mardi 2 novembre 2021 - par Jean Dugenêt

Le combat de l’Opposition de Gauche en Russie

J’ai montré dans un article précédent intitulé « De la mort de Lénine à la prise du pouvoir par Hitler » que l’histoire de l’humanité a basculé en 1923-24 à la suite de la défaite de la révolution socialiste en Allemagne et de la mort de Lénine. Ajoutons que Staline s’est retrouvé alors avec un énorme pouvoir politique grâce à son poste de secrétaire général du parti qu’il avait obtenu de manière fortuite en avril 1922. Auparavant, ce poste ne lui donnait qu’une responsabilité administrative puisque Lénine était le dirigeant politique reconnu par tous.

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Alors qu’on entend souvent dire qu’il y a eu une sorte de duel entre Staline et Trotsky après le décès de Lénine pour prendre sa succession et que Staline l’aurait emporté parce qu’il s’était montré le meilleur, je vais montrer qu’il n’y a pas eu de duel et que Staline n’a pas eu à faire preuve de subtilité pour devenir un dictateur. Je vais pour cela m’intéresser uniquement à la période qui va de 1923 quand Lénine est très malade à 1927 avant l’exil de Trotsky à Alma Ata aux fins fonds du Kazatstan. Il ne s’agissait pas d’un combat entre deux hommes pour prendre le pouvoir. Jamais Trotsky, dans toute sa vie n’a eu l’intention de prendre le pouvoir où que ce soit. C’était un révolutionnaire qui voulait la révolution socialiste mondiale. S’il avait eu les préoccupations d’un Staline, il se serait appuyé sur l’armée rouge dont il était le commandant pour faire un putsch. Le résultat aurait été à l’opposé de ce qu’il voulait. Loin de faire un pas vers la révolution socialiste, il se serait appuyé sur des généraux nationalistes pour exercer un pouvoir qui aurait fait de lui un homme d’état comme tant d’autres. Il aurait exercé son pouvoir sur le peuple, sans le peuple voire contre le peuple. Certes il n’aurait guère pu faire pire que Staline mais, sous une forme ou une autre, la prise du pouvoir n’a jamais été sa préoccupation.

Je rappelle aussi qu’à la mort de Lénine le parti bolchévik était déjà bien différent du parti qui avait mené la révolution d’octobre.

En 1923, le parti compte 500 000 adhérents mais moins de 10 000 étaient bolchéviks lors de la révolution d’octobre. En plus de cela, sa composition sociale n’est plus du tout la même. Il y a maintenant moins de 10% d’ouvriers dans ce parti, ce qui amène l'Opposition de gauche à développer le slogan : « Quarante mille membres du parti manient le marteau, quatre cent mille le cartable ». Ce parti est essentiellement investi par les fonctionnaires recrutés pour redémarrer l’activité économique, les transports… Staline occupant le poste de secrétaire général du parti se trouve de fait à la tête de tout cet appareil. Il va s’appuyer sur cette nouvelle caste d’apparatchiks pour isoler la « vieille garde » bolchevique laminée par la guerre civile. C’est sur ce terreau qu’il va pouvoir exterminer la quasi-totalité des vieux bolchéviks. La gestion de « l’ilôt du socialisme » est la raison d’être de cette caste. Les apparatchiks adhèrent donc tout naturellement à la politique du « socialisme dans un seul pays » qui justifie leurs privilèges. Comme l’a expliqué Trotsky, rassemblés derrière le slogan stalinien officiel du « socialisme dans un seul pays », il y avait tous ceux qui pensaient : « pas tout pour la révolution mondiale… pourquoi pas quelque chose pour moi aussi ? »

Dans ces conditions la lutte pour redresser le parti bolchevique et la IIIème internationale semble désespérée. Cependant, aucun critère ne permet d’affirmer que la IIIème internationale est passée définitivement du côté de l’ordre bourgeois. Nous ne sommes pas comme en 1914 quand tous les partis de la IIème internationales avaient envoyé les ouvriers s’entretuer dans la guerre mondiale. Staline n’a pas une complète main mise sur tous les partis de la IIIème internationale. Trotsky crée donc l’Opposition de Gauche pour tenter de redresser l’orientation de l’internationale. En Russie, le parti bolchévique, bien qu’il soit envahi par les bureaucrates, n’est pas encore complètement monolithique. Quatre tendances apparaissent :

  • Une tendance « restaurationniste » qui tend à réintroduire le capitalisme. Le terme n’est pas employé mais on parle du "Thermidor" comme étant la première étape de la contrerévolution bourgeoise, Cette tendance est représentée par Boukharine qui prône le développement graduel et pacifique de la NEP vers le socialisme. Il passe pour le défenseur des koulaks (Riches paysans propriétaires).
  • La tendance purement stalinienne. Elle est parfois qualifiée de « centriste » parce qu’elle ne prône pas le retour au capitalisme. Staline veut que la Russie reste un état ouvrier par ses bases sociales et ses tendances économiques mais il veut que celuici soit géré et dirigé par une bureaucratie parasitaire de privilégiés qui sera entièrement à ses bottes. Prônant « le socialisme dans un seul pays », il veut que la IIIème internationale abandonne la lutte pour la révolution socialiste mondiale.
  • Une tendance centriste qui oscille entre les positions de Staline et celle de Trotsky prenant parfois un morceau chez l’un et un autre chez l’autre. Elle est parfois qualifiée de « centriste de gauche » par ceux qui disent que la tendance purement stalinienne est « centriste ». Cette tendance est représentée par Kamenev et Zinoviev
  • La tendance internationaliste révolutionnaire qui veut poursuivre le combat pour la révolution socialiste mondiale. Elle est représentée par Trotsky.

Avant même de créer l’Opposition de gauche internationale, Trotsky a commencé dès octobre 1923 à résister à la montée de la bureaucratie dans le parti avec une opposition de gauche soviétique. Il en définit l’axe central dans une brochure intitulée « Cours nouveau ». Il y regroupe une série d’articles publiés dans la Pravda. Le 8 octobre, il dénonce, dans une lettre au comité central :

 « La bureaucratisation de l’appareil du parti qui s’est développée dans des proportions inouïes par l’emploi de la méthode de sélection par le secrétariat. Il s’est créé une large couche de militants entrant dans l’appareil gouvernemental du parti qui renoncent complètement à leurs propres opinions de parti ou au moins à leur expression ouverte, comme si la hiérarchie bureaucratique était l’appareil qui crée l’opinion du parti et ses décisions ».

Le 15 octobre, indépendamment de la lettre de Trotsky, une déclaration est adressée au comité central par quarante-six militants dont quelques éminents bolchéviks connus pour leur glorieuse participation à la révolution et la guerre civile.

Dans la lutte entre Trotsky et Staline les armes sont différentes et inégales. Pour Staline, tout est bon pour parvenir à ses fins : mensonges, calomnies, falsifications. Il use de son poste pour contrôler les nominations. Autant dire qu’il choisit les membres et les cadres du parti. Il peut aussi envoyer momentanément en mission à l’étranger ceux qu’il veut écarter. Nous apprendrons vite que, dès le départ, il envisage l’élimination physique de ses opposants. Mais il lui faut surseoir à cette technique radicale car il n’en a n’a pas encore les moyens. Trotsky est en effet très populaire en Russie. Dans une lettre adressée à Rosmer le 24 juin 1924 Souvarine écrit :

« La formidable majorité de la classe ouvrière est trotskyste, comme en témoignent les grandioses manifestations qui se produisent quand Trotsky apparaît quelque part. Mais tout cela se traduit au congrès par la fameuse majorité de 100% pour le Comité Central »

Face à Staline, Trotsky n’a qu’une seule arme : la vérité : dire les choses comme elles sont, expliquer sans cesse ce qui se passe à tous les niveaux : dans le monde, dans l’internationale, dans la Russie, dans le parti bolchevique. Il est urgent de tirer les leçons de la révolution d’octobre car la situation en Allemagne en 1923 était par bien des aspects similaires à celle qui avait été vécue en octobre 1917 en Russie. Il faut donc expliquer aussi l’échec de la révolution allemande de 1923. Toute la question est de savoir quand il faut passer à l’insurrection et comment le faire sans hésitation. Trotsky ne peut pas ne pas aborder les divergences qui sont apparues dans le parti en octobre 1917 à ce sujet. Il dit :

« La leçon allemande de l’année dernière est non seulement un sérieux appel, mais aussi un avertissement menaçant (…). Il faut mettre à l’ordre du jour dans le parti comme dans l’Internationale l’étude de la révolution d’Octobre. Il faut que tout notre parti, et particulièrement les Jeunesses, étudient minutieusement l’expérience d’Octobre qui nous a fourni une vérification incontestable de notre passé et nous a ouvert une porte sur l’avenir »

Il est amené à expliquer que sans Lénine la révolution russe n’aurait pas eu lieu d’abord parce que c’est lui qui a créé l’indispensable parti bolchévique mais aussi parce que Trotsky sans Lénine n’aurait pas pu emmener le parti bolchévique derrière lui pour qu’il lance l’insurrection. Il se serait heurté à la position de Kamenev et Zinoviev qui estimaient que la situation n’était pas mûre et c’est eux qui l’auraient emporté. Pour expliquer la vérité, il est donc amené à critiquer Kamenev et Zinoviev. Il apporte ainsi, sans le vouloir, de l’eau au moulin de Staline, qui resserre ses liens avec Zinoviev et Kamenev.

La troïka Staline-Zinoviev-Kamenev s’est formée dès 1922-23 pour contrecarrer l’influence de Trotsky alors que Lénine dirigeait encore le parti bolchévique. A ce moment, Zinoviev, sans doute présomptueux, se voit comme le successeur de Lénine. Il tient donc à évincer Trotsky qu’il considère comme le principal obstacle pour son projet. Il est sans doute l’instigateur de cette alliance dans laquelle Staline a, manifestement, son propre projet.

La troïka est en place lors du XIIème congrès du PCUS en 1923. Elle veut criminaliser toute discussion dans le parti. Toute critique est assimilée à ce que Staline appelle « la lutte contre le léninisme » c’est-à-dire la lutte contre sa propre orientation. Staline et ses deux comparses se livrent pour cela à une vaste campagne de calomnie. Il s’agit pour eux, face aux critiques de Trotsky, de revoir la période qui a précédé la révolution pour décrire Trotsky comme le vieil adversaire de Lénine. Le 8 décembre 1924, Boris Souvarine décrit cette campagne haineuse dans ces termes :

« Le pays est inondé littéralement de « littérature » (sic) antitrotskyste. Les mêmes textes sont imprimés et réimprimés dans toutes sortes de journaux (…) etc. Toutes les firmes d’édition rivalisent de servilité. On sort une série de volumes et d’opuscules spécialement consacrés à l’antitrotskysme : une dizaine sont déjà en cours d’impression. Et c’est une émulation générale chez tous les « flagorneurs » et les » arrivistes » ; chaque jour c’est une nouvelle ignominie. »

A l’issue de cette campagne, Trotsky est éliminé du commissariat du peuple à la guerre en Janvier 1925 et le « trotskysme » est condamné. Le « plénum du comité central et de la commission de contrôle  » donne en effet à Trotsky : « un avertissement catégorique, lui rappelant que l’adhésion au parti bolchevique requiert une soumission effective et non verbale à la discipline du parti et la renonciation complète à toute lutte contre le léninisme  ». Autant dire que Trotsky est délibérément mis à l’écart du parti.

Staline va maintenant pouvoir s’attaquer aux autres cadres du parti qui entravent ses projets. Pour cela, il va s’allier avec Boukharine. La rupture avec Zinoviev et Kamenev est effective en décembre 1925, lors du XIVème congrès du PCUS. Zinoviev était alors le seul à pouvoir s’opposer à Staline maintenant que Trotsky était isolé. D’ailleurs, toutes les autres délégations avaient été désignées par des secrétaires nommés par Staline. Celui-ci consolidait en effet son pouvoir en usant et abusant de sa fonction de secrétaire général du Parti pour contrôler toutes les nominations. Zinoviev avait encore une position avantageuse. Il était le directeur du Komintern c’est-à-dire de la IIIème internationale. De plus, il cumulait sur Leningrad (ex Pétrograd) les fonctions de président du soviet et de dirigeant à la fois du comité régional et du parti.

Zinoviev a alors créé avec Kamenev l’opposition de Pétrograd. Ils se sont mis ensuite tous les deux d’accord avec Trotsky pour créer l’Opposition Unifiée. Ils ont alors reconnu la fausseté des accusations qu’ils avaient lancées contre Trotsky en 1923-24 et ils ont confié à Trotsky que Staline pensait à son élimination physique. Zinoviev lui écrit :

« Vous croyez que Staline n’a pas réfléchi à votre suppression physique ? Il y a pensé mille fois. Il n’a été arrêté que par cette considération que les jeunes eussent rendu le triumvirat responsable, l’eussent peut-être accusé lui-même, eussent pu recourir aux attentats. Il tenait pour nécessaire de détruire d’abord les cadres de la jeunesse d’opposition. On verrait ensuite. La haine qu’il nous porte, surtout à Kamenev, s’explique du fait que nous savons trop de choses sur lui (« Trotsky » de Broué p. 480). »

Staline a d’ailleurs lancé des mesures de répression dès 1923. Il a fait arrêter, sous prétexte de conspiration, le leader communiste tatar Sultan-Galiev. Un petit groupe d’opposants qui s’intitule le « Groupe ouvrier » subit aussi la répression. 30 militants sont arrêtés. Tous les militants d’un autre groupe nommé « Vérité ouvrière » sont exclus avec son dirigeant : Bogdanov (Voir « Le parti Bolchevique » de Pierre Broué. P. 182).

Staline a d’ores et déjà mis la main sur les principaux rouages de l'appareil du Parti. Les exclusions vont s’enchaîner. Entre juillet et octobre 1926, Kamenev et Trotsky sont exclus du Politburo.

A ce moment, la deuxième révolution chinoise bat son plein. L’Opposition Unifiée lance alors son ultime combat contre la politique désastreuse de Staline dans l’Internationale Communiste. Staline et Boukharine sont tellement fautifs à ce sujet qu’ils doivent nier les faits pour nier leur responsabilité. Ils doivent alors étouffer le plus possible la voix de l’Opposition qui crie la vérité. Aux critiques politiques, l’appareil veut répondre par l’accusation d’indiscipline et de fractionnisme, les méthodes policières, les sanctions et le chantage. Des arrestations sont annoncées et Staline envoie une quantité de cadres en mission à l’étranger. Racovsky est maintenu à Paris comme ambassadeur et il est rejoint par Piatakov et Préobrajenski. Antonov-Ovseenko est envoyé à Prague. Safarov est envoyé à Ankara. Kamenev est envoyé comme ambassadeur en Italie fasciste. Elzéar Solntsev, lié à Trotsky depuis 1923, est envoyé en Allemagne puis aux Etats-Unis. D'autres militants sont affectés en Sibérie ou en Asie centrale.

Lors du plénum du Comité Central qui se tient du 21 au 23 octobre 1927, Trotsky intervient une dernière fois dans une atmosphère houleuse. A l’issue de ce plénum, il est exclu du Comité Central. Le 15 novembre 1927, avant l’ouverture du XVème congrès du PCUS qui se tiendra en décembre, la « Commission Centrale de Contrôle » prononce l’exclusion de Trotsky et de Zinoviev. En décembre 1927, le XVe Congrès déclara l'appartenance à l’Opposition de gauche incompatible avec les conceptions du Parti. Tous les opposants sont exclus du parti.

L’opposition semble vaincue cependant Trotsky reste très populaire. Le diagnostic de Souvarine s’applique encore, malgré les campagnes de calomnies contre Trotsky. Pour l’essentiel, on peut encore dire qu’en Russie la classe ouvrière reste trotskyste mais que le parti est stalinien. La preuve en est que les rares apparitions en public de Trotsky déclenchent des manifestations de sympathie. Sa dernière prise de parole en public a eu lieu le 19 novembre 1927 lors de l’enterrement de son ami A. A. Joffé. Celui-ci s’est suicidé car il n’a pas obtenu les autorisations nécessaires pour pouvoir se soigner d’une polynévrite grave. Il a choisi de donner le sens d’une protestation politique à sa mort volontaire en laissant une lettre adressée à Trotsky. Lors de la cérémonie Trotsky fut le dernier orateur. Il dit notamment :

« Il a occupé des postes importants, mais ce n’était pas un bureaucrate. Le bureaucratisme lui était étranger. (…) Il abordait tous les problèmes du point de vue de la classe ouvrière (…) du prolétariat et de la révolution internationale. (…) Il s’en est allé au moment où, selon ce qu’il pensait, il ne lui restait plus rien à donner à la révolution que sa mort. Alors, avec fermeté et courage, comme il avait vécu sa vie, il l’a quittée. Quittons-le dans l’esprit où il a vécu et combattu (…) sous le drapeau de Marx et de Lénine sous lequel il est mort. Nous vous le jurons, Adolf Abranovitch Joffé, nous porterons votre drapeau jusqu’au bout. »

Un témoin raconte que la foule qui se pressait, vers Trotsky, après son discours faillit l’écraser contre un mur et que Lachévitch prit l’initiative de former un cordon de camarades qui réussirent à le dégager. Monter sur des épaules fratermelles, il lança un appel à ne pas manifester et à rentrer chez soi. (« Trotsky » par Pierre Broué. p.534)

Trotsky avait été exclu du parti dès le 12 novembre 1927 et il est déporté en 1928 à Alma-Ata au Kazakhstan, près de la frontière chinoise. Le départ a donné quelques soucis au GPU qui craignait là encore des manifestations de sympathie en faveur de Trotsky. Alors que la famille et quelques amis de Trotsky sont prêts à partir un coup de téléphone du GPU annonce sans explication que le départ est reporté de 48 heures. Des témoins racontent comment se passe finalement le départ :

« Il y avait à la gare une manifestation formidable. Les gens attendaient. On criait : "Vive Trotsky !" Mais on ne voyait pas Trotsky. Où était-il ? Devant le wagon qui lui était destiné, une foule tumultueuse. De jeunes amis avaient fixé sur le toit du wagon un grand portrait de L.D. Ce fut accueilli par des "hourras" d'enthousiasme. Le train s'ébranla. Une secousse. Une autre. Le convoi était avancé [...] et s'arrêta subitement. Des manifestants étaient allés en courant au-devant de la locomotive, d'autres s'étaient accrochés aux wagons et avaient arrêté le train, réclamant Trotsky. Le bruit courut dans la foule que les agents du G.P.U. auraient introduit subrepticement Trotsky dans un wagon et l'empêcheraient de se montrer à ceux qui lui faisaient cette conduite. L'émotion dans la gare était indescriptible. Il y eut des bagarres avec la milice et les agents du G.P.U., il y eut des victimes de l'un et de l'autre côté ; des arrestations furent faites. Le train eut une heure et demie de retard. »

A partir de 1927, l’opposition de gauche, semble avoir perdu puisqu’elle est exclue du parti et que Trotsky est envoyé en exil. Mais, est-ce vraiment une défaite ? En fait, l’opposition ne pouvait pas gagner contre Staline dans une lutte purement interne au parti. Les armes des deux camps étaient beaucoup trop inégales. L’opposition n’aurait pu vaincre qu’avec une mobilisation populaire or, il n’y en a pas eu. Peu de temps avant sa mort, Trotsky écrira au sujet de cette période :

« L’opposition de gauche ne pouvait pas s’emparer du pouvoir et ne l’espérait même pas. (…) Une lutte pour le pouvoir, menée par l’Opposition de Gauche, par une organisation marxiste révolutionnaire, ne peut se concevoir que dans les conditions d’un soulèvement révolutionnaire. (…) Au début des années 20, il n’y eu pas de soulèvement révolutionnaire en Russie, tout au contraire : dans de telles conditions, le déclenchement d’une lutte pour le pouvoir était hors de question. (…) Les conditions de la réaction soviétique étaient infiniment plus difficiles que les conditions tsaristes ne l’avaient été pour les bolcheviks » (« Le parti bolchevique » Pierre Broué. p. 251).

Il n’y a pas eu de soulèvement populaire car le peuple russe ne pouvait pas donner davantage. Il avait gagné la révolution et la guerre civile en payant un lourd tribut. Le pays était dans une situation économique catastrophique qui ne fera d’ailleurs qu’empirer pendant encore quelques années pour finalement aboutir à une monstrueuse dictature et des millions de morts supplémentaires. Ce peuple n’avait plus les ressources pour poursuivre le combat. La théorie aberrante du « socialisme dans un seul pays » semblait être une solution viable pour ceux qui ne voulaient plus se battre et une solution confortable pour les arrivistes qui se sont satisfaits d’un statut d’apparatchik. C’était bien évidemment une fausse solution. Le combat désespéré de l’Opposition de Gauche méritait d’être mené précisément parce que la lutte pour le socialisme ne se limitera jamais à une lutte dans un seul pays. Aussi longtemps qu’aucun critère ne permettait d’affirmer que la IIIème internationale était passée définitivement du côté de l’ordre bourgeois, le combat dans toutes les sections nationales de l’Internationale devait se poursuivre. Les trotskystes l’ont mené en toute transparence dans la Russie soviétique aussi longtemps que cela a été possible. Ils le poursuivront dans la clandestinité aussi longtemps qu’il le faudra.

L’opposition de gauche étant désormais interdite dans le PCUS, il ne reste plus à Staline qu’à faire interdire l’opposition de droite. Ce sera chose faite facilement. Il lui suffit de se retourner contre Boukharine, son allié de la veille. Celui-ci comprend vite ce que veut Staline. Il dit à Kamenev :

« C’est un intrigant sans principe qui subordonne tout à sa soif de pouvoir. (…) Il nous a fait des concessions pour pouvoir nous couper la gorge. (…) Il ne connaît que la vengeance et le poignard dans le dos. (…) Il nous tuera tous ! C’est un nouveau Gengis Khan, il nous étranglera. (…) Les divergences entre nous et Staline sont infiniment plus sérieuses que nos anciennes divergences avec vous. (…) Il change ses théories selon le besoin qu’il a de se débarrasser de quelqu’un à tel ou tel moment » (« Le parti bolchevique » de Broué. p. 282).

Boukharine résiste un moment (voir le chapitre « l’opposition de droite » dans « Le parti bolchévique » de Pierre Broué) mais il est finalement exclu du Bureau Politique en novembre 1929. Toute l’opposition de droite capitule. Elle fait une déclaration qui préfigure ce que seront prochainement les aveux des accusés lors des procès Moscou.

« Nous estimons de notre devoir de déclarer que, dans cette discussion, le parti et le comité central avaient raison. Nos vues, présentées dans des documents connus, se sont révélées erronées. En reconnaissant nos fautes, nous ferons pour notre part tous nos efforts pour mener en commun avec tout le parti une lutte résolue contre toutes les déviations de la ligne générale et en particulier contre les déviations de droite et la tendance conciliatrice, afin de surmonter toutes les difficultés et d’assurer la victoire la plus rapide de l’édification socialiste »

Trotsky est maintenant exclu de toute l’Union Soviétique. Il se réfugie en février 1929 en Turquie sur l’île de Prinkipo, dans la mer de Marmara, à proximité d’Istanbul.

Désormais, le PCUS est un parti parfaitement monolithique qui ne tolère aucune « déviation de la ligne générale ». Ce sera bientôt un modèle pour tous les partis communistes. En particulier, dans le PCF, les militants continueront à parler du « centralisme démocratique » pour justifier l’obéissance aveugle envers la direction. L’indispensable « fidélité au parti » sera pour tous la stricte interdiction de critiquer quoi que ce soit. Les militants avaleront sans broncher les pires abominations. Bientôt ils obéiront aux ordres et même aux plus débiles d’entre eux. Il leur sera ordonner de ne pas adresser la parole aux trotskystes voire même parfois de passer à des agressions physiques…

Mais le glas de la révolution socialiste mondiale n’a pas sonné car la lutte des classes ne s’interrompt pas. En 1927, depuis quelques années déjà, les ouvriers et les paysans chinois s’attaquent à leur tour au vieux monde. La révolution socialiste une fois de plus est à l’ordre du jour. J’y reviendrai dans un prochain article.

 



30 réactions


  • Clocel Clocel 2 novembre 2021 16:59

    Une gauche !? Et qui s’oppose en plus !? Bhé merde alors...

    Dieu préserve la Sainte Russie des ravages de l’extrême-centre.


  • Clark Kent Docteur Faustroll 2 novembre 2021 17:34

    « J’ai montré dans un article précédent intitulé « De la mort de Lénine à la prise du pouvoir par Hitler » que l’histoire de l’humanité a basculé en 1923-24 »

    Un peu d’humilité vous rendrait plus sympathique, peut-être. Vous avez tout juste « émis une hypothèse ».


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 2 novembre 2021 17:40

      @Docteur Faustroll
      il n’est question ni de prétention ni d’humilité. D’ailleurs il n’est pas question de moi. Il s’agit des faits.
      Si Lénine avait vécu quelques jours de plus en bonne santé, il aurait viré Staline de son poste de secrétaire général du parti.
      Si la révolution allemande de 1923 avait été victorieuse, la révolution socialiste se serait propagée avec en plus Trotsky à la tête de l’internationale. Je ne sais pas jusqu’au cela serait allé mais je maintiens que « l’histoire de l’humanité a basculé en 1923-24 ».


    • Clocel Clocel 2 novembre 2021 18:20

      @Jean Dugenêt

      C’eût été dommage, un piolet ne serait pas entré dans l’Histoire...


    • Clark Kent Docteur Faustroll 2 novembre 2021 18:54

      @Clocel

      lien

       


    • Clocel Clocel 2 novembre 2021 19:02

      @Docteur Faustroll

      Te rends compte, célèbre sans aller se cailler le cul au sommet de l’Everest !?

      Encore un destin improbable...


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 2 novembre 2021 21:32

      @roman_garev
       
      "Curieux. C’est la première fois que je vois des faits précédés par un « si ».

      « 

      Ce qui commence par un  »si« c’est une règle d’inférence du type »si P alors Q« 
      Dans une telle règle P et Q sont des faits. P est la prémisse et Q est la conclusion.

      On peut aussi parler de »formules« au lieu de »faits".

      Une règle d’inférence est une fonction qui prend un n \displaystyle n -uplet de formules et rend une formule. Les formules arguments sont appelées « les prémisses » et la formule retournée est appelée la « conclusion ».


    • Clark Kent Docteur Faustroll 3 novembre 2021 08:59

      @Jean Dugenêt

      Et l’ensemble s’appelle rhétorique, l’art de noyer le poisson avec des mots dont les pratiquants dépassent rarement le stade du sophisme.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 novembre 2021 09:34

      @Docteur Faustroll
      Vous donnez une définition du mot « rhétorique » qui se limite à son sens péjoratif après m’avoir invité à l’humilité alors que je n’ai pas parlé de moi. Vous parlez de « sophisme » mais vous n’en avez aucun à exhiber dans ce que j’ai écrit. Je ne sais pas où vous voulez en venir. J’ai l’impression que vous cherchez à me critiquer sans avoir aucun reproche concret à formuler.
      Je parle du combat de l’opposition de gauche en Russie.


    • Tesseract Tesseract 3 novembre 2021 14:21

      @Jean Dugenêt
      Si Lénine avait vécu......
      Si la révolution allemande.......
      ==
      Si ma tante en avait, on l’appellerait mon oncle....
       smiley


    • Clark Kent Docteur Faustroll 3 novembre 2021 16:38

      @Jean Dugenêt

      Deux conceptions de la rhétorique sont à distinguer :
      La première, ayant ses racines dans l’Antiquité grecque, chez les sophistes et codifiée par Aristote, a pour finalité 
      de persuader et de convaincre.
      La seconde, apparue dans l’Antiquité romaine, avec Quintilien et Cicéron notamment, est 
      l’art du « bien parler », de l’éloquence.

      Avec un sens péjoratif, la rhétorique désigne une éloquence affectée, un discours emphatique, pompeux, déclamatoire. Je ne vous fais pas ce reproche. Je considère simplement que ni l’éloquence ni la séduction ne sont des arguments.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 novembre 2021 16:51

      @Tesseract
      Pour faire des raisonnements il faut des règles d’inférences ce qui suppose l’écriture de « si ».
      D’ailleurs la règle « Si ma tante en avait, on l’appellerait mon oncle » me semble valide mais je ne vois pas quoi en déduire.
      Ceux qui se contente de clamer des opinions n’ont pas besoin de faire des raisonnements.

      Pour l’instant je ne relève que des sarcasmes d’intervenants qui n’ont rien à redire à ce que j’ai exposé. J’ai l’impression de déranger des personnes qui n’ont aucune contradiction à apporter.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 novembre 2021 16:54

      @Docteur Faustroll
      « Je considère simplement que ni l’éloquence ni la séduction ne sont des arguments. »

      Je suis d’accord avec ça. Mais est-ce que cela me concerne ? Vous avez dit « Je ne vous fais pas ce reproche ». OK


  • CN46400 CN46400 3 novembre 2021 13:49

    En fait tout s’est joué quelque part entre la NEP et le « socialisme dans un seul pays ». Les néos communistes, à la culture marxiste légère, ne pouvaient pas évaluer correctement le retard scientifique, technique et organisationnel qui leur faisait défaut. Après Lénine, personne pour écrire que « l’ouvrier russe travaille mal... » ni que« nous avons assez de pouvoirs mais pas assez de savoirs... ». Non les « nepmens » ne servent à rien, on les remplacera facilement etc etc, sauf qu’en 85 des jeunes filles, sous mes yeux, feront le tapin pour une paire de bas nylon. Le « socialisme dans un seul pays » a certes construit une armée solide, mais, 60 années après Lénine, le reste, qui est l’essentiel pour un prolo, est en attente.

    Staline a joué cette carte, pendant que Trotsky, au lieu de chausser la NEP de Lénine, promettait la « révolution internationale » à des prolos qui sortaient, à peine, de la guerre civile.

    Il suffit de voir les chinois actuels devant Deng Xiao Ping pour comprendre l’étendue de l’erreur de Trotsky devant les calculs froids, sur la fin qui justifie les moyens, de Staline......


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 novembre 2021 16:46

      @CN46400
      Vous vous situez encore et toujours dans le cadre de la politique « du socialisme dans un seul pays ».

      « pendant que Trotsky, au lieu de chausser la NEP de Lénine, promettait la « révolution internationale » à des prolos qui sortaient, à peine, de la guerre civile »

      Lénine comme Trotsky voulaient la révolution internationale et n’envisageaient aucunement l’avenir de la Russie isolée du reste du monde avec un régime spécifique qui ne pourrait en aucun cas être le socialisme. Il ne s’agissait pas plus pour Trotsky que pour Lénine d’une promesse. Ils ne se sont jamais opposés ni au sujet de la NEP ni au sujet du « socialisme dans un seul pays » dont Lénine n’a jamais entendu parler.


    • Gérard Luçon Gérard Luçon 6 novembre 2021 11:44

      @Jean Dugenêt
      cette révolution internationale a été rejetée par les communistes chinois (avant tout nationalistes) à l’époque du Kuomintang et du (Kuomintern)


  • Gérard Luçon Gérard Luçon 6 novembre 2021 11:41

    Bonjour, mon commentaire n’a rien à voir avec cet article, particulièrement intéressant, mais avec votre avis/conseil concernant ma proposition d’article relatif à la censure ... je ne peux rien modifier ou rectifier car dans ce cas on repart à zéro sans que ceux qui ont déjà donné leur avis n’en soient informés .. c’est aussi un des défauts du système actuel !


    • alinea alinea 6 novembre 2021 12:58

      @Gérard Luçon
      Tu es bloqué à +4 ! tu ne risques rien de repartir à zéro... enfin c’est ce que je ferais mais ce n’est qu’un conseil qui comme chacun sait...


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 6 novembre 2021 13:34

      @Gérard Luçon
      Je suis d’accord avec alinéa.


    • Gérard Luçon Gérard Luçon 6 novembre 2021 23:29

      @Jean Dugenêt
      @alinéa
      j’ai déjà fait un retour « compteur » pour mettre les 3 commentaires reçus ; je laisse comme ça et le représenterai à nouveau en complétant avec ce que je découvre entre temps ...


  • Gérard Luçon Gérard Luçon 6 novembre 2021 12:37

    il serait intéressant d’étudier « Staline et les juifs/bolchéviks », comment Staline a éliminé consciencieusement les dirigeants bolchéviks mais a protégé les populations juives et les a laissées partir en Hongrie, Autriche, Israël, voire même au Birobidjan (d’où une partie d’entre eux provenait ?), et aussi de reprendre l’histoire du Goulag, ses créateurs et ses gestionnaires ...


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 6 novembre 2021 13:46

      @Gérard Luçon
      Je serai sans doute amené à évoquer ces questions. Mon article s’inscrit dans une série d’articles qui constitueront un livre intitulé « Défense du trotskysme III ». Je justifierai ce titre dans la présentation. Dans un des prochains articles j’aborderai « la grande purge ».
      Je connais mal la question juive en URSS. Je sais seulement que les juifs ont été massivement les victimes de la terreur blanche et qu’il y a périodiquement des regains d’antisémitisme en Russie.


    • Gérard Luçon Gérard Luçon 6 novembre 2021 23:39

      @Jean Dugenêt
      C’est un sujet que j’ai un peu étudié ; à mon sens « la question juive » en URSS dépasse largement l’époque de l’Union Soviétique et touche la Russie « historique » ainsi que la totalité de l’Europe. 1917 a été une opportunité pour eux d’arriver au pouvoir.
      J’ai la chance en Roumanie d’avoir accès à des écrits qui ne sont pas traduits en français et notamment celui-ci de Mihai Eminescu « Chestiunea Evreiasca » (trad : la question juive) où on découvre comment les juifs, chassés de Russie, ont été traités, pourchassés, astreints, dans les pays où ils arrivaient, ce que les états leur reprochaient ... On trouve aussi des livres et articles sur la « Khazarie ».


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 7 novembre 2021 10:44

      @Gérard Luçon
      J’ai sans doute beaucoup à apprendre sur cette question. Je me méfie beaucoup d’ailleurs de tout ce qui a été dit. Il faut déjà séparer certains mythes de la communauté juive actuelle avec la réalité. En particulier le mythe du « peuple dispersé » ne correspond à aucune réalité. L’origine des juifs ashkénaze de l’URSS est sans doute mieux expliquée par Shlomo Sand. J’ai écrit un article à ce sujet.
      Il faut aussi se méfier du mythe réactionnaire et antisémite du « complot judéo-bolchevique ». Tous les discours sur ce thème ont été avancés par les russes et repris ensuite par Hitler. Ils circulent encore actuellement.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 7 novembre 2021 11:27

      @Jean Dugenêt

      ERRATA
      « Tous les discours sur ce thème ont été avancés par les russes et repris »

      Il faut lire :

      « Tous les discours sur ce thème ont été avancés par les russes blancs et repris »


    • Gérard Luçon Gérard Luçon 8 novembre 2021 05:09

      @Jean Dugenêt
      Merci pour le lien ... il faut aussi se méfier de l’utilisation du label « antisémite », lequel permet de bloquer toute discussion, non ?
      L’avantage du livre de Eminescu est qu’il décrit une situation se terminant au XIXème siècle, donc son travail n’est parasité ni par les Nazis, ni par les Bolchéviks. 


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 8 novembre 2021 13:10

      @Gérard Luçon
      J’ai trouvé sur le sujet ce document en français : « La question juive dans les articles d’Eminescu » 
      Je vais regarder.


    • Gérard Luçon Gérard Luçon 9 novembre 2021 02:15

      @Jean Dugenêt
      un réquisitoire .... Marta Petreu a « beaucoup » écrit sur les juifs de Roumanie, elle est dans cette ligne actuelle de diabolisation de Eminescu, et ne prendre que des extraits de ses écrits pour valider cette théorie du Eminescu « antisémite » n’est pas glorieux ... elle oublie tout le travail d’information notamment quand ce dernier explique comment sont traités les juifs lors de leurs déplacements, par exemple bloqués à l’entrée d’une ville, escortés jusqu’à la sortie et contre coût, droit à une seule personne de s’y arrêter et faire des achats pour le groupe ... mais effectivement Eminescu a aussi décrit l’importance de l’usure, la spéculation .... bref le positif et le négatif (selon lui et son époque)... et elle oublie aussi tout le travail d’Eminescu pour informer sur la façon dont étaient traités les juifs en Russie et dans toute l’Europe (dans son livre, Eminescu parle même du Décret Crémieux).


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 9 novembre 2021 10:55

      @Gérard Luçon
      Merci pour tout ces renseignements. Je n’ai évidemment pas accès à ce qui est écrit en Roumain et il y a certainement beaucoup de choses qui m’échappent sur la question.
      Pour le peu que vous dîtes je crois utile de souligner qu’il faut se méfier de toutes traces d’antisémitisme qu’on retrouve dans une description du juif usurier qui amasse des trésors en extorquant le fric... Il y a des fondements historiques à cela qui remontent au Moyen Age. Quand il était jugé immoral pour les catholiques de faire du commerce sur l’or, les bijoux... cela était réservé aux juifs. Ainsi tout le monde était satisfait. Ce sont encore des familles juives qui monopolisent le commerce des diamants par exemple.
      Plus récemment le fait que des familles juives restaient en contact alors qu’elles étaient dispersées dans plusieurs pays leur donnait souvent l’occasion de faire des affaires en comparant les prix des objets manufacturés dans différents pays. Il n’y a pas lieu de le leur reprocher. Ils ont par exemple cassé les prix de l’électroménager à Marseille en faisant des importations depuis l’Amérique. Cela prouve surtout qu’avant des intermédiaires s’en mettaient plein les poches.
      Faire des généralisations à partir des cas que je viens de citer pour décrire tous les juifs comme des hommes d’affaire louches c’est de l’antisémitisme. Le fait qu’il y ait des capitalistes juifs ne signifie aucunement que les juifs sont responsables du capitalisme. Les histoires de « conflit judéo-bolchévique » cumulent la haine du juif-capitaliste avec la haine des révolutionnaires bolchéviques.
      Une histoire réelle des migrations des juifs contribuerait certainement à rétablir la vérité et ainsi à combattre l’antisémitisme. Ce que Schlomo Sand a écrit va dans ce sens


    • Gérard Luçon Gérard Luçon 9 novembre 2021 22:23

      @Jean Dugenêt
      « Quand il était jugé immoral pour les catholiques de faire du commerce sur l’or, les bijoux... cela était réservé aux juifs. » exact !


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