyenne, 50 minutes chaque jour. Cette moyenne cache des différences importantes entre la région parisienne et les autres zones géographiques.

Selon l’organisation de la semaine de travail, les temps de déplacement varient également : dans les semaines où les durées journalières travaillées sont les plus faibles (semaine de demi-journées et semaine aux journées courtes ou variées), les temps de trajet sont moindres.

29 % des actifs en emploi effectuent plus d’un aller-retour quotidien entre leur domicile et leur travail, le plus souvent pour le déjeuner.

Ces déplacements sont plus fréquents pour les actifs qui connaissent une coupure importante entre deux moments travaillés dans la journée.

Pour se déplacer de leur domicile à leur lieu de travail, 74 % des actifs en emploi utilisent une voiture et 11 % empruntent les transports en commun. L’usage de la voiture apparaît plus répandu dans les semaines aux journées dont les horaires sont décalés par rapport aux horaires standard, en particulier le matin.

 

Post-scriptum

Il faut rappeler que :

Suite à la loi du 13 août 2004, la région apparaît comme la collectivité bénéficiant des transferts les plus importants. ...

gestion des transports régionaux de voyageurs, notamment ferroviaires (réseau des trains express régionaux, TER), et participation au financement des infrastructures, comme la construction de nouvelles lignes de TGV.

Cf http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/collectivites-territoriales/competences-collectivites-territoriales/quelles-sont-competences-exercees-par-regions.html



12 réactions


  • Clark Kent M de Sourcessure 9 novembre 2015 09:57

    Qu’il s’agisse des transports ou des autres compétences des régions, les candidats ne s’xpriment pas et les électeurs auraient bien du mal à les titiller.


    Peu d’électeurs, d’ailleurs et sans doute peu de candidats, connaissent le rôle des administrations décentralisées, et ce sont souvent les fonctionnaires des administrations déconcentrées qui assument les responsabilités et surtout le travail. Le rôle des élus est déterminant pour les choix budgétaires (rail ou route, aéroport ou pas ?) et les subventions qui en découlent. Mais ils n’annoncent pas leurs choix, leurs intentions de vote et ne sont pas tenus d’en rendre compte. Alors, les électeurs, ils passent leur temps à autre chose qu’à titiller des gros bébés gavés de blédine deuxième âge. Les conseillers régionaux ne sont ni plus utiles ni plus compétents que Rachida Dati ne l’est au parlement européen. Ils jouent avec leurs portables et émargent pour les indemnités.

    Le fond du problème est que ces élections régionales ne sont considérées par les états-majors politiques qu comme un observatoire du paysage politique national et un instrument de mesure de l’intensité de la raclée que le PS va prendre !


    • Saltz Saltz 9 novembre 2015 10:08

       :@M de Sourcessure

      Tout en étant d’accord avec votre analyse, j’insiste sur le fait suivant :

      si les électeurs posent le problème aux candidats, cela finira par faire bouger les choses.

      L’autre dimanche, sur un marché de la banlieue parisienne, j’ai évoqué les problèmes des transports. Les partisans du candidat m’ont répondu que c’était le STIF qui décidait.

      STIF : le Syndicat des transports d’Île-de-France.

      Voilà déjà des candidats pour lesquels je ne voterai pas.


    • Martha 9 novembre 2015 11:00

      @M de Sourcessure

       Ces élections régionales vont être très peu médiatisées sur les grandes chaines, au prétexte qu’il s’agit d’intérêts régionaux et que cela ne concerne de ce fait que les télé et les radios locales.
       Un bon moyen de rendre inaudible le fond du débat, comme tout ce qui touche maintenant à la politique européenne : elle doit paraître obscure et compliquée pour que la majorité des citoyens s’en désintéressent.
       Qu’il y ai une fois de plus une vague d’abstention ne dérange absolument pas les pouvoirs publics, bien au contraire. Ils arriveront à nous faire croire que ces élections ne servent à rien et n’ont plus aucun sens : on sera retourné à l’époque de Charlemagne, figure souvent prise comme exemple par les « européistes ».

       Je vous propose un regard pertinent sur cet évènement et sa préparation : cliquez sur upr.fr. Le premier débat télévisé organisé, en vu de ces élections, le huit novembre 2015, par France 3 Bourgogne, y est retransmis en entier.
       Ce site retransmettra la totalité de ces débats, qui, me semble-t-il, sont du plus haut intérêt.


    • Michel DROUET Michel DROUET 9 novembre 2015 11:09

      @M de Sourcessure
      Bonjour
      D’accord avec votre propos, sauf en ce qui concerne le rôle des fonctionnaires des collectivités décentralisées (Conseils généraux et Régionaux) qui font eux mêmes le travail relevant des compétences décentralisées.
      Les fonctionnaires déconcentrés, donc de l’Etat, sont de moins en moins nombreux sur le terrain. Ils jouent éventuellement un rôle de conseil, mais c’est marginal, de contrôle de légalité ou de contrôle financier.
      Pour le reste, le débat « régional » est d’abord un test politique, parce que les partis et les médias le veulent ainsi, donc pas de place pour le débat démocratique et l’exposé des projets, quasi inexistants, par ailleurs.


  • flourens flourens 9 novembre 2015 10:04

    suivant la logique libérale, j’ai la solution
    vous n’êtes pas sans savoir que pour lutter contre le chômage, il faut supprimer le code du travail, tout le monde sait cela, ça ne prête à aucune discussion, plus de code, plus de chômage
    et bien il faut faire pareil pour la circulation, plus de code de la route, plus de bouchons CQFD


  • Michel DROUET Michel DROUET 9 novembre 2015 11:00

    Bonjour
    Précisions : la Loi NOTRe de 2015 a modifié les compétences des conseils départementaux et régionaux.
    On peut se féliciter que l’ensemble des transports (ferroviaires et routiers) relèveront désormais (en 2017) de la responsabilité de la Région, alors que les transports interurbains et scolaires relevaient du Conseil départemental jusqu’à présent.
    Mais, et c’est là l’incohérence les parlementaires ont laissé aux conseils départementaux la responsabilité des infrastructures routières.
    Au final, donc, et uniquement pour conserver des Conseils Départementaux croupions, parce que les élus et partis politiques voulaient garder 4000 mandats locaux, on a fait une répartition des compétences qui préserve cette collectivité au détriment de l’efficacité et de la cohérence.
    S’agissant du cas particulier des déplacements automobiles, je vous indique le lien d’un de mes derniers articles.
    http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/la-france-en-faillite-173793


    • Saltz Saltz 9 novembre 2015 11:21

      @Michel DROUET

      « l’incohérence des parlementaire »

      Incohérences si on considère le bien de l’Etat,
      mais, comme vous le dites, c’est parfaitement cohérent si on considère qu’ils placent leurs intérêts personnels avant l’intérêt de la nation.


    • Clark Kent M de Sourcessure 9 novembre 2015 11:54

      @Michel DROUET

      il parait que les conseil régional de nord-pas-de-calais a été impressionné par la sécurité routière en grande-bretagne, de l’autre côté de l’eau.

      les élus ont donc décidé de faire une expérience limitée de circulation à gauche

      dans un premier temps, cette mesure s’appliquera seulement aux poids lourds

      si l’expérience est concluante, elle s’appliquera aussi aux motos

    • Michel DROUET Michel DROUET 9 novembre 2015 13:41

      @M de Sourcessure
      Bel humour !


  • AlbertGam AlbertGam 9 novembre 2015 12:36

    « Les embouteillages coûteraient plus de 5,6 milliards d’euros à la France, soit 623 euros pour chaque foyer se déplaçant en voiture. [...] 623 euros pour chaque foyer se déplaçant en voiture ! C’est à dire plus de la moitié du Smic. »
    .
    Euh... non.
    - 5,6 milliards d’euros par an ! Soit 623 euros pour chaque foyer par an !
    - La moitié du SMIC c’est 623 euros par mois !
    .
    Vous vous trompez dans un rapport de 1 à 12 ! C’est grotesque.
    .
    Toutes choses étant égales par ailleurs, votre argument de la comparaison par rapport au SMIC est donc fallacieux.
    .
    Pour le reste... vous vous trompez aussi sur ce que vous considérez comme un aveuglement des populations concernant le rôle des politiciens régionaux dans les transports. Il ne faut pas croire que les français soient si cons que cela. La majorité des français le savent parfaitement, et les journaux ne manquent d’ailleurs pas d’alimenter leurs pages à rappeler à quoi servent les élus régionaux. Le problème n’est pas là, le problème est que quel que soit le parti pour lequel ils voteront pour gérer leur région, la majorité des français ont la conviction (et ils n’ont certainement pas tout à fait tort) qu’en matière de transports cela ne changera pas grand chose puisque les marchés seront les mêmes et avec plus ou moins la même politique quel que soit le parti une fois élu. C’est d’ailleurs le motif majeur du nombre d’abstentions aux régionales.


    • Saltz Saltz 9 novembre 2015 12:52

      @AlbertGam

      soit 623 euros pour chaque foyer se déplaçant en voiture.
      C’est à dire plus de la moitié d’un mois de Smic. »
      La formule était lapidaire et je pensais qu’elle était suffisamment claire.

      Pour le rôle des responsables politiques régionaux dans les transports, je suis persuadé que les électeurs n’en sont pas suffisamment informés.

      « avec plus ou moins la même politique quel que soit le parti une fois élu »
      Je suis en total désaccord avec vous.
      Le choix des modes de transport est d’abord une priorité donnée au tram, ou au train, ou à la route, etc.
      D’autre part, la politique d’urbanisation est déterminante sur les déplacements.
      Si les décideurs choisissent d’installer les zones de travail à l’ouest et les zones résidentielles à l’est, cela impliquera des déplacement est-ouest le matin et ouest-est le soir.
      S’ils décident une mixité « zone de travail - zone de résidence », les déplacements seront moindres.


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