samedi 14 novembre 2009 - par Senatus populusque (Courouve)

L’homophobie vue par Daniel Borrillo

Critique du « Que sais-je ? » consacré à l’homophobie par les Presses Universitaires de France. 

L’HOMOPHOBIE, par Daniel Borrillo
Paris : PUF, novembre 2001. Coll. Que sais-je ?, n° 3563
2e édition mise à jour (1ère édition 2000)

 Le terme homophobie, que j’ai introduit dans la langue française de France en avril 1977 (1), a atteint en 2004 à la sur-notoriété et envahit le vocabulaire politique. L’homophobologue Daniel Borrillo le définit ainsi (2) : « hostilité (psychologique ou sociale) à l’égard des personnes désirant leur propre sexe » (page 26, 2e édition). Le point fort de cet opuscule est le survol, assez précis, de textes réprimant ou stigmatisant ce comportement minoritaire, depuis les textes « sacrés » des Hébreux jusqu’aux lois en vigueur dans plusieurs pays du Tiers-Monde (3). La répression des comportements des hommes homosexuels par les nazis (dite abusivement "holocauste gay") et la réprobation par l’Église catholique sont assez bien documentées.
 
 Quelques oublis importants sont cependant à déplorer, dont les injonctions d’hétérosexualité conjugale dans les Évangiles, le déplorable mais très influent article "Sodomie" dans l’Encyclopédie (1765), et la longue période "homophobe" du Parti Communiste Français (de Barbusse à Juquin) et de la gauche française.

 L’auteur s’enlise dans la distinction des homophobies clinique, anthropologique, libérale, bureaucratique-stalinienne (4), irrationnelle, cognitive, etc., donnant par cette accumulation l’impression (évidemment fausse) que pas une voix ne se serait élevée, dans la philosophie, l’histoire ou la littérature occidentale, pour approcher objectivement la question. Sigmund Freud et Jacques Lacan sont bien trop rapidement disqualifiés ; les références aux oeuvres de Freud, note 2 de la page 62 de la 1ère édition, sont très incomplètes. Indigente rhétorique de victime ... Il aurait été plus intéressant de distinguer l’homophobie positive, qui s’exprime, et le préjugé négatif, qui passe sous silence, par indifférence ou volonté de censure, l’existence de l’homosexualité ; préjugé négatif fort apparent, par exemple, dans le magazine de la santé de France 5, et précisément dans sa rubrique sexo.

 L’autonomie de l’hétérosexualité vis-à-vis de la procréation, déjà affirmée par les libertins, les philosophes (notamment le marquis de Sade et Frédéric Nietzsche, après les Grecs), puis par la psychanalyse, n’est presque pas évoquée ; c’est pourtant un argument plus qu’intéressant : l’avortement et la contraception s’écartent bien davantage de la nature que la masturbation ou l’homosexualité. Le concept de liberté est écartée d’un revers de plume sous prétexte qu’au contraire des droits .., il n’aurait pas de contrepartie (page 72 de la 2e édition, à laquelle se réfèrent les références ultérieures) ; il est inattendu qu’un enseignant en droit exhibe ainsi son oubli de la notion de responsabilité, et de l’art. 1382 du Code civil ! Mais on a vu depuis que Daniel Borrillo méconnaissait aussi l’article 75 du même Code, puique’il a prétendu que ce Code civil était muet sur l’aspect hétérosexuel du mariage ...
 
 Les causes de l’homophobie sont décelées, chez l’individu, dans la peur de sa propre homosexualité ("explication" tautologique, qui n’explique donc rien), et pour la société dite "homophobe", dans son organisation selon deux sexes qui n’auraient que peu de choses à voir avec la nature ; Daniel Borrillo y voit, prétendant suivre les traces de Michel Foucault, "une entreprise politique d’assujetissement des individus" ... (page 90). Ce "différentialisme sexuel" priverait les homos du "droit au mariage" (5) ; Borrillo critique ce sous-mariage que serait le PACS au nom du principe constitutionnel d’égalité des sexes imposé comme absolu et radical.
 
 On objectera que la distinction des deux sexes étant constitutive tout autant de l’hétérosexualité que de l’homosexualité, cette dernière n’annule donc pas cette différence (Jean-Louis Bory disait rechercher le "corps frère", et Michel Foucault savait protester « une femme, en plus ! » quand le sexe dit faible l’importunait) ; on apprend encore, page 106, que "l’homosexualité n’existe pas" (6). Si l’on supprimait la mention du sexe sur les cartes d’identité et autres papiers officiels, comme l’avait imaginé humoristiquement le regretté Philippe Muray (7), ainsi que les appellations Monsieur, Madame, maman, papa (dira-t-on alors camarade ?) cela suffirait-il pour faire admettre à tous ... ce qui n’existe pas ? L’obsession de l’égalité selon le juriste Borrillo conduit à de bien curieuses impasses.

Daniel Borrillo a retranché de sa 1ère édition les notes suivantes :

"Bien que plus difficile à concevoir dans l’état actuel des choses, l’inverse est aussi vrai : l’adhésion à une identité homosexuelle peut devenir aussi limitative et aliénante que l’identité hétérosexuelle. La revendication d’une identité homosexuelle me semble accepter la logique du stéréotype des dominants tel que nous l’avons décrit dans le texte. La critique du mouvement Queer semble en ce sens très intéressante, car elle nous met en garde contre l’enfermement et la logique d’exclusion des politiques identitaires." (page 99 de la 1ère édition).
 
"À la différence du mariage, le PACS n’accorde pas de droits tels que l’adoption plénière, l’accès aux techniques de procréation médicalement assistée, la pension veuvage, la pension de réversion, le droit à la nationalité française pour le partenaire étranger ainsi que l’obtention immédiate d’une carte de résident. Le droit au nom et à la représentation judiciaire ou extrajudiciaire entre partenaires, la reconnaissance internationale de la qualité de conjoints, le regroupement familial et la libre circulation des couples sont des facultés absentes dans le PACS. Les droits de succession ab intestat en cas de décès, l’autorité parentale partagée, la protection contre l’éloignement du territoire pour le partenaire étranger, la possibilité de donations entre partenaires sans délai de carence, la possibilité de bénéficier de dons d’organes sur une personne vivante ou encore l’allocation prêt logement, pour n’en citer que quelques exemples, demeurent des prérogatives exclusivement réservées aux couples mariés." (page 117 de la 1ère édition).

 Cet opuscule est révélateur des progrès du courant dit "radicalisme démocratique", alias "politiquement correct" ; page 32, la différence classique, bien connue en droit international, entre nationaux et étrangers est dite "sorte d’euphémisme du racisme". La période des argumenteurs cultivés (André Gide, Marcel Jouhandeau, Roger Peyrefitte, Daniel Guérin, Jean-Louis Bory, Dominique Fernandez, et d’autres) semble terminée, ils doivent faire place aux vigilants , qui sauront, eux, mettre au pas les mal-pensants, non par le débat rationnel, mais par la "pédagogie" et l’invocation d’une "lepénisation des esprits". Jadis, on avertissait : « la gauche s’arrête où l’anti-communisme commence ». Aujourd’hui, cette même famille d’esprit veut intimider plus brutalement : « l’extrême droite commence là où la pensée unique s’arrête ».

 Voilà un Que sais-je ? qui fera date, et certes un virage à 180 degrés par rapport à la désolante approche psychopathologique - appuyée sur des références anglo-saxonnes - du numéro 1976 (Dr J. Corraze, L’Homosexualité, 1982, édition mise à jour en 2000). La pathologisation est en effet complètement retournée ; ce ne sont plus les homos qui sont malades, ce sont les autres, quand ils sont intolérants, sarcastiques, voire simplement caustiques ou railleurs (exemples récents avec Nicolli et Douillet). Daniel Borrillo disait souhaiter "une loi protégeant les homosexuels" (page 119), c’est-à-dire réprimant non seulement les agressions et discriminations, mais aussi les propos homophobes ou qualifiés tels ; cette loi a été obtenue en 2004. Les problématiques de la liberté d’expression et de la liberté de la recherche scientifique ne sont évidemment pas abordées. La bibliographie (pp. 123-126) est, comme celle de J. Corraze, en grande partie constituée de références anglo-saxonnes.


NOTES

1. A partir de l’américain homophobia, terme encore absent de l’édition 1989 de l’Oxford English Dictionary. Voir Cl. Courouve, Les Homosexuels et les autres, Paris : Athanor, 1977, p. 40 : "Le lien entre homophobie et misogynie apparaît clairement dans certaines bandes de jeunes où le terme "pédé" ne désigne pas seulement l’homosexuel, mais aussi celui qui aime une femme et s’attache à elle. L’amour est alors perçu comme dévirilisant." J’ai appris récemment que le mot a été forgé en français canadien en 1975.

2. Daniel BORRILLO, L’Homophobie, Paris : PUF, 2000 (2e édition mise à jour novembre 2001), collection Que sais-je ?, n° 3563.

3. Pour une vue plus complète relativement à l’Europe, on pourra consulter, de Flora Leroy-Forgeot, Histoire juridique de l’homosexualité en Europe, Paris : PUF, 1997, collection Médecine et sociétés (sic). Pour la France, mon Vocabulaire de l’homosexualité masculine, Paris : Payot, 1985, collection Langages et sociétés ; la notion (faible) d’homophobie y était évoquée à l’article "Préjugé".

4. La répression en Russie avant 1917 n’était pas aussi forte que la note 1 de la page 73 le laisse supposer ; l’article 516 du Code pénal de 1903 ne prévoyait qu’une peine d’emprisonnement de trois mois au moins pour "pédérastie" avec un partenaire de plus de 16 ans. Donc une répression bien moindre qu’après 1934. On trouvera dans ce Que sais-je ?, pages 75-76, un extrait de ma traduction, à partir de l’original en russe, de l’article "Homosexualisme" de la Grande Encyclopédie Soviétique, 2e édition, 1952.

5. Le "droit au mariage" n’existe, selon l’article 12 de la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales (Conseil de l’Europe, 1950), que pour "l’homme et la femme". En revanche, la Charte des Droits fondamentaux de l’Union Européenne (2000) laissait entrebaillée la porte du mariage homosexuel : « Le droit de se marier et le droit de fonder une famille sont garantis selon les lois nationales qui en régissent l’exercice » (article 9).

6. Ce que je m’empresse de signaler à Marcel Gauchet pour son étude sur "l’inexistentialisme" : "De l’inexistentialisme", Le Débat, n°1, mai 1980, pp. 23-24.

7. Exorcismes spirituels III, Paris : Les Belles Lettres, 2002. La suppression de toute mention relative au sexe sur les papiers d’identité et documents administratifs est la 9e et dernière revendication de la Plateforme pour l’égalité des droits avancée par Act-Up et quelques autres associations fin mars 2004.


23 réactions


  • monbula 14 novembre 2009 15:25

    Auteur
     Les causes de l’homophobie sont décelées, chez l’individu, dans la peur de sa propre homosexualité (« explication » tautologique, qui n’explique donc rien), et pour la société dite « homophobe », dans son organisation selon deux sexes qui n’auraient que peu de choses à voir avec la nature ;

    Pas mal la phrase pour culpabiliser les hétérosexuels. Mais dans une tendre enfance, les expériences ne sont pas à exclure. Je ne sens pas comme un homosexuel refoulé et la compagnie des femmes me convient mieux.

    Pour les droits sociaux que vous évoquez, je n’ai rien contre même pour mais la société française est réticente à première vue.


  • anty 14 novembre 2009 15:53

    Homophobie
    terme emminement politique qui sert surtout une certaine communauté qui voudrait changer des règles d’une majorité de personne(d’une société) à son profit.

    Ce terme à la même fonction qu’avait dans le temps les termes comme :
    réactionnaire

    impérialiste

    capitaliste

    puis raciste

    Si on n’était pas d’accord avec tel ou autre aspect de la politique de la défunte l’urss on était
    forcément réac
    Si on était plutôt pro-américain on était forcément un impérialiste réac
    Tous les entrepreneurs étaient forcément des capitalistes suceurs du sang du peuple
    Plus tard le raciste était celui qui oserait émettre ne serait ce qu’une seule critique sur une telle ou autre communauté étrangère.

    Pour beaucoup l’homophobie ne veut strictement rien dire Cet acollement de ces deux termes est ridicule et vide de sens(homoet phobie).
    L’interprétation est volontairement vague pour que tout un chacun puisse rentrer dans cette
    catégorie des personnes homophobe ou non homphobe.
    L’homophobie terme impérialiste raciste et réac mieux vaut la ridiculisé pour qu’il connaisse un
    sort aussi enviable que ses prédessésseuers cités plus haut.


    • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 14 novembre 2009 16:12

      «  La simple réflexion sur le sujet (alors que nous ne sommes pas dans l’ignorance quant à ses structures psychiques) et toute critique des projets qui visent à l’inscrire dans la loi, se voient systématiquement neutralisés sous couvert d’homophobie. Mais cette invective n’est-elle pas d’abord un déficit de la pensée dont l’objet est surtout de mieux paralyser l’interlocuteur  ?  » Tony Anatrella, «  À propos d’une folie  », Le Monde, 26 juin 1999.

      «  Ce sera peut-être, mais alors dans un avenir extrêmement lointain, un sujet d’intense rigolade de se souvenir qu’on a pu voir, cette année [1999], un très curieux «  Réseau Voltaire  » exiger une législation réprimant l’homophobie.  » Philippe Muray, Exorcismes spirituels III, V, «  La cage aux phobes  », Paris  : Les Belles Lettres, 2002.

      «  Le terme d’homophobie s’est imposé  : ce mot piégé confond (volontairement) le refus de la normalisation symbolique et sociale de l’homosexualité avec l’animosité à l’égard de la personne des homosexuels. » Jean Sévillia, Le Terrorisme intellectuel de 1945 à nos jours, Paris  : Perrin, 2000.


    • epapel epapel 15 novembre 2009 16:42

      Le fait d’avoir le droit de vivre de façon différente de la majorité et de ne pas être stigmatisé ne diminue pas les droits de la majorité sauf à considérer que la stigmatisation est un droit. Ce qui est réactionnaire, c’est l’imposition par la majorité de son mode de pensée et d’agir à la minorité.


    • anty 15 novembre 2009 19:33

      Non c’est le contraire ce qui est criminel dans une démocratie c’est que, une minorité impose son point de vue à la majorité.


  • chips 14 novembre 2009 18:24

    Dans homophobie il y a phobie, pour un hétérosexuel il y a aussi une notion de dégout dans le fait d’avoir des rapports intimes avec une personne du même sexe.

    Ce dégout est-il acquis ??????? Peut être,, mais peu probable .... le règne animal a toujours privilégier la reproduction ......

    Ce sont des mots durs a entendre pour les homosexuels, il est donc important de leur accorder des droits et surtout que la société et les individus soit respectueux . Au niveau individuel cela est plus compliqué, un hétéro réagis comme il peut lui aussi ...


    • epapel epapel 15 novembre 2009 16:33

      Les rapports sexuels entre individus du même sexe sont très répandus dans le monde animal et très bien documentés.

      L’attirance n’est pas l’opposée du dégoût et le dégoût pour quelque chose n’explique pas l’attirance pour la chose opposée, par exemple si ne je couche pas avec d’autres femmes ce n’est pas par dégoût pour les autres femmes mais parce que ma femme me suffit et je connais des hommes qui ont en dégoût les rapports physique intimes (femme ou homme) et par le fait vivent seuls.

      Chacun est porté naturellement à faire ce qu’il aime et à ne pas faire ce qui n’entre pas dans ses préférences.

      Je pense que l’attirance ou le dégoût peuvent être aussi provoqués par des causes contraires :
      - par l’ignorance et l’a priori (le dégout de l’homosexualité vient principalement de ce que la société l’inculque aux gens)
      - par l’expérience de la chose (beaucoup de personnes mariées deviennent homosexuelles après un premier rapport)


    • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 15 novembre 2009 21:08

      L’existence d’une homosexualité animale (et les animaux sont plus proches que nous de la nature entendue dans un certain sens) est reconnue par : Aristote (perdrix), Athénée (colombes, perdrix), Elien (cailles), Horapollon (perdrix), Pline l’Ancien (cailles, coqs, perdrix), Plutarque (coqs). Décidément, les perdrix ...

      Animaux signalés depuis par de bons observateurs : abeilles, castors, chauve-souris, chèvres, chiens, hannetons, lions, lucioles, pigeons, poulains, poules, singes, tourterelles et vaches !!

      Cette homosexualité animale est envisagée mais son existence est niée par les textes ou auteurs anciens suivants : Platon (Lois), Ovide, pseudo-Phocydide, Plutarque, Lucien, Longus, Jean Chrysostome, Célius Aurélien, Agathias (VIe siècle), Justinien, Altercation …, Vincent de Beauvais. Cette négation implique cependant une perception ancienne du concept d’homosexualité, ce qui démolit la thèse constructiviste.


    • anty 15 novembre 2009 21:36

      J’ai déjà vu les textes traitant de l’homosexualité dans le monde animal.
      Le moins qu’on puisse dire qu’il ne s’agit pas vraiment de l’homosexualité au sens qu’on entend chez les êtres humains.
      On pourrait plutôt conclure à une extrapolation très large des pratiques humaines au monde animal.
      A signaler quand même que ces pratiques n’ont rien d’exclusive.Ces animaux se reproduisent chaque fois qu’ils ont la possibilité.
      L’exemple récent du zoo de San Francisco en est exemple :
      Deux pingouins mâles vivait ensemble dans leur cage depuis des années tout le monde a conclu qu’ils sont homosexuels.
      Après l’introduction d’une femelle dans leur cage un petit est né peu de temps après.


  • monbula 14 novembre 2009 18:48

    Senatus

    Il est vrai que le terme homophobie est fort. En ce moment, il y a beaucoup de mots qui se terminent en phobie.

    Homophobie appelle à son contraire homophilie et c’est gênant car ça correspond à rien. L’attirance sexuelle est liée à une intuition, un sentiment.

    Il faudrait que vous trouviez un autre terme que homophobie car on peut se trouver dans le cas d’une femme qui ne supporte pas ou qui a eu des déboires avec un homme hétérosexuel qui dira : je suis homophobe !
    vous savez quant même que certains de nos concitoyens n’accepteront jamais
    l’homosexualité et c’est peine perdue de les convaincre.
    J’en connais un couple qui vit sur le plateau d’Angoulême comme moi.
    Il est évident que dans notre quartier résidentiel et feutré,il n’est pas embêté et
    parfois, nous prenons un apéritif ensemble même lorsque ma grande fille est là. Cette dernière a compris et n’est pas choquée mais pense que vous en demandez trop en même temps : droits sociaux OK ,mais le droit à l’enfant plus tard.
    Ma fille pense que si vous demandez tout en un seul , vous risquez de tout perdre. Etape par étape serait mieux tout en sachant que la société française n’est pas gagnée pour votre cause.


    • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 14 novembre 2009 19:04

      Mon article faisait écho aux revendications présentées par Daniel Borrillo, mais je ne les partage pas dans tout leur extrêmisme, loin de là.

      A « homophobie », je préfère le terme « préjugé », employé à bon escient ; et je trouve que faire une loi contre « l’homophobie » était une erreur car cela risque de porter atteinte à la liberté d’expression et à la liberté de conscience.

      Merci pour vos commentaires.


    • epapel epapel 15 novembre 2009 17:27

      Entièrement d’accord avec vous.

      Et j’ajouterais qu’il est extrêmement réducteur de ramener la sexualité humaine à sa seule dimension reproductive qui est de très loin la moins utilisée. Mon premier rapport sexuel reproductif à eu lieu il y a 25 ans et mon dernier il y a 22 ans, il ne m’a fallu qu’une vingtaine de rapports sexuels pour faire 2 enfants à mon épouse et donc des milliers d’autres n’ont pas eu ce but. Dans les faits, la quasi totalité des rapports sexuels des gens est motivée par :
      - la recherche du plaisir partagé (ou non)
      - l’équilibre personnel et/ou du couple

      Ce n’est qu’exceptionnellement que le rapport sexuel est motivé par le désir d’enfant, de fait les gens font ce qu’il faut quand ils peuvent pour que ça n’arrive pas quand ils ne le souhaitent pas, c’est à dire presque tout le temps.

      Ces deux motivations sont indépendantes du caractère hétérosexuel ou non du rapport, finalement les vraies différences sont que :
      - les homosexuels (et les couples hétérosexuels stériles) n’ont pas de problème pour éviter l’apparition de l’enfant et réciproquement.
      - les homosexuels (et les couples hétérosexuels stériles) ont un problème quand ils souhaitent avoir un enfant et réciproquement.


  • Annie 14 novembre 2009 21:36

    Ce n’est pas l’obsession de l’égalité qui pose un problème, mais l’obsession de la différence. Un homophobe est avant tout quelqu’un qui refuse une déviance par rapport à son propre comportement, comme si le fait d’appartenir à un courant majoritaire enlevait toute légitimité à ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas s’y conformer. Un refus qui ne se limite pas à exclure ceux qui sont vécus comme différents, mais surtout à définir sa propre identité par son appartenance à un courant majoritaire.
    Dire qu’il y a confusion avec le mot homophobie parce qu’il confond la normalisation sociale des homosexuels avec l’animosité de certains à leur égard est nier le fait que les deux sont liés.


    • anty 14 novembre 2009 23:43

      Homophobie ou la normalité telle la question.
      Un choix cornélien que vous avez bien élucidé et clarifié.
      Merci de nous avoir éclairé la lanterne.
      Personnellement je préfère et de loin me retrouver dans ma situation et vous ?


    • epapel epapel 15 novembre 2009 16:53

      Je suis entièrement d’accord avec annie. La stigmatisation des homosexuels n’est jamais qu’un cas particulier de nuisance envers les personnes qu’on n’aime pas, or on ne l’accepte pas dans le cas général il n’y a donc pas de raison de faire une exception.

      La normalité est l’état où les personnes se sentent bien dans leur peau sans éprouver le besoin de nuire aux autres.


  • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 14 novembre 2009 22:19

    @ Annie :

    « Dire qu’il y a confusion avec le mot homophobie parce qu’il confond la normalisation sociale des homosexuels avec l’animosité de certains à leur égard est nier le fait que les deux sont liés. »

    Vous répondez à Sévilla  ; les deux sont évidemment liés, mais pas identiques, donc à ne pas confondre. Le refus d’une reconnaissance étatique du couple homosexuel n’est pas forcément associé à de l’hostilité à l’égard des homos, de même que le refus de reconnaissance des religions (laïcité) n’est pas forcément hostilité à l’égard des croyants ;


    • epapel epapel 15 novembre 2009 17:00

      Il n’empêche que le refus de l’Etat par rapport à la reconnaissance du couple homosexuel est un refus de l’égalité en droit par rapport aux couples hétérosexuels. Ce n’est pas le cas de la laïcité qui ne reconnaît aucune religion, donc toutes les religions sont sur le même pied d’égalité en droit.


    • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 15 novembre 2009 17:22

      L’égalité des droits concerne les citoyens pris individuellement, et non les couples mariés ou couples de fait non mariés. Un couple n’est le sujet d’aucun droit.

      Le mariage est actuellement défini par l’article 75 du Code civil comme le fait de « se prendre pour mari et femme ».

      Le droit de se marier, au sens de l’article 75, n’est pas refusé aux homosexuels, et un certain nombre d’entre eux l’ont fait (Daniel Guérin, Marcel Jouhandeau, André Gide, Dominique Fernandez, pour ne parler que des plus célèbres).

      La question est de savoir si le sens du mot « mariage » peut être modifié et étendu jusqu’à inclure un conjoint du même sexe.


    • epapel epapel 15 novembre 2009 17:34

      Les couples mariés ont des droits prévus pas la loi :
      - pension de reversion au survivant
      - couverture sociale commune
      - adoption en commun
      - ...

      et des devoirs :
      - assistance mutuelle
      - domiciliation commune (qu’on peut voir comme un droit)
      - élever sa progéniture


    • epapel epapel 15 novembre 2009 17:39

      J’ajouterai qu’au regard des dettes personnelles, le couple marié est indivisible.


    • epapel epapel 15 novembre 2009 18:37

      Je ne pense pas qu’il faille faire un enjeu du mot mariage, on peut très bien considérer que ce mot est préempté pour les couples hétérosexuels et faire accepter une différence de vocabulaire aux couples homosexuels tout en leur accordant les mêmes droits car in fine c’est ça qui compte.


    • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 15 novembre 2009 20:43

      Mais ce sont les individus qui ont des droits, pas les couples !


    • anty 15 novembre 2009 21:42

      L’égalité existe de fait.On est dans un pays démocratique.

      Vous demandez plus tout simplement.


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