mercredi 25 avril 2012 - par chapoutier

Le 6 Mai au soir…

Le 6 mai au soir sera connu le nom du président de la 5ème République. A deux semaines de cette échéance, la presse française et étrangère a multiplié ces derniers jours les déclarations sur la politique que devra mener le nouveau président.

C’est tout d’abord The Economist, porte parole de la City de Londres qui sous le titre « La France dans le déni », écrit le 31 mars : « quel que soit l’élu du 6 mai, que ce soit Sarkozy ou Hollande, ils n’ont pas préparé leur électorat à la brutalité des coups qui devront être portés »  The Economist écrit qu’ « lendemain du 6 mai, le vainqueur devra s’attaquer brutalement aux déficits », ciblant en particulier « l’assurance maladie, l’assurance chômage, les retraites, les allocations familiales… ».

On lit dans les Echos des 6 et 7 avril « … pourquoi les candidats évitent-ils le sujet essentiel, la réalité de la crise, de l’austérité à venir et du manque de compétitivité du pays ? Pourquoi n’exposent-ils pas leur vision des indispensables et profonds changements du modèle économique et social ? les réformes de l’Etat, les coupes dans les dépenses ? »

Quand la classe capitaliste s’exprime en ces termes, il faut réfléchir aux conclusions que doivent en tirer les militants ouvriers et les travailleurs.

  Est-il exagéré de dire que nous devons nous attendre aux plus grands chocs, est-il exagéré de dire que le président élu au soir du 6 mai sera sommé par les marchés financiers de s’attaquer au déficit creusé par le renflouement des banques privées, et que pour cela, il dispose d’une arme de destruction massive, le nouveau traité européen sur la stabilité et sa règle d’or, traité dont l’article 3 n’autorise pas un déficit supérieur à 0.5% du PIB, sachant qu’il est actuellement de plus de 5% ? Est-il exagéré de considérer que toute politique qui ne place pas en son centre la lutte contre la ratification de ce traité est une politique qui tourne le dos à la défense des intérêts des travailleurs et qui se soumet à la dictature des marchés ?

 Le Figaro de la semaine dernière consacre un éditorial à l’Espagne dans lequel on lit « En période de crise, les réformes douloureuses doivent être réalisées d’emblée. Elles ne deviennent que plus difficiles à mesure que se dissipe très vite l’état de grâce des nouveaux élus ».

 C’est un cri de panique sur l’Espagne après la formidable puissance de la grève générale dans ce pays le 29 mars, mais c’est aussi et surtout chez le quotidien français un cri de panique sur la France.

 Les marchés financiers n’ont pas beaucoup d’inquiétude sur la volonté de résistance du président élu, quel qu’il soit. Le problème pour les marchés est ailleurs ; qu’ils aient voté Hollande ou Mélenchon, Poutou ou Arthaud, ou qu’ils se soient abstenus, les travailleurs de ce pays aspirent à chasser la politique anti-ouvrière de l’Union européenne, celle précisément que le traité sur la stabilité prétend graver dans le marbre de la Constitution.



9 réactions


  • chapoutier 25 avril 2012 16:01

    Dans toute l’Europe, le FMI, la Banque centrale européenne exigent des gouvernements des plans de régression sociale sans précédent pour rembourser la dette des banques et des spéculateurs.

    Le nouveau projet de traité européen (décidé le 30 janvier 2012 lors d’un sommet européen) entend imposer à tous les peuples d’Europe l’austérité permanente, la destruction de toutes les conquêtes, l’abandon de toute souveraineté nationale.

    Ce n’est pas aux dirigeants de l’Union européenne de définir la politique du futur gouvernement de la France.

    C’est bien la question qui ne peut être contournée.

    En 2011, le déficit de la France a été de 90,4 milliards d’euros (5,4 % du PIB). Or le traité de Bruxelles fixe comme obligation que le déficit ne dépasse pas 0,5 %. Ainsi, si ce traité était ratifié, le gouvernement issu des élections, quel qu’il soit, serait contraint de supprimer 80 milliards d’euros de dépenses, c’est-à-dire d’appliquer les mesures qui ont été imposées par la troïka à la Grèce, en Espagne, au Portugal.

    La ratification de ce traité serait l’acceptation par avance de la politique décidée par la troïka : c’est « Super Maastricht ». Ce serait se soumettre au diktat de l’Union européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI qui saignent les peuples en ordonnant la mise en cause des conventions collectives, les baisses du salaire minimum, le licenciement des fonctionnaires, les privatisations...

    C’est donc maintenant qu’il faut se prononcer clairement contre la ratification.

     


  • chapoutier 25 avril 2012 16:07

    « Quel que soit l’élu, déclare un« expert » sur BFMTV, la potion sera amère pendant ce quinquennat. »

    Nous comprenons que cet « expert » nous annonce qu’il faudra obéir aux injonctions de Bruxelles, du FMI et du capital financier.

    Nous comprenons que le gouvernement qui sera mis en place au lendemain du second tour aura à charge de trouver 85 milliards d’euros d’économie par an pour se conformer aux exigences du MES et du TSCG.

    Nous comprenons que ces 85 milliards d’euros seront soustrait aux budgets sociaux de la nation. Nous comprenons que ces 85 milliards d’euros seront le prétexte pour détruire encore d’avantage les statuts des fonctionnaires et le code du travail pour les salariés du privé, notamment par la remise en cause du CDI.

    Potion amère pour le prochain quinquennat !

    Comme si rien n’avait déjà été fait contre nos acquis sociaux.

    Comme si la « contre réforme » de nos systèmes de retraite n’était qu’une plaisanterie à coté de ce qui se prépare !

    Potion est le terme ancien pour désigner les médicaments, et combien parmi les 9 millions de pauvres, de retraités, de jeunes, ne peuvent même plus accéder aux soins ? Laurence Parisot à donné le ton le 1er avril : « quoi qu’il arrive...une grande réforme de l’assurance maladie » après la réforme des retraites, annoncent-elle, le quinquennat à venir« sera marqué par la réforme de l’assurance maladie ».

    Et le Figaro du 30 mars précise : « en période de crise, les réformes douloureuses doivent être réalisées d’emblée ».

    Le Monde du 3 avril précise même : « un tour de vis après l’élection ».

    Mais après la Grève générale espagnole qui à vu plus de 10 millions d’espagnols dans la rue, certains experts se lamentent : « évidemment il y a le risque d’un soulèvement populaire » .

    Enfin une parole d’expert !




  • lucmentin 25 avril 2012 17:06

    il y a urgence.

    Nous devons refuser la ratification du traité et se regrouper contre le magement des gens de l’UE. La France est seule capable d’embarquer ceux qui ne comprennent pas.

    Mais tant que nous aurons le prétentieux qui vise la Présidence de l’Europe en se prenant pour un capable alors qu’il est nul, nous ne pouvons rien faire.

    D’en débarasser et avec lui toute sa clique qui malheureusement sera à une place quelconque pour effectuer d’autres dégats.


  • Hermes Hermes 25 avril 2012 17:16

  • minusabens 25 avril 2012 18:11

    bonjour Chapoutier,

    Je suis étonné qu’un journal s’intitulant « The economist » publie une information aussi détaillée :l’assurance maladie, l’assurance chômage, les retraites, les allocations familiales… » . Les postes énumérés ne sont pas pris en compte dans le calcul du déficit de l’etat version U:E et n’appartiennent pas à loi de finance qui établit le budget annuel de l’Etat.

    La sécurité sociale, peu importe les régimes, est un budget à part qui fait l’objet d’une gestion séparée. L’intervention de l’état sur cette institution, si elle est soumise à l’adoption du Parlement, consiste en deux volets :

    - 1 -la création et la perception d’un certain nombre de taxes destinées à compenser plutôt insuffisamment le manque de recettes.

    - 2 - les niches sociales destinées à exonérer les cotisations patronales pour soutenir l’embauche.

    Bien entendu le second volet provoque l’évolution du premier.

    Ainsi en 2010 le manque de recettes provoqué par les niches sociales dépassait de 3 milliards € le résultat de l’exercice qui aurait dégagé un solde positif si la sécu avait pu percevoir les cotisations usuelles.

    Le trou de la sécu 2010 a donc été provoqué par la politique de diminution des charges des entrepreneurs et non les assurés sociaux.

    Chapoutier vous seriez bien inspiré de choisir un organe de presse économique britannique plus sérieux.

     

    A lire une information aussi inexacte il faut s’interroger sur le sérieux et la compétence de l’auteur de l’article que vous citez.


    • chapoutier 25 avril 2012 19:22

      minusabens, bonsoir
      je ne comprend pas votre étonnement,
      douteriez-vous que les représentants du grand capital ne lorgnent avec avidité sur le budget de la sécu, et qu’ils n’ont pas l’intention de se l’accaparer.
      vous écrivez : le calcul du déficit de l’etat version U:E et n’appartiennent pas à loi de finance qui établit le budget annuel de l’Etat. mais il est justement question de fusionner CSG et impots,
      je vous invite à lire un article publié hier : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ne-touchez-pas-a-notre-securite-115345

      soyez moins condescendant svp et soyez certain que la bourgeoisie est très sérieuse quand il s’agit de nous faire les poches, et les journaux que je cite, croyez moi, sont on ne peut plus sérieux et au fait de la situation française

      Chapoutier vous seriez bien inspiré de choisir un organe de presse économique britannique plus sérieux.

      A lire une information aussi inexacte il faut s’interroger sur le sérieux et la compétence de l’auteur de l’article que vous citez.


  • emile wolf 25 avril 2012 18:58

    Bonjour l’auteur,

    J’attire votre attention sur les articles 5 et 20 de la constitution en vigueur.

    Contrairement à ce que laissent croire les candidats, les partis politiques et les médias, le mandat présidentiel ne consiste pas à conduire la politique de l’état, mais à arbitrer entre les pouvoirs.

    Le principe de notre république est la séparation des pouvoirs. Aucun mandat ne confère la souveraineté nationale à un individu, celle-ci est la propriété indivisible du peuple tout entier.

    Entretenir cette illusion que le suffrage universel confie le pouvoir absolu à un seul homme, cinq durant en toute impunité, est mensonger. C’est le Gouvernement, responsable devant le Parlement , qui définit, conduit et exécute la politique de la nation, personne d’autre.

    Il faut cesser d’entretenir les électeurs de cette légende qui perénnise le déficit d’instruction civique qui caractérise notre peuple.

    Le président, s’il gouverne, abuse du pouvoir en l’usurpant. Il doit être rappelé à l’ordre et à ses devoirs, fixées par la Constitution.

    La nomination du premier ministre, qui lui est dévolue, n’est pas le fait de désigner ou choisir celui-ci mais le cérémonial protocolaire qui donne de la solennité à la réception de cette charge, rien de plus. Les périodes de cohabitation nous l’ont montré.

    Croyez-vous sérieusement que Mitterrand aurait choisi Chirac, ou Chirac Jospin de son plein gré ? 


    • Hermes Hermes 26 avril 2012 10:44

      Bonjour,

      Mais est-ce toujours vrai après le passage de Nagy Bocsa 1er ? N’a t’il pas joué le rôle de premier ministre, ce dernier devenant un simple secrétaire exécutant, et la présidence (c’est à dire la direction politique globale) évaporée vers Bruxelles ?

      Cdt.


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