samedi 22 septembre 2012 - par Christian Laurut

Le nouvel An zéro et le péché d’orgueil

Jésus naquit à Bethléem trois ou quatre ans avant le début de l’ère chrétienne, voici pour le comment ! Et son œuvre fut consacrée à racheter le péché originel, voilà pour le pourquoi ! Cet évènement advint peu avant la mort d’Hérode Ier et le monde occidental en fut transformé, mais, d’un point de vue formel, on attendit presque mille ans et l’initiative d’un moine anglo-saxon vivant au temps de Charlemagne et resté dans la postérité sous le nom de Bède le Vénérable, qui à la manière des Romains comptant la date du jour à partir de la fondation de leur ville, envisagea de dupliquer cette pratique en calculant celle-ci à partir de la date de naissance du Christ. Après lui, on prit l'habitude de dater l'année en cours à partir de ce fameux anniversaire. L’apparition de Jésus de Nazareth sur terre marqua donc le début d’une nouvelle ère pour l’Humanité, mais le point de départ effectif n’est à fixer que trente ans plus tard, pour cause de vocation tardive, les changements notoires n’interviendront que un ou deux siècles après, en raison d’une lenteur de communication liée au faible développement des médias de l’époque et à l’absence de Facebook, et, nous venons de le voir, la ratification calendaire subit un délai de plus de huit cent ans pour des motifs restés inexpliqués. Il est à parier que ces regrettables atermoiements ne se reproduiront pas lorsque, d’ici quelques années nous allons entrer de plein pied dans l’ère de la décroissance.

Le point de départ de ce nouvel âge sera celui du croisement de la courbe de l’offre et de la demande de pétrole. En effet, la production mondiale d’or noir qui a réussi à satisfaire, grâce notamment à l’Arabie Saoudite, la demande continuellement croissante des pays consommateurs va bientôt devenir insuffisante par suite des effets conjugué d’une augmentation encore plus grande de la demande mondiale renforcée par l’appétit des pays émergents, et de la diminution des ressources, nonobstant l’apport de pétroles non conventionnels (schistes, sables, offshore profond, etc…), au demeurant infiniment plus coûteux que ceux extraits des « champs faciles » de Gawhar. Mais, comme pour la naissance de Jésus, cet instant passera inaperçu au moment où il surviendra, car nombre de paravents seront dressés devant lui afin de masquer la vraie réalité aux yeux d’une population n’ayant d’ailleurs aucune intention d’y souscrire. Cette volonté de cacher, du côté des politiques, associée au refus d’y croire, du côté du peuple, feront ainsi se dérouler plusieurs années dans l’obscurantisme d’un nouveau dogme, à l’image du temps qui s’écoula entre les premiers travaux de propagande de Jésus et l’avènement du christianisme.

Mais le parallèle ne s’arrête pas là ! Le Christ ayant été mandaté sur Terre par le Créateur pour réparer le péché originel mentionné plus haut, dans quelques années, c’est Dame Nature en personne qui viendra punir l’Homme pour une autre faute : celle de péché d’orgueil……. Mais si le péché originel était de nature spirituelle, Adam touchant à l’arbre de la connaissance et du savoir, domaine réservé de Dieu et péchant ainsi par désobéissance envers celui qui Sait, et surtout par outrecuidance de le vouloir mieux connaître et, pourquoi pas, se hisser à son niveau, le péché de l’Homme moderne est aujourd’hui de nature écologique, instillé par une recherche somme toute similaire car, en s’interrogeant son environnement, l’homme empiète aussi sur le domaine réservé de la nature, voulant objectivement se mettre à son niveau, voire la dominer.

Contrairement à une idée communément répandue, le péché de l’homme moderne ne réside donc pas dans son utilisation controversée des ressources naturelles, mais dans le fait qu’il analyse lui même sa démarche dans le même temps qu’il la poursuit. En effet, ses fameuses actions anthropiques sont en réalité sans danger aucun pour la Planète qui pourrait survivre sans problème à un hiver nucléaire prolongé et repartir de plus belle à partir de deux cafards et trois cancrelats vers un foisonnement de vie encore plus riche que celui que nous connaissons actuellement. Il suffirait pour cela d’attendre quelques milliers d’années, c’est à dire l’espace d’un battement de paupière pour cet astre vieux de 45 millions de siècles.

La menace de la civilisation industrielle sur la biodiversité, dont on nous rebat les oreilles, n’est en fait pas plus inquiétante qu’une brise légère sur un lac tranquille pour une barque de pêcheur, lorsqu’on sait que la Terre a déjà connu pas moins que six extinctions massives des espèces avec chaque fois apparition de nouvelles et réapparition d’anciennes. A la fin du Crétacé, les dinosaures, espèce dominante, disparurent pour ne plus réapparaître après 160 millions d’années de bons et loyaux services, alors que l’espèce humaine n’est présente que depuis 7 millions d’années seulement. Quant à la pollution, celle de la société humaine moderne fait pâle figure comparée aux émissions de méthane de ces gigantesques sauropodes qui auraient pu atteindre 520 millions de tonnes par an, chiffre comparable à celui des émissions actuelles. Et que dire de l’épouvantail du réchauffement climatique alors que nous savons que la Planète a déjà été beaucoup plus chaude, plus humide, plus froide et même complètement glacée, selon les âges et les temps, en conservant toujours son même teint de jeune fille.

Pour l’homme, le péché d’orgueil ne se situe donc pas dans le fait de puiser dans la dot terrestre, même à un rythme effréné, car c’est dans la nature de toutes les espèces vivantes que de suivre le cours de leur instinct sans se préoccuper des conséquences sur la biodiversité, le climat, la pollution, etc… autant de termes modernes qui consacrent ce fameux péché d’orgueil consistant tout simplement, pour l’homme, espèce animale éphémère, à vouloir réfléchir sur ses relations avec la nature, en tirer des conclusions et se targuer de pouvoir infléchir le cours des choses.

L’homme puise sans compter dans les ressources fossiles, végétales, animales, et alors ?…. L’homme, pour nourrir une population toujours plus demandeuse, ponctionne la biodiversité et provoque la disparition de certaines espèces, et alors ?….. L’homme sème des papiers gras et des résidus d’emballages un peu partout, et alors ?…. L’homme dissémine dans l’air des odeurs nauséabondes, et alors ?…. L’homme fait marcher des usines qui réchauffent l’atmosphère (ce qui reste à prouver), et alors ?…Tous ces incidents ne dérange en rien la Planète, qui s’en contrefiche et ne menace aucunement la survie à terme de Dame Nature, qui n’est pas à un million d’années près ! La vérité vraie est que l’homme, en dégradant ainsi son environnement perd en confort ce qu’il gagne en efficacité, ce qui lui pose un problème insoluble dans la croissance. Et afin de créer, pense t’il, une dramaturgie plus en rapport avec sa grandeur, il feint d’ignorer l’essentiel pour battre sa coulpe sur des points de détails plus spectaculaires, à savoir ses maigres atteintes à l’environnement, il détourne, par surcroit, une science neutre, l’écologie, étudiant l’interaction des êtres vivants avec le milieu qui les entoure, en une doctrine spiritualo-politique, l’écologisme, qui milite pour la mise en place d’actions visant à réduire les effets induits de cette même interaction. L’expression couramment entendue de la part de scientifiques plus ou moins érudits est en gros celle-ci  : « nous (sous–entendu nous les hommes, les petits génies de l’Univers) avons le pouvoir de détruire des espèces vivantes, mais nous avons également le pouvoir de les protéger (sous-entendu de ne pas les détruire, ou de nous attacher le bras qui les tue, au choix..) ». Et c’est ici, à ce moment-ci et dans cette configuration-là que le péché d’orgueil, insidieux, s’installe !…..

Car l’homme n’est pas programmé (par la Nature) pour prévoir, mais pour agir, et tel Adam, défiant Dieu en grappillant l’arbre de la connaissance du bien et du mal, l’homme industrialisé défie la nature en proclamant qu’il la peut la défaire et la refaire. Ainsi le pouvoir de refaire ou de réparer prend le pas sur celui de défaire ou d’abîmer, et confine au pouvoir absolu, qui est celui de faire tout court. De fil en aiguille, de croissance en développement, de science en technologie, l’homme civilisé ne se considère plus comme simplement le roi des animaux, mais comme le prince de la Planète, et, enivré par son pouvoir de destruction rêve de maîtriser la Genèse. D’où son écologisme pécheur, véritable offense à la Divinité Nature, qui, du haut de sa couche d’ozone se désespère de voir son rejeton préféré cumuler les bavures dans l’exercice de sa mission, à savoir :

  1. croire qu’il esquinte la Planète alors que celle ci en vu d’autres,
  2. croire qu’il peut, ou qu’il doit, contrôler ce qu’il prélève sur sa dot alors que c’est la sienne,
  3. réfléchir sur son action au lieu de suivre son instinct comme toutes les autres espèces,
  4. croire qu’il peut prévoir ce qui va se passer et modifier en conséquence son action, alors que sa principale qualité et l’adaptation à ce qui survient,
  5. etc… etc….

En bref, l’Homme s’occupe de choses qui ne le regardent pas et qui le dépassent. Son cerveau, qui fait merveille pour le bricolage inventif, n’est pas prévu pour comprendre des notions aussi fondamentales que l’infini ou le commencement, la preuve en est qu’il en est réduit à inventer de navrantes sornettes religieuses pour ne pas sombrer dans la neurasthénie dévalorisante. Il s’engouffre donc en plein dans l’hérésie lorsque, par exemple, il s’imagine pouvoir contrer un réchauffement climatique farfelu qu’il aurait lui même généré en envoyant dans le ciel des millions de panneaux réfléchissant destinés à filtrer les rayons de l’astre majeur et éviter ainsi à la lagune de Venise de s’enfoncer encore un peu plus dans la mer. Ce délire de géo-ingénierie, dernier stigmate en date du péché d’orgueil écologistique, montre, s’il en était encore besoin, l’errance mentale et le désordre spirituel dans lequel nous nous sommes tombés. Par bonheur, et pour nous extirper du péché, Dame Nature nous envoie la Décroissance. Tel Jésus Christ en l’an zéro, elle est déjà sur place mais peu le savent, elle produira ses effets naturellement dans quelques temps sans qu’il soit besoin de précipiter le cours de l’histoire, et l’homme redeviendra humble, c’est à dire se contentera de déchiffrer une partition tout simplement adaptée à la symphonie vivante.



1 réactions


  • non667 22 septembre 2012 21:23

    à christian
    il ya une quinzaine d’années j’en suis arrivé aux mêmes conclusion que vous mais par un tout autre cheminement mental  !
    lors d’un jeu tv de midi la question portait sur caïn qui avait tué son frère abel ?
    ma question : pourquoi ?
    la bible : caïn jaloux que dieu ait agrée l’offrande de son frère abel (offrande du berger ) et pas la sienne (offrande du cultivateur ) !
    ma question : pourquoi dieu agréa .... ?
    la bible =0
    j’en suis réduit à faire des hypothèses !
    celle qui m’a semblée la plus plausible a été que dieu préférait l’élevage (la chasse ) a la culture parce que correspondant mieux à ce qu’ il avait prévu pour sa création : la nature,l’écologie  !
    considérant que cultiver était domestiquer la nature = péché d’orgueil  !
    aussitôt me vint à l’esprit « tu gagneras ton pain a la sueur de ton front  » dit dieu en punition de ce péché en chassant Adam du paradis  !
    ceci correspondait parfaitement au dilemme du paradis et de la terre/nature pour les athés .
    ou l’homme accepte de vivre et de mourir au gré de ce que la nature (dieu ) lui donne (reste au paradis sur terre ,sous le bananier ) !
    ou l’homme refuse et contraint la nature en la cultivant afin de vivre plus longtemps et plus nombreux  ! (hors paradis )

    même en dehors de dieu et de toutes religions ce dilemme est toujours d’actualité et le sera de plus en plus jusqu’à son paroxysme —> surpopulation --->> famine ---->>> guerres 
    pour moi C’EST LE VÉRITABLE PÉCHÉ ORIGINEL  ! (et non l’histoire du zizi ) !


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