lundi 6 août 2018 - par rosemar

Le parler de Provence : des mots pleins d’expressivité...

 
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Il me revient, quelquefois, des mots entendus dans l'enfance, des mots d'autrefois prononcés par mes parents ou mes grands-parents, des mots du sud pleins d'expressivité.

 

Des mots qui évoquent, d'abord, l'univers marin, bien sûr, le petit port de l'Estaque où je suis née : je revois des "gabians" qui frôlent la surface de l'eau, des "bettes" amarrées sur lesquelles des pêcheurs ravaudaient leurs filets.

 

A Marseille, le "gabian" est l'autre nom de la mouette : le terme serait directement issu du latin "gavia".

 

Aussitôt, ce mot nous fait entendre les cris acérés de cet oiseau, grâce à la voyelle "i" assez aiguë, à la gutturale intiale "g".

La "bette" est une embarcation à fond plat, sans doute un dérivé du nom "bateau".

Le mot "favouille", autre nom du crabe nous fait voir un grouillement de ces crustacés dans les nasses des pêcheurs de l'Estaque.

On ne peut pas oublier non plus "l'arapède", ce coquillage qui s'accroche aux rochers. Par extension, le mot désigne aussi une personne collante dont on n'arrive pas à se débarrasser. Ce terme suggère bien ce qu'il désigne : voyelle "a" réitérée, gutturale "r" pleine d'âpreté, labiale et dentale, des consonnes variées qui soulignent ce nom.

 

D'autres mots sont particulièrement évocateurs : notamment le verbe "affoguer" qui signifie "paniquer".

Je ne sais pas d'où vient ce verbe mais je le trouve particulièrement expressif : "Il affogue", dit-on, comme si ce terme mimait une sorte d'affolement irrépressible.

 

Un de nos oncles était porté sur la boisson et on avait coutume de dire à son sujet : "Il chime", un terme familier qui signifie : "il picole".

Ce verbe prononcé en insistant sur la chuintante "ch" à l'initiale prenait une résonance particulière et avait une valeur fortement dénonciatrice et réprobatrice.

 

Parfois, il m'arrivait d'entendre mon grand-père prononcer cette phrase : "Aujourd'hui, je n'ai pas la voye"... c'est à dire "je n'ai pas d'entrain..."

La fatigue se lisait sur son visage, son pas était lourd, il peinait à avancer.

 

Et puis, quand un marseillais veut se moquer d'un homme fluet, petit qui n'a pas la carrure, il emploie volontiers cette expression : "C'est un gisclet !"

Ce mot vient du provençal "gisclet" qui désigne à l'origine "un petit filet d'eau".

 

Tant de mots expressifs qui font partie du patois provençal !

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Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2017/09/le-parler-de-provence-des-mots-pleins-d-expressivite.html

 



34 réactions


  • gardiole 6 août 2018 11:23

    Plus à l’ouest, mais toujours au bord de la Méditerranée, « gabian » désigne les goélands.


  • Aristide Aristide 6 août 2018 12:02

    Voilà donc cette prof de français est bien incapable de nommer correctement ces langues. Pourtant le français est une langue précise.


    Ce sont ni des « parlers », ni des « patois », le provençal est une langue, plus précisément un dialecte de la langue d’oc pour certains, une vraie langue pour Frédéric Mistral qui a été un des écrivains le plus célèbre parmi ceux qui écrivaient dans cette langue. L’Education Nationale ne parle pas de « patois ». mais de langues régionales, 

    L’auteure aurait pu en profiter pour régler une fois pour toute ce débat inutile consistant à nommer « patois » des langues régionales, volonté hégémonique d’un ancien pouvoir centralisateur à l’extrême. Tout le monde sait à part cette chère prof, que cette invention de la IIIéme république n’avait qu’un seul but, imposer une seule langue sur l’ensemble du territoire. N’attendons pas qu’à cette occasion l’auteure contextualise, explique, détaille, ...c’est hors de protée de cette enseignante.

    Personne ne peut lui reprocher de défendre l’apprentissage du grec et du latin, son discours serait surement plus audible si elle avait un minimum de connaissance sur les autres langues régionales et étrangères. 


    • Aristide Aristide 6 août 2018 18:53

      @rosemar


      Vous devriez lire les liens que vous donnez : 

      En France, hormis dans certains contextes, le terme « patois » est dévalorisant : bien que souvent utilisé par les locuteurs des langues régionales eux-mêmes, le terme résulte en France d’une lente aliénation culturelle par laquelle les autorités voulurent faire croire aux Français parlant une langue autre que le français que leur langue n’en était pas une, qu’elle n’était qu’une déformation locale de la langue française.
       


    • rosemar rosemar 6 août 2018 19:26

      @Aristide

      Eh bien dans le contexte de mon article, le mot n’est pas du tout dévalorisant : vous ne l’avez pas compris ??

    • Aristide Aristide 6 août 2018 19:38

      @rosemar

      C’est bizarre que vous ne compreniez pas que le sens des mots n’est pas celui que vous souhaitez leur donner, mais celui qui est connu de tous, académie, dictionnaire, linguiste, .... 

      Patois est dévalorisant, comme le parler d’ailleurs, .. 

    • rosemar rosemar 6 août 2018 20:49

      @Aristide

      Vous n’avez pas compris que dans le contexte le mot n’est pas dévalorisant ?? Défaut de lecture ?? 
      C’est grave !!

  • cevennevive cevennevive 6 août 2018 12:11

    Salut rosemar !


    Et
    « escagassé » ; crevé, à bout, ou scié d’étonnement,
    « dévarié », qui a trop de choses à penser en même temps ou qui est un peu perdu,
    « caganis », pour le petit dernier des rejetons, qui fait encore caca à la culotte,

    Mais peut-être sont-ce là des termes de patois occitan et non provençal...

    J’ai participé il y a quelques années à un dictionnaire de dialecte Gevaudanais et cela a été très réjouissant. Presque tous les termes découlent de la langue d’Oc.

     

    • rosemar rosemar 6 août 2018 13:04

      @cevennevive

      Je connais « escagassé », mais pas les deux autres mots...
      Merci pour ces ajouts...

    • VICTOR Ayoli VICTOR Ayoli 8 août 2018 11:02

      @rosemar

      Dévarié, c’est être un peu dépassé par les évènements, parb quelque chose qui change le cours habituel.
      Le caganis, c’est le dernier miston de la famille.

      Poutouns per tuti

    • cevennevive cevennevive 8 août 2018 11:33

      @VICTOR Ayoli


      Les chichourles, ici sont les pois chiches !

      Une petite histoire que vous avez certainement entendu enfant en tendant votre petite main à votre grand mère :

      Aqui soubre aquèlo planèto o passa ouno lebrèto : aquel l’o attrapa, aquel l’o espèla, aquel l’o fa coîre, aquel l’o mandja, aquel o dit "io parès per iéou ?

      Et la mienne de grand mère me chantait une comptine qui me fait encore rire aujourd’hui :

      Lou coucu ès mouort, ès mouort a l’armado, l’i en boutcha lou quiou imbe uno castagno...

      Bon, c’est tout de même mieux que le franglais...



    • rosemar rosemar 8 août 2018 13:00

      @cevennevive

      C’est bien vrai ! Mais cela mérite traduction...

    • cevennevive cevennevive 8 août 2018 14:57

      @rosemar,


      Tenant la petite main d’un enfant, on lui dit : « la sur cette petite plaine est passé un lièvre »
      On lui prend le pouce  : « celui là l’a attrapé »
      l’index « celui là l’a pelé »
      le majeur  : « celui là l’a fait cuire »
      l’annulaire : « celui là l’a mangé »
      et le petit doigt de se plaindre : « et moi je n’ai rien ? »

      Quant au coucou selon la comptine, il est mort à l’armée parce qu’il a reçu une châtaigne dans le derrière, ce qui l’a tué puisque la châtaigne a bouché l’orifice.

      Voilà. Mais c’est bien moins rigolo en français non ?


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 6 août 2018 12:34

    En Belgique, nous avons notre Mistral ou Pagnol. ARTHUR MASSON. Petite, j’attendais avec joie le samedi. Sachant que ce jour, ma grand-mère Flore s’assiérait pour téléphoner à sa famille de Flobecq. Se laissant aller à parler wallon : savoureux. https://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Masson. Et surtout : 

    • Le nouveau mait’ d’ècole1949

    • rosemar rosemar 6 août 2018 13:06

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Et donnez-nous quelques mots de ce patois wallon... avec la traduction...

    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 6 août 2018 13:10

      @rosemar
      Quelques idées (une langue à pisser de rire). 

      [Aubette](Belgicisme) Abri édifié sur la voie publique : kiosque à journaux, abri pour usagers des transports en commun[Babelutte](Expression régionale de Wallonie et du Nord-Picardie - Babbelaars en Flandres et en Zélande) espèce de sucre d’orge envellopé de papier, composé d’un caramel dur (qui colle particulièrement aux dents croyez-moi !) réalisé à base de beurre ou de miel.
      [Bawete](Expression de Wallonie) Trou, ouverture dans un mur, une porte ou un volet destiné à avoir une vue sur l’exrtérieur, mais plus généralement à espionner le voisinnage.
      [Bières catholiques]Voir [ Trappiste ]
      [Binamé](Expression affectueuse du pays de Liège) bien-aimé, mais assez intraduisible. signifie également : gentil, mignon, joli, tendre : il est si binamé ! 
      [Brol]Amoncellement de bazar, de petites choses utiles ou inutiles, désordre.
      [Bloque]Période où l’on prépare un examen. Familièrement : bûcher, potasser. Il bloque sa géographie.
      [Chavée]Voir [ Tiges et chavées ]
      [Chique](Expression du pays de Liège) Désigne toutes espèces de bonbons.
      « Voilà cinq francs, va t’acheter des chiques, binamé gamin »[Cramique](Belgicisme) Pain au lait et au beurre, garni de raisins de Corinthe.
      [Cramignon]Ancienne danse populaire du pays liégeois
      « Li vèye ataque a fruzi, l’ matin.
      L’ infér ad’hind, c’èst l’ eûre dè cråmignon.
      L’ solo n’ s’a nin co lèvé, c’ n’èst rin,
      I f’ront l’ fièsse ås lampions. »
      (LI SABAT D’ SINTE MERE L’OTO de Guy Cabay)
      Ci-dessous, traduction française :
      « 
      Le matin, la ville se met à trembler.
      L’enfer descend, c’est l’heure du cramignon
      Le soleil ne s’est pas encore levé, peu leur importe,
      Ils feront la fête aux lampions. » (Guy Cabay). 
      http://www.fugitif.net/pages/gloss.php

    • rosemar rosemar 6 août 2018 19:27

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Merci pour ce florilège sympathique !

    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 6 août 2018 19:42

      @rosemar

      les Wallons de Belgique sont un peu comme les provençaux et les liégeois qui rêvent d’un rattachement à la France, c’est carrément Marseille. J’y ai travaillé quelques années, le « parler » détend tout de suite l’atmosphère, c’est le soleil du Nord. bon !, la sexualité affleure toujours dans les échanges. Plus direct et spontané. Les coincés n’adorent pas. https://www.youtube.com/watch?v=BoDSgSrCbU4

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 6 août 2018 12:50

    « Pichie Marie » ne se traduit pas par j’ai péché,. ;mais je dois pisser.


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 6 août 2018 13:06

      @Robert Lavigue


      Ce qui est secondaire, n’est pas primaire ;

    • Bernie 2 Bernie 2 6 août 2018 21:08

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.


      Ben oui mamie, l’effet primaire, c’est vos élucubrations nombreuses et poisseuses sur tous les fils, une fois le breuvage absorbé. Et l’effet est de pire en pire en suivant la chronologie journalière d’une épave.

      Si j’osais une parabole, je vous comparerai à l’amoco cadiz venant vomir son mazout sur toutes nos côtes.

      L’effet secondaire, c’est qu’évidemment la valstar ça fait pisser comme toute bière bue en excès.
      Mais vous n’avez même pas la noblesse de la biture, on sent le bas de gamme à plein nez.

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 6 août 2018 13:34

    Puisque Nabum a pris les devants, je poursuis sur sa lancée. http://www.lesconfins.com/AlchimieSpirituelle.pdf


  • Joseph DELUZAIN Joseph DELUZAIN 6 août 2018 19:31
    Bonjour
    Je viens de faire un tour d’horizon sur AV et les sujets me dépriment ainsi que certains commentaires ... et puis j’ai lu « Provence » !! J’ai lu et je suis resté sur ma faim car je m’attendais à plus de développement, plus d’expressions locales etc... D’accord je suis subjectif car étant un Haut Varois en exil je suis un peu chatouilleux dès que l’on parle de chez moi.
    Il aurait fallu parler des différences de langage en Provence. Le marseillais, le nissart, le varois, le bas alpais ... ont tous des écarts de langue. Les mots se ressemblent souvent mais ils se prononcent et s’écrivent différemment. 
    Bref le sujet a été survolé et je le déplore. Mais je le répète je suis subjectif.

    • rosemar rosemar 6 août 2018 19:38

      @Joseph DELUZAIN

      Je ne suis pas spécialiste et ce n’est pas un article de spécialiste : j’évoque des souvenirs d’enfance... des mots que j’ai entendus...

      Au moins, cet article n’est pas déprimant... !

  •  C BARRATIER C BARRATIER 6 août 2018 20:51

    Bien sûr le gabian n’est pas la mouette, beaucoup lus connue

    L’occitanie (languedoc autant que provence) representait une civilsation beaucoup plus avancée que celle des conquérants du Nord, des rois de France. Finesse du vocabulaire, civillisation laissant toute leur place aux femmes, débordant largement les frontières actuelles de la France.
    Les habitants des Hautes Alpes qui parlent encore occitan ont la même langue que les italiens de l’autre côté de la frontière, ils se comprennent parfaitement en « occitan »
    Il a fallu des croisades pour abimer cette civilisation

    Je suis né en occitanie, Robert LAFONT m’a guidé pour une belle licence d’occitan. Quel plaisir de la perler et de l’enseigner....


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 6 août 2018 21:13

      @C BARRATIER

      Zzzzzzzzzzzzz .....un barbare du nord.


    •  C BARRATIER C BARRATIER 6 août 2018 21:38

      @Aita Pea Pea
      A Montpellier, Université de Lettres, j’avais été frappé par le nombre d’étudiants allemands, qui travaillaient tous sur la langue occitane, la plus riche des langues romanes.
      Le troubadours, parleurs chants et poèmes, tanchaient avec la civilisation du nors, il n’ay avait aps de troubadours dans le nord. Mistral et le Félibrige ont tenté de relancer cette rcihesse, je pense à AUBANEL et sa « Miugranne entre duberta »
      je rtemoigne, c’est tout


  • MAGURA 7 août 2018 16:41

    « il affogue » . Vient peut-être du latin offocare : stranguler, étrangler ; qui a donné en portugais « afogar » : étouffer, suffoquer


  • VICTOR Ayoli VICTOR Ayoli 9 août 2018 14:58

    Tè vé, ça me gonfle les aliboffis. Pas besoin de s’estrasser le tafanari, il y en a qui entravent nibe.


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