vendredi 15 janvier 2010 - par
Je ne parlerai pas ici du minuscule - au mieux 30 minutes sur les deux heures d’émission - débat Besson/Le Pen ; ma foi assez insignifiant puisqu’outre le fait que les positions de chacun étaient déjà largement identifiées, ledit débat n’a donné lieu à aucun coup d’éclat particulier mais plutôt au pourrissement politicien d’Eric Besson, qui était à l’honneur ce soir. Le fond ne mérite donc pas que l’on s’y arrête. Ceux qui s’épouvantaient à l’idée de ce débat entre le ministre de l’identité nationale et de l’immigration et la fille Le Pen ont pu être rassuré par le solide encadrement mis en place par madame Chabot. Car c’est bien la forme, le dispositif, qui retient l’attention, de par une grossièreté particulière. Et l’idée qui par lui est donnée de ce qu’on doit attendre d’une émission - qui se targue d’être un « grand débat » - en prime time sur une chaine de service public, financée par l’argent des contribuables. Ce dispositif, aussi classique qu’il soit, se voit ici consacré. La problématique à laquelle a été confronté Arlette Chabot, directrice de la rédaction de France 2, était de conjuguer les deux volontés contradictoires suivantes : 1) proposer une émission qui se veut de « grand débat » sur l’identité nationale à laquelle participerait Marine Le Pen ; 2) éviter en même temps une trop grande exposition de cette dernière pour ne pas offrir une tribune au FN. Difficile dilemme il est vrai, où dès le départ tout de même, se profile une certitude : la volonté irréductible de rogner sur la liberté d’expression de certains intervenants. De mettre des bâtons dans les roues, de saboter le libre jeu de la contradiction. C’est ici qu’il faut rappeler l’horrible mot de Saint Just, il sied si bien à tous ces terroriste de la pensée. L’archange de la Terreur disait : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! » En voilà un qui avait tout compris. On pourrait même réactualiser : « pas de liberté pour les ennemis de la bien-pensance ! ». Le dilemme donc, comment Chabot l’a-t-elle résolu ? Et bien très simplement, après un copieux « storytelling » (I), Chabot dialogua longuement avec Besson(II), et invita Marine Le Pen pour finir avec un mini débat d’une demi heure (III).
Pour finir, 30 minutes top chrono de débat Besson/Le Pen. Vous vous doutez bien que dans ce mini débat, peu de choses pouvaient être dites. Dans l’idéal, quelques grandes questions auraient dû être lancées dans cette émission : quels sont les pour et les contre de l’immigration ? Qu’elle direction prend la France dans la mondialisation ? Quelles sont les perspectives dans les années à venir ? Etc. Évidemment, entre politiciens, il n’était pas question d’un débat raisonné, argumenté mais de parasitisme politicien, allègrement employé par Besson, tandis que Chabot, maîtresse du temps, muselait tout débat. Bien joué. Débat auquel devait initialement se greffer le socialiste Vincent Peillon, qui ne s’y est pas trompé, en bon tartufe, il fit passer un communiqué pour signifier qu’il s’était fait "piéger" (par le fameux dispositif sûrement) et que donc il ne serait pas présent pour l’émission. On ne peut pas dire qu’il ait eu tort, trente minutes de débat à 3, vous sentez bien l’arnaque originelle. Pour autant, on ne saurait douter qu’il aurait été bien accueilli par dame Chabot. Au final, il est vrai qu’on ne pouvait raisonnablement pas attendre grand-chose de ce débat ; mais Arlette Chabot, au moyen d’un dispositif ad hoc particulièrement sécurisé, a malgré tout largement dépassé nos attentes !
L’arnaque !
Le 14 janvier 2010, France 2, par l’intermédiaire d’Arlette Chabot organisait une émission d’« A vous de juger » consacrée au « Grand débat » sur l’identité nationale dont le gouvernement fait la promotion depuis un certain temps déjà.
Etaient invités Eric Besson, Marine Le Pen et Vincent Peillon pour ce qui était annoncé comme LA grande émission sur le sujet.

I Un grand moment de politique spectacle
Première étape : faire la bio à Besson. L’identité nationale, c’est Eric Besson ! Son enfance au Maroc, son arrivée en France, son parcours politique, sa psychologie, tout fut passé en revue. Arlette Chabot n’hésita pas à poser quelques questions fondamentales pour l’avenir des français, à savoir si ça n’était pas trop dur pour lui d’avoir rater l’ENA, s’il tiendrait le coup au ministère jusqu’aux régionales etc. Vous l’aurez compris dès le départ, l’argent public était détourné vers la petite histoire à Besson. Deuxième étape : demander l’avis des people. Dans le même registre, qui est celui de la politique-people, bref de la politique dépolitisée. On n’y manqua pas, comment faire sans je vous le demande ? Sans demander leur avis à quelques people ? Comment Faire ? Leur avis n’est il pas particulièrement important ? N’ont-ils pas, en tant qu’artistes ! leur mot à dire sur la politique ? Aznavour, Boujenah et une dernière personne dont je ne me rappelle plus le nom étaient donc invité à nous dire combien ils étaient horrifiés par ce débat sur l’identité nationale. Ils sont marrant ces people, toujours prêt à nous imposer leur avis sur tout et n’importe quoi comme si, sans eux, sans éditorialistes, sans directrice de rédaction, sans TF1, sans France 2 le peuple ne pouvait pas penser par lui-même. Ce mineur.
II Museler le débat, où le grand débat Chabot-Besson
Arrive enfin le grand débat de la soirée, à savoir le gentil dialogue d’Arlette Chabot avec Eric Besson. Arlette Chabot, faisant la morale à tout va : « mais ne croyez-vous pas que certaines personnes se sont senties blessées » etc. Mais bon sang ! Peut-on me dire quelle est sa légitimité à venir monopoliser le débat et nous signifier ses avis ? Est-ce elle que les français veulent entendre ? Ici sur l’identité nationale, et ailleurs sur l’économie ou la politique étrangère ? Quelle est ta légitimité, Arlette ?
III Le mini débat Le Pen/Besson
