mercredi 30 novembre 2016 - par Jacques-François Bonaldi

Le concept de Révolution chez Fidel

LE « CONCEPT DE RÉVOLUTION » CHEZ FIDEL

Jacques-François Bonaldi

On trouvera ci-dessous le « concept de révolution » proposé par Fidel tout au début du discours qu’il prononce le 1er mai 2000, sur la place de la Révolution. Le pays est alors engagé depuis plusieurs mois dans une bataille gigantesque pour arracher le petit Elián González aux mains de la fausse famille qui l’a séquestré à Miami. Nous sommes en plein dans cette bataille d’idées » que Fidel a lancée justement dans ce but et qui a pour but une conscientisation accrue de la population, alors que Cuba est quasiment la seule au monde, non seulement à vouloir perpétuer la construction du socialisme, mais encore à en prendre les moyens. Ce fragment a été repris fréquemment depuis et utilisé comme enseignement à suivre. Et il a même acquis une importance telle que, dans le cadre des hommages que le peuple cubain est en train de rendre à son guide, tous les Cubains qui le veulent sont invités à signer de leur nom et à ratifier ce « concept » considéré désormais comme un des grands legs de Fidel. On le verra à la lecture, c'est une conception viscéralement morale qu'il traduit. S’il est, en effet, une caractéristique essentielle de la Révolution cubaine, c’est bien qu’elle fait constamment appel au meilleur de l’homme, qu’elle aspire – selon l’idée que le Che n’a pas inventée, même s’il lui a donné tout son prestige et ses lettres de noblesse – à créer « l’homme nouveau » en même temps qu’elle transforme et bouleverse les structures et la vie matérielles. Fidel n’a cessé d’insister sur cette nécessité de modifier le spirituel si l’on veut que la transformation du matériel prenne tout son sens. À cet égard, la Révolution cubaine est profondément « humaniste », n’en déplaise à certains marxistes dogmatiques qui voient là un retour regrettable au jeune Marx encore hégélien. Des millions de Cubains ont sûrement déjà signé solennellement ce « concept » et continueront de le faire les jours prochains dans des milliers de locaux préparés à ces fins, devant la reproduction en grand de ce texte et devant la seule photo « officielle » qui préside à cet hommage national : Fidel en guérillero, vu de profil, le sac au dos dans la Sierra Maestra. C’est un peu, mutatis mutandis, le scénario vécu en juin 2002 : face à la politique très agressive de l’administration Bush fils, résolument décidée à obtenir ce qu’aucune des précédentes n’avait obtenu, liquider la Révolution cubaine, 8 198 237 Cubains votèrent un amendement à la Constitution aux termes duquel le socialisme à Cuba était irréversible et irrévocable (soit dit en passant, la Constitution française a prévu ce même cas de figure puisque son article 89 stipule : « La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l’objet d’une révision ») et qu’aucun gouvernement ne pouvait établir de relations avec une nation étrangère en butte à des pressions ou à des menaces.

Les scènes qui se sont déroulées pendant toute la journée tant à La Havane que dans le reste du pays prouvent bien ce que Fidel représente pour l’immense majorité du peuple cubain et combien, dix ans après son retrait de la vie publique, il reste la figure grandiose, la figure tutélaire de cette Révolution qui, même si elle est l’œuvre du peuple cubain tout entier, n’existerait pas et ne s’expliquerait pas sans lui. Assistant à ces scènes de douleur parfois déchirante, je me demandais : quel « dirigeant » occidental est-il capable à sa mort d’arracher des larmes si vraies et des sentiments d’amour, de reconnaissance et d’identification si vibrants ?

Jacques-François Bonaldi (La Havane)

« Révolution, cela veut dire avoir le sens du moment historique ; cela veut dire changer tout ce qui doit être changé ; cela veut dire l'égalité et la liberté pleines ; cela veut dire être traité soi-même et traiter autrui comme un être humain ; cela veut dire nous libérer par nous-mêmes et par nos propres efforts ; cela veut dire défier de puissantes forces dominantes dans l'arène sociale et nationale et au-dehors ; cela veut dire défendre des valeurs auxquelles on croit au prix de n'importe quel sacrifice ; cela veut dire modestie, désintéressement, altruisme, solidarité et héroïsme ; cela veut dire lutter avec audace, intelligence et réalisme ; cela veut dire ne jamais mentir, ne jamais violer de principes moraux ; cela veut dire conviction profonde qu'il n'existe pas de force au monde capable d'écraser la force de la vérité et des idées. Révolution, cela veut dire unité, cela veut dire indépendance, cela veut dire lutter pour nos rêves de justice en faveur de Cuba et en faveur du monde, qui est la base de notre patriotisme, de notre socialisme et de notre internationalisme. »

Je voulais conclure ici, mais, le relisant, je ne résiste pas au plaisir de reproduire la fin de cette allocution de Fidel : face à quelqu’un qui semble – qui l’eût cru ? – encore plus taré, plus crétin, plus analphabète, sans parler de ses positions politiques, que le locataire de la Maison-Blanche en l’an 2000, qui incarne encore mieux que lui ce que les États-Unis ont de pire, et qui, comme celui-ci, en Yankee typique, commence, vis-à-vis de la Révolution cubaine, à rouler des mécaniques et à se donner des allures de matamore, les avertissements de Fidel voilà seize ans prennent (ou reprennent) une actualité étonnante, parce que, exception faite du terrorisme, rien n’a beaucoup changé sur le fond dans les rapports entre les USA et Cuba...

Nos pères qui ont lancé la tradition héroïque de notre patrie face aux visées annexionnistes des États-Unis vis-à-vis de Cuba, voilà deux cents ans, nous ont appris que les droits, on les exige, on ne les mendie pas ! Rien ne sera facile pour Cuba à l'avenir. Quarante années de résistance à des agressions et à des injustices de toute sorte et la bataille d'idées que nous livrons sans relâche depuis cinq longs mois nous ont beaucoup fortifiés. Nous nous battrons sans trêve contre la loi assassine dite d'Ajustement cubain, contre la cruelle loi Helms-Burton dont les auteurs sont passibles – selon les traités signés en 1948 et 1949 et souscrits tant par Cuba que par les États-Unis – de condamnation pour crime de génocide ; nous nous battrons contre la loi dont l'auteur, Robert Torricelli, est l'allié de la mafia terroriste de Miami ; nous nous battrons contre le blocus et la guerre économique auxquels notre peuple a su résister durant presque un demi-siècle ; nous nous battrons contre les activités subversives qui se réalisent depuis les États-Unis pour nous déstabiliser, y compris le terrorisme, et nous nous battrons pour qu'ils rendent enfin à notre patrie le territoire qu'ils y occupent illégalement. Nous tiendrons tous les engagements que nous avons juré de tenir à Baraguá face à la mémoire indélébile et immortelle du Titan de bronze.

[…]

Il serait sage que les dirigeants actuels et futurs des États-Unis comprennent que David a grandi. Il s'est converti en un géant moral dont la fronde ne lance pas des pierres, mais des exemples et des idées face auxquels le Goliath aux finances, aux richesses colossales, aux armes nucléaires, aux techniques les plus perfectionnées et au pouvoir politique mondial qui repose sur l'égoïsme, la démagogie, l'hypocrisie et le mensonge, se retrouve sans défense.

[…]

Les peuples d'un monde ingouvernable, qui souffrent de la pauvreté et de la misère, toujours plus exploités et mis à sac, seront nos meilleurs compagnons de lutte. Pour coopérer avec eux, nous ne disposons pas de ressources financières. Nous pouvons compter en revanche sur un capital humain extraordinaire et dévoué qui fait défaut et fera toujours défaut aux pays riches.

Vive le patriotisme !

Vive le socialisme !

Vive l'internationalisme !

La patrie ou la mort !

Nous vaincrons !



19 réactions


  • egos 30 novembre 2016 11:45

     « c’est bien qu’elle fait constamment appel au meilleur de l’homme, qu’elle aspire ... à créer « l’homme nouveau »


    L’homme nouveau durable, en ce qui concerne Fidel et sa fratrie (57 ans cumulés à la tête du pays), 

    Concept préfigurant l’avènement les thèses écologistes.

    Ce doit être ce que l’on nomme la révolution permanente ?

    • Harry Stotte Harry Stotte 30 novembre 2016 17:50

      @egos


      « L’homme nouveau durable... »


      En fait, l’« homme nouveau » est l’échec majeur de l’histoire du XXe siècle. C’était le grand rêve des dictatures communistes, fasciste et nazie, héritières du scientisme du siècle précédent. 


      Or, il n’est advenu nulle part, pas plus en URSS qu’en Chine, au Vietnam ou en Italie, où Mussolini a cru qu’il suffisait de claquer des doigts, à la façon d’un hypnotiseur, pour réveiller le légionnaire impérial qui était censé dormir dans les gènes des habitants de la péninsule.


      L’homme nouveau est allé se fracasser contre le mur d’une nature humaine, qu’on ne peut pas modeler à volonté et à coups de grandes envolées lyriques, certes euphorisantes, mais incapables de provoquer les transmutations profondes - et héréditaires ! - conformes aux attentes des docteurs Frankenstein du collectivisme.


      Trotski avait bien vu l’obstacle, qui écrivait dans « Littérature et Révolution », chap. VIII, « Art révolutionnaire et art socialiste » :


      « L’homme devenu libre cherchera à atteindre un meilleur équilibre dans le fonctionnement de ses organes et un développement plus harmonieux de ses tissus  ; il tiendra ainsi la peur de la mort dans les limites d’une réaction rationnelle de l’organisme devant le danger. (…). L’homme s’efforcera de commander à ses propres sentiments, d’élever ses instincts à la hauteur du conscient et de les rendre transparents, de diriger sa volonté dans les ténèbres de l’inconscient. Par là, il se haussera à un niveau plus élevé et créera un type biologique et social supérieur, un surhomme, si vous voulez. »


      On l’attend toujours. Et on l’attendra encore longtemps... En son temps, Schopenhauer (1788-1860) l’avait liquidé en une seule phrase : « L’homme peut certes faire ce qu’il veut, mais il ne peut pas vouloir ce qu’il veut. »

       


    • lsga lsga 30 novembre 2016 17:54

      @Harry Stotte

      super citation de Trotsky ! Je ne l’ai vraiment pas suffisamment lu. 
      Quand on est communiste, on est pour le transhumanisme et la modification génétique de l’Être Humain via Crispr.

    • Harry Stotte Harry Stotte 30 novembre 2016 18:00

      @lsga

      « Je ne l’ai vraiment pas suffisamment lu. »


      Pour ta pénitence, tu réciteras trois « Manifeste du Parti communiste » smiley

  • tf1Groupie 30 novembre 2016 14:19

    C’est sur, il est fort en concepts Fidel : il a inventé la révolution éternelle.
    Pendant 50 ans il était en révolution !

    Et pourquoi ?
    Parce que la révolution c’est changer le pouvoir en place.
    Et si Fidel avait dit que la révolution était finie il aurait pris le risque d’être renversé par une autre révolution.

    Alors, pas con le Fidel, il a inventé le concept de la révolution qui n’est jamais finie.
    Un as du Matketing ce Fidel.

    On retiendra que Fidel n’a jamais mené sa révolution jusqu’au bout, puisque comme le rappelle l’auteur la révolution « cela veut dire l’égalité et la liberté pleines ».
    Et ça Fidel ne l’aura jamais vue la liberté du peuple cubain.

    Allez, conformément au « concept de Fidel »on va dire que la révolution française n’est toujours pas terminée ...


    • CN46400 CN46400 30 novembre 2016 16:21

      @Michel Maugis
      Sous le capitalisme c’est le capitalisme qui commande l’état
      Sous le socialisme c’est l’état qui commande le capital
      Sous le communisme les classes sociales disparaissent et l’état aussi


    • Harry Stotte Harry Stotte 30 novembre 2016 17:58

      @tf1Groupie


      « Alors, pas con le Fidel, il a inventé le concept de la révolution qui n’est jamais finie. »


      Il fallait certes maintenir la pression, mais la véritable armature du régime a été, et reste, le boycott américain, maintenu par l’ennemi permanent contre lequel la mobilisation est de tous les instants.


      Dans un contexte certes très différent, et dans des proportions moindres, le boycott a été, et reste, au régime castriste, ce que l’URSS et ses satellites étaient à la construction européenne : le contre-exemple face auquel il ne fallait jamais baisser la garde. 


      Désormais, privée d’un ennemi unanimement reconnu, l’Union - comme ils disent - européenne fout le camp dans tous les sens. A mon avis, elle ne s’en remettra pas. 


      Croire qu’on peut perdurer sans être, résolument et sans relâche, contre son modèle en creux (le Juif et les races inférieures pour les Nazis ; l’aristocrate, l’ecclésiastique, le bourgeois pour les communistes) est une illusion de bisounours.

    • tf1Groupie 30 novembre 2016 18:04

      @Michel Maugis

      Bon si vous confondez une élection et une révolution on n’est pas arrivés !!

      Je vais attendre que vous vous mettiez à jour sur des principes fondamentaux de la société ; je pense qu’on est partis pour quelques mois voire pire, à moins que vous ne retourniez à l’école


    • CN46400 CN46400 30 novembre 2016 20:03

      @tf1Groupie
      les cubains sont tous les jours plus libres que la veille. Tout simplement parce qu’ils ne souffrent plus des misères comme la faim, le non logement, la maladie non soignée et l’analphabétisme.


    • Harry Stotte Harry Stotte 30 novembre 2016 20:18

      @tf1Groupie

      « ...ils ne souffrent plus des misères comme la faim, le non logement, la maladie non soignée et l’analphabétisme. »



      Ce qu’il y a de cocasse, c’est qu’on peut très bien « bénéficier » de ces différents « avantages » tout en étant au chtar smiley

    • CN46400 CN46400 1er décembre 2016 07:44

      @Michel Maugis
       « classes antagonistes », évidemment...


  • lsga lsga 30 novembre 2016 17:21

    « la Révolution cubaine est profondément « humaniste » [...] un retour regrettable au jeune Marx encore hégélien. »


    C’est là le coeur du problème de la révolution castriste. Au lieu d’instaurer une courte période de Dictature du Prolétariat, le temps d’éveiller la conscience de classe de la population, et de la préparer à gérer par elle-même l’appareil de production (en d’autres termes : à abolir la propriété privée) ; Castro a instauré une dictature tout court, dans laquelle une petite élite au ses hégélien du terme contrôlait l’ensemble de la production pour « le bien du peuple cubain ». C’était en effet Raoul Castro à la tête de l’armée Cubaine qui prenait toutes les décisions concernant la production agricole et industrielle.

    C’est donc bien une politique purement humaniste d’un desposte éclairée, une régression par rapport à l’exploitation capitaliste. Le travailleurs cubains sont ainsi passé du stade avancé de prolétaires aliénés au stade rétrograde de sujets d’une bureaucratie nationale de type monarchiste. L’enterrement de la reine Castro qui a tant été pleurée par ses fidèles sujets en est encore une illustration parfaite. 

    • lsga lsga 30 novembre 2016 17:29


       et une petite erreur de votre part : le jeune Marx était profondément anti-hégélien. 

      Vous devriez lire l’Idéologie Allemande, le premier ouvrage écrit par Marx alors qu’il n’avait que 27 ans, et qui commence par une opposition franche aux hégéliens. 

      Le Marxisme nait par opposition à l’Hégélianisme. L’Hégélianisme, c’est le socle fondateur de la pensée fasciste (dans le sens le plus noble du terme fasciste). 

    • CN46400 CN46400 30 novembre 2016 19:45

      @lsga
      La dictature du prolétariat = priorité aux intérêts du prolétariat. Elle existe tout le temps que la puissance de la bourgeoisie, d’où qu’elle vienne, extérieur ou intérieur, peut contester cette priorité


    • Sparker Sparker 30 novembre 2016 23:03

      @lsga
      Mais le peuple aurait-il pu résister à l’assault permanent sans une direction disont « ferme », je ne la défend pas je veux juste la réintegrer dans un contexte, celui de cette époque de combat bien sur pour que cuba ne redevienne pas un bordel américain... Mais il y avait certainement aussi une catégorie de cubains favorable à la main mise protectrice américaine, c’est là que ça coince, dedans dehors, s’il lachait c’était foutu, dure position. Mais bon peut-être as t-il sucombé au sirène du pouvoir... Comme vous le suggérez.
      Si c’est 600 tentatives d’assassinats ne sont pas du bleuf, heu....


  • Jacques-François Bonaldi 30 novembre 2016 20:41

    Curieux ! Je m’efforce de « donner à lire » Fidel et quelque chose (une part minime, soit dit en passant) de ses idées, et les commentateurs s’arrêtent uniquement aux propos que j’ai placés en guise d’introduction… Comme si l’important, c’était le rédacteur du prologue et non l’auteur ! Si ça voulait dire que les lecteurs sont d’accord avec les idées avancées par Fidel, ce serait au moins une belle satisfaction pour moi, mais je sais que sur Agoravox (ni ailleurs, soit dit en passant), il n’a jamais bonne presse et que rares sont ceux qui lui vouent quelque sympathie…

    Vous comprendrez bien que je ne vais pas engager des débats théoriques sur le jeune Fidel. Les discussions au coin du feu et les révolutions en chambre et en pantoufles ne m’intéressent absolument pas : je préfère vivre ici une vraie, où l’on se salit les mains de cambouis, avec toutes ses difficultés, ses erreurs, ses problèmes, mais aussi avec ses réussites et ses grandeurs. Une révolution de celles qui transforment la vie des gens, pas de celles dont on discute peinardement en sirotant. De celles qu’on bâtit au jour le jour.

    Quant à l’homme nouveau, je peux vous dire, moi, que je l’ai vu, pas seulement en puissance, mais en réalité, à différents moments de la Révolution cubaine, ne serait-ce que, pour donner qu’un seul petit exemple, les coopérants cubains capables de se rendre dans les endroits les plus inaccessibles, là où le personnel du cru ne va jamais, pour soigner des malades et sauver des vies, ou encore, sur un autre registre, les combattants partis pour défendre l’indépendance de l’Angola et, dans la même foulée, infliger une si cuisante déroute aux agresseurs racistes sud-africains qu’elle a entraîné à terme, entre autres facteurs, l’indépendance de la Namibie, la libération de Mandela et l’effondrement de l’apartheid.

    Et si vous aviez vécu ce que nous vivons ici depuis vendredi dernier, 25 novembre, si vous aviez partagé l’immense douleur des Cubains, si vous aviez écouté les innombrables témoignages de gens ordinaires, si vous aviez vibré aux réactions d’une qualité humaine parfois extraordinaire qui traduisent une identification vitale avec ce qu’on appelle encore ici Révolution, si vous aviez pleuré avec nous la disparition physique du fondateur de la nation cubaine libre, alors, vous auriez pu découvrir que, oui, à Cuba, même si l’homme ancien occupe encore une bonne part du devant de la scène, l’homme nouveau a su se faire une place parmi les seconds rôles et qu’il n’est pas aussi inexistant que vous voulez le croire…  Mais, ça, cela dépasse la simple théorie…

    Alors que je vous écris (il est 14 h à La Havane), les cendres de Fidel ont commencé leur retour vers Santiago de Cuba, un parcours d’un millier de kilomètres qui reprend à l’inverse l’itinéraire suivi début janvier 1959 par l’Armée rebelle pour atteindre La Havane, ce que l’on a appelé la Caravane de la liberté. Et, partout, de chaque côté de la route, des milliers et des milliers de Cubains se massent pour saluer les restes de celui qui leur a consacré chaque moment de sa vie. La révolution, voyez-vous, c’est aussi cette réalité-là et ce vécu.

    Bien entendu, si vous ne lisez que la presse transnationale, vous n’en saurez jamais rien, pas plus que vous ne saurez à quel point la mort de Fidel a fait surgir, telle une lave, dans l’immense majorité du peuple cubain, tous âges confondus, cette énorme manifestation de douleur, mais aussi et surtout de reconnaissance et d’amour envers celui qui a fait de cette petite île des Antilles, de concert avec lui, un haut lieu de dignité et peut-être le seul où l’espérance collective d’un avenir meilleur reste possible.

    (La Havane, 30 novembre 2016)


    • Jacques-François Bonaldi 30 novembre 2016 20:50

      @Jacques-François Bonaldi
       Dont acte :

      "Vous comprendrez bien que je ne vais pas engager des débats théoriques sur le jeune Marx."


    • JP94 3 décembre 2016 22:11

      @Jacques-François Bonaldi
      Pas d’inquiétude, ça intéresse beaucoup de monde, mais il y en a -toujours les mêmes- qui s’amusent à pourrir de leurs commentaires sans intérêt en s’écoutant parler dans le désert - pour dissuader les autres de profiter du contenu de l’article et d’en discuter.

      Tout le monde les connaît ici..
      Donc quand on lit 10 commentaires comme les précédents, on laisse tomber et on ne commente pas. 
      Mais c’est bien votre article qu’on lit.

  • Sparker Sparker 30 novembre 2016 23:06

    Bel article, bons commentaires, merci.


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