jeudi 10 février 2011 - par Raphael JORNET

Le cadre et le Blackberry

Certains vont nous en faire tout un fromage : 76 % des cadres déclarent travailler hors de leur bureau et être libérés. Aliénation ou libération ? C'est la bonne question, posée par Tissot Edition. Et alors ?

Le temps de travail a toujours fait débat, surtout chez ceux qui ne le sont pas. (voir Pdf attaché). On vient nous raconter aujourd'hui que les nouvelles technologies ont un impact sur le mode de vie des cadres, alors qu'ils savent bien, ces derniers, que c'est le phénomène inverse qui se produit : c'est la vie privée des cadres qui impacte la technologie.

On ne voit pas à quoi peuvent servir des arguments qui maquillent la vérité. Pourquoi faire ?

Bien sûr qu'ils ont droit à une vie privée, les cadres ! C'est bien pour cela que le code du travail leur garantit des temps de repos obligatoires. Il leur faut un temps de repos quotidien de 11 heures, même s'ils sont au forfait jour.

En France, ça se passe plutôt bien : le cadre s'organise, se fait un peu de vie privée pendant le temps de travail en bureau (dans le bureau parfois) mais se rattrape en arrivant à son domicile. C'est logique. Ici, c'est du donnant donnant. Ailleurs, dans d'autres pays, il y a des dérapages.

Ainsi, aux États-Unis, des cadres peu scrupuleux s'organisent pour obtenir le paiement des heures passées à travailler chez eux parce que leur employeur leur enverrait des messages sur le Smartphone fourni par l'entreprise. Ils iraient même jusqu'à revendiquer un décompte des heures passées à répondre aux appels, e-mails afin qu'ils soient rémunérés en heures supplémentaires. On croit rêver !

Tout le monde sait bien que si les cadres travaillent chez eux, à leur domicile, c'est uniquement pour rattraper le temps passé durant les heures de bureau en papouilleries et autres rendez-vous galants. Il est de notoriété publique que la France peut s'enorgueillir d'avoir un encadrement équilibré bien que très jambes en l'air. Cet accord non écrit, hors dispositions conventionnelles, entre l'encadrement et l'entreprise, est également de nature, par effet secondaire, à consolider les couples français.

En effet, le cadre revenu au foyer va quelque peu se désintéresser des tâches communes, qui sont généralement revendiquées par l'autre conjoint, dont il convient de respecter le rôle.

Pour aller plus loin, on peut dire aussi que le temps passé par le cadre à rattraper ses heures de galipettes est de nature à reposer le conjoint, dont la libido se sera épanouie ailleurs sans souci pendant l'absence du cadre. Depuis 2007, on appelle cela le gagnant/gagnant.

Nous en arrivons à l'essentiel : les actes de la vie privée ne sauraient avoir d'influence sur la vie professionnelle, sauf bien entendu en cas de « trouble caractérisé au sein del'entreprise ». Or, l'entreprise qui laisse travailler le cadre (sans rien lui demander, notez-le bien) en dehors des heures de bureau ou à son domicile ne subit aucun trouble. Difficile de faire plus simple.

La Justice ne s'y est pas trompée. En France, pays identitairement nettement moins hypocrite que les pays anglo-saxons, des cadres qui avaient demandé d'être défrayés pour des réponses mails exigées et faites durant la nuit ou le weekend ont été déboutés par deux fois, au motif que leur « travail » nocturne et dominical est de leur seule initiative.

Il ne manquerait plus que la Justice se mêle de libido ! D'autant que l'article 9 du code civil assure à chacun le droit au respect de la vie privée.

Revenons-en aux chiffres. Eux seuls comptent : dans le sondage Tissot réalisé par OpinionWay, sur la « nouvelle frontière entre la vie professionnelle et vie privée » 76 % des cadres déclarent qu’Internet les a libérés.

« Parmi ces salariés cadres qui se sont exprimés :

· 58 % disent travailler chez eux après une journée detravail ;

· 50 % le week-end ;

· 38 % pendant leurs vacances ou RTT   ».

Ces cadres s’estiment plus responsables et épanouis dans la gestion de leur vie professionnelle et personnelle.

Vous lisez bien : « plus responsables et épanouis ».

La démonstration est fait que les couples cadres français sont a demi sauvés par le modèle économique.

Le modèle français fera des petits. 

++ 

Sondage des Editions Tissot réalisépar OpinionWay auprès d'un échantillon représentatif de 1.154 personnes,salariés du privé ou du public, âgés de 18 ans et plus, du 5 au 13 janvier2011. En pdf attaché.

   
Fichier attaché Taille
frontiere_vie_professionnelle-vie-privee-OpinionWay-01-fev-2011.pdf 798.89 Ko
Fiche_pratique_temps_travail_cadre.pdf


7 réactions


  • AntoineR 10 février 2011 13:09

    La farandole des clichés sur le cadre est bien fournie.
    Vous auriez pu rajouter que le temps passé à lécher les bottes du patron ne devrait pas être comptabilisé dans le temps de travail des cadres.

    Je ne pense pas qu’il y ait une si grande homogénéité dans le comportement des cadres.

    En fait, je crois que je n’ai rien compris à votre article....
    (pour résumé)


  • Gasty Gasty 10 février 2011 14:07

    Comme pour l’article des CRS Auto-entrepreneurs, il doit s’agir encore une fois d’un article pour sourire....

    Quel amuseur ce JORNET conseiller du salarié.


  • ecophonie ecophonie 10 février 2011 14:44

    Comme AntoineR j’ai pas bien compris votre point de vue.

    Tout ce que je peux dire c’est que découvrir que des outils qui permettent de travailler ailleurs qu’au bureaux font que les cadres travaillent ailleurs qu’au bureau, c’est complétement dingue.


  • mick_038 mick_038 10 février 2011 21:54

    Sont-ce ces même cadres qui se la jouent offusqué et choqué lorsque qu’ils sont confrontés et parlent des d’jeun’s effrontés et vulgaire d’aujourd’hui, les mêmes qu’ils ont à la maison, mais dont visiblement ils ont oubliés l’existence, et ne se préoccupent pas... Car tout le monde le sait, le d’jeuns du cadre dynamique nait déjà intelligent, beau, cultivé, avec carrière et diplôme fournit en cadeau dans le biberon, ce qui arrange grandement le cadre car il n’aurait de toute façon pas le temps de s’en occuper. Tout l’inverse du djeun’s de cité quoi... Et si par le plus grand des malheurs il s’avère inévitable de lui donner une éducation, les autres le feront un, pas le cadre, faut qu’il bosse lui, des gens au travail comptent sur lui !
    D’ailleurs, un dénommé Jean (Doris, comme le surnomme affectueusement ses collègues de travail), fils de président d’un petit pays, en a récemment donné le plus marquant des exemples : pas de diplome, en DUT à 30 ans, nommé administrateur d’un des plus gros quartiers d’affaires de paris.
    Elle est pas belle la vie ?


  • anamo 10 février 2011 22:01

    Le cadre concerné, lisant cet article, ne reconnaitra pas volontiers son engagement hors limite vis à vis de l’entreprise qui l’emploie, voire son addiction à l’outil fourni.

    Le conjoint du cadre, dont je suis, qui soit dit en passant a refusé ce type d’engagement, et qui donc le comprend, sans forcément l’admettre, ne peut que constater le fait brillamment décrit ici.

    J’ose croire que l’aspect « jambe en l’air » c’est pour l’ironie et ne s’applique pas au cas qui m’intéresse.


  • Fabienm 11 février 2011 11:26

    euh ... j’ai pas compris si c’était du 36ème degré ou du 37ème ...


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