Florian Philippot, le choix entre le couscous ou le pinard ?
Il fallait s'y attendre. Florian Philippot, l'intellectuel patriote, national-républicain et modéré faisait mauvais genre au Front National. Comme tant d'autres avant lui, qui ont pris ce parti au sérieux, il a fini par comprendre et par circuler, car il n'y avait plus rien à voir ni à espérer.
Comme un Mégret, un Carl Lang et compagnie, il n'avait rien à faire dans cette baudruche électoraliste dont l'unique objectif est de fédérer tous les mécontents pour constituer une force électorale et se faire élire à des postes de rentiers. La nuance avec les pré-nommés, c'est que Philippot est beaucoup plus sympathique. Il touche tous les milieux sociaux, défend les services publics, parle du collectif et se revendique du général De Gaulle, dans un milieu où on vénère plus volontiers les maréchaux.
Grâce à lui, des étudiants, des profs, des postiers, des infirmières, des gens cultivés ont retrouvé goût au patriotisme, au souverainisme et à la nation, sacrifiée sur l'autel de l'ultra-libéralisme qui "nique la France" pour mieux assurer les rentes des banquiers. Fait inédit, le FN a dépassé la barre des 30% au second tour de la présidentielle, du jamais vu.
Il est vrai que, dans un pays où la gauche ouvrière a disparu, où la droite républicaine n'est plus qu'un club d'agents immobiliers, où la gauche officielle ne fédère plus que les bobos libéraux tendance LGBT, le nationalisme ne pouvait que reprendre des couleurs. Ce fameux "boulevard" évoqué par Onfray et Michéa...
Donc Philippot s'en est allé, emmenant avec lui sans doute la moitié de l'électorat frontiste, qui rejoindra le corps du premier parti de France, celui des abstentionnistes. A moins que Dupont-Aignan ne rassemble une partie de ces électeurs, avec un Asselineau et ses jeunes militants, pour constituer un combo qui péserait entre 5 et 10% aux élections. A voir.
Le FN revient donc trente ans en arrière. A l'époque où le parti était le refuge des beaufs, des bras cassés, des brutes et des alcooliques, dont Jean-Marie était l'emblématique leader pour vendre du "tout va mal", sans perspective d'avenir, à une clientèle de grandes bouches dépressives. Une époque où le Fn préférait le pinard au couscous, consommé par tous les français aujourd'hui. On ne comprend pas en quoi manger de la semoule ferait mauvais genre ? De même, peut-on reprocher aux jeunes de manger dans les kebabs aux sandwichs à cinq euros quand les restaurants de ville ne proposent rien à moins de quinze euros ? Ce n'est pas le contenu, mais la formule restauration rapide et bouffe en quantité qui attire le client.
De même, les jeunes ont voté FN pour le discours social et moderne de Philippot, pas pour les âneries passéistes de la vieille garde du parti, focalisée sur l'immigration et l'insécurité, et incapable de discuter des questions sociétales (de l'école, des services publics, de l'insertion des jeunes...). D'ailleurs Papy Le Pen était "contre" les fonctionnaires (!) donc contre l'état, ultra-libéral pour ne pas partager l'héritage des ciments Lambert et sécuritaires pour la protection de son château de Saint-Cloud. Qu'a-t-il fait pour le petit peuple ? Rien, et pire : il a ridiculisé Nation et souverainisme, par ses propos débiles sur la deuxième guerre mondiale.
Ce Fn anti-social de ceux qui ne veulent rien partager avec le voisin, islamophobe pour râtisser des ruraux qui craignent de perdre le droit de consommer leur carburant (le pinard) si un musulman devient un jour président (humour !), anti-tout sans rien proposer de concret, ne justifie même plus les subventions publiques qui l'alimentent.
Florian Philippot a donc choisi le couscous du XXIème siècle au pinard des arriérés du siècle dernier. Il a compris que l'avenir passe par le rassemblement des citoyens autour de la nation, du retour à notre indépendance monétaire et politique, par l'intégration de ceux qui aiment notre pays. Trop érudit, trop sensé pour l'extrême-droite franchouillarde, il s'en est allé. Souhaitons-lui de rejoindre le giron républicain pour de bon, et de poursuivre son aventure politique avec les jeunes et les autres. Après tout, un bon couscous entre gens de bonne compagnie c'est plus agréable qu'un pot entre poivrots au bar du commerce géré par le beauf de Cabu. Les uns restent sobres et lucides, les autres non. L'avenir appartient davantage aux premiers, en toute logique...