mercredi 25 septembre 2019 - par Lucchesi Jacques

La dure progression de la démocratie

Non, la liberté n’a pas encore succombé aux coups de trique des despotes. Les nombreuses poussées de révolte populaire, un peu partout dans le monde, en sont la preuve

 Cela s’est passé en Algérie le 16 février dernier où, apprenant que le président Bouteflika (physiquement très affaibli) comptait se représenter pour un cinquième mandat, la foule algérienne est descendue massivement dans la rue pour réclamer son départ. Pendant des semaines, des marches protestataires ont été organisées chaque vendredi jusqu’à ce que Bouteflika démissionne le 2 avril, entrainant avec lui la chute de son équipe - composée en grande partie de membres de sa famille. Depuis c’est Abdelkader Bensalah, président du parlement algérien, qui assure l’intérim et, malgré la pression de l’armée pour bloquer une transition démocratique, des élections libres devraient être organisées en décembre prochain.

 

Cela s’est passé en Turquie où Ekrem Imamoglu, candidat de l’opposition à l’AKP du président Erdogan, a remporté les clés de la mairie d’Istanbul, le 31 mars dernier. Excédé, le « sultan » d’Ankara a fait invalider ce scrutin et a organisé de nouvelles élections municipales le 23 juin. Mais les stambouliotes ont confirmé les résultats du premier vote et Erdogan a dû, cette fois, accepter la loi des urnes.

 

Cela s’est passé à Hong-Kong, également le 31 mars, quand 12 000 manifestants, sous l’égide du Front Civil des Droits de l’Homme, ont protesté contre la loi d’extradition qui permettrait à Pékin de s’immiscer dans le système juridique hongkongais et de juguler ainsi toute forme d’opposition. Rappelons au passage que si Hong-Kong est retournée dans le giron de la Chine continentale en 1997, elle n’en bénéficie pas moins d’un régime politique qui lui assure une marge d’autonomie. Depuis, marches et rassemblement se sont succédé par dizaines, malgré une réaction gouvernementale de plus en plus violente, faisant vaciller l’économie hongkongaise. Consciente du séisme social qu’elle avait provoqué, Carrie Lam, présidente de l’exécutif, a reconnu son erreur et a retardé l’application de la scandaleuse loi, sans toutefois la retirer- ce qui sera peut-être la prochaine étape. 

 

Cela s’est passé à Moscou, le 10 août dernier, où près de 50 000 personnes ont manifesté leur colère contre Vladimir Poutine et l’exclusion des candidats – comme Alexeï Navalny ou Lioubob Sobol – qui s’opposent à ceux de son parti Russie Unie dans les élections locales. Depuis 2013, la Russie n’avait plus connu des manifestations d’une telle ampleur. Certes, la répression a été féroce – plusieurs centaines d’arrestations et de perquisitions -, mais le parti de Poutine a quand même perdu un tiers de ses sièges aux élections législatives du 8 septembre.

 

 Cela se passe en Egypte, au Caire et à Alexandrie, où de nombreux manifestants sont allés dans la rue, vendredi 20 septembre, pour dénoncer la corruption des élites et la misère du peuple égyptien. Là encore c’est par la violence que le pouvoir a réagi à ces revendications, incarcérant plusieurs centaines de personnes dans des prisons déjà bondées – dont l’avocate et militante des droits de l’homme Mahinour El Masry. Car le maréchal Al Sissi (grand acheteur de matériel militaire français) tient, depuis son coup d’état de 2013, l’Egypte dans une main de fer, craignant trop d’être destitué à son tour. 

 

Ces quelques exemples, tirés de l’actualité trépidante de cette année 2019 (qui n’est pas encore terminée), disent tous la même chose : l’irrépressible exigence de liberté logée dans le cœur des hommes, quelles que soient leur couleur de peau et leur religion. Et, même au XXIeme siècle, ils sont encore prêts à risquer leurs vies pour elle. N’en déplaise aux pessimistes de tout crin, ces colères populaires sont un message d’espoir. Elles vont dans le bon sens de l’Histoire : celui d’un accroissement de la démocratie dans le monde, malgré les nombreux obstacles qu’y opposent les despotes contemporains. Ces manifestants, pour la plupart anonymes, sont les vrais héros de notre temps. Puisse leur courage inspirer nos concitoyens qui, en cet automne, continuent de battre le pavé pour faire entendre leurs revendications, qu’elles concernent leur pouvoir d’achat ou l’avenir de la planète.

 

Jacques LUCCHESI



19 réactions


  • JC_Lavau JC_Lavau 25 septembre 2019 09:46

    Sûr que la propagande ne peut ni se tromper ni nous tromper...


    • ASTERIX 26 septembre 2019 10:24

      @JC_Lavau

      VOUS AVEZ BIEN DIT REGRESSION : la France ancienne démocratie est devenue un « marigot africain » ou surnagent des crocodiles politiques des lobbyisteS et des banquiers AINSI QUE DES soi disants fournisseurs d ENERGIE COMME ENGIE
      on réclame a des mères isolées de payer PAR CB 1200 EUROS OU 850 EUROS
      EN 1 SEULE FOIS ELLES GAGNENT LE SMIC OU UN PEU PLUS ET DOIVENT NOURRIR LEURS ENFANTS

      elles n’ont plus de CB DEPUIS LONGTEMES EN PLUS DES ESCROCS AFRICAINS « présentement » pillent leurs comptes courant LES BANQUES REMBOURSENT plutot que d’avoir une hyper CYBER SECURITE QUI LEUR COUTERAIT TROP CHER
      ET VOUS VOUS DITES QUE LA DEMOCRATIE EST EN PROGRESSION :VOUS VENEZ DE QUELLE PLANETE ???????????????????????????


  • leypanou 25 septembre 2019 09:47

    qu’elles concernent leur pouvoir d’achat ou l’avenir de la planète 

     : ne vous en faites pas pour la planète, elle continuera d’exister bien longtemps après que tous les écolo-tartuffes auront disparu.

    Une lecture pour commencer la journée : l’Accord de Paris est un pacte de suicide ; voici pourquoi.

    PS Je viens d’apprendre que la Russie va aussi ratifier l’Accord de Paris, i.e le premier ministre D Medvedev a parfaitement sa place avec « les autres ».


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 25 septembre 2019 19:45

      @leypanou

      500 scientifiques de 13 pays dont 40 pour la France, écrivent au secrétaire général de l’ ONU contre l’alarmisme climatique.

      "Les modèles de circulation générale du climat sur lesquels la politique internationale est actuellement fondée sont inadaptés. Il est donc cruel aussi bien qu’imprudent de préconiser le gaspillage de milliers de milliards de dollars sur la base des résultats de modèles aussi imparfaits. Les politiques climatiques actuelles affaiblissent inutilement le système économique, mettant des vies en danger dans les pays à qui est refusé l’accès à une énergie électrique permanente et bon marché.(...)


      « Torturez les chiffres, ils finiront par avouer... »

      NB : Rappelons que : – Le thermomètre n’a été inventé qu’au début du 17e siècle – Les relevés de température par satellite ont commencé en 1979 – La hausse du niveau de la mer n’est surveillée par satellite que depuis 1992 – Le déploiement complet des balises ARGOS (permettant une analyse de la température et de la salinité des eaux de 0 à 200 mètres) n’a été achevé qu’en 2007 – Les bilans de masse des glaciers du Groenland et de l’Antarctique n’ont commencé qu’au début du 21e siècle.



  • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 25 septembre 2019 10:16

    Le titre parle de « démocratie » et le texte parle de « liberté ». Confusion des genres. De toutes façons, la « démocratie » de l’argent est un lifting de dictature, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 25 septembre 2019 10:46

      @Séraphin Lampion

      Liberté et démocratie peuvent justifier des solutions totalement opposées. La première notion suppose que chacun doit décider pour lui-même, la seconde impose la loi de la majorité à la minorité. Les décisions « démocratiques » ont autant de chances d’empiéter sur les libertés que de les protéger.

      Les « libéraux » ne sont pas satisfaits par l’évolution des sociétés démocratiques quand celle-ci se traduit par une augmentation de l’emprise de l’état sur l’économie et le recours à une judiciarisation des opinions personnelles.

      Le fonctionnement d’un état « libéral » dans laquelle le rôle de l’état serait réduit à ses fonctions régaliennes, comme celui auquel aspirent les « libertariens », n’est pas forcément « démocratique ». Les règles en seraient intangibles et fixées une fois pour toutes sans que la population ait le moindre droit de regard sur elles. Cela s’appellerait l’ »ordre », et les forces de l’oredre seraient là pour maintenir la liberté d’entreprendre et le marché libre. Les hommes d’état garants du fonctionnement libéral pourraient exercer le pouvoir à leur profit ou au profit des plus libéraux parmi les financiers libertaires ! Et au bout, aucune garantie que les personnes exerçant le pouvoir défendraient effectivement le libéralisme, la seule chose certaine étant qu’elles auraient réussi à y accéder dans une compétition étrangère à tout débat contradictoire.

      Un état constitué dans une perspective libérale aurait plus de chance de porter atteinte aux libertés qu’un régime démocratique sans garanties « libérales » institutionnalisées dans lequel la majorité de la population pourrait remettre en cause certaines libertés.

      La démocratie est en fait une procédure de sélection des politiques publiques susceptible de s’éloigner de la « vérité » libérale.

      Heureusement, nous vivons dans un pays qui a su éviter l’une et l’autre de ces dérives !


  • Samy Levrai samy Levrai 25 septembre 2019 10:35

    article de propagande euro atlantiste ignorant le sens des mots.


  • troletbuse troletbuse 25 septembre 2019 11:57

    L’auteur ne parle pas de la France car le titre aurait été « La facile régression de la démo crassie »


  • Sparker Sparker 25 septembre 2019 12:46

    Nous avons en france la possibilité de lancer le chantier d’une sixième république qui peut redéfinir l’interaction entre les intérêts particuliers et les réalités collectives.

    Un juste équilibre est possible en redéfinissant, avec l’accord populaire, les contours du bien et de l’intérêt commun dans lequel la liberté individuelle peut s’exercer.

    Bon c’est un peu léger comme approche mais c’est l’esprit qui compte.

    On peut en discuter... c’est le moment.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 25 septembre 2019 19:53

      @Sparker
      C’est tout vu, une 6e République suppose une autre Constitution.
      Le Droit européen interdit de faire des Constitutions qui ne soient pas conformes aux Traités européens.

      "La primauté du droit européen sur les droits nationaux est absolue. Ainsi, tous les actes européens ayant une force obligatoire en bénéficient, qu’ils soient issus du droit primaire ou du droit dérivé.

      De même, tous les actes nationaux sont soumis à ce principe, quelle que soit leur nature : loi, règlement, arrêté, ordonnance, circulaire, etc. Peu importe que ces textes aient été émis par le pouvoir exécutif ou législatif de l’État membre. Le pouvoir judiciaire est également soumis au principe de primauté. En effet, le droit qu’il produit, la jurisprudence, doit respecter celui de l’Union.

      La Cour de justice a estimé que les constitutions nationales sont également soumises au principe de primauté. Il revient ainsi au juge national de ne pas appliquer les dispositions d’une constitution contraire au droit européen."


  • McGurk McGurk 25 septembre 2019 13:10

    L’optimisme de l’auteur fait sourire.

    Tous ces exemples ne sont que des soubresauts de la liberté en train de mourir. Non pas de l’épanouissement laborieux de la démocratie.


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 25 septembre 2019 20:04

    La révolte à Hongkong fait partie intégrante de la guerre économique des USA envers la Chine, histoire d’enquiquiner le gouvernement chinois.

    En langage courant, cela s’appelle « une révolution colorée ».


    Pareil à Moscou, où l’escroc Navalny soutenu par l’ Occident fait figure d’étendard de la liberté, contre le méchant Poutine...

    Mais qui est Navalny ? par Xavier Moreau


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