samedi 14 novembre 2020 - par CHALOT

Laïcité, émancipation et travail social 

Livre collectif écrit

sous la direction de Guylain Chevrier

juin 2017

262 pages

éditions l'Harmattan

 

Ce livre est une œuvre collective, même si chacun et chacune des participant-e-s a écrit son propre chapitre.

On y retrouve à la fois une unité dans la définition de ce qu'est la laïcité et à la fois une approche personnelle.

Toutes les questions essentielles sont traitées par ces neuf contributeurs apportant leur regard personnel de chercheur ou leur expérience.

La laïcité n'est pas l'anti religion comme certains ignorants la présentent.

« La laïcité, pierre angulaire du pacte républicain, repose avant tout sur trois valeurs indissociables :

  • la liberté de conscience,

  • l'égalité en droit des options spirituelles et religieuses,

  • la neutralité du pouvoir public »

Je préférerais que l'on désigne ici des principes plutôt que des valeurs, mais cette définition reste précise et juste.

Dans son introduction, Guylain Chevrier, Docteur en histoire, formateur en travail social montre, entre autres, que la laïcité est l'héritage de la Révolution française et du principe d'égalité acquis en 1789 fondant la citoyenneté politique.

Il nous fait découvrir toute l'histoire de la lente mais sûre laïcisation de la société française et montre ce qu'est une nation, « corps associé vivant sous une loi commune  » comme l'expliquait l'abbé Sieyès.

Ce livre nous rappelle aussi certaines pages de notre histoire comme celle concernant le contenu des débats ayant conduit à l'adoption de la loi de séparation des églises et de l'Etat du 9 décembre 1905.

Prenons parmi « ces pages » deux, trop souvent ignorées :

1- L'amendement prévoyant de faire cesser tous les jours fériés non liés à des événements civils , a été abandonné à la demande de la CGT !?

La centrale ouvrière qui luttait pour la diminution du temps de travail a craint qu'une loi ultérieure instituant des fêtes civiques ne soit vite abandonnée.

Il vaut mieux un tien que deux tu auras, comme le dit cet adage.

Les jours fériés ont été maintenus, quant aux fêtes religieuses liées à d'autres confessions, dès 1907, Georges Clémenceau a mis en place des jours protégés et plus tard des circulaires ministérielles ont été publiées, il s'agissait

de « circulaires relatives aux autorisations d'absence pouvant être accordées à l'occasion de fêtes propres aux communautés arménienne, musulmane ou juive. »

2- Une des raisons qui ont conduit les législateurs à élaborer cette loi de séparation fut de mettre fin à un scandale de démantèlement du patrimoine français.

Des édifices diocésains étaient démontés avant la loi 1905 et vendus à des riches américains.

La loi à mis fin à ce pillage : « De patrimoine des seuls croyants, ils deviennent l'héritage de l'ensemble de la population dont ils constituent une part de l'histoire et de la culture. »

Le livre se termine par la parole donnée aux étudiant, suite à la formation donnée pendant une semaine, aux futurs travailleurs sociaux .

L'un d'entre eux montre avec force que « le principe de laïcité est nécessaire dans notre champ d'action . » :

Un projet d'accompagnement d'un couple de résidents homosexuels n'a pas pu se faire dans une Maison d'accueil spécialisé parce qu'une « bonne moitié des Aides-médico-psychologiques ont refusé de participer au projet. Les professionnels ont refusé car ils ne voulaient pas participer à ce « péché ». !?

Ce témoignage pourrait être un point d'orgue montrant l'indispensable nécessité de faire comprendre et appliquer les principes de laïcité qui rentrent d'ailleurs dans la déontologie du travailleur social.

 

Jean-François Chalot



9 réactions


  • bonnot 14 novembre 2020 14:10

    Il y a une autre présentation du livre ici

    https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/53375


    • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 14 novembre 2020 15:54

      @bonnot
      On y trouve ceci :
      "Ce livre interroge théoriquement et concrètement, dans différents chapitres, la question de la laïcité face au surgissement de l’islam ou des islams et, notamment, des lectures et pratiques intégristes de ces islams avec leurs incidences sur la vie quotidienne des populations musulmanes ou non, et sur le fonctionnement d’institutions publiques ou privées dans lesquelles les travailleurs sociaux se trouvent confrontés à des exigences nouvelles par rapport au cadre juridique et réglementaire en place. Pour éclairer les professionnels sur ces enjeux sociaux et sociétaux autour de l’islam en France, il a été fait appel à deux intellectuels connaisseurs du sujet. D’abord l’auteur de la "Lettre ouverte au monde musulman", le philosophe Abdennour Bidar, qui réfléchit sur "l’ignorance de l’Occident sur l’islam, mais aussi sur l’ignorance de l’islam sur lui-même« [5], à savoir ce que l’auteur nomme les  »maladies chroniques« de l’islam : son »impuissance à instituer des démocraties durables« , son »impuissance à séparer suffisamment le pouvoir politique de son contrôle par l’autorité de la religion", son incapacité à ne pas régir de façon totalitaire toutes les dimensions de la vie sociale, son incapacité à accepter la liberté de conscience vis à vis des autres religions et de l’athéisme, "ses difficultés à améliorer la condition des femmes dans le sens de l’égalité". Quant à Ghaleb Bencheikh, président de la Conférence mondiale des Religions pour la Paix, il cherche les raisons de la « prolifération des thèses radicales » issues du wahhabisme ou de la mouvance des Frères musulmans et passe au crible de l’analyse critique « la position anti-amalgame » s’évertuant à nier toute relation directe entre le terrorisme et l’islam. Aux professionnels de méditer, avec la laïcité et les outils fournis par le livre, sur ces deux prises de position qui révèlent une contradiction entre une aspiration à la liberté de la part de nombreux musulmans et les injonctions intégristes ou coutumières qu’ils subissent et intériorisent comme « La » norme musulmane."


  • Jonas Jonas 14 novembre 2020 15:32

    « Dans son introduction, Guylain Chevrier, Docteur en histoire, formateur en travail social montre, entre autres, que la laïcité est l’héritage de la Révolution française et du principe d’égalité acquis en 1789 fondant la citoyenneté politique. »

    La laïcité est à la base issu du terme religieux « laïc » de l’Église catholique.

    Dans les sociétés chrétiennes catholiques, il y a séparation des clercs (soumis au droit canon), des laïcs (soumis au droit civil).
    Cependant, les laïcs sont également soumis au Divin, car Dieu est Créateur de toutes choses.
    C’est comme ça que l’Europe occidentale a fonctionné pendant plus de 1200 ans.

    Au XVIIIème siècle, les francs-maçons ont perverti le message du Christ pour faire de la laïcité une religion maçonnique anticatholique, comme l’explique Vincent Peillon, ancien ministre de l’Éducation Nationale.
    L’autorité divine est niée, et remplacée par celle de l’homme qui se croit seul tout puissant. N’étant plus guidé par Dieu, l’homme se permet de détruire la Création Divine : culture intensive sous serre, sols sous perfusion aux pesticides dont on a ôté toute trace de vie, nourriture transformée et contaminée (arômes artificiels, émulsifiants, colorants, édulcorants, épaississants, gélifiants, exhausteurs de goût, conservateurs, polyphosphates,...), pollution des nappes phréatiques, destruction des paysages naturels et des océans par la mise en place de parcs éoliens sous la bénédiction des écologistes (des millions de tonnes de béton injectés dans les sols et les fonds sous-marins détruisent des écosystèmes par milliers)....


  • Octave Lebel Octave Lebel 14 novembre 2020 16:15

    Merci de nous signaler cette référence et de nous montrer comment nos professionnels de terrain peuvent être éclairés et renforcés dans leur travail quotidien de cohésion sociale.


  • Orélien Péréol Orélien Péréol 14 novembre 2020 20:27

    Je note ce passage : « la laïcité est l’héritage de la Révolution française et du principe d’égalité acquis en 1789 fondant la citoyenneté politique »

    Il me semble qu’avec les principes, il y a des récits qui montrent le travail des principes dans la société et dans notre situation politico-économico-sociale.

    Ce passage est un moment-clé du récit canonique de la France.

    Un autre récit est entré en lutte avec ce récit canonique et se fait entendre de plus en plus : les pays avec ces principes ont pratiqué colonisation, esclavagisation d’autres pays. Ils se sont réservé la citoyenneté politique et l’ont déniée aux autres.

    Je mets le discours permanent sur « la domination masculine » comme un nouveau récit de contestation du récit canonique. Beaucoup de pirouettes intellectuelles pour concilier ces deux nouveaux récits.

    Je préfère préciser que je n’adhère pas à ce nouveau récit ou ces nouveaux récits. Ce nouveau récit ne permet aucune conciliation, il vise la domination, sans le dire. Le récit canonique est susceptible d’intégrer le nouveau récit, ce en quoi il est absolument préférable.

    Je mets ce commentaire pour dire que, à mon sens, le problème d’adhésion à la laïcité n’est pas soluble dans des tableaux d’excellence comme a l’air d’être ce livre ; mais dans la prise en compte de la nécessité du couple principes-récits et la mise en concurrence sévère pour ne pas dire plus du récit canonique par des récits victimistes qui visent au renversement des inégalités sous couvert de « prise en compte des violences passées ».


  • Coeur de la Beauce France Républicaine et Souverainiste 15 novembre 2020 12:32

    La laicité n’est plus qu’un prétexte pour ne pas gérer les problèmes identitaires et le communautarisme, installé du fait de cette idéologie dévoyée. La république laique était indissociable de la nation et de l’état fort et centralisé, ce qui n’est plus le cas libéralisme oblige. 


  • Daniel PIGNARD Daniel PIGNARD 16 novembre 2020 09:33

    La laïcité ne doit pas, en principe, préférer une religion à une autre. Ceci est une imbécilité puisque il n’y a qu’une seule vérité pour la création du monde et le salut des hommes et il n’y a donc qu’une seule religion qui est la vraie.

     

    La France avait choisi la chrétienté depuis Clovis et avait prospéré plus que d’autres en appliquant ses principes. Il y avait donc lieu de prendre la religion chrétienne et ses valeurs comme guide et garde-fou de nos lois.

     

    Dans les faits, la laïcité favorise maintenant plus la religion islamique et juive que la religion chrétienne. La preuve ? Mais tout simplement que 800 églises profanées par an ne soulève pas l’indignation de l’Etat alors qu’une seule mosquée ou synagogue profanée la soulève.

     

    La solution pour la France est donc un retour à la préférence nationale et à la préférence chrétienne et à la préférence blanche.


    • Gollum Gollum 16 novembre 2020 09:40

      @Daniel PIGNARD

      La solution pour la France est donc un retour à la préférence nationale et à la préférence chrétienne et à la préférence blanche.

      Mais c’est déjà le cas Pignard ! Le Grand Monarque règne depuis peu en France comme vous l’aviez prévu j’en rends gloire à Dieu...

      Les 42 mois sont écoulés. La prophétie s’est réalisée aux yeux de tous. Et Pignard fut son prophète éclairé. 

      Amen.


    • babelouest babelouest 16 novembre 2020 09:42

      @Daniel PIGNARD la France laïque ne doit préférer aucune religion, puisque pour l’État laïque elles n’existent pas. Dans les faits, des personnages au profil tordu arrivent à contourner la loi, mais c’est une autre affaire qui relève des tribunaux.
      .
      Pas de préférence chrétienne qui tienne.
      .
      Mais oui, la France lumière précède les autres nations dans la neutralité laïque,mais certains ne veulent pas en entendre parler : honte à eux.


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