L’horloge irrémédiablement déglinguée du Président
"Qui le croirait ! On dit qu'irrités contre l'heure,
De nouveaus Josués au pied de chaque tour,
Tiraient sur les cadrans pour arrêter le jour"
Walter Benjamin, "Le concept d'Histoire" in Oeuvres, Paris, Folio, p. 440
« Aujourd’hui on vit côte à côte... Je crains que demain on vive face à face »
Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, 3 octobre 2018
En renonçant à son poste de ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb a réellement crevé l’abcès et ouvert la véritable crise politique et institutionnelle qui couvait depuis la vénéneuse « affaire Benalla » au sein de la Macronie.
M. Collomb a en effet littéralement tiré sur le cadran, cassant de fait les rouages déjà sérieusement détraqués et déglingués de l’horloge présidentielle.
Peu importent les motivations et convenances politiques ou personnelles qui ont conduit l’intéressé à quitter ses fonctions après quinze mois d’activité.
Au moment, jour anniversaire où l’on rappelle avec beaucoup de discrétion le 60ème anniversaire de la Constitution de la Cinquième République, le temps est venu de réaliser que les institutions sont solides lorsque les hommes qui les incarnent et les font fonctionner le sont aussi.
Tel n’est manifestement pas le cas avec l’équipe gouvernementale actuelle et il est particulièrement anormal que dans un pays tel que la France la défaillance humaine du Pouvoir dont on constate les flottements comme les dérives depuis un bon moment ait pu conduire à la vacance du portefeuille régalien que représente celui du ministère de l’Intérieur.
I- M. Collomb a tiré dans l’horloge et laissé un message
M. Collomb apparaîtra très probablement dans les prochaines semaines comme celui qui aura initié le prochain remaniement gouvernemental en imprimant une toute autre orientation au quinquennat de M. Macron, une orientation que le chef de l'Etat aura du mal à reprendre en main.
Chacun va en effet désormais très vite comprendre que dans un pays tel que la France, ce que l’on appelle « l’Intérieur » représente un pouvoir avec lequel aussi bien le chef de l’Etat que le Premier ministre et le gouvernement tout entier doivent fonctionner en complète harmonie.
Un rouage se grippe ou fait défaut et c’est l’horloge entière qui se détraque.
Dans le cas qui nous préoccupe la déglingue du mécanisme était déjà à l’œuvre depuis un bon moment et la situation nouvellement créée pose un très sérieux problème.
M. Collomb est parti en délivrant un message qui représente tout à la fois un constat et un programme.
Il a tout simplement et clairement pointé une situation devenue ingérable faute de volonté et d'orientation politique claire.
Il a montré l'impérieuse nécessité et l'urgence de changer de cap et d'éteindre l'incendie qui couve pour tenter de préserver la paix sociale déjà très sérieusement mise à mal sinon particulièrement esquintée.
« Aujourd’hui on vit côte à côte... Je crains que demain on vive face à face »
Juste avant cette phrase, l'ex-locataire de la place Beauvau a dressé un tableau sombre de certains quartiers.
"La situation est très dégradée et le terme de reconquête républicaine prend dans ces quartiers tout son sens…"
"Aujourd'hui, c'est plutôt la loi du plus fort qui s'impose, des narcotrafiquants, des islamistes radicaux, qui a pris la place de la République", a-t-il déclaré.
On comprend qu'en écoutant pareille déclaration le Premier ministre soit demeuré sur sa réserve.
Non seulement un ministre d"Etat s'en va en déclarant tout simplement que la politique du gouvernement qu'il quitte va dans le mur, mais il en pointe les causes en laissant une feuille de route parfaitement balisée à son successeur.
Il a tout simplement et très clairement pointé l'échec des processus dits "d'intégration", de "vivre ensemble", tous concepts et mantras qui ne sont que les voiles en lambeaux désormais incapables de masquer la montée en puissance des communautarismes ethniques et confessionnels - désignant nommément l'islamisme radical - et l'existence d'une réelle appartheid.
Il a montré que la République était menacée par un ensauvagement et une criminalité construites sur une économie parallèle qui conduisaient à la sécession de zones entières devenues "hors-droit".
Il a donc parlé de reconquête républicaine.
II- La sécurité de la Nation et de l'Etat
On ne le sait peut-être pas mais il se trouve que chaque jour, ce sont près de 250 000 personnels composant les forces de sécurité de l’État qui agissent pour sécuriser les Français et le territoire national. Qu’ils soient policiers ou gendarmes nationaux, ils ont tous à cœur de remplir leurs missions : protéger nos concitoyens, vous, nous, vos familles, vos amis, vos invités, ceux qui visitent notre pays, y travaillent et y vivent, en s'efforçant d'être au plus près du terrain, mais ausside lutter contre la menace terroriste qui demeure une réalité à laquelle ils sont confrontés en permanence.
Ils ne sont les seuls à exercer dans le domaine de la sécurité et de la sûreté. En effet, près de 21 500 policiers municipaux et plus de 165 000 agents privés de sécurité ont rejoint ce secteur. On peut ainsi légitimement compter plus de 430 000 personnels qui sont mobilisés pour assurer des fonctions de sécurité.
S’agissant de cette autre force qui comprend près de 98 000 hommes et femmes placés sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, la Gendarmerie nationale est une institution militaire garante de la sécurité et de la paix de nos concitoyens comme de la protection de leurs biens.
Elle assure des missions de police judiciaire, d'assistance à personnes, de maintien de l’ordre et participe à la défense de la Nation, y compris sur les théâtres d'opérations extérieures.
Consacrant une partie de leur vie à ces missions nobles, en tout temps et en tout lieu, en métropole ou en outre-mer comme à l’étranger, les gendarmes, on le sait, répondent présents, avec sang-froid et humanité, face aux drames de la vie.
Riche de son expérience et s’adaptant à l’évolution de la société, cette institution pluriséculaire s’appuie sur la polyvalence des compétences de ses personnels et leur professionnalisme pour sécuriser la population, les territoires et les flux de toute nature de sa zone de responsabilité.
On peut ainsi comprendre au regard des éléments précités ce que peut représenter l’exercice de la fonction qui incombera au remplacement de M. Collomb.
Si certains noms circulent, le choix qui sera effectué aura à répondre à une fiche de poste assez précise.
III- Un choix et une fonction spécifiques
- Le prochain ministre de l’Intérieur, j’évoque ici un dirigeant de l’Etat qui ne sera pas un affidé ou l’ombre d’une supposée majorité politique, et encore moins une « créature » gouvernementale, devra être un personnage carré (homme ou femme), solide, exprimant une personnalité manifeste, empreinte d’une autorité indiscutable, inspirant confiance à ceux qui sauront pouvoir compter sur lui et peur à ceux qui comprendront, sans doute un peu tard, que la sécurité et la sûreté des biens et des personnes, la paix civile, le respect des libertés publiques et la solidité de l’Etat sont des réalités indiscutables.
- Le prochain ministre de l’Intérieur devra très vite mobiliser finances et moyens techniques pour s’entourer d’hommes sûrs de pouvoir compter sur une chaîne de commandement solide et fiable, du gardien de la paix au préfet, comprenant que la présence et la force de la République auront à cœur de permettre aux citoyens d’avoir confiance et de pouvoir compter sur l’intégrité, le dévouement, l’engagement et les capacités réelles de la Police et de la Gendarmerie.
- Le prochain ministre de l’Intérieur sera celui qui saura éliminer les bandes criminelles qui prospèrent sur les économies parallèles des trafics nationaux et internationaux (drogue, armes, contrefaçon, corruption) et qui œuvrent quotidiennement à la sécession et au contrôle de quartiers entiers dans près de 751 zones dites de « non-droit » ou « zones urbaines sensibles » (ZUS), identifiées et répertoriés comme telles rues par rues, mais aussi par acteurs et complices, familles par familles.
https://sig.ville.gouv.fr/atlas/ZUS/
- Le prochain ministre de l’Intérieur sera surtout celui qui saura reprendre en main les dérives des « cultes sensibles » et mettre un terme et un coup d'arrêt définitif aux errements, complicités et compromissions permettant l’installation sur le territoire de la République de pouvoirs confessionnels susceptibles de monter en régime et en visibilité pour s’installer très prochainement à tous les échelons de la vie électorale et citoyenne, subvertissant de la sorte le tissu politique et citoyen actuel.
https://www.challenges.fr/france/les-visees-turques-sur-les-musulmans-en-france_568445
Le prochain ministre de l’Intérieur sera celui qui aura une connaissance pointue des implications réelles sur l’ensemble du territoire et une vision prospective de tous ces renseignements de très grande qualité que l’on trouve par exemple dans les rapports de l’IGA (Inspection Générale de l’Administration), de l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale), rapports sur la criminalité en France.
Est-il besoin de préciser que la mission cardinale à laquelle devra s’atteler le prochain ministre de l’Intérieur sera celle de la maîtrise complète de ces quatre boutefeux que représentent l’immigration, le confessionnalisme, les communautarismes et le terrorisme ?
Nous en reparlerons très vite.
Sources :
Walter Benjamin, Sur le Concept d’Histoire, Über den Begriff der Geschichte (1940-1942)
XV
Les classes révolutionnaires, au moment de l’action, ont conscience de faire éclater le continuum de l’histoire. La Grande révolution introduisit un nouveau calendrier. Le jour qui inaugure un calendrier nouveau fonctionne comme un accélérateur historique. Et c’est au fond le même jour qui revient sans cesse sous la forme des jours de fête, qui sont des jours de commémoration. Les calendriers ne mesurent donc pas le temps comme le font les horloges. Ils sont les monuments d’une conscience historique dont toute trace semble avoir disparu en Europe depuis cent ans, et qui transparaît encore dans un épisode de la révolution de juillet. Au soir du premier jour de combat, on vit en plusieurs endroits de Paris, au même moment et sans concertation, des gens tirer sur les horloges. Un témoin oculaire, qui devait peut-être sa clairvoyance au hasard de la rime, écrivit alors : « Qui le croirait ! On dit qu’irrités contre l’heure, De nouveaux Josués, au pied de chaque tour.Tiraient sur les cadrans pour arrêter le jour. »
N.d.T. : Ce texte, publié par l’Institut de recherches sociales après la mort de Benjamin (Los Angeles, 1942), a été rédigé dans les premiers mois de 1940. Il reprend et développe des idées autour desquelles la réflexion de l’auteur tournait depuis plusieurs années, comme le montrent les passages repris de l’étude sur Fuchs. Une version française, due à Benjamin lui-même, figure dans le volume des Écrits français (Paris, Gallimard, 1991, p. 331 sqq.)
https://sig.ville.gouv.fr/atlas/ZUS/
https://www.challenges.fr/france/les-visees-turques-sur-les-musulmans-en-france_568445
https://inhesj.fr/ondrp/publications/rapport-annuel
https://www.interieur.gouv.fr/Publications/Rapports-de-l-IGA/Rapports-recents
https://www.interieur.gouv.fr/Publications/Rapports-de-l-IGPN