vendredi 29 novembre 2019 - par Zaouder Touré

La Lutte des superclasses dans l’Histoire

 

Le communisme moderne fondé par Karl Marx et Friedrich Engels est basé sur la théorie de la lutte des classes. La lutte entre la classe capitaliste et la classe salariée devrait, d'après cette théorie, mené à la révolution communiste.

Mais aujourd'hui les résultats des recherches sur le passage entre l'esclavagisme antique et le féodalisme (Marc Bloch, Georges Duby, Pierre Bonnassie), l'expérience du mouvement ouvrier depuis le XIXe siècle y compris l'expérience soviétique, la théorie de la lutte des classes est devenue insuffisante pour expliquer les bouleversements et révolutions des rapports sociaux dans l'Histoire. Si elle est insuffisante, la théorie de la lutte des classes demeure toujours nécessaire.

 

La nouvelle solution que j'ai trouvé pour dépasser ces insuffisances chez Marx est la lutte des superclasses. Chez Karl Marx et Friedrich Engels, c'est la lutte des classes entre maîtres et esclaves qui conduit à l'abolition de l'esclavagisme antique, c'est la lutte entre les seigneurs féodaux et les serfs qui conduit à l'abolition du servage, et par déduction, la lutte entre capitalistes et salariés qui doit nécessairement mené à l'abolition du salariat.

 

La faiblesse principale de cette théorie réside dans le fait que les esclaves n'ont pas pu abolir l'esclavage antique lorsqu'ils représentaient l'immense majorité de la population active mais l'esclavage n'a été abolie que lorsque les esclaves étaient devenus très minoritaires dans la population active (Voir par exemple « Survie et extinction de l'esclavage antique » de Pierre Bonnassie ).

 

À la veille de la Révolution française, le servage était à l'état de vestiges on ne peut donc pas dire que l'abolition du servage soit le fait des serfs (Voir par exemple, l'histoire de la Révolution française par Alexis de Tocqueville). Pourquoi les serfs n'ont pas aboli le servage lorsqu'ils représentaient l'immense majorité de la population durant les siècles passés ? Poser cette question, c'est déjà y répondre. 

De même depuis la publication du Manifeste communiste en 1848 jusqu'à nos jours le salariat n'a été aboli nulle part (y compris en URSS ). Et pourtant dès le Second Empire en France jusqu'à nos jours, la classe des salariés représentaient l'immense majorité de la population active. Depuis plus d'un siècle, l'immense majorité de la population active en Allemagne, en Angleterre, États-Unis, etc. sont salariés, pourquoi les principes du Manifeste n'y sont pas dominants ? À plus forte raison qu'ils provoquent une révolution communiste ?

 

En réalité, l'Histoire est gouvernée par une lutte encore plus vaste, plus lente mais décisive. En effet, dans l'Antiquité l'abolition de l'esclavage n'a été possible sans la très lente (plus de 1000 ans) transformation économique de l'immense population esclave en paysans alleux (petites propriétés paysannes semi-libres). La concentration de la propriété alleutiere donne naissance d'un côté à une infime minorité de grands seigneurs féodaux capables de lever des armées privées et de l'autre côté des serfs sous domination des seigneurs. Les seigneurs féodaux très minoritaires mais constituant l'élite économique concentrent la richesse et deviennent à la longue l'élite politique féodale. Serfs et seigneurs forment la superclasse féodale. C'est la lutte entre la superclasse esclavagiste et la superclasse féodale (lutte entre le mode de production esclavagiste et féodale) qui conduisit à la révolution féodale c'est-à-dire l'abolition totale de l'esclavagisme antique.

 

Au moyen âge, il a fallu plusieurs siècles de transformation économique des serfs en paysannerie libre (mais liberté incomplète) jusqu'à ce que la superclasse bourgeoise (paysannerie libre majoritaire + classe bourgeoise minoritaire ) représente l'immense majorité de la population active. La Révolution de 1789 n'a donc été possible que parce-que le rapport de force économique s'est inversé, au cours de plusieurs siècles de lente transformation économique, entre la superclasse féodale et la superclasse bourgeoise.

 

Actuellement, la lutte des classes entre capitalistes et salariés existe mais ces deux classes s'unissent en superclasse capitaliste-salariale contre la superclasse des chômeurs.

Tant qu'il forment la majorité de la population active, le salariat, autrement dit le capitalisme, ne pourra pas être aboli. Pourquoi ? Parce que l'intérêt objectif du capitaliste-salarié (entreprise privée) est opposé à celui du chômeur (communisme).

 

Inévitablement, l'évolution économique conduira à la transformation de l'immense majorité en chômeurs. C'est au cours de cette période où la superclasse des chômeurs est majoritaire dans la population active que la conscience communiste devient aussi dominante dans population et que la révolution communiste devient ainsi possible.

 

Déjà la superclasse des chômeurs prend conscience d'elle-même, il est vrai de façon très lente et difficile mais réelle, notamment le mouvement des chômeurs en France de l'hiver 1997-1998. Et plusieurs organisations de chômeurs de différents pays s'organisent sur le plan national pour défendre leurs intérêts. Mais la superclasse des chômeurs ne réalisera son œuvre historique, œuvre émancipatrice de l'Humanité toute entière, que lorsque ce mouvement devient communiste c'est-à-dire inscrit sur son drapeau : l'abolition positive du capitalisme-salariat.Puisque les chômeurs eux-mêmes par leur simple existence étant l'abolition douloureuse(négative) du salariat. Négation qu'il s'agit de rendre positive par la réappropriation des biens de production et des biens de consommation éloignés par leur situation de chômage ou de précarité. 

 

NB : Par Révolution communiste des chômeurs, il faut entendre un mouvement révolutionnaire composé majoritairement de chômeurs et minoritairement de salariés. Dans les sciences sociales, l'individu ne pèse pas c'est la dialectique entre majorité et minorité qui constitue le moteur de l'Histoire c'est à dire la transformation, au sein de la structure sociale d'une minorité en majorité et inversement, qui provoque les grands bouleversements politiques et idéologiques dans l'Histoire. 

 



9 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 29 novembre 2019 15:01

    tiens ! encore une wege-issue

    après la diversion vers les mauvaises cible :

    jeunes contre les vieux qui ne leur ont rien laissé

    femelles contre machos qui arrètent pas de les battre et de les tuer

    voilà la nouveauté : 

     chômeurs contre actifs qui leur prennent tous les boulots

    quand, en plus, les chômeurs sont des jeunes femmes et les actifs des vieux cochons, ça devient insupportable !

    on n’attend plus que la version « jeunes femmes catholiques chômeuses » contre« vieux salauds musulmans fonctionnaires » !

    Pendant ce temps-là, Arnault, Rotschild et Zuckerberg peuvent dormir sur leurs six oreilles : ils on encore de beaux jours devant eux avec de telles maips infantiles.


    • infraçon infraçon 29 novembre 2019 18:10

      @Séraphin Lampion Séraphin, vous êtes vraiment insupportable... Certains s’échinent à trouver un chemin vers un avenir radieux. Et vous, d’un coup de pied nonchalant, vous mettez leur château de cartes par terre ! Vous n’êtes vraiment pas sympa.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 30 novembre 2019 09:36

      @Séraphin Lampion
      Bonjour,
      Votre intervention est la bienvenue. Vous apportez à la fois un excellent résumé sur la théorie novatrice de l’auteur et un dépassement de cette théorie qui ouvre ainsi de nouvelles perspectives.


    • Clocel Clocel 30 novembre 2019 09:53

      @Séraphin Lampion

      Attention, les vieux porcs peuvent être bourré de talent !

      Auquel cas, votre brillante démonstration ne vaut que pour les moldus. smiley


  • CN46400 CN46400 29 novembre 2019 15:02

    Le manifeste ne fait qu’une centaine de page, lisez-le et vous comprendrez que pour Marx les deux classes sociales qui s’affrontent dans la société capitaliste sont la bourgeoisie, « infime minorité » qui possède les grands moyens de production et le prolétariat « immense majorité », qui groupe tous ceux qui doivent travailler pour vivre....

    Dans le prolétariat, la classe ouvrière, par sa concentration, est appelée à jouer un rôle révolutionnaire particulier. Les chômeurs sont une « armée » dont les capitalistes disposent pour faire baisser le prix de la force de travail.


  • Xenozoid Xenozoid 29 novembre 2019 18:13

    c’est une blague ?


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 30 novembre 2019 09:41

      @Xenozoid
      Je crois pour ma part que l’auteur n’essaie même pas de nous faire rire.
      Il prépare « le nouveau capital » : une refonte du livre de Karl Marx à la lumière de sa théorie des superclasses.
      Vous pouvez réserver le livre en envoyant un chèque de dix euros à Jean Dugenêt ([email protected]).


  • Claude Courty Claudec 29 novembre 2019 18:43

    Notre histoire sociale n’est rien d’autre que celle de la relation économie-démographie. Et c’est par ignorance, voire négation de cette relation fondamentale ainsi que de son évolution, que nous nous interdisons :

    — de garantir à tous les êtres humains des conditions d’existence pouvant être considérées comme décentes

    — d’éradiquer la pauvreté profonde

    — ne nous réconcilier avec notre environnement.

    Richesse et pauvreté en tout, existent l’une par l’autre et sont relatives, comme elles l’ont toujours été. Par ailleurs, où que ce soit et sous tous les régimes politiques, un pauvre ne peut enfanter que des pauvres, comme un riche ne peut donner naissance qu’à des riches ; quels que soient les aléas heureux ou malheureux de l’existence de chacun par la suite, tels que les déterminent ses talents, ses ambitions, sa volonté, ses efforts, sa chance ... et les circonstances.

    Les hasards de sa naissance insèrent chacun dans la pyramide sociale selon ses antécédents génétiques, sociaux et culturels, situation que la lutte des classes n’a jamais ni nulle part changé d’un iota, avec ou sans suppression de la propriété et de l’héritage – l’une de ses mesures emblématiques. De telles dispositions ne faisant qu’accroître la richesse collective autrement que par les voies habituelles que sont la confiscation pure et simple ou l’impôt, sans modifier le caractère incontournablement pyramidal de la richesse comme de la société, qui refusent toute forme d’égalité.

    N’est-il pas par contre remarquable que dans leur grande compassion, Marx comme l’immense majorité de nos experts en sciences dites humaines soient muets quant au fait que la pauvreté a sa limite qui est le niveau zéro au-dessous duquel nul ne peut descendre, alors que l’enrichissement – individuel comme collectif – en a aucune, hormis celles de l’ambition de ceux qui le convoitent et les ressources dont il est tiré. C’est cette situation fondamentale qu’il faut vaincre ; non par des combats primitifs qui en l’ignorant ne font que l’aggraver depuis toujours, mais en “isolant” la pauvreté profonde du niveau zéro de la richesse. L’instauration d’un revenu universel minimum et inconditionnel, annulant l’effet d’inégalités sociales qui ne peuvent et n’ont fait qu’augmenter depuis la nuit des temps en suivant systématiquement l’évolution constante du binôme démographie-économie (avec toutes conséquences sur la croissance et partant sur l’environnement) pourrait par contre être LA solution, alors qu’au contraire, la lutte des classes ne fait que ramener l’être humain – “élite” amplement comprise – à la situation de l’insecte qui se heurte obstinément à la vitre dont il est prisonnier sans la voir, pour finir par ne plus concevoir que le renversement illusoire de la pyramide sociale comme moyen de mettre fin à des inégalités sociales fondamentalement attachées à la condition humaine. Faute d’arguments crédibles, leurs espérances dans la lutte des classes déçues, l’atteinte de cet idéal d’égalité qui reposerait sur la disparition des riches apparaît comme l’ultime issue. Fantasme des partisans d’un égalitarisme exigeant la mort des nantis, la base de la pyramide sociale écraserait ainsi la société sous son poids, jusqu’à obtenir un nivellement généralisé, évacuant les riches dans le triomphe des pauvres. Que les uns n’existent que par les autres et que ce triomphe, allant à contre-courant du progrès, risque être celui de la pauvreté davantage que des pauvres, conduisant à la misère pour tous avant de sombrer dans l’inexistence sociale et la barbarie d’une fin de civilisation qui ne s’annonce pas sous les meilleurs augures, n’est qu’un détail qu’il suffirait de régler le moment venu.

    https://pyramidologiesociale.blogspot.com/


  • Luniterre Luniterre 9 décembre 2019 11:27

    @l’auteur

    En fait, vous semblez n’avoir pas vraiment lu Marx, ou bien pas compris du tout...

    Marx parle de modes de production et de rapports de production...

    La lutte de classes est donc aussi entre classes dominantes et classes porteuses d’un nouveau mode de production.

    Ce qui entraîne aussi une modification des rapports de production... Vu ???

    Il n’a jamais prétendu que la classe exploitée était nécessairement porteuse d’un nouveau mode de production, et sur ce point, vous devriez comprendre.

    Mais il se trouve que le mode de production le plus évolué apporte généralement une amélioration relative aux classes exploitées.

    Il y a donc une interaction dialectique entre les luttes des différentes classes et l’évolution des modes de production...Vu ???

    La problématique que vous tentez de poser sur les chômeurs est évidemment utile, néanmoins, vu, effectivement, l’évolution des techniques de production.

    La question est donc : quel nouveau mode de production apparait avec la « classe des chômeurs », pour suivre votre tentative de raisonnement... ???

    La réponse est évidemment, AUCUN, vu que par définition le chômeur est improductif !!!

    Le pouvoir de classe reste donc à ceux qui contrôlent l’appareil productif, et c’est donc là qu’il faut chercher l’apparition éventuelle d’une future classe dominante, parmi les éléments qui sont à la pointe du progrès technologique et des techniques nouvelles de production, et non parmi les chômeurs.

    Ce que Marx comprenait déjà, c’est précisément l’apparition d’un nouveau mode de production, basé sur de nouveaux rapports de production et sur une nouvelle forme de manifestation de la loi de la valeur, qu’il appelait donc « première phase du communisme » et que l’on a rebaptisé « socialisme » par la suite.

    >>>Critique du Programme de Gotha

    >>>https://tribunemlreypa.wordpress.com/marx-marxisme-critique-du-programme-de-gotha-glose-marginale-1-les-fondamentaux-economiques-de-la-transition-socialiste-proletarienne/

    Pour l’instant, cette solution est effectivement en échec, mais sous une forme renouvelée elle reste un mode de production possible, tant que le travail productif humain reste nécessaire à la société.

    Le travail utile peut et même doit être partagé, dans ce type de rapports de production >>>plus de chômeurs !!!

    Si le travail productif humain disparait totalement, par la robotisation totale de la société, production et services, on entre effectivement dans un nouveau paradigme, qui dépasse largement le cadre d’un post !

    Luniterre


    https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/12/26/les-aleas-de-lia-de-marx-a-terminator-en-passant-par-benoit-hamon/

    https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/01/30/en-reponse-a-gilles-questiaux-au-sujet-de-limplication-de-la-robotique-sur-levolution-du-systeme-capitaliste/

    Sur ce sujet, voir aussi Marx, évidemment >>> Grundrisse

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