Le panurgisme des élites média programmées
J’aurais tant voulu intituler ma modeste contribution « J’accuse » mais l’actualité cinématographique autant qu’un accès de modestie m’ont dissuadé de faire cet emprunt au grand écrivain, Émile Zola ; ce n’était pourtant qu’un humble hommage d’un tâcheron à une sommité et surtout pas une tentative aussi vaine que ridicule de me situer à son niveau.
Zola qui, malgré les nuisances que ce geste d’engagement apportait à sa gloire et qui a peut-être provoqué sa mort, a su aller contre les vents dominants pour défendre le capitaine Dreyfus, un homme accusé de trahison uniquement parce qu’il était d’extraction juive et que les remugles de l’antisémitisme balayaient les arrière-cours de la république.
Quel enfumage réussi que cette histoire du voile, du fichu, du foulard, appelez-le comme vous voulez.
Cet accessoire vestimentaire a pris dans l’esprit de certains des aspects métaphysiques.
Ce ne sont plus que vitupérations dont l’imbécilité n’a pas l’air de sauter aux yeux de ceux qui les éructent.
Encore un petit effort, Messieurs des Médias, et ceux qui ne se sentiront pas agressés par la vue d’un voile seront bientôt traités d’inciviques dans votre prose inepte et à vrai dire indigeste dont en tout cas je me demande personnellement comment on peut en faire si grand cas.
Des philosophes ou considérés tels s’emparent du sujet, presque voluptueusement et en font des tonnes et pourtant, si un reste d’amour propre leur reste dans quelques années, je me demande comment ils vont analyser leur attitude grotesque d’aujourd’hui, presque matamoresque tant il s’avérera qu’ils auront fait un tort immense à la cause qu’ils prétendent défendre.
Il faut bien reconnaître qu’un tel débat qui flirte avec le ras des pâquerettes est quasiment impossible dans d’autres pays civilisés où l’exercice de la liberté ne souffre pas les contraintes que d’aucuns rêvent d’instaurer chez nous.
C’est bien une spécificité française que de se ridiculiser dans des combats d’un autre siècle.
Certains chevaliers blancs ( enfin pas si blancs que ça ) rejouent les luttes anticléricales du IXXe qui brillaient d’un côté comme de l’autre, par leurs excès et pas seulement langagiers qui ont abouti à la loi de 1905.
Ils tirent aujourd’hui argument de ce qui se voulait un système de coexistence et ils l’interprètent à leur manière pour vouer les Musulmans aux marges sombres qu’ils voudraient invisibles de la société.
D’aucuns – qui sont dans la filiation directe des ligues d’Extrême-droite anti-parlementaristes, anti-républicaines et anti-juives d’avant-guerre – se retrouvent dans l’exécration de l’Islam, accusé de tous les maux de la France et d’être en somme un corps étranger à la patrie et qu’il faut purger.
Pire ces excités volontaires sont ceux qui donnent le ton auquel doivent se plier tous ceux qui veulent peser sur le débat public et quasi tout le monde se plie à l’exercice imposé qui consiste à multiplier les motions ou les actions de défiance à l’égard des Musulmans et de ceux qui, ne l’étant plus ou si peu, en gardent l’apparence.
On peut s’interroger : toutes les dérives que l’on croyait à jamais oubliées redeviennent possibles tant le niveau de haine qu’atteint le débat flirte avec les sommets.
Bien sûr on n’en est pas encore aux pogroms même si l’idée hante visiblement la cervelle embrumée de certains mais on en est déjà à la condamnation morale, celle qui justifie tous les excès, toutes les mesures d’isolement qui progressivement tendent à se mettre en place.
La police a depuis longtemps abandonné certains quartiers soi-disant hostiles à l’étalage de sa force mais qu’elle laisse surtout par tranquillité d’esprit aux mains de mafias qui n’ont rien à voir avec la religion mais parfois participent néanmoins au financement de groupes hostiles au vivre ensemble.
Ainsi se rejoignent dans une même lutte extrême-droite et activisme soit-disant islamiste mais sûrement criminel qui posent méthodiquement les fondements d’une future guerre civile où seront entraînés malgré eux ceux qui ne se seront pas réveillés à temps du cauchemar dans lequel on les endort.
Le racisme prospère même s’il revêt les couleurs d’un combat contre les signes extérieurs de la foi musulmane car qui pourrait sans s’étrangler affirmer que l’abandon du foulard par les Musulmanes signifierait la fin des discriminations qui frappent leurs enfants.
La plupart des jeunes hommes – musulmans d’apparence - voire même quasi la totalité sont habillés à l’occidentale, à l’américaine même.
Cela leur épargne-t-il les incessants contrôles policiers sur la voie publique, le délit de sale gueule ?
Car il est un fait qui ne souffre aucune discussion : si l’on pourrait sans dommage abandonner le foulard, il reste difficile de changer sa physionomie, sa gueule comme diraient les malfaisants.
Alors foin de cette hypocrisie qui prétend donner les atours de la laïcité à un combat raciste !
Que s’assument enfin ceux qui glosent avec des airs pénétrés, imbus de leur dérisoire importance, sur le danger que font courir à la nation quelques décimètres carrés de tissu !
C’est sans doute trop leur demander car ce ne sont pour la plupart que des jean-foutre en mal de visibilité et pour quelques uns qui jouissent des feux de la rampe le moyen de rester au prix de leur honneur sur le devant de la scène.
Au terme d’un cheminement ( classique dans l’histoire de l’Extrême-droite ) qui l’a vu passer de la Gauche radicale à la Droite extrême, ce qui en fait un Doriot d’opérette, l’avocat Glibert Collard ne trouve rien de mieux que de se placer dans les rangs des résistants ( à quoi ? ) en traitant Mélenchon de Laval parce qu’il a osé participer à une manifestation où des Musulmans ont réclamé le droit de l’être.
Bien qu’il ose mettre sa comparaison sous le signe de la raison cette sortie est d’une imbécillité sans nom, les Musulmans n’ayant pas la moindre parcelle de pouvoir dans cette république que le RN rêve de s’approprier pour la dénaturer.
Mais la machine est lancée avec la complicité bienveillante autant qu’intéressée des Médias dominants que j’accuse de manipuler l’opinion comme de vulgaires outils de propagande au service d’une cause : il faut à tout prix, même celui du déshonneur, que 2022 voit s’opposer Macron et Marine le Pen dont le président de la République escompte bien ne faire qu’une bouchée.
Qu’importe si, découragés, des millions d’électeurs se réfugient dans l’abstention et restent à la maison dans l’impossibilité de départager des personnes qui surfent à des degrés divers sur le rejet de l’autre et qui sont donc en complète contradiction avec les principes d’unité, d’égalité et de fraternité ( il a belle lurette que la notion de liberté est très relative ) qui fondent la république qu’ils aspirent à diriger.
Il y a maintenant en France des gens dont la liberté d’expression est supposément garantie mais à qui il peut être fait le reproche de s’exprimer et que l’on peut mettre au ban de la nation parce qu’ils ont dit des choses qui heurtent la bienséance que les médias tentent d’imposer.
Ces derniers qui reprocheront à Poutine ces libertés avec la vérité ou simplement l’objectivité qu’ils s’octroient eux-mêmes avec la légèreté irresponsable qui transforme la fausse anecdote en vérité absolue, spécialité où ils sont passés maîtres.