vendredi 23 octobre 2009 - par Voris : compte fermé

La révolution en chansons

La chanson révolutionnaire est un genre un peu oublié, surtout en ce moment où la variété - et pas seulement sarkoziste - se montre des plus envahissantes et où des genres nouveaux sont venus la supplanter ou prétendre la supplanter : rock, punk, rap, hip-hop...Mais, je reste attaché à la chanson révolutionnaire qui fait partie du patrimoine français. A travers Voris Bian, j’ajoute trois chansons à son répertoire, trois chansons en lien direct avec l’actualité brûlante.

 
"Sarkozitude, je te vois" est le titre qu’a choisi Voris Bian pour cet album très engagé. Sarkozitude en référence aux sarko z’études du fils cadet, comme le montre d’emblée le premier titre de l’album. En clin d’oeil aussi au vocabulaire ridicule de la classe politique : la "bravitude" pour Ségolène Royal, et hier la "victoire" à laquelle le bon fils renonce. Une "victoire" dans le langage de cet homme, c’est une élection achetée par papa. Une victoire, ce n’est pas une chose remportée avec courage, talents et ténacité, sur la vie et sur les concurrents, non, c’est un cadeau de papa. Voilà comment on définit une victoire en terres sarkoziennes. Cela en dit long sur le traitement des valeurs et sur la vision déformée de ces gens de pouvoir sur la vie et sur la société.
 
Faut-il une révolution ? Je pense plutôt qu’il faut une contre-révolution !
 
C’est-à-dire admettre que Sarkozy a fait une révolution. Il a notamment fait sauter un tas de verrous que l’on croyait scellés à jamais comme la division entre droite et gauche. L’ouverture vient comme un tremblement de terre ébranler cette séparation idéologique qui n’a désormais plus beaucoup de sens. Sarkozy a aussi fait sauter un certain nombre de tabous : un président peut se montrer vulgaire et grossier en public (c’est très nouveau). L’hypocrisie bien-pensante de la gauche sur certaines questions (libéralismes, immigration...), a explosé plus vite que la ligne Maginot. Le tabou de l’argent et de l’opulence qui s’étale au grand jour ne connaît plus aucune limite de morale ou de décence. Etc.
 
Donc Sarko est bien l’auteur d’une révolution dans notre pays. Admettre cela (ce qui ne revient pas à considérer que cette révolution est bonne sur tout, loin de là) est quasi impossible pour la pensée de gauche qui se cherche désespérément et préfère courir vainement après le moyen de fonder une révolution sur quelques bases solides. Peine perdue, ce n’est pas la bonne démarche ! Par contre-révolution, j’entends donc la prise de conscience et la prise en compte, de la révolution introduite par Sarkozy dans les moeurs politiques et sociales de notre pays.
 
Une contre-révolution passe par le contrepied des valeurs et des exemples donnés par le pouvoir actuel. Ce contrepied s’inscrivant toutefois dans une stratégie constructive de réformes et pas en opposition stérile ou violente.
 
D’autres fois, il ne s’agit pas de défaire mais de poursuivre ou de faire réellement, de réaliser ce qui a été fait par Sarkozy mais de manière très insuffisante ou ce qui a été gâché par trop de précipitation ou d’idéologie libérale, de sarkocentrisme. Certaines réformes justifiées et nécessaires ont été gâchées et méritent d’être accomplies sur des bases plus réfléchies et mieux débattues : la réformette des institutions (la réforme territoriale risque de prendre le même chemin d’accouchement de souris) doit être reprise, la modernisation de services publics (il ne suffit pas de détruire à la hache des centaines de milliers de postes de fonctionnaires et de privatiser) doit se faire dans le respect des valeurs humaines. L’écologie doit être véritablement prise au sérieux et non pas instrumentalisée pour créer une taxe et pour des raisons électoralistes. Etc.
 
Mais revenons à la chanson ! Un premier album soumis à la modération de Jamendo comprenait deux de ces trois textes mais chantés sur l’air de la Carmagnole et de la Marseillaise. Finalement, j’ai choisi de composer mes propres musiques et l’on verra que cela convient mieux. On commence par un son rock nerveux bien en phase avec les mots décochés contre les Sarkozy (et Frédéric Mitterrand).
 
 
 
 
 
Pour conclure provisoirement (n’oubliez pas les commentaires), voici quelques liens vers des chansons révolutionnaires :
 
A écouter : chansons révolutionnaires (les chants français sont en fin de page). On y trouve notamment le regretté chanteur engagé Berranger.
Des textes de chansons révolutionnaires : on y trouve aussi "Le Déserteur" de Boris Vian.
Site de chansons à écouter et replacées dans leur contexte historique : Y figure par exemple l’entraînant "Bella ciao, ciao, ciao".
 
 
 
 
 


12 réactions


  • geo63 23 octobre 2009 10:24

    Merci pour les liens d’une qualité technique exceptionnelle. Pas l’ombre d’un grésillement.
    Entendre ainsi la voix claire de Boris Vian chanter « le déserteur », c’est superbe, j’avais oublié... etc...
    Bon, c’est un bain de jouvence. Le discours politique est bien sage en symétrie, mais pourquoi pas ?


  • fredleborgne fredleborgne 23 octobre 2009 12:34

    Article sympa. Vive le libre


  • 1984 23 octobre 2009 12:50

    Perso je préfère cette chanson qui a la mérite d’aller un peu plus loin qu’une simple critique d’un pauvre clown : 

    http://www.vimeo.com/6969025


    • Paul Cosquer 23 octobre 2009 13:14

      Pas mal. Je me mettrai peut-être à faire des clips un jour mais ce n’est pas sûr : je préfère le pouvoir des mots.


  • ELCHETORIX 23 octobre 2009 15:05

    Bonjour Paul Cosquer , bon article rafraîchissant et prometteur  !
    ah que j’aime la chanson « le déserteur » , cela me rappelle mon adolescence des années 60 et la guerre du VIETNAM etc.. !
    Déja , je me suis toujours positionné contre l’oppresseur et l’envahisseur .
    Nostalgie quand tu nous tiens !
    le CHE et tous les autres , bonne époque , et on est encore là , à voir le « spectacle » de la rupture.
    Merci encore.


  • BA 23 octobre 2009 15:19

    Que les gouvernements aient le courage de dire la vérité aux Européens.

    Voici la conclusion de la dernière étude de Natixis (page 12) :

    Synthèse : quelle politique publique face à cette situation ?

    Les gouvernements, au lieu d’annoncer une reprise cyclique normale, feraient mieux d’expliquer les difficultés :
    • pertes irréversibles d’emplois sans, pour l’instant, la capacité à créer de nouveaux emplois en nombre suffisant ;
    • contraction du commerce mondial et, pour la zone euro, risque d’appréciation de l’euro ;
    • impossibilité de redémarrer le modèle de croissance soutenue par l’endettement ;
    • nécessité, dans le futur, de passer à des politiques budgétaires restrictives ;
    • accélération des délocalisations ;
    • déformation du partage des revenus au détriment des salariés.

    La réponse efficace à long terme consiste à créer des emplois nouveaux dans les secteurs pour lesquels les pays ont un avantage comparatif, mais il s’agit de politiques de long terme (innovation, développement des PME, réindustrialisation) dont l’efficacité est de plus incertaine.

    A court-moyen terme, il faut malheureusement prendre acte de ce que le niveau de production et de revenu des pays européens va être durablement réduit (graphique 28).

    Ceci implique de recalibrer les économies en fonction de ce nouveau niveau d’activité, d’où, inévitablement, réduction en conséquence des salaires, des dépenses publiques.

    http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=49177

    En clair : Natixis prépare les esprits à un triple effondrement.

    Natixis prépare le terrain pour :

    1- l’effondrement du nombre de fonctionnaires recrutés
    2- l’effondrement des dépenses publiques
    3- l’effondrement des salaires.

    Comment le peuple français va-t-il réagir à ce triple-choc ?

    Les années qui viennent seront sanglantes.


  • Annie 23 octobre 2009 15:36

    Peut-être pas une chanson révolutionnaire mais antimilitariste, d’un compositeur écossais qui s’est inspiré d’une chanson folklorique Waltzing Mathilda (qui a été suggérée comme hymne national australien), pour en faire une chanson And the Band¨Played Waltzing Mathilda, sur la futilité de la guerre, prenant comme décor Gallipoli. Aucune vidéo sur l’internet ne rend vraiment hommage à l’interprétation poignante des Pogues de cette chanson, mais c’est toujours mieux que rien. 

    http://www.youtube.com/watch?v=nND0g_-m03A
    Now when I was a young lad I carried me pack
    And I lived the free life of the rover.
    From the Murray’s green banks, to the dusty outback
    While I waltzed my Matilda all over.
    Then in 1915, my country said, ’Son,
    It’s time you stop ramblin’, there’s work to be done.’
    So they gave me a tin hat, and they gave me a gun,
    And they marched me away to the war.

    And the band played ’Waltzing Matilda,’
    As the ship pulled away from the quay,
    Amidst the songs and the cheers, the flag waving, and tears,
    We sailed off for Gallipoli.

    And how well I remember that terrible day,
    How our blood stained the sand we call Suvla Bay
    We were butchered like lambs at the slaughter.

    The big Turkish shell caught me arse over head,
    And when I woke up in my hospital bed
    And saw what it had done, well, I wished I was dead
    Never knew there was worse things than dying.

    So I’ll go no more ’Waltzing Matilda,’
    or through the green bush bars and wide
    For to hunt and tent peg a man needs both legs,
    No more ’Waltzing Matilda’ for me.

    They gathered the injured, the wounded, the maimed,
    And they shipped us all back to Australia.
    The armless, the legless, the blind, the insane,
    Those proud wounded heroes of Suvla.

    And as our ship sailed into Circular Quay,
    I looked at the place where me legs used to be,
    And thanked Christ there was nobody waiting for me,
    To mourn, and to grieve, and to pity.

     

    And the band played « Waltzing Matilda »
    As they wheeled us down the gangway.
    And nobody cheered, they just stood and stared.
    And they all turned their faces away.

    And the band still plays ’Waltzing Matilda,’
    And the young men still answer the call,
    But as year follows year,those old men disappear
    Someday, no one will march there at all.

    Waltzing Mathilda, Waltzing Mathilda
    Who’ll come a-waltzing Mathilda with me
    And their ghosts may be heard as you pass the Billabong
    Who’ll come a-waltzing Mathilda with me ?


  • Paul Cosquer 23 octobre 2009 15:40

    Paroles de « Fred se taille chez les Thaïs »

    « casse-toi Fernande ! T’es pas d’ma bande. »,
    C’est la devise du neveu.

    Il est à voile et à vapeur,
    Le ministre de la culteure.

    Il met les voiles chez les Thaïs,
    Il nous épargne aucun détail.

    Et quand ça lui prend ses vapeurs,
    Il faut lui donner son vingt heures

    De là il traite de dégueulasse
    L’ensemble de la populace.

    Et ce dandy va dandinant,
    Virevoltant, c’est révoltant !

    Il reste en poste ce satrape.
    Qui ne sait pas fermer sa trappe.

    Il se tient fort au bastingage
    Quand le peuple lui dit « dégage ! »

    Et il s’accroche au candélabre,
    Lorsque son honneur se délabre.

    Justice de classe : justice se casse !
    Les Français en ont ras la tasse !

    Jusqu’au château ils vont monter
    Couper la queue du petit Mitté.

    Jusqu’au château ils vont monter
    Couper la queue du petit Mitté.


  • Artorix 23 octobre 2009 19:33

    A cela j’ajouterai « Ma blonde, entends-tu dans la ville » chanson des Auberges de Jeunesse, dans les années 30. Eh oui ! je date un peu . . .

    Bravo pour tous les liens suggérés 

  • Artorix 23 octobre 2009 19:34

  • Fergus Fergus 3 novembre 2009 11:44

    Annie vient de m’avertir dans un commentaire sur mon article du jour consacré à « Waltzing Matilda » qu’elle avait mis les paroles de ce chant en ligne, ce qui m’avait échappé. Qu’elle en soit remerciée.

    Quant au « révolutionnaire » Sarkozy, souhaitons qu’il finisse, de manière symbolique, « guillotiné » comme tant d’autres révolutionnaires n’ayant pas l’once d’une fibre humaniste. 


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