Jean Diot et Bruno Lenoir : les derniers martyrs oubliés de l’homophobie d’État en France
L'histoire de l'homosexualité en France est marquée par des épisodes tragiques et des injustices criantes. Parmi les cas les plus emblématiques, l'affaire de Jean Diot et Bruno Lenoir se distingue par la brutalité de son dénouement. En 1750, sous le règne de Louis XV, ces deux hommes furent condamnés à mort pour avoir osé vivre leur amour dans une société qui ne tolérait pas l'homosexualité. Leur procès et leur exécution sur le bûcher illustrent non seulement la cruauté des lois de l'époque, mais aussi la persécution systématique des personnes homosexuelles . En parallèle, il est crucial de rappeler que, même au XXIe siècle, des pays continuent à appliquer la peine capitale pour homosexualité.
Les faits de l’affaire Diot et Lenoir
Jean Diot et Bruno Lenoir, deux jeunes hommes appartenant à la classe populaire parisienne, ont été arrêtés par Julien Dauguisy, sergent du guet royal, le 4 janvier 1750 dans la rue Montorgueil, en pleine nuit, pour avoir eu des relations sexuelles entre eux, un acte considéré comme un crime grave à l’époque. Le procès-verbal de leur arrestation, conservé aux Archives nationales, nous donne plus d’informations sur les faits reprochés aux deux jeunes amants : « Julien Dauguisy, sergent du guet [...] lequel a dit que passant rue Montorgueil entre la rue St Sauveur et la rue Beaurepaire, il a vu deux particuliers en posture indécente et d’une manière répréhensible, l’un desquels lui a paru ivre. Il les a arrêtés tant sur ce qui lui a paru de leur indécence que sur la déclaration que lui a faite un particulier passant, qui a dit les avoir vu commettre des crimes que la bienséance ne permet point d’exprimer par écrit. »
Après de nombreux mois passés dans les geôles humides et terrifiantes de la prison de la Conciergerie, leur procès s’ouvre enfin. Cette parodie de justice, au caractère expéditif, a été particulièrement marquée par une atmosphère de peur et de réprobation sociale, où les témoignages étaient toujours basés sur des rumeurs et des préjugés.
Les autorités, désireuses de maintenir l’ordre moral, ont utilisé cette affaire, largement médiatisée, pour faire un exemple. Le 27 mai 1750, les deux jeunes hommes furent condamnés à la peine capitale qui était alors prévue pour les crimes de sodomie : la mort sur le bûcher, avant d’être préalablement étranglés.
Le 5 juin 1750, la sentence est confirmée en appel par le Parlement de Paris : « Vu par la Cour : le procès criminel fait par le Prévôt de Paris ou son lieutenant-criminel au Châtelet à la requête du substitut du procureur général du Roi, demandeur et accusateur, contre Bruno Lenoir garçon cordonnier et Jean Diot domestique, défendeurs et accusés, prisonniers en la Conciergerie du Palais, appelant de la sentence rendue sur le procès le 27 mai 1750 par laquelle ils auraient été déclarés dûment atteints et convaincus du crime de sodomie mentionné au procès ; pour réparation ils auraient été condamnés à être conduits dans un tombereau à la place de Grève, et là y être brûlés vifs avec leur procès, leurs cendres ensuite jetées au vent, leurs biens acquis et confisqués au Roi ou à qui il appartiendra, sur chacun d’eux préalablement pris la somme de 200 livres d’amende envers le Roi, au cas que confiscation n’ait pas lieu au profit de sa Majesté.
Ouïs et interrogés en la Cour Bruno Lenoir et Jean Diot sur leur cause d’appel et cas à eux imposés.
Tout considéré.
La Cour dit qu’il a été bien jugé par le lieutenant-criminel du Châtelet, mal et sans grief appelé par Bruno Lenoir et Jean Diot, et les amendera. Et pour faire mettre le présent arrêt à exécution renvoie Bruno Lenoir et Jean Diot prisonniers par devant le lieutenant-criminel du Châtelet.
Fait en Parlement le 5 juin 1750 »
L’exécution : un acte de cruauté, objet d’un voyeurisme macabre
L’exécution de la sentence de Jean Diot et Bruno Lenoir a eu lieu le 6 juillet 1750 à 17h00. Le bûcher, symbole de la punition ultime, a été érigé sur la place de Grève, attirant une foule nombreuse, animée par un voyeurisme macabre. Les badauds présents se délectaient de voir les deux corps des jeunes hommes être dévorés par les flammes, malgré l’odeur désagréable et la fumée incommodante, causée par la combustion du bois, qui se dégageaient..
Cet événement tragique est emblématique d’une époque où la vie des êtres humans était soumise à des normes rigides et à une moralité oppressive. La brutalité de leur exécution soulève des questions éthiques sur la justice et la dignité humaine. Comment une société peut-elle justifier une telle cruauté au nom de la loi ? La réponse réside dans une culture de l’intolérance qui, bien que totalement révolue en France, trouve encore des échos dans certaines parties du monde aujourd’hui.
La peine de mort pour homosexualité au XXIe siècle
Au XXIe siècle, plusieurs pays continuent d’appliquer la peine de mort pour homosexualité, sous des régimes où la loi islamique est en vigueur. Des pays comme l’Arabie Saoudite, l’Iran, et le Soudan, parmi tant d’autres, imposent des sanctions extrêmes pour les comportements jugés immoraux selon leurs interprétations de la charia. Ces lois, qui condamnent les relations entre personnes de même sexe, sont souvent justifiées par des arguments religieux, mais elles révèlent également une profonde intolérance envers la diversité sexuelle et les droits de l'homme en général.
La situation des homosexuels dans ces pays, musulmans où il n’ont aucun droit, est alarmante. Ils vivent dans la peur permanente de la persécution, de la violence et de la mort. Les témoignages de personnes ayant fui ces régimes obscurantistes témoignent des horreurs qu’ils ont subies.
Ce climat de peur et de répression rappelle tragiquement les souffrances endurées par Jean Diot et Bruno Lenoir au XVIIIe siècle, soulignant que, malgré les avancées considérables en matière de droits humains dans de nombreuses parties du monde, l’intolérance et la violence persistent, au nom d’une religion qui régit absolument tous les aspects de la vie de ses adeptes.