vendredi 7 décembre 2007 - par Patrick LOUART

La Babel économique

OU LA METAPHORE ECONOMIQUE DE LA TOUR DIVINE

Prenons la lorgnette par ce bout étroit et si controversé et regardons un détail du vaste monde économique de ce début du XXIe siècle. S’il est désormais admis que l’idéologie de « l’Ordre marchand », selon Jacques Attali, promeut la liberté individuelle, en tant que valeur suprême, il faut par ailleurs noter que cette même valeur suprême conspire contre elle-même, puisque liberté ne rime pas avec équité, ni avec égalité, et encore moins avec épanouissement, équilibre ou bonheur.

Cet ordre marchand, pour autant qu’il soit ordonné, concentre de plus en plus de richesse en un nombre restreint de mains, mais, il fait en même temps surgir de grandes libertés pour les consommateurs et les citoyens, si tenté que le consommateur soit aussi un citoyen, ce qui reste à démontrer. En revanche, s’il apparaît désormais que de nouvelles formes d’aliénation professionnelles apparaissent pour les travailleurs, il n’est pas illogique de penser que ces néo-aliénations ne sont que la réplique moderne de celles du XIXe siècle puisque, selon l’OIT, le chômage mondial est officiellement de 195,2 millions de personnes en 2006 atteignant en cela son plus haut niveau historique contre 185,9 million en 2003.

Devant ce constat, forcément général et donc imparfait, il est nécessaire de compartimenter les régions du monde qui n’ont pas toutes le même niveau de développement économique, pour configurer une vision plus réelle de ce monde moderne.

Pour ce faire, survolons avec un quelconque engin bravant les lois de l’apesanteur, la planète, et imaginons-la, à la manière des Grecs anciens, c’est-à-dire plate, mais configurée en quatre cercles concentriques.

Au coeur du plus petit cercle, une tour immense s’élève. A son pied, un réseau entremêlé et très dense d’indéfinissables structures masque ses étages inférieurs. Puis, au-delà de cette embase compacte, un tapis circulaire, vaste cette fois-ci et lui aussi touffu. Ensuite, nous apercevons un fin anneau vide et désolé, au-delà duquel, et à perte de vue sur 360°, un magma informe et mouvant gronde. Le décor étant planté, la construction du raisonnement sera basée sur une métaphore que nous appellerons « babélisation économique ».

Le monde occidental et son modernisme semble campé depuis 250 ans, et pour une période dont la durée varie en fonction des idées économiques, dans une tour d’ivoire, sorte de Babel isolée au milieu d’un désert de pauvreté et d’inégalités : le reste du monde.

Cette tour concentre la richesse et l’accumulation de biens en tous genres. Elle est une sorte de coffre fort géant rassemblant à la fois tout le modernisme, la technologie, le savoir, l’argent, la recherche, le progrès, la connaissance et les pouvoirs et, dans le saint des saints, la « tour » abrite le cœur du système, qui n’est autre que le lieu d’échange dématérialisé qui permet de transformer tout cela en or : le marché. Un inventaire économique à la Prévert de ce que possède le moderne XXIe siècle où 20 % de la population planétaire consomme 80 % des ressources naturelles.

Mais regardons de plus près cette construction.

Cette tour est dressée comme une aiguille dans une pelote qui tient plus, pour ce qui nous préoccupe, du fil de fer barbelé, que de la laine d’agneau. Ce labyrinthe inextricable de fils et de réseaux abscons permet de transformer de la matière économique brute, du PIB, du taux d’inflation, de la balance des paiements, des transactions financières, et autres phénomènes spéculatif (type Sponzi) dans des usines spécialement conçues au pied de l’édifice. Ces fabriques que sont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, la Réserve fédérale, la Banque centrale européenne, les marchés financiers, l’OMC, et j’en oublie, ont deux objectifs :

- le premier, c’est le raffinage de cette matière première brute qui va servir à alimenter en carburant financier la tour et ses trésors, afin qu’elle conserve une brillance éternelle.

Les oligarques la veulent phare immense et point de ralliement éclairant les moindres recoins de la nuit des gens ordinaires, afin que, les marins de l’économie, perdus dans les tempêtes mercantiles, puissent toujours converger vers elle.

Le fait est que le travail sur l’espoir est, de loin, le plus abouti de tous les procédés de manipulation. En effet, permettre aux sinistrés de l’économie qui ressemblent aux pathétiques naufragés du Radeau de la Méduse tendant leurs bras vers un absolu de délivrance, de toujours tendre un bras vers cette Babel riche et scintillante, résume les espoirs ultimes de la grande masse. Faire que la Babel soit toujours plus attirante, mais de moins en moins atteignable, demeure l’expression d’un aboutissement intellectuel quasi parfait ;

- le second objectif est la quintessence même de l’art du paradoxe. Il consiste à rendre la plus complexe possible la pensée économique, pour limiter l’accès du commun des mortels à ses arcanes qui justifient de porter l’économie au pinacle de la science où elle ne devrait pas être. En parallèle, ceux qui caricaturent volontairement leur propre modèle économique convertissent l’abstraction sémantique en un modèle de réussite économique simpliste, à l’apparence aussi accessible qu’efficace, mais seulement en apparence. L’ambition de rendre praticable par tous, l’économie par l’argent, justifie pleinement de rendre incompréhensible tous les autres concepts économiques qui, à l’évidence, sont intelligibles pour peu qu’on se donne les moyens de les expliquer. Or, la mathématisation de la pensée, trouve une justification scientifique qui donne tout son sens à la conservation d’une complexification de l’évidence.

Mais cette tour, qui symbolise l’économie de marché, est une construction extrêmement fragile qui mérite une consolidation financière, mais aussi un renforcement idéologique de tous les instants. Pour autant, la description serait incomplète si elle ne faisait pas mention de l’armée entraînée qui voue un attachement sans limite au concept de marché et offre une partie de sa vie à la tour.

Courant dans les coursives et les ascenseurs, il circule dans le réseau des fils emmêlés de la pelote une nomenklatura motivée et persévérante dont le but est de rendre le néolibéralisme aussi sucré qu’un sirop d’orgeat surdosé. Au bas de la Babel moderne, cette oligarchie assure le fonctionnement des usines qui raffinent la matière. Ils injectent au pied de l’édifice des rivières d’argent qui s’agrègent autour des ferraillages statistiques afin de crédibiliser la structure et d’en consolider les fondements. Par le haut, d’autres membres de ce corps d’élite font croître la « tour marché » en l’alimentant de technologie, de recherche et de science.

Ces fourmis prétoriennes sont les troupes d’élite qui permettent à l’édifice de survivre en milieu hostile en lui trouvant les actions qui justifient les bonnes raisons enseignées à Havard, Oxford Cambridge ou Hec. Ces armées d’oligarques internationalisés sont entraînées aux combats économiques, aux stratégies entrepreneuriales et aux attaques hostiles sur les marchés par le truchement d’un modèle économique appelé « pensée unique ». Ces fourmis bien dressées sont de savantes tacticiennes. Leur tournure d’esprit, nourrie à la macro-économie néolibérale, permet de fortifier et de glorifier une pensée dont l’universalité est en train de supplanter et de rendre obsolète celle des droits de l’homme et du citoyen. Tous portent sur eux le vade-mecum rassurant des théories monétaristes qu’ils peuvent consulter à loisir pour se rassurer sur le bien-fondé de cette pensée unique. En préambule, le consensus de Washington et sa sainte trinité (libéralisation des marchés (déréglementation), privatisation et réduction du rôle de l’Etat) les aide à s’assoupir tranquillement dans l’oreiller moelleux des idées rassurantes et non contestables qu’ils ont reçues de leurs maîtres.

Autour de cette pelote, d’acier et de verre où s’affairent nos hommes d’affaires affairistes, s’étend avec une densité qui va croissante le grand anneau d’entreprises et d’humains qui vit près de la « tour » et s’en nourrit, car il est vrai que la « tour » nourrit bien ceux qui la servent bien.

Enfin, comme présenté au début, l’anneau stérile marque nettement la frontière entre la domination occidentale et le reste du monde. Au-delà de la frontière aride, apparaît l’immense nuage gris de la population mondiale qui vit dans des pays en voie de développement et dont la vue ne peut fixer les limites tant elles sont infinies et exponentielles.

La Babel économique est la construction moderne des seigneurs du libéralisme. Elle est la forteresse imprenable protégée par ce no man’s land, qui ressemble à ce désormais tristement célèbre Rio Grande dont les murs honteux en construction, éclairés toutes les nuits, la sécurisent contre toutes les tentatives d’infiltration. L’état des lieux oppose le monde occidental au reste de la planète par la capacité qu’il a à produire de la richesse et à la conserver. Ainsi la conservation coûte que coûte de l’hégémonie du marché, contrôlé et servit par un Occident encore dominant, ressemble à s’y méprendre à un néo-colonialisme économique qui permet de maintenir en état de dépendance 59 % des habitants de la planète qui vivent dans des pays où l’inégalité augmente, contre 5 % où l’inégalité diminue (source OIT 2004). Pour autant, on ne peut pas dire que nos sociétés occidentales sont équitables. Même dans l’opulence, ces championnes de la croissance fabriquent de la disparité et de la misère. Entre 1999 et 2004 aux Etats-Unis, le revenu moyen disponible s’est accru de 11 % en termes réels. Mais le revenu effectif des ménages, compte tenu de l’inflation a baissé de 1 500 dollars soit une baisse annuelle de 3 %[1].

Car la richesse d’un pays calculé en PIB par habitant ou en revenu moyen n’est que le pâle reflet d’une tout autre réalité. Celle où la vraie richesse n’est détenue que par une minorité, celle qui a construit la tour et qui habite à son pied.

Alors, l’histoire se répéterait-elle ? Cela y ressemble. Depuis la nuit des temps, la loi du plus fort domine la construction sociale. Loi physique où le gourdin serti de cailloux inspire l’allégeance ; loi sociale où, au-delà d’Athènes, il n’y a que barbares et esclaves ; loi morale où la peur de l’enfer incite à la soumission ; loi économique où le riche domine les 40 % de pauvres dont le nombre, avec l’effet de la croissance démographique, s’est accru de 36 % depuis 1981.

Heureusement, pourrions-nous dire, que l’« économie de ruissellement », cette autre métaphore dont je n’ai pas la paternité allait, en coulant comme le lait et le miel, fertiliser les déserts barbares et arriérés pour les transformer en démocraties flamboyantes, en économies de croissance où la joie et le bonheur deviendraient comme par enchantement le bon côté du miroir des pays précédemment enfoncés dans la misère. En Afrique, la situation d’extrême pauvreté est en effet passée par l’intermédiaire du ruissellement économique de 41,6 % en 1981 à 46,9 % en 2001 (avec la croissance démographique, cela veut dire que le nombre d’Africains qui vivent dans l’extrême pauvreté est passé de 164 à 316 millions).[2]

Construire toujours plus haut une tour pour toucher Dieu semble être la quête assez peu démocratique des hommes, mais surtout de quelques mégalomanes à travers les millénaires.

L’énergie déployée à la consolider par tous les moyens est proportionnelle au désespoir de la voir disparaître, car ceux-là même qui colmatent les brèches, savent mieux que quiconque que cela ne durera pas. Le tout est de savoir pour combien de temps en ont-ils encore ?

Cette catégorie d’individus en quête de puissance, a, pour nos temps modernes, constitué des instances internationales que je baptiserais : à déficit démocratique aggravé, puisque pour exemple, nous prendrons la nomination du président de la Banque mondiale. Cette nomination est exclusivement effectuée par le président des Etats-Unis qui n’a pas même à en référer à son congrès. Il en va de même pour le FMI, organisation chargée de superviser le système financier mondial, au sein duquel un seul pays possède le droit de véto : les Etats-Unis.

Que l’arbitraire soit le hochet de quelques patrons d’entreprises soit, mais comment peut-on, à l’échelon planétaire, laisser de pareilles dérives perdurer.

En conclusion, la « tour » est, à la fois, une force centrifuge qui exclut et centripète qui attire et à laquelle il est impossible d’échapper. Plus on est près d’elle et moins on peut s’en détacher. Plus on s’en éloigne et plus elle exerce un attrait. Plus on est près d’elle et plus elle vous exclut. Cependant, elle reste un des phares pour toute l’humanité, une sorte d’objectif de vie qui prend parfois des allures de chemin initiatique pour ne pas dire chemin de croix, pour arriver jusqu’à elle.

La traversée du Rio Grande est ce désert mortifère qui fait passer l’humain du vaste anneau puant et fumant au petit cercle proche tout aussi injuste. Seulement là, il n’y a que ceux qui y vivent déjà qui savent que tout n’est pas possible.

Le marché, par nature planétaire, s’il est laissé à sa seule gouvernance, transgressera les lois de la démocratie par nature locale.

Ainsi, amis lecteurs, à l’hymne libéral du PIB, pourquoi n’opterions-nous pas pour l’hymne du BIB, le Bonheur intérieur brut proposé par le roi du Bouthan.

Patrick Louart



[1] Un autre monde est possible : Joseph Stiglitz

[2] Idem 1



21 réactions


  • ebe 7 décembre 2007 14:50

    excellent article dont le contenu est extremement agreable a lire. merci encore pour cet excellent moment


  • anny paule 7 décembre 2007 17:03

    Excellent article, très « oriental » par l’usage des métaphores, construit comme un conte philosophique : un vrai plaisir des mots, un vrai plaisir du sens (signification).

    Problème annexe :

    J’ai un problème de compteur avec Agoravox. Votant pour cet article, le compteur a retranché 25% des suffrages ; de la même manière, de nombreuses fois, le compteur ne se déclanche pas ou compte deux votes au lieu d’un, dans un sens ou dans l’autre.


  • vieuxcon vieuxcon 8 décembre 2007 03:51

    Bien vu. Votre article mérite plus ample réflexion. J’y reviendrai.


  • Tzecoatl Tzecoatl 8 décembre 2007 08:58

    Article difficile à lire, dont l’image d’économie concentrique est un peu réductrice.

    Quand à poursuivre le BIBLE (Bonheur intérieur brut libellé en euros), combien de jours a-t’il devant lui ?


    • Patrick LOUART 8 décembre 2007 11:54

      Comment faire pour ne pas être réducteur ? Cet article est extrait d’un plus long travail de 60 pages qui ne peut être mis en ligne à cause de sa taille. Désolé. @+


  • Internaute Internaute 8 décembre 2007 09:53

    Le monde n’est pas qu’un système économique, loin s’en faut. D’autre part il est tellement divers et les contacts internationaux touchent si peu de gens (combien de français ont-il parlé à un allemand l’année dernière ?) qu’une synthèse qui verrait un ordre derrière tout cela part de fausses hypothèses.

    Vos chiffre du chômage (192 millions sur 6 milliards) ne signifient absolument rien, tellement les disparités et le ressenti individuel du chômage sont différents d’un pays à l’autre.

    Le problème vient de ce que les journalistes sont trés sensibles aux millions de dollars et comme les flux financiers se mesurent en milliards de dollars ils en parlent tous les jours comme si c’était la seule chose qui existait au monde.

    Vous essayez de dénoncer « les riches qui volent aux pauvres » et tout l’article traîne une bien-pensance nauséabonde. La richesse des riches vient du travail des riches. Comme disent les socialistes, la terre appartient à celui qui la travaille. Le Pétrole devrait appartenir aux compagnies pétrolières qui l’on découvert et exploité. Au lieu de cela on en a fait cadeau à des gens qui ne faisaient que marcher par dessus sans rien en faire et n’ont jamais travaillé pour l’extraire. Les riches ont ouvert depuis longtemps les coffres de leurs banques et les livres de leurs université au monde entier. Si les laboratoires de recherche médicale du Burkina-Fasso comptent toujours sur l’institut Pasteur ou les laboratoires américains pour trouver un remède au sida, ce n’est tout de même pas la faute aux « riches ».

    Nous avons au contraire mis en place des règles économiques beaucoup trop laxistes, beaucoup trop libres et qui mettent en péril nos économies par une concurrence déloyale qui nous vient du tiers monde. Le rôle de l’Etat est d’établir des règles du jeu assez stricte pour défendre les intérêts de la nation et pas seulement la marge bénéficiaire de quelques prédateurs internationaux. Ces prédateurs ne font partie d’aucune machination mondiale. Ils sont simplement des opportunistes qui bien-entendu poussent dans le sens de leurs intérêts mais n’existeraient pas si les politiques avaient posé des limites. C’est comme un étalage de viande à ciel ouvert qui est rempli de guêpes affamées. Il suffit de mettre une cellophane sur la viande pour que les guêpes s’en aillent et que le marché continue.


    • Francis, agnotologue JL 8 décembre 2007 10:31

      Internaute, vous manquez de cohérence. Vous dites : «  »Le Pétrole devrait appartenir aux compagnies pétrolières qui l’on découvert et exploité.«  ».

      Et plus loin : «  »Le rôle de l’Etat est d’établir des règles du jeu assez stricte pour défendre les intérêts de la nation et pas seulement la marge bénéficiaire de quelques prédateurs internationaux.«  »

      Les compagnies pétrolières sont-elles autre chose que des prédateurs, du point de vue de ces gens qui, selon votre expression, « ne faisaient que marcher par dessus »" ?

      Votre diatribe n’est pas recevable. smiley


    • Francis, agnotologue JL 8 décembre 2007 10:36

      Je reviens pour vous signaler ces îles magnifiques de polynésie, ravagées par l’exploitation occidentales pour leurs ressources minières épuisées aujourd’hui, et qui ne ressemblent plus qu’à un vaste champ de ruine. On y voit même de aérodromes défoncés et inutilisables parce qu’inutilisés. smiley


    • Patrick LOUART 8 décembre 2007 11:52

      Une des vertues d’un article est de susciter des réactions, pour ou contre. Je respecte vos positions, même si je ne suis pas d’accord avec vous. Bien cordialement.


    • Le Petit Fennec 8 décembre 2007 16:55

      Bonjour ! Votre commentaire est assez intéressant mais permettez-moi d’apporter quelques éclaircissements qui pourront donner au lecteur une orientation peut-être autre que la vision que vous vous faites des choses. En Matière d’économie mondiale, n’oublions pas que ces riches dérivent généralement de certains pays colonisateurs qui n’ont laissé aucune possibilité aux autochtones de pouvoir percer, étudier et avancer. Ils les ont catégoriquement asservis en en faisant leurs vassaux et leurs cerfs. N’oublions pas aussi que lorsque vous dites que le pétrole ne doit pas revenir à ceux qui ont marché dessus sans l’extraire mais aux riches qui l’ont extrait, il ne doit nullement vous échapper que ces derniers étaient sous le joug de ceux que vous défendez âprement. Vous parlez aussi de chômage et que le nombre de chômeurs vous parait infime par rapport à la population mondiale. Je vous demanderais de scinder le nombre de 196 millions en deux pour faire ressortir et les chômeurs du « NORD » et les chômeurs du « SUD » et vous verrez qu’il n’y a pas de comparaison à faire. D’un autre côté, n’oubliez pas que les peuples du « Sud » ont été dépouillés de leurs richesses par ces riches venus des pays colonisateurs. Revoyez votre histoire et sachez que si le prix du pétrole augmente dans tous les pays, ce n’est pas seulement la faute des sociétés pétrolières ou des pays producteurs mais bien plus par les taxes faramineuses qui sont imposées par ces pays consommateurs à leurs sociétés pétrolières. Alors, convenez-en et remarquez que le seul perdant, c’est le petit consommateur,le RMIste et le chômeur.


  • Francis, agnotologue JL 8 décembre 2007 10:09

    Mr Louart, votre article me laisse un peu perplexe. Vous avez hésité entre la nouvelle et l’essai, vous auriez dû choisir : en voulant l’un et l’autre, le lecteur n’a ni l’un ni l’autre.

    Sur le fond donc, il y a de bonnes choses, mais aussi beaucoup d’amalgames, de réductionnisme, de symboles bousculés, d’affirmations gratuites.

    Vous écrivez : «  »puisque liberté ne rime pas avec équité, ni avec égalité«  ».

    L’emploi du verbe rimer ici est ambigu. C’est une erreur d’opposer égalité et liberté sans évoquer la servitude, laquelle s’oppose aux deux précédentes et invalide en l’occurrence un raisonnement binaire. « Mes chers compatriotes, ne séparez jamais la liberté de l’égalité » (F. Mitterrand)

    Puisque apparemment vous n’êtes pas physicien, sachez que Newton a formulé les lois de la pesanteur. Quant aux lois de l’apesanteur, on cherche toujours.

    Enfin sans entrer davantage dans les détails de votre article, je voudrais ajouter un mot sur la conception libérale de la liberté, en rebondissant sur passage suivant : «  »Cet ordre marchand, pour autant qu’il soit ordonné, concentre de plus en plus de richesse en un nombre restreint de mains, mais, il fait en même temps surgir de grandes libertés pour les consommateurs et les citoyens, si tenté (sic) que le consommateur soit aussi un citoyen«  ».

    Pour moi, ce n’est pas la liberté que de pouvoir aller en 4x4 dans les chemins creux, de prendre le métro ou l’avion, de manger des fruits aux pesticides en toutes saisons et de la viande aux hormones tous les jours. L’économie libérale est une économie de l’offre, contrairement à une économie sociale qui serait une économie de la demande. La vraie liberté c’est de pouvoir satisfaire ses besoins et ses désirs légitimes, pas d’en acquérir de nouveaux de gré ou de force.

    Pardon pour ma franchise et Cordialement.


    • Patrick LOUART 8 décembre 2007 11:47

      Merci pour vos commentaires. Aucune hésitation en revanche entre la nouvelle et l’essai. J’aime mélanger les genres. L’académisme est une excellente chose à condition de pouvoir lorsqu’on le souhaite le contourner. Cordialement.


    • Patrick LOUART 8 décembre 2007 11:50

      suite : Aucune affirmation gratuite en revanche. Ce que j’avance en terme de données chiffrées sont réelles. Elles émanent pour la plupart de l’OCDE, la BM, le FMI, etc... Encore merci.


    • Francis, agnotologue JL 8 décembre 2007 13:10

      MBOCK Elise, votre post de 12H15 est introuvable. ëtes-vous victime, comme Morice, de l’esprit frappeur d’Avox ?

      ps. Si vous répondez, faites des post très courts que l’on puisse voir dans « les derniers commentaires ». Merci.


    • Francis, agnotologue JL 8 décembre 2007 13:43

      Je ne sais pas ce que fait ce post ici ???


  • vieuxcon vieuxcon 8 décembre 2007 11:58

    Merci JL pour votre analyse qui rejoint un peu la mienne sur l’économie libérale de marché ou de l’offre. Monsieur Louart c’est vrai que nous attendons ou craignons tous un peu , l’effondrement de cette tour. Il arrivera probablement, sans doute quand nous aurons compris que les 80 / 20 auquels vous faites référence, ne sont pas une loi mais un instantané.

    Comme tout cliché d’une chose en évolution il ne vaut qu’à l’instant où il est pris. Il n’a de valeur que pour l’histoire de l’évolution, mais en aucun cas on ne peu en tirer une loi de l’évolution. Ainsi si le célèbre Paretto refaisait aujourd’hui son étude, il nous pondrait quelque chose du genre 90 / 10. Ce que tendait d’ailleurs aussi à expliquer sa loi.

    Ainsi votre Babel s’élèverait toujours plus haut, mais en même temps sa base se rétrécirait. Le cercle qui l’alimente diminuerait, et le désert progresserait.

    On sait que tel est le cas, mais on se refuse à le voir, car dans nos « grandes écoles » on nous rabâche la même chose : Paretto 80 20.

    Combien n’aies je vu de collègues statisticiens, marketeurs, vendeurs, s’arranger pour produire des résultats qui collent à cette loi ? Combien n’aies-je vu de patron qui attendaient avec un oeuil gourmand, ce moment où on leur démontrerait qu’ils étaient sur la bonne voie, juste par ce que le fatidique 80 / 20 était présent. Je le disais, je le redis, je le redirais toujours, les adorateurs de Paretto sont des fumistes qui n’ont pas compris grand chose au monde qui les entoure


  • Le Petit Fennec 8 décembre 2007 17:25

    Re-bonjour ! Permettez-moi de vous féliciter pour votre article qui retrace bien l’actualité économique présente dans le monde. Tout un chacun sait que la richesse est à ceux qui se lèvent tôt. Mais lorsque vous muselez toute un continent, vous l’asservissez et vous le dépossédez de tous ses biens et de toutes ses terres et vous en faites votre chasse gardée comment voulez-vous que ces peuples puissent relevez la tête, étudier ou faire des recherches. Les séquelles du colonialisme sont telles que les peuples dans cet état subissent la loi du boomérang. Ils veulent chasser leur naturel de colonisé et d’asservi et il leur revient au galop. Les traumatismes séculaires qu’ont subi ces peuples a annihilé leurs moyens et non leur compétence à créer et à produire. D’un autre côté nous pouvons dire que la vie actuelle appartient aux riches des deux rives, mais la faute n’incombe pas à ces derniers mais bien plus aux dirigeants politiques de tous les pays, pour les uns, c’est sous la démocratie coiffée qu’ils évoluent pour les autres, c’est la dictature pour asservir leurs peuples et les maintenir dans un état de latence qui ne doit nullement les laisser sortir de leur état d’oppressés, de colonisés, et d’asservis. De quel monde économique parlons-nous ? Est-ce qu’on est sur la même longueur d’ondes ? De quel loi de pesanteur et d’apesanteur vous parlez ? Pour la première, elle est connue par tout le monde grâce à Newton mais pour la seconde, c’est un point d’interrogation et nous devons attendre plusieurs décennies voire plusieurs siècles pour déceler ses paramètres car il faut pouvoir entrer dans le cosmos pour pouvoir l’étudier et la rendre perceptible au niveau des lois de la physique pure. Par ailleurs, de tout temps, nous savons que le monde appartient aux riches et que c’est leur loi à laquelle il faut obéir et ne point transgresser. Les vraies tours de Babel sont plutôt représentées par la banque mondiale et le F.M.I qui imposent leur diktat aux pays pauvres. Quant aux ressources financières générées par le pétrole, ne voyez surtout pas les riches et les pays producteurs de cette matière première comme potentats, mais aussi les pays importateurs qui imposent goulument cette dernière. En définitive, qui est le perdant dans cet amalgame ? C’est le pauvre citoyen qui trime pour enrichir encore plus les riches dont vous parlez. Alors, ayons une pensée noble pour tous ces travaileurs, ces soldats de l’ombre, sur lesquels tant d’empires ont été érigés, parfois au prix de leur vie.


  • Tzecoatl Tzecoatl 9 décembre 2007 10:06

    La tournure de ce fil de commentaires est empreint d’un matérialisme nauséabond. Car en dehors de l’enrichissement, point de salut.

    Les fortunes se font et se défont, c’est donc un drôle de rocher auxquel vous induisez les individus de s’accrocher comme des bernics.

    Les tours, les cercles et les flux sont dans les têtes.


  • herbe herbe 9 décembre 2007 16:08

    je trouve qu’il y a une analogie avec la ville/gratte-ciel du film « le territoire des morts » :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Land_of_the_Dead


  • Forest Ent Forest Ent 10 décembre 2007 00:24

    Parabole plaisante, qui me semble décrire plus l’Angleterre victorienne que les US aujourd’hui. En effet, le propre de la mondialisation est que toutes les oligarchies sont vassalisées. Il y a augmentation des inégalités partout, et il y a de riches et pauvres américains, français et chinois.

    Nous revenons effectivement aux origines du capitalisme, où les revenus du capital semblent pouvoir se déployer sans fin au détriment des revenus du travail, grâce à la disparition des Etats, syndicats, contre-pouvoirs et autres archaïsmes. Mais il y a en plus une capacité accrue à créer de la monnaie. Cela pourrait finir comme en 14. En pire.


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