jeudi 23 décembre 2021 - par Jean Dugenêt

La proclamation de la IVème internationale

La Conférence de proclamation de la IVème internationale fut l'aboutissement d'un combat engagé par Trotsky qui la préparait avec ses partisans depuis l'écrasement du prolétariat allemand par Hitler et ses hordes fascistes au service de l'impérialisme en 1933.

Le 3 septembre 1938, à Périgny-sur-Yerre un village de la région parisienne, se réunit la Conférence de fondation dans une « grange », transformée en maison de campagne, qu’Alfred Rosmer a prêtée pour l’occasion. Alfred Rosmer ne fait pas partie des délégués. Il estime comme d’autres militants de l’Opposition de Gauche qu’il est prématuré de proclamer la IVe internationale. C’est cependant un ami de Trotsky. Il avait été en 1914 un opposant de la première heure à la politique de l’Union Sacrée puis il avait participé au congrès de fondation de la IIIe internationale. D’autres éminents militants comme Victor Serge, Isaac Deutscher et Yvan Craipeau sont opposés à la proclamation dès 1938 de la IVème internationale. Mais, le grand absent c’est Trotsky lui-même qui n’a pas pu sortir du Mexique. La conférence s’est tenue dans des conditions difficiles de clandestinité. Elle a dû se tenir sur une seule journée. Vingt-deux délégués représentant onze sections y ont participé : USA, Angleterre, France, Belgique, Pays Bas, Pologne, Grèce, Italie, Allemagne, URSS et Brésil. Deux observateurs autrichiens étaient aussi présents. Quelques délégués étaient mandatés par d’autres sections, telles que l’Espagne, Tchécoslovaquie, Canada et Mexique. Parmi les participants de ce Congrès : plusieurs Français (Pierre Naville, Yvan Craipeau), des Nord-Américains (Max Schachtmann, James P. Cannon), des Belges (Leon Lesoil), des Brésiliens (Mario Pedrosa), des Grecs (Michel Raptis, dit « Pablo »)… Selon un rapport du Secrétariat International, il y avait à l’époque 29 sections qui adhéraient à l’Opposition de Gauche, mais les dures conditions matérielles ont empêché la participation de tous.

Pierre Naville donne quelques chiffres qui permettent de faire une estimation chiffrée du nombre de militants de la IVème internationale lors de sa création. Quelques-uns sont gonflés en particulier pour la France. USA : 2 500, Belgique : 800, France : 600, Pologne : 350, Angleterre : 170, Allemagne : 200, Tchécoslovaquie : 150/200, Grèce : 100, Indochine : 100, Chili : 100, Cuba : 100, Afrique du Sud : 100, Canada : 75, Australie : 50, Brésil : 50, Hollande : 50, Espagne 10/30, Mexique : 15. Le total fait 5 590. Nous déduisons qu’il n’y avait guère plus de 5 000 militants en tout. C’est approximativement le nombre de militants qu’avait l’OCI toute seule en France en 1980. C’est évidemment très peu. La section américaine avait d’ailleurs à elle seule la moitié des effectifs.

Le provocateur stalinien Marc Zborowski (voir l’article « Les provocateurs staliniens infiltrés chez les trotskystes ») était présent parmi les délégués sous son pseudonyme d’Etienne en tant que représentant de Trotsky et de la section russe en exil et il a pris la parole à la réunion. A l’intérieur de la salle, se trouvait aussi Sylvia Ageloff qui était traductrice et travaillait avec Zborowski. C’était une militante du SWP qui avait déjà travaillé comme secrétaire pour Trotsky à Coyocacan. Elle avait fait le voyage à Paris spécialement pour préparer cette conférence. Elle était accompagnée pendant son voyage par une amie nommée Ruby Weil qui était membre du parti communiste. Au début de juillet 1938, cette Ruby Weil avait présenté un certain « Jacques Monard » à Syvia Ageloff. Il s’en était suivi une ardente relation amoureuse entre les deux tourtereaux. Malgré les dangers auxquels étaient confrontés les délégués, Ageloff a amené « Jacques Monard » sur le lieu de la conférence, et celui-ci était resté assis dehors dans la cour pendant toute la durée de la conférence, observant les participants et discutant avec eux pendant les pauses. Le vrai nom de « Jacques Monard » est Ramon Mercader. Il sera l’assassin de Trotsky.

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C’est dire que cette IVème internationale à peine proclamée était très faible, menacée par les agents de Staline qui avaient déjà en main bien des cartes pour préparer l’assassinat de Trotsky.

Les délégués se prononcèrent à l'unanimité moins une voix pour la proclamation de la IVème internationale.

Comme le dit Gérard Bloch dans cet enregistrement du 21 octobre 1978, ce programme de transition repose sur deux principes cardinaux inséparables :

  • d’une part, les forces productives de l’humanité ont cessé de croître ;
  • d’autre part, la situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction révolutionnaire du prolétariat. 

Le premier point reprend l’idée d’un article précédent intitulé : « socialisme ou barbarie  ». Le maintien en place du capitalisme mène à une régression voire une disparition de l’humanité. Les forces productives de l’humanité sont la capacité de l’humanité à produire, à partir de la nature, des biens qui permettent aux hommes de vivre mieux c’est-à-dire plus longtemps, en meilleure santé, avec un meilleur épanouissement intellectuel, plus de loisirs… L’affirmation que ces forces productives ont cessé de croître a été maintes fois contestée. Pourtant, l’indéniable progrès des sciences et des techniques ne permet pas un meilleur développement des forces productives. Pour quelques-uns d’entre nous cela n’a rien d’évident. En France et dans d’autres pays d’Europe, une amélioration est certaine de génération en génération. Je vis mieux que mes parents qui eux-mêmes ont mieux vécu que mes grands-parents mais chacune de ces générations a connu une guerre mondiale. L’électroménager a facilité la vie des ménages. Nous avons la télévision, des téléphones portables, des micro-ordinateurs, des automobiles toujours plus automatisées et plus confortables... Toute cette technologie est un progrès par l’utilisation qui en est faite mais il n’échappe à personne que ces progrès techniques sont aussi souvent utilisés par les puissants pour asservir les hommes (télévision, réseaux sociaux…). J’ai pu faire des études, prendre ma retraite à 58 ans… Ce n’est pas le cas pour tout le monde même en France. Mais surtout, l’histoire de l’humanité ne se limite pas à notre environnement proche : la France, l’Europe. Si les forces productives de l’humanité ont bel et bien cessé de croitre c’est parce que le capitalisme ne peut plus survivre qu’en détruisant d’énormes quantités de forces productives. Il a fallu les millions de morts et toutes les destructions des deux guerres mondiales pour que le capitalisme soit encore en place et, sous nos yeux, l’impérialisme, phase suprême du capitalisme, vient de semer le désastre et la désolation en Lybie, en Irak, en Syrie, au Liban, en Afghanistan… Le capitalisme crée ainsi les conditions d’une nouvelle accumulation des capitaux et d’une relance de la production en appauvrissant une masse croissante d’hommes, de femmes et d’enfants qui n’ont même plus le minimum garantissant leur survie. Les capitaux sont accumulés dans les pays capitalistes les plus puissants, avec une création massive de « capitaux fictifs et spéculatifs (crédits actions) » qui ne correspondent pas à une réelle production de marchandises. L’accumulation d’armement permettant de détruire plusieurs fois l’humanité n’a rien à voir avec les forces productives de l’humanité. Il s’agit bien plutôt de l’inverse : les forces destructrices de l’humanité finiront-elles par l’emporter ? D’ailleurs la recherche effrénée du profit amène aussi à détruire les éléments vitaux que sont l’air et l’eau et à terme l’existence de la planète est menacée. Il n’y a aucune solution d’ordre purement « écologique » possible avec le maintien du capitalisme.

Les forces productives de l’humanité ayant cessé de croître, la prémisse économique de la révolution socialiste est plus que mûre. Il n’y a plus aucune raison fondamentale pour que ce système capitaliste perdure et cela depuis plus d’un siècle. S’il se maintient en place c’est parce que : «  la situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction révolutionnaire du prolétariat  ». La lutte internationale du prolétariat pour se débarrasser de ses chaînes n’a pas pu aboutir et n’aboutira jamais si n’est pas réglée cette question : doter le prolétariat d’une direction révolutionnaire. Ce sont en effet les directions traitres des IIème et IIIème internationale qui entravent partout le mouvement naturel vers la révolution socialiste mondiale parce qu’elles ont fait le choix de préserver l’ordre bourgeois, de défendre le capitalisme. Tous les appareils des partis issus directement ou indirectement de ces deux internationales sont maintenant intégrés à l’Etat bourgeois. La preuve en est, pour les 27 pays de l’Union Européenne, que tous ces partis refusent de se prononcer pour la sortie de leur pays de cette Union Européenne. Les partis de la IIIème internationale sont passés du côté de l’ordre bourgeois, pendant toute une période, par le biais de leur totale soumission à la politique de la bureaucratie stalinienne mais ils sont maintenant dans la même situation que les partis de la IIème internationale. Il en est de même pour les partis qui sont issus indirectement de ces deux internationales par des scissions et/ou des regroupements c’est ainsi le cas en France pour le « parti », qui change de nom, de Mélenchon. Nous ne sommes même pas certains qu’il s’agisse réellement d’un parti car il n’existe chez eux d’organisation que par la nécessité d’avoir des candidats aux diverses élections du système. C’est là aussi un signe de l’adaptation de tous ces partis au système capitaliste.

Ces deux principes cardinaux justifiaient que soit proclamée la IVème internationale bien qu’elle soit très faible et elle sera encore plus faible à la sortie de la deuxième guerre mondiale. Cette proclamation s’imposait quelle que soit la force militante rassemblée. C’est ce que n’avaient pas compris nombre de militants de l’Opposition de gauche qui ont désapprouvé que la IVème internationale soit ainsi proclamée.

Cette proclamation de la IVème internationale définit ce qu’est le trotskysme. Il s’agit du combat pour le socialisme qui passe par la construction d’une internationale révolutionnaire regroupant des partis de plusieurs pays. Il ne peut pas être question de trotskysme sans cette perspective d’une internationale révolutionnaire. Sur plusieurs points le programme de transition doit être modifié mais il reste, dans les grandes lignes, parfaitement valable et il doit donc être aussi une indispensable référence du trotskysme.

Le trotskysme est donc défini en premier lieu par ces deux points fondamentaux :

  • Le regroupement et l’organisation d’une internationale révolutionnaire.
  • La référence au programme de transition que nous voyons comme un condensé de l’expérience révolutionnaire depuis Marx jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale.

Nous voyons que cette définition rejette d’emblée hors du champ du trotskysme les militants de "Lutte Ouvrière" qui ont eux-mêmes écrit : « Lutte Ouvrière s’est construite indépendamment des diverses organisations se réclamant de la IVème internationale ». Ah bon ! Et pourquoi cela ? Les dirigeants de Lutte Ouvrière estiment-ils que Léon Trotsky fût un grand révolutionnaire mais que, sur ses vieux jours, il a eu cette lubie de vouloir une IVème internationale sans doute parce qu’il était un peu sénile ? A moins qu’ils estiment qu’il s’agissait d’une décision sans importance prise sur un coup de tête. Assurément, Trotsky n’aurait pas accepté que les militants de Lutte Ouvrière se réclament de lui. D’ailleurs, Lutte ouvrière a bien peu de points communs avec le trotskysme. Je renvoie ceux qui veulent creuser la question à l’excellent article du site « Maghreb socialiste » intitulé « Lutte ouvrière : au nom du « trotskysme », une soumission totale au stalinisme et à ses avatars  ».

Les trotskystes sont maintenant les seuls à affirmer vouloir construire un parti mondial de la révolution. Cette idée qui était banale au siècle dernier a été abandonnée depuis longtemps par les dirigeants traitres du mouvement ouvrier. Ceux de ma génération ont connu le PS au temps où il s’appelait encore SFIO et bien des militants du PCF se souvenaient que leur parti avait été une section de l’Internationale Communiste. Défendre ces idées classiques du mouvement ouvrier parait maintenant pour beaucoup extravagant. Contrairement aux réformistes et aux staliniens, les trotskystes ne renient rien. Ils sont maintenant les seuls à combattre pour la révolution socialiste.



26 réactions


  • Clocel Clocel 23 décembre 2021 16:30

  • Clark Kent Schrek 23 décembre 2021 16:37

    « Ils sont maintenant les seuls à combattre pour la révolution socialiste. »

    Les trotskistes, combien de divisions ?


    • Clocel Clocel 23 décembre 2021 16:47

      @Schrek

      On ne trouve guère plus de trace de cette idéologie, peut-être encore sur de très vieux coton-tiges...


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 23 décembre 2021 16:52

      @Clocel
      « On ne trouve guère plus de trace... »

      Cela ne semble pas vous chagriner beaucoup.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 23 décembre 2021 16:55

      @Schrek
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    • Clocel Clocel 23 décembre 2021 17:02

      @Jean Dugenêt

      Savez, les délires du peuple élu, quelque soit le bout par lequel vous les prenez, ça ne mène qu’à des catastrophes et à annihilation du genre humain.

      Les souffrances de la planète leur doivent tant.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 23 décembre 2021 19:21

      @Clocel
      « les délires du peuple élu »
      Un p’tit coup d’antisémitisme pour vous faire du bien.


    • Clocel Clocel 23 décembre 2021 20:14

      @Jean Dugenêt

      Raccourci intellectuellement crapuleux mais de bon aloi sur ce site...


  • Decouz 23 décembre 2021 17:11

    Sur Mercader et son parcours

     : http://www.inprecor.fr/article-inprecor?id=1008

    Alain Decaux raconte aussi dans un tome de « C’était le XXème siècle » et dans la video ci-dessous,le processus qui a abouti à l’assassinat de Trotsky, comme souvent dans ces cas, le destin, les imprévus, connaissances, rencontres de hasard ou non, bien utilisées, chance ou malchance, jouent un rôle :

    https://www.youtube.com/watch?v=Zy8cUQqrH5M


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 23 décembre 2021 19:19

      @Decouz
      Je connais le témoignage du frère de Mercader. Cela nous éclaire surtout à propos de Fidel et Raoul Castro. J’en parlerai dans un article sur la révolution cubaine et les trotskystes.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 23 décembre 2021 19:35

      @Decouz
      Je viens de regarder un peu la vidéo de Decaux. C’est nul. Je me suis arrêté à une grossière contre-vérité. Après le retour de Trotsky en Russie en 1917 : « Trotsky s’affronte encore à Lénine parce que ça c’est... » (à 8:20). C’est complètement faux... et il continue dans le même style.
      Je ne pense pas qu’il y ait dans ce qu’il raconte une mauvaise intention. Je ne le crois pas stalinien. Il joue à faire des effets de style tout en étant dilettante mais en faisant croire qu’il est spécialiste. Le tout est inintéressant.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 23 décembre 2021 19:46

      @Decouz
      Notons que le témoignage du frère de Mercader montre que c’est une légende de dire que Mercader est allé en Tchécoslovaquie. Il n’y a jamais mis les pieds. Le frère de Mercader explique d’où vient cette légende. Cela continue à circuler. De même qu’on trouve aussi fréquemment des articles affirmant que Trotsky a été assassiné avec un « pic à glace ». On se demande d’où cela sort.


    • Decouz 24 décembre 2021 08:56

      @Jean Dugenêt
      Alain Decaux raconte l’histoire, la petite, les détails, pour le grand public, mais il est intéressant de voir l’ensemble des petits faits qui aboutissent à un évènement majeur.
      Il ne faut chercher chez lui une compréhension profonde des théories, il psychologise trop, par exemple lorsqu’il aborde les différents entre Trotski et Lénine, il en fait trop une affaire d’egos, bien sur il y a des egos, comme c’est le cas presque habituel en politique, mais les deux étaient des doctrinaires, des théoriciens,(pas Staline à mon avis), et également ce qu’il appelle le « complexe des exilés » qui aurait troublé la pensée de Trotski. Et Troski qui élève des lapins ! Mais c’est aussi vrai que le chien de Mitterand.
      Quant au pic à glace, ce n’est pas l’instrument de cuisine pointu, qui de toute façon aurait pu tuer, mais plutôt un piolet d’alpinisme :
      "Aujourd’hui le piolet est exposé au Musée des espions de Washington, à côté d’une ribambelle d’objets insolites comme le pistolet-rouge-à-lèvre ou le parapluie-mitrailleur. Sur la lame, rouillée par des traces de sang, on peut lire l’inscription « Garantie Werkgen Fulpmes ». Un modèle forgé en Autriche en 1928. Ouf… La maison Simond est disculpée !"
      https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/clone-de-henry-russell-une-histoire-a-coucher-dehors-1594930411


    • Decouz 24 décembre 2021 09:02

      @Decouz
      "Mais d’où vient ce piolet et comment s’est-il retrouvé entre les mains de l’assassin ? Mercader n’était pas un alpiniste, Trotsky - malgré un séjour de 11 mois en Isère – pas davantage. Le meurtrier l’a très probablement dérobé à l’un de ses amis mexicains qui lui, était un amateur de hauts sommets"


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 24 décembre 2021 09:05

      @Decouz
      Merci pour tous ces renseignements. Je suis d’accord avec ce que tu dis sur Alain Decaux. Tu comprendras sans doute, qu’étant un peu au courant de ce qui s’est passé pendant ses années, je trouve assez pénible de l’écouter. Je comprends bien qu’il n’est pas malintentionné. Je pense cependant qu’il a pris pour argent comptant des infos qui viennent de la période où Staline et ses serviteurs ont fabriqué une histoire de conflits entre Trotsky et Lénine qui était entièrement fausse.


    • Decouz 24 décembre 2021 09:14

      @Decou
      Il était extrêmement bien gardé, sa maison était une forteresse, il y avait eu déjà une tentative de mitraillage, à laquelle Trotski avait échappé de peu, mais Mercader était considéré comme un proche et a prétendu vouloir faire corriger un article.
      « J’avais une certaine aisance pour manier le piolet, en deux coups je pouvais briser un énorme bloc de glace », a-t-il ensuite raconté à la police.Mais comment s’en procurer un à Mexico ? Le fils de son propriétaire en possédait un, Ramon Mercader le lui a dérobé. Le jour du crime, il l’a dissimulé dans son imperméable, avec un pistolet et un couteau. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. Le piolet a pénétré à 70 millimètres de profondeur dans le crâne de Trotski, mais ce dernier n’est pas mort immédiatement. Il a crié, s’est débattu, les gardes ont été alertés et Ramon Mercader a été capturé"
      https://www.lesoleil.com/2020/08/19/assassinat-de-leon-trotski-sur-les-traces-du-piolet-meurtrier-photos-4b7efbd699059e5560922e9b80948326


  • Decouz 23 décembre 2021 17:18

    Même site : « Imprecor », il y a plusieurs articles, peut-être que ça date un peu :

    "La paternité de Staline dans le crime est maintenant reconnue par tous, y compris par les Soviétiques et par le PCF. En 1978, Valentin Campa, ancien dirigeant du PC mexicain, publiait ses mémoires. Il avait été remis à la base en 1940, car il ne montrait pas assez d’enthousiasme dans la participation de son parti à la préparation de l’assassinat. L’Humanité des 26 et 27 juillet 1978 en fit paraître quelques extraits où Campa confirme que c’est bien Staline qui a donné l’ordre de tuer Trotsky. Mais il ne révèle rien qui ne soit déjà connu : en particulier, il ne dit pas qui a été le principal organisateur. Comble d’ironie : c’est le vieux stalinien Georges Fournial qui est chargé de présenter le document. Or, dès février 1938, « le jeune instituteur Georges Fournial » était dénoncé par la presse trotskyste en tant qu’agent du GPU : il venait d’obtenir un congé de six mois pour aller représenter au Mexique l’Internationale des travailleurs de l’enseignement...Malgré tout, grâce à Valentin Campa, les vieux militants ont pu apprendre, avec trente-huit ans de retard, que leurs dirigeants aimés étaient non seulement des menteurs mais aussi des assassins. D’un tout autre intérêt sera le livre sur Trotsky que s’apprête à faire sortir, à Moscou, le général Volkogonov, directeur de l’Institut d’histoire militaire de l’URSS et récent biographe de Staline. Interviewé par le correspondant de la Stampa (N° du 26 juillet 1990), il affirme avoir eu accès à de nombreuses archives dont celles de Trotsky, de Staline et du NKVD. Il déclare posséder la plus riche collection de documents concernant Trotsky : quarante mille pièces, des milliers de photos, des dizaines de témoignages. Il en publiera certains, notamment l’ordre de tuer Trotsky, daté de septembre 1931 et signé par Staline, Vorochilov, Molotov et Ordjonikidze. Il sera renouvelé en 1934"



    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 23 décembre 2021 19:16

      @Decouz
      Merci.
      Je vais suivre ça. J’ai prévu d’écrire un article sur l’assassinat de Trotsky et un autre sur les assassinats en France et en Espagne.
      Il y a toute une polémique pour savoir qui étaient parmi les trotskystes des agents du GPU infiltrés. Pour certains il y a un doute notamment pour Sylvia Ageloff dont je parle ici et pour Lola Estrine dont j’ai parlé dans cet autre article. Cette discussion ne présente plus beaucoup d’intérêt. Sans doute que les archives du NKVD nous apprendraient beaucoup de choses. Il y avait aussi probablement des infiltrés dans le SWP en Amérique puisque c’était là que se trouvaient la moitié des trotskystes.


  • sylvain sylvain 23 décembre 2021 18:20

    Il a fallu les millions de morts et toutes les destructions des deux guerres mondiales… Le capitalisme crée ainsi les conditions d’une nouvelle accumulation des capitaux


    J’ai longtemps pensé, comme beaucoup, que les guerres étaient des moments de concentration du capital . Mais après une analyse remarquable des inégalités au 20eme siècle, piketty a montré que c’était au contraire les seuls moments ou les inégalités avaient clairement reculées .Aucun gouvernement, aucune politique, dans le système capitaliste, n’a réussi ça autrement

     


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 23 décembre 2021 19:07

      @sylvain
      "J’ai longtemps pensé, comme beaucoup, que les guerres étaient des moments (...) Mais (...) piketty a montré que c’était au contraire les seuls moments ou les inégalités avaient clairement reculées."

      Surtout pour les millions de morts. Ils se sont tous retrouvés à égalité.

      Sérieusement, je ne comprends pas bien.


    • sylvain sylvain 24 décembre 2021 11:37

      @Jean Dugenêt

      oh je ne dis rien de mystérieux, juste que quand on regarde les données sur les patrimoine et les revenus, les seuls moments du 21eme siècle ou les inégalités se sont réduites, ce sont les deux guerres mondiales.

      Je ne dis pas ça pour justifier quoi que ce soit, c’est juste factuel, et il me semble intéressant de noter que le capitalisme ne sait pas faire ça autrement . Si les richesses se concentrent, il faut bien qu’à un moment, les choses s’inversent, sinon si vous poussez la situation a sa limite, il n’y a plus qu’une seule personne qui possède tout . Il semble que nos sociétés ne savent pas inverser cette tendance sans une guerre généralisée


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 24 décembre 2021 15:27

      @sylvain

      La mesure des « inégalités » pose problème. Le rapport interdécile semble le plus utilisé. C’est le rapport R/ P
      R => le plus bas revenu des 10% les plus riches
      P=>le plus haut revenu des 10% les plus pauvres

      Est-ce que ce rapport a diminué pendant les guerres ? Dans quels pays ?
      Si c’est le cas, je ne sais pas l’expliquer mais je le crois volontiers.
      La seule explication que je trouve vient du fait que les guerres ont surtout pour effet de détruire des richesses. Il serait logique que les riches subissent davantage de destruction de richesses que les pauvres.

      Il me semble certain que les très grosses fortunes n’ont jamais accumulé autant de richesses qu’actuellement si on prend par exemple les 10 plus grosses fortunes mondiale.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 24 décembre 2021 15:40

      @sylvain
      je ne sais pas si je l’ai déjà fait mais je profite de l’occasion pour te dire que j’organise des visioconférences. Mon but est évidemment de renforcer l’AGIMO mais je ne fais surtout pas du « bourrage de mou », de la propagande... Il s’agit de poser les véritables questions qui viennent à l’esprit de ceux qui réfléchissent.

      Peu ou pas satisfait de ce qui se passe => peut-on agir pour changer le monde ? Comment ? Vieille question auxquelles beaucoup d’autres ont réfléchi avant nous. En quoi les réponses qui ont été apportées doivent-elles être rejetées ou au contraire conservées...

      Je suis ouvert à tout sujet qui va dans ce sens.

      Mon objectif serait d’expliquer que Trotsky après d’autres (Marx, Lénine...) a fourni des bases solides pour répondre à ces questions mais que le « mouvement trotskystes » est morcelé et n’a abouti à rien de positif jusqu’à maintenant... D’où une apparente contradiction... une base solide qui n’aboutit à rien. Que faire ?

      Je tiens à dire ce que sont mes objectifs car sinon il y aurait manipulation. Ceci dit, il n’est pas apriori nécessaire que dans la discussion ce soient mes objectifs qui soient atteints. Je répète que je suis ouvert à tout.


    • sylvain sylvain 30 décembre 2021 22:05

      @Jean Dugenêt
      je connais peu trotsky, ce serait intéressant . Mais en ce moment j’ai pas mal d’occupations, je viens d’être papa... a l’occasion pourquoi pas

      Pour ce qui de la reduction des inégalités au cours des grandes guerres, piketty le remarque mais ne l’explique pas . Il n’explique d’ailleurs pas grand chose en général, il constate, c’est peut être pour ça qu’il semble peut deranger ceux qu’il met pourtant en cause.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 8 janvier 2022 16:27

      @sylvain

      Je peux t’inviter pour la prochaine visio-conférence dont le thème prévu sera : « l’actualité du programme de transition ». Comme toujours, en fonction de la demande des présents d’autres thèmes pourront être abordés.
      Pour cela il faut que je mette ton adresse email sur mon mailing. Il faut donc que tu me la communiques en m’envoyant un email.
      Mon adresse email s’obtient en concaténant mon prénom et mon nom sans rien mettre entre les deux. Il faut ajouter ensuite le caractère arobas et ce qu’il faut pour la messagerie gmail.


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 23 décembre 2021 21:37

    J’aime bien les musées.


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