lundi 11 mars 2019 - par Emmanuel Glais

Le Gilet Jaune Party : le programme des « Black Panthers » revisité

 

Le 15 mai 1967, dans le deuxième numéro du journal Black Panther Newspaper, le Black Panther Party publie la version originale de son programme en dix points (« Ten-Point program »).
 

Je me suis amusé à réécrire ce programme (dans sa version longue), à l'aune de la situation française. J'ai aussi coupé à l'occasion quelques termes ou bouts de phrases, sans le préciser pour plus de lisibilité, mais remplacés le plus souvent par les termes en gras. Lorsque j'ai réécrit une phrase entière, j'ai essayé de reprendre une syntaxe proche de l'originale.

 

1 – Nous voulons la liberté.

Nous voulons le pouvoir de déterminer la destinée de notre Communauté nationale. Nous croyons que les citoyens ne seront pas libres tant qu’ils ne pourront pas décider de leur propre destinée.

 

2 – Nous voulons le plein emploi pour notre peuple.

Nous croyons que c’est la responsabilité du gouvernement fédéral de fournir à chacun un emploi ou un revenu garanti. Nous croyons que si les hommes d’affaire français ne veulent pas nous garantir le plein emploi, alors les moyens de productions doivent leur être retirés et placés entre les mains de la communauté, ainsi les gens de cette communauté pourront s’organiser et employer tous ses membres et leur donner un mode de vie haut de gamme.

 

3 – Nous voulons que cesse le pillage de la communauté nationale par les ultra-riches.

Nous croyons que ce gouvernement populophobe nous a volé, et aujourd’hui, nous exigeons l'annulation de la dette publique, dont le paiement des intérêts nous dépossède de nos services publics.


 

4 – Nous voulons des logements décents, aptes à abriter des êtres humains.

Nous croyons que si les spéculateurs immobiliers ne fournissent pas de logements décents à la communauté, alors le logement et la terre devront être transformés en coopératives ainsi, avec l’aide du gouvernement, nous pourrons construire des logements décents pour les gens.


 

5 – Nous voulons l’éducation pour notre peuple qui exposerait la véritable nature décadente de la société occidentale. Nous voulons une éducation qui nous apprenne notre véritable histoire et notre rôle dans la société actuelle.

Nous croyons en un système éducatif qui donnera à notre peuple la connaisse de lui-même. Si un homme n’a pas la connaissance de sa position dans la société et dans le monde, alors il n’a qu’une faible chance pour qu’il s’intéresse à quelque chose d’autre.

 

6 – Nous voulons la fin de la répression policière, et que l'armée ne soit plus employé contre d'autres peuples.

Nous croyons que les soldats français ne devraient pas être forcés de se battre pour défendre un gouvernement impérialiste qui ne nous protège pas. Nous ne combattrons ni ne tuerons d’autres gens dans le monde qui, comme nous, sont persécutés par des dictateurs et oligarchies financières. Nous nous protégerons nous-mêmes contre la brutalité et la violence exercées par la police par tous les moyens nécessaires.

 

7 – Nous voulons une fin immédiate aux meurtres et aux brutalités de la police.

Nous croyons qu’il est en notre devoir de faire cesser la brutalité policière contre nos communautés en s’organisant en groupes d’autodéfense destinés à défendre la communauté de la brutalité et de l’oppression de la police populophobe. Révolutions politiques et conquêtes sociales n'ont été obtenues que de haute lutte. Nous pensons donc que nous devons nous organiser nous-mêmes pour l’autodéfense.

 

8 – Nous voulons la liberté pour tous les Gilets Jaunes détenus dans les prisons.

Nous croyons que tous les Gilets Jaunes devraient être relâchés des innombrables prisons parce qu’ils n’ont pas été jugé en toute justice et en toute impartialité.

 

9 – Nous voulons que tous les Gilets Jaunes, lorsqu’ils comparaissent devant un tribunal, soient jugés par un Jury composé de leurs pairs, c'est-à-dire de citoyens tirés-au-sort. Nous avons été, et nous sommes toujours jugés par des jurys composés uniquement de magistrats professionnels qui n’ont aucune compréhension de la mentalité du citoyen moyen.

 

10 – Nous voulons de la terre, du pain, des logements, un enseignement, de quoi nous vêtir, la justice et la paix, et comme nos objectifs principaux : un référendum sur notre appartenance à l'Union Européenne et le tirage-au-sort d'une assemblée constituante, supervisés par l’Organisation des Nations Unies, se déroulant dans toute la France, parmi les citoyens n'ayant jamais exercées de mandat électif.

 

Quand au cours de l’Histoire humaine, il devient nécessaire pour un peuple de rompre les liens politiques qui l’assujettissaient à un autre, et de se faire parmi les puissances du monde la place de nation indépendante et à part entière à laquelle lui donnent droit les lois de la nature et du Créateur, le respect des opinions d’autrui exige que ce peuple fasse connaître les raisons qui l’ont poussé à la rupture.

Nous tenons pour vérités premières que les hommes naissent égaux ; qu’ils ont été pourvus par le créateur de certains droits inaliénables parmi lesquels la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Que pour sauvegarder ces droits, des gouvernements ont été institués parmi les hommes, qui détiennent leurs pouvoirs légitimes du consentement des gouvernés ; que chaque fois qu’un type de gouvernement s’avère aller à l’encontre de ces fins, il est du droit des gens de le modifier ou de l’abolir, et d’instituer un nouveau gouvernement reposant sur des principes tels, et organisant ses pouvoirs d’une manière telle, qu’il paraisse plus en mesure d’assurer leur sécurité et leur bonheur. La prudence, bien sûr, exige que les gouvernements depuis longtemps établis ne soient pas changés pour des raisons futiles et éphémères ; et l’expérience montre effectivement que l’homme est plus enclin à souffrir, lorsque les maux sont supportables, qu’à user de son droit pour changer la situation à laquelle il est habitué. Mais quand une longue suite d’abus et d’usurpations, poursuivant invariablement le même objectif, montre la volonté d’un gouvernement à exercer un despotisme absolu à l’encontre de l’homme, il est de son droit, il est de son devoir de détruire un tel gouvernement et de se donner de nouveaux garants pour sa sécurité future.


 

La traduction du texte original ici https://quartierslibres.wordpress.com/2014/04/18/black-panther-party-le-programme-en-10-points

 

 



1 réactions


  • Clark Kent Arthur S 11 mars 2019 09:46

    Caricaturé par les autorités, le Black Panthers Party a pendant quelques années porté la voix d’une partie de la jeunesse américaine noire des ghettos, maltraitée par la police et humiliée par une société américaine qui leur refusait même le droit à la révolte.

    Incarnation du corps politique qui affirme la dignité noire dans le rapport de force, le mouvement fondé par Bobby Seale and Huey Newton a été un mouvement de libération nourri de Mao et de Fanon qui a réussi à mettre la question du pouvoir au cœur de son action. 

    Bilan ?

    Alors qu’une partie de l’organisation collaborait avec les services sociaux des gouvernements locaux, d’autres avaient constamment des démêlés avec la police. La séparation entre l’action politique, l’activité illégale, les services sociaux, l’accès au pouvoir et la recherche d’identité est devenue floue et contradictoire jusqu’à la disparition du mouvent et la tentative de récupération de son image par le New Black Panther Party qui est issu de la Nation of Islam. Des membres du Black Panther Party original les ont publiquement et durement dénoncés.

    La mise en parallèle avec le mouvement des gilets jaunes, pour intéressante qu’elle soit, n’est pas forc ément de bon augure pour la suite…


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