Emmanuel Macron doit-il parler à Eric Drouet ?
BFMTV pourrait organiser en soirée un face à face entre le président de la République et Eric Drouet dans le cadre de l'émission de Ruth Elkrief. Sinon, pourquoi pas sur TF1 ou sur C8 avec Cyril Hanouna. Voilà qui aurait de la gueule et ferait exploser l'audimat de la chaîne qui aurait décroché la timbale.
En fait, à lire la "Lettre ouverte au président de la République" publiée sur le site de "La France en colère", il suffirait d'une rencontre avec le chef de l'Etat pour "donner une issue positive à ce qui se passe en ce moment...". C'est aller un peu vite en besogne, Drouet l'admet lui-même, "il n'y a pas de leader" chez les GJ et personne n'a l'autorité nécessaire pour arrêter ce mouvement d'humeur d'une "tranche non négligeable du peuple français", même s'il le voulait. Vouloir stopper la marée jaune, c'est aussi sans compter sur les oppositions politiques et syndicales qui poussent à la roue et ne veulent surtout pas que cessent les manifestations. Surtout, que comme le déclare Olivier Besancenot "C'est la première fois depuis mai 68 qu'on a un mouvement qui gagne quelque chose". Ah 68 ! les accords de Grenelle, avec une augmentation de 35 % du SMIG et 10% pour les autres salaires, une véritable bouffée d'air frais sur la pouvoir d'achat des travailleurs de l'époque.
Pourtant, il existe un homme qui sait comment arrêter une grève, Philippe Martinez, le patron de la CGT. Mais avant de la terminer il faut la commencer le 5 février avec une "grève partout", autrement dit la grève générale. Martinez, c'est le retour de l'homme invisible disparu des écrans télé depuis plusieurs semaines, qui revient en apôtre inépuisable de la convergence des luttes. Besancenot se joint à cet appel du Secrétaire général de la CGT car...
"La grève générale, ça me parait une bonne idée. (...) On ne va pas arrêter le gouvernement avec des menaces ou des sourires, mais en lui faisant peur", a fait valoir l'ancien porte-parole du NPA. "A un moment donné, il faut être plus nombreux. (...) Il faut arrêter de regarder depuis le côté du chemin ce mouvement (des gilets jaunes, ndlr). Maintenant il faut en être une bonne fois pour toute".
Un vrai bosseur ce Besancenot avec un véritable "sens de l'effort", et il y a du boulot avec tous ces ronds-points à visiter sur le territoire. Surtout qu'il n'est pas le seul récupérateur et la concurrence est rude.
Et si Macron décidait finalement de parler à Eric Drouet
Qui dirait-on de lui et quelle hypothèse vous semble la plus crédible, réfléchissez un peu...
Première option, que le président fait une lamentable tentative de récupération.
Deuxième possibilité, parler à Drouet prouve que c'est la panique à bord à l'Elysée et au gouvernement.
Ou encore, qu'il abaisse la fonction présidentielle, voire au contraire qu'il a enfin renoncé à son attitude méprisante envers le peuple. En fait, à chacun d'imaginer sa version dans le cas d'une improbable rencontre.
Maintenant, Emmanuel Macron pourrait choisir de rencontrer toutes les figures porte-paroles du mouvement en Gilets jaunes, sur le modèle du Grand débat avec les maires. Chaque influenceur pourrait exprimer ses idées au président qui serait à l'écoute. La réunion se tiendrait au château de Versailles comme avec les 150 patrons et se terminerait par une standing ovation des GJ. Oui, enfin il ne faudrait pas que Macron compte trop là-dessus quand même, le plus plausible serait que s'installe un dialogue de sourd et qu'à l'arrivée tout le monde campe sur ses positions.
L'impasse !
Avec d'un côté un mouvement protéiforme qui ne veut céder sur aucune de ses exigences et de l'autre un président qui veut garder son cap et ne peut rien proposer de mieux qu'un débat trop encadré selon les GJ. C'est à se demander si la stratégie du pourrissement est encore efficace avec un mouvement qui pourrait très bien se mettre en veille, dans le cas d'un hiver très froid par exemple, pour resurgir au premier signal d'un Eric Drouet ou d'autres initiateurs des Gilets jaunes.