mardi 25 juin 2013 - par Gabriel

Le cauchemar de Cendrillon

 19H30 la clef dans la serrure joue son cliquetis habituel, le temps de quitter ses chaussures et, le ventre noué, elle appelle son fils. Le petit Paul, six ans, accoure et se jette dans les bras de sa mère. Le temps d’un câlin et la magie opère, lassitude, fatigue et peur sont momentanément oubliées.

 Puis, il arrive, le regard sombre en lui reprochant ses cinq minutes de retard. Elle bafouille que les transports en commun dans la circulation sont… Mais, trop tard, la gifle est partie, rapide, forte et cinglante lui entaillant la lèvre inférieure. Il lui hurle qu’il refuse d’entendre ses conneries et qu’elle se bouge le cul pour préparer la bouffe, sa bouffe !

 La joue en feu, elle s’affaire dans la cuisine. Petit Paul, effrayé, est partit jouer dans sa chambre. Petit à petit le calme revient mais la tension reste palpable. Elle sursaute lorsque d’une voix calme, il réclame une bière. Combien de fois a t’elle pensé qu’il y serait mieux couché à l’intérieur que d’en vider le contenu. Même quand la blessure guérit, la cicatrice demeure.

 Peu rassurée, elle apporte le breuvage à son maître, son tyran. Celui-ci, ni regard, ni merci, lui enlève la bouteille des mains et commence à boire avachit dans le canapé, hypnotisé devant sa télé.

 Comme à chaque fois, elle se remet en question. Elle a certainement fait une erreur, des choses pas comme il fallait…Si il l’a frappe, peut-être le mérite elle... Quand elle y pense, elle a honte. Faut dire qu’ils sont très fort les salauds pour faire culpabiliser leurs victimes.

 Chaque jour, elle reste ici, tétanisée mais debout à subir sans rien dire la violence verbale, physique et psychologique, pour son fils, du moins c’est ce qu’elle pense. Elle a son lot de frayeurs et d’humiliations journalières quand il rentre un peu saoul. Il l’insulte et la rabaisse plus bas que terre. Ses amis ont fini par refuser poliment ses invitations ne sachant quelles attitudes adopter devant les délires et les grossièretés que son mari lui jetait au visage durant les diners. Les marques de coup disparaissent, la trace des injures jamais et la souffrance à ses limites, pas la peur.

 A la suite de chaque épisode violent, en état de choc elle se terre dans un coin de la chambre la tête entre les jambes dans la position d’un fœtus qui refuse de naître, à pleurer sa douleur, sa colère, son impuissance et parfois sa lâcheté d’être encore là. Lui, après sa crise, parfois regrette et veut se faire pardonner. Il relativise les faits, essaie de se justifier en invoquant des critères extérieurs et, promet de ne plus recommencer. Il est si bête que sa violence répétée a fini par lui paraître comme un droit.

 Elle, l’écoutant gémir et se dédouaner de son exécrable attitude en vient à se considérer alors en partie responsable. Quelle est cette part d'irrationnel qui la pousse à pardonner à son bourreau et à endosser une part de son vice ? Amadouée, elle restera sans s’en rendre compte, peut-être jusqu’à sa mort…

 Lui est légèrement dépendant de sa chère mère, libertin, alcoolo et un rien sadique, il prend un malin plaisir à l’agresser. Il cache son impuissance et sa peur irrationnelle des femmes derrière sa violence. La puissance de sa perversité est inversement proportionnelle à la faiblesse de sa compagne. Etre aimer est humain. Lui, en la frappant, l’a déshumanise.

 Cendrillon s’est desséchée, a doucement glissé vers la folie et enfin libérée, est décédée un soir de janvier sous les coups de son compagnon qui n’était pas un prince et qui n’avait rien de charmant. Les œufs ne doivent pas danser avec les pierres…

 Pourquoi est elle restée à supporter ça ? Pas facile à dire… Est-ce l’éducation reçue ? La peur de perdre son fils ? La dépendance financière ? Cette attirance inexplicable pour le monstre ? Ou peut-être tout cela un peu à la fois ? Quoi qu’il en soit, les roses ne s’épanouissent pas dans le jardin du hussard qui les piétine.

 Le sujet a été plusieurs fois évoqué, aussi, je ne vous inonderai pas de statistique. Il suffit d’aller sur la toile pour voir l’ampleur du problème. Simplement un petit résumé pour toucher du doigt l’impensable, l’incroyable. Car, il est bon de rappeler de temps en temps pour ne jamais oublier, que des êtres sauvages ne pouvant contenir leurs colères volent la vie des anges. 

 La violence conjugale concerne tous les pays, toutes les classes sociales, les cultures, les religions ou les ethnies et il n’est pas si rare qu’elle entraîne la mort. En effet, 25% de tous les crimes de violence enregistrés concernent un homme qui a agressé sa femme ou sa compagne et 90 % des meurtres qui touchent les femmes sont commis par leur compagnon. Ainsi, en France, près de 400 femmes meurent chaque année sous les coups de leur conjoint. Pour les femmes de 16 à 44 ans, la violence conjugale est même la principale cause de décès et d'invalidité. Elle tue plus que le cancer, les accidents de la route et la guerre, selon des statistiques citées par un rapport du Conseil de l'Europe. En Europe, selon les pays, de 20 à 50 % de femmes sont victimes de violences conjugales !
La violence conjugale est exercée à 99 % par des hommes sur des femmes et en privé.

 En France, une femme sur 10 qui vit en couple est victime de violences conjugales. 

 Trois femmes décèdent tous les 15 jours en France de violences masculines domestiques 59% des victimes sont mariées, près de 20% vivent en concubinage.
 63 % des femmes sont d'origine française, 19% d'origine étrangère, (l'origine des 18 % restantes est inconnue). Dans 80 % des cas, l'auteur des violences est un mari ou un concubin ; dans 6 % des cas, c'est un ex (mari, amant) ; dans 2 % des cas, c'est un membre de la belle-famille, un partenaire occasionnel ou un ami du mari. Dans 2,5 % des cas, c'est un membre de la famille de la victime.

 « Appeler les femmes "le sexe faible" est une diffamation ; c'est l'injustice de l'homme envers la femme. Si la non-violence est la loi de l'humanité, l'avenir appartient aux femmes. »

 Mahatma Gandhi



33 réactions


    • Gabriel Gabriel 25 juin 2013 10:23

      Bonjour cogno5,

      La violence faite aux femmes n’est pas exclusivement et nécessairement le résultat d’une croyance religieuse quelconque, même si certaines ont des prédispositions à inférioriser tout ce qui n’est pas masculin. Vous savez, il y a aussi des athées et des laïcs absolument hermétiques à toutes croyances et qui sont de vrais sauvages avec la gente féminine. 


  • jef88 jef88 25 juin 2013 10:50

     Trois femmes décèdent tous les 15 jours en France de violences masculines domestiques 59% des victimes sont mariées, près de 20% vivent en concubinage.

    et les 31% restant c’est quoi ? des rencontres d’un soir ?


    • Gabriel Gabriel 25 juin 2013 11:07

      Bonjour jef88,

      Comme expliqué dans le commentaire, je n’ai pas retranscrit tout les sondages dans leur globalité, vous pouvez les consulter sur la toile.


    • Gabriel Gabriel 25 juin 2013 11:09

      Vous avez raison lg, il vaut mieux un petit coup de téléphone…


    • Gabriel Gabriel 25 juin 2013 11:24

      Il est difficile pour des personnes détruites psychologiquement et vivant dans la peur permanente de faire la démarche auprès de la justice. Merci de votre commentaire lg.


    • Gabriel Gabriel 25 juin 2013 13:21

      Selena, pour ces femmes, la souffrance morale infligée par la peur, la terreur de leur  bourreau, est l’antichambre de la folie. L’anéantissement psychologique qu’elles subissent  provoque la perte des repères, le sens du normal et de l’anormal, du bien et du mal. En endurant sans se révolter, elles s’autodétruisent et, il leur faut un courage et une énergie énorme pour qu’elles puissent sans sortir seule car très souvent, comme vous le faites justement remarquer, les observateurs externes ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre. Merci pour votre passage sur ce fil… 


  • jordanne jordanne 25 juin 2013 16:55

    @l’auteur
    Il n’y a pas grand chose à rajouter, si ce n’est « merci » d’avoir écrit ce texte délicat et plein de compassion. C’est remarquable qu’un homme écrive sur ce sujet ô combien banal et délicat.
    Jordanne


  • mortelune mortelune 25 juin 2013 18:11

    En France, une femme sur 10 qui vit en couple est victime de violences conjugales. "


    La première gifle reçue devrait être la dernière. Le manque d’estime de soi est flagrant. Tous les hommes ne sont pas violents bien au contraire par contre presque toutes les femmes savent la recette par coeur pour pousser les hommes à la limite du supportable. Un peu comme les enfants avec leurs parents...
    Une femme en colère reçoit des baffes et un homme en colère les donne. Conséquence il y a davantage de femmes battues que d’hommes c’est évident puisque c’est une affaire de muscles.
    Pourquoi ils nous tapent dessus ? Pas la peine de faire un doctorat pour comprendre que lorsqu’un enfant prend des gifles et qu’il finit par croire qu’elles lui sont nécessaires et bénéfiques à son ’éducation’ alors une fois adulte il en donnera à son tour ou acceptera de les recevoir.
    Continuez à gifler les enfants en argumentant la nécessité de le faire et trouver injuste la vie des cendrillons est paradoxale. 
    Quand la gifle sera enfin interdite et punie alors les plus faibles arrêteront d’en recevoir, c’est simple comme bonjour. Le reste c’est du blabla à faire pleurer ceux qui un jour finiront aussi par cogner quelqu’un de faible.


    • Gabriel Gabriel 25 juin 2013 21:55

      Mortelune, ce n’est pas qu’une question de muscle mais aussi de cervelle, d’humanité perdue mais je suis d’accord, la première gifle devrait être la dernière.


    • lulupipistrelle 26 juin 2013 03:21

      @Mortelune : exactement... 

      Une cousine de ma mère a pris une baffe, son mari n’avait pas vu qu’elle avait un fer à repasser à la main... bilan : 8 points de suture sur le crâne du monsieur...Il n’a pas récidivé, elle non plus. 

       C’est le fils aîné qui nous a vendu la mèche à mes soeurs et moi... Il était drôlement fier de sa maman. 

    • Gabriel Gabriel 26 juin 2013 08:20

      @llulupipistrelle,

      Frapper une femme qui a un fer à repasser dans la main, quel inconscient ! Ce monsieur a des attitudes suicidaires. Plaisanterie mis à part, si cela l’a empêché de récidiver alors, ruer du fer est parfois salutaire…


  • Fergus Fergus 25 juin 2013 20:00

    Bonsoir, Gabriel.

    Superbe texte pour une terrible - et si banale - histoire. On ne dénoncera jamais assez les violences conjugales. Or, tant que le regard de nos compatriotes restera globalement indifférent à l’égard de ceux qui se livrent à de tels inacceptables débordements, les choses continueront malheureusement à évoluer beaucoup trop lentement. Merci d’avoir apporté une pierre supplémentaire à la lutte contre les violences domestiques.

    Cordialement.


  • nemotyrannus nemotyrannus 25 juin 2013 21:17

    Oui je crois que selon le dernier recensement de cas ONDRP ,  sur deux ans , il y a 540 000 personnes battues dont 400 000 femmes.


    -1 Le reste on s’en fout .

    -2 Il n’y a que les déclaré (e) s

    La loi du silence et la loi du sourd , elle est pas triste la vie ?!

    • nemotyrannus nemotyrannus 25 juin 2013 21:19

      Et ça concerne les violences Physiques ET sexuelles.


      Les autres formes c’est assez dur à prouver.

    • Gabriel Gabriel 25 juin 2013 21:58

      Bien sur, il y en a énormément qui n’ose pas porter plainte, la peur, la honte, le regard des autres sans doute....


  • kergen 25 juin 2013 21:39

    Bel article.

    Qui change des pourritures de l’immonde individu qui se fait appeler « Homme Libre ».


    • Gabriel Gabriel 25 juin 2013 21:59

      Merci kergen, mais triste article aussi que je n’aurai préféré jamais écrire. Cordialement


  • alinea Alinea 25 juin 2013 23:06

    J’apprécie votre sensibilité Gabriel, mais sur cet article, j’ai envie de jeter des pavés dans la mare ; J’espère que vous les comprendrez, le problème est très long à traiter, quasiment inextricable ; cependant, l’homme qui bat sa femme est un être brisé, par qui ? Par sa mère ; abandonnante, humiliante,etc.
    Le femme qui se fait tabassée est un être fragilisé ; on sait que les couples se rencontrent sur leur psychologie complémentaires ; mauvais rapport au père, violent, exigeant, peu aimant et pas valorisant pour la petite fille.
    Ces deux êtres se rencontrent ; l’une est victime, l’autre est bourreau.
    C’est un couple !
    je vous avais prévenu, ce sont des pavés !
    J’ai subi des violences ; cela marque à vie et jamais on ne sera comme les autres !
    Mais je ne supporte pas le cucul !
    Lisez, si vous ne l« ’avez déjà fait » victime des autres, bourreau de soi-même« de Guy Corneau.
    Et sachez qu’une » victime" qui essaie d’expliquer, est conspuée !
    Cela ne sert à rien de s’apitoyer sans essayer de comprendre !


    • Gabriel Gabriel 26 juin 2013 07:41

      Bonjour Alinéa,

      Ne voyez aucun apitoiement dans ce texte mais juste la description d’une situation extrême avec les différents éléments qui peuvent la constituer, l’alimenter. Que des opposés s’attirent et que des schémas subits dans l’enfance se reproduisent, on voit cela tous les jours, dans tous les pays et sous tous les climats. Mais, quelque soit le passif et quelque soient les justificatifs que l’on peut trouver au bourreau ou à sa victime cela n’empêche pas que cette situation est humainement anormale et que la recherche des solutions empêchant la violence et la souffrance dans un couple commence toujours par la description et la dénonciation de telles situations. Merci de vos remarques.


  • hommelibre hommelibre 26 juin 2013 00:16

    De tels cas existent, malheureusement. Même si un seul cas est toujours de trop, est-il possible de les quantifier ? Au-delà de l’histoire que vous racontez, la violence physique de cet ordre concerne 2 à 2,5% de femmes victimes, et 1 à 1,5% d’hommes victimes. Il est regrettable qu’on lise encore ici que 10% des femmes en France subiraient cette forme de violence, de même qu’il est regrettable qu’elle soit toujours traitée de manière univoque, sans mentionner la violence physique faite aux hommes.

    Le problème, et on le voit encore dans l’injure qui m’est faite plus haut ou parfois sur mon blog, est que ce thème ne peut pas être traité de manière rationnelle. Il dérape en permanence dans l’émotionnel et l’irrationnel, l’injure, la stigmatisation dès que l’on questionne les chiffres et leur interprétation. Signe que sous les faits il y a une guerre idéologique. On ne peut la nier : toutes les campagnes sur la violence conjugale ne traitent que des femmes victimes, jamais des hommes. Contester les chiffres qui viennent de l’Enveff (chiffres démontés par Badinter, Iacub et bien d’autres) revient à être cloué au pilori. Mais quel est donc l’intérêt de celles qui n’acceptent pas de débat rationnel ?

    L’homme que vous décrivez est un malade. Comme Folcoche était une malade dans le roman de Bazin. Des dominants désaxés. Cela existe. C’est heureusement une très petite minorité des humains, hommes et femmes.


    • Gabriel Gabriel 26 juin 2013 08:10

      Bonjour hommelibre,

      Je suis désolé pour l’injure qui vous est faites plus haut, comme vous dites le débat sur des sujets aussi sensibles peut parfois tourner au passionnel donc à l’irrationnel. Les chiffres sont pris sur des enquêtes dites officielles. Je ne nierai pas que des hommes aussi subissent des violences cependant, vous en conviendrez, le nombre est sans commune mesure avec celui des femmes (ou bien les statistiques sont fausses) et, un homme a d’autres moyens physiques pour se défendre. Dans vipère au poing, il est vrai que Folcoche est le genre de perverse qui peut faire énormément de dégâts sur la construction psychique d’un enfant.


    • gaijin gaijin 26 juin 2013 08:38

      homme libre
      «  Des dominants désaxés. Cela existe. C’est heureusement une très petite minorité des humains, hommes et femmes. »

      oui hommes et femmes

      mais si on évacue par conséquent cette partie de la question une si petite minorité ?
      vous avez certainement lu milgram, au delà de l’aspect soumission a l’autorité son travail démontre que beaucoup de gens ont une grande aptitude a infliger de la souffrance a partir du moment ou ils estiment qu’il y a une justification a leur acte ..........
      et les bourreaux sont rarement de purs sadiques : il ont toujours une « bonne » raison


    • hommelibre hommelibre 26 juin 2013 08:50

      Bonjour Gabriel,

      Pas de souci vous n ’êtes pas responsable de l’injure.

      Pour les statistiques, elles sont malheureusement très variables, avec une tendance à la surenchère. Les 10% de femmes supposées victimes de violence du type de celle que vous décrivez n’existe même pas dans l’enquête de l’Enveff de 2000.

      http://www.eurowrc.org/01.eurowrc/06.eurowrc_fr/france/13france_ewrc.htm

      La violence physique plafonne à 2,5% des femmes. Pour arriver à 10% il faut ajouter les insultes, pressions psychologique, chantage affectif - choses dont les hommes sont aussi largement victimes. Dans ce cadre une simple critique sur l’habillement devient de la violence. Statistique Canada fait régulièrement des enquêtes sociales sur le bien-être et la violence. Ce sont des questionnaires, comme celui de l’Enveff, mais plus précis et soumis aussi aux hommes. Résultat : il y a autant d’hommes victimes de violence conjugale que de femme.

      En France, selon le même type d’enquêtes de l’ONDRP, environ 30% des victimes sont des hommes.

      Je reste circonspect face aux questionnaires car ce ne sont pas des faits prouvés, ni pour les femmes ni pour les hommes. Mais cela donne une idée de ce que la violence conjugale est probablement très loin du taux de 95%-5% habituellement mentionné.

      Voir aussi :

      http://soshommesbattus.over-blog.com/

      Dans une région du Canada les hommes se déclarent beaucoup plus victimes que les femmes, y compris en violence grave :

      http://www.lapresse.ca/le-quotidien/progres-dimanche/200901/23/01-820413-violence-conjugale-les-hommes-ne-sont-pas-epargnes.php

      Ici également un article sur la France :

      http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/08/26/01016-20100826ARTFIG00447-les-hommes-aussi-sont-victimes-de-violence-conjugale.php

      Enfin, une vidéo choc a été réalisée il y a quelques temps, présentant une femme battant son mari et l’insultant en public. Sur une journée d’expérience, une seule femme est intervenue pour dire que cela ne devait pas se faire. Une seule... Le biais est installé : une femme qui bat son homme est bien vue. Observez les visages sur la vidéo en bas de cet article :

      http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2012/12/02/violence-domestique-la-bataille-perdue-du-decervelage-1.html


    • hommelibre hommelibre 26 juin 2013 08:55

      Gaijin, en effet l’expérience de Milgram montre que près de 80% des gens peuvent devenir des tortionnaires.

      Mais est-ce applicable dans les situations décrites par cet article ? Je ne le pense pas. Dans l’expérience de Milgram il y a explicitement une sollicitation à oser faire mal. Le passage à l’acte est non seulement soutenu par une hiérarchie qui a autorité et pour laquelle on travaille dans le cadre de l’expérience, mais cette autorité insiste à faire passer à l’acte même en cas de résistance.

      C’est certainement applicable dans des régimes totalitaires ou des sectes, dans une moindre mesure lors de pogroms ou de mécanismes de « bouc émissaire ».

      Mais dans le cadre de violence domestique cette autorité et cette insistance à passer à l’acte n’existe pas. Pour moi l’homme ou la femme violente est seul responsable, par son caractère, par un trouble mental, par un comportement excessivement jaloux et possessif.


    • gaijin gaijin 26 juin 2013 09:18

      oui
      bien sur le contexte n’est pas le même mais pour moi la question du contexte revient en fait a des circonstances ou il y a « levée » de l’interdit social
      mais la violence potentielle reste présente même si elle ne s’exprime pas matériellement. elle peut être verbale, psychologique, économique ......
      le « winner » qui est satisfait d’écraser ses concurrents par tous les moyens n’est pas différent du mec qui déglingue sa femme dès qu’il a 2 bières dans le nez, de la mère qui dévalorise sa fille en permanence ...........etc

      on a cru évacuer la question de la violence en disant « c’est mal » ou en faisant des lois contre ceci ou cela mais en réalité la violence est là omniprésente ou presque .


    • Gabriel Gabriel 26 juin 2013 09:34

      @gaijin, encore faudrait il définir ce que vous appelez  « bonne » raison. Il est prouvé, au travers de l’histoire, que la violence ne règle jamais rien et engendre violence, haine et frustration.


    • hommelibre hommelibre 26 juin 2013 10:23

      Gaijin : nous sommes d’accord sur le fait que dire « c’est mal » et simplement dénoncer ne change rien. Si cela marchait la criminalité serait déjà éradiquée. La répression de la violence reste nécessaire, même si les limites devraient être mises avant plutôt qu’après. Cela dit dans un comportement pathologique comme décrit dans l’article, avant ou après n’y ferait probablement rien.

      La violence doit être étudiée de manière judiciaire et non judiciaire, éducative, psychologique, psycho-pathologique, neurologique et/ou hormonale, sociologique aussi (mais je me méfie davantage des excuses que la sociologie fournit parfois), sociales dans le sens d’une modélisation efficace des comportements utiles, éthique, familial (rôle du père pour les garçons p.e.) ,etc.

      Par contre je ne mets pas sur le même plan un comportement de compétition professionnelle, le dénigrement d’un enfant ou les coups favorisés par la prise d’alcool. Dans la compétition chacun peut développer des qualités et stratégies personnes utiles. David peut y battre Goliath. C’est même un dérivatif que je ne méjuge pas pour les besoins de leadership qui, freinés, pourraient s’échapper en violence. La limite de la compétition étant une éthique : battre l’autre n’est pas le détruire.


    • gaijin gaijin 26 juin 2013 10:43

      gabriel
      oui c’est pour ça que je mets des «  »
      la «  bonne » raison ensuite ça va de la « raison » d’état :
       « il faut bien faire parler telle ou telle personne ce n’est pas drôle mais s’il n’ y avait pas des gens qui se sacrifient pour faire le sale boulot ... » ( ça je l’ai entendu dans un repas de famille .......)
      a la raison du plus fort : je le fais parce que .....je peux

      mais bien sur j’aurais tout aussi bien pu mettre des guillemets a raison parce qu’il n’y a pas plus de raison dans tout ça que de beurre en broche. la raison a simplement remplacé comme prétexte la « volonté de dieu » au nom de laquelle on pouvait tuer des gens pour les « sauver »

      le mec de votre histoire ne diras jamais qu’il cogne parce qu’il est plein de haine : c’est la faute de sa femme qui est en retard du coup c’est elle la coupable qui le pousse a devenir violent et lui la victime.

      la question ensuite c’est pourquoi ça marche ?
      il faudrait alors se poser la question de l’éducation sur le mode
      « si tu est gentille les gens seront gentils avec toi et si tu est méchante tu seras punie ........ » « on te punit parce qu’on t’aime »
      une fois que ce genre de message est bien intériorisé quand la personne est « punie » elle se perçoit automatiquement comme coupable .........
      c’est simplement un réflexe pavlovien

      mais bien sur ça conduit a poser la question de la différence entre éducation et dressage qui est un autre débat


    • gaijin gaijin 26 juin 2013 11:13

      homme libre
      « une éthique »
      ça j’ en ai plus entendu parler que je n’en ai vu........
      pour moi c’est un peu comme les histoires pour endormir les enfants

      " les coups favorisés par la prise d’alcool « 
      notez simplement sur ce point que l’alcool ne rend pas violent il est simplement révélateur d’une violence qui est déjà présente

       » Par contre je ne mets pas sur le même plan un comportement de compétition professionnelle,  C’est même un dérivatif que je ne méjuge pas pour les besoins de leadership qui, freinés, pourraient s’échapper en violence. "

      mais oui très précisément ! c’est donc bien qu’il est question au départ de la même chose.

      je précise mon propos :
      la violence pour moi ne se limite pas a sa manifestation physique mais a ses effets. pour moi une personne qui se défoule en tapant dans un sac de sable n’est pas violente mais celle qui jette un regard de haine a sa collègue de boulot parce qu’elle a une plus jolie robe oui !
      comment j’en suis arrivé a cette conclusion ?
      je suis ( entre autres choses ) pratiquant et enseignant en arts martiaux ( pas sports de combats svp ) dans la recherche d’un engagement le plus total possible dans le combat la question est posée en permanence : on tape sur l’autre ! concrètement et avec une possibilité de le blesser ou pire .....
      qu’est ce qui fondamentalement nous différencie de n’importe qu’elle brute ?
      pas l’acte !
      alors quoi ? et bien en fait le sentiment qui est porté par l’acte !
      ( ok ça ne fait pas une démonstration mais je ne fais qu’exprimer mon point de vue. ) un bon combat ne laisse pas de traces émotionnelles ni amertume de la part du perdant, ni sentiment de supériorité de la part du gagnant .....


  • Gabriel Gabriel 26 juin 2013 11:09

    Merci à tous les intervenants sur cet article pour leur avis aussi divers qu’enrichissant. Cordialement. Gabriel


  • Circé Circé 3 novembre 2014 12:30

    Merci de m’avoir indiqué votre article, que j’ai lu avec attention.

    Il a fait vibrer en moi des souvenirs bien difficiles. En 2009, j’avais écrit ceci, je crains que peu de choses n’ait évolué, hormis le témoignage qui en reste un.

    http://circe45.over-blog.com/article-journee-internationale-de-lutte-contre-les-violences-faites-aux-femmes-25-novembre-2009-39982402.html


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