mardi 30 septembre 2014 - par morytraore.com

Le piège des Constitutions écrites

La Constitution écrite est un carcan qui emprisonne les pays africains dans une dépendance sans fin. Ce système occidental est la cause de la souffrance des peuples africains.

L’Afrique doit absolument sortir des Constitutions écrites et de la Démocratie des maîtres, pour reformuler sa propre Constitution orale numérisée, afin d’être le pilote de sa propre destinée ! ! ! 

Ce qui est valable pour l’Afrique, l’est également pour le monde entier. Nous sommes très heureux de découvrir que le Professeur Etienne Chouard, analysant la situation en France (Europe) ait abouti à la conclusion que le mal est dans la Constitution.

Admirables la justesse et la clarté de son intervention. Les propos percutants du Professeur Etienne Chouard sont une aubaine pour nous, et nous devons contribuer à les diffuser au maximum. 

Nous transcrivons ci-dessous l’intervention orale du Professeur Etienne Chouard. Pour la bonne raison que dans la société existent des gens dont la capacité d’écoute s’est fortement amenuisée. Il est de notre devoir de les aider à entendre raison :

« … c’est une erreur de penser que les politiques sont impuissants, incapables ou ne comprennent pas, en faisant comme s’ils servaient l’intérêt général, effectivement pour servir l’intérêt général, ils ne sont pas bons.

Si on renverse la perspective en comprenant que ces gens là servent l’intérêt de ceux qui les ont fait élire qui sont les 1% les plus riches de la population, à ce moment là ce n’est pas du tout une catastrophe, c’est une réussite formidable.

Tout se passe comme prévu, la sécurité sociale a été détricotée, le chômage se porte à merveille, ça permet de tenailler les salaires et d’avoir des bas salaires, donc de hauts profits.

Tout se passe bien en fait du point de vue des 1% qui se gavent comme jamais.

Les banques qui devraient-être en prison pour faillite frauduleuse, leurs patrons se font mieux payer que jamais, et arrivent maintenant au gouvernement des différents pays.

Je trouve que la situation n’est pas du tout catastrophique pour ce 1% (ceux qui financent la campagne présidentielle des élus). Je trouve que de ce point de vue, c’est assez logique. Hollande sert les intérêts de ceux qui l’on fait élire en le faisant passer à la télé, dans les journaux. 

Pourquoi une banque achète libération ? Pourquoi une banque achète le monde ? Pourquoi une banque achète le … Sud-Est ? Pourquoi le Crédit Mutuel achète le quart de la presse quotidienne régionale ? C’est pour gagner les élections ! Et ensuite les élus rendent des comptes à ceux qui les font élire et ensuite le problème est que nos élus ne doivent rien aux électeurs. Que vous votiez ou ne votez pas ce sera un autre.

Ceux qui vont voter, ce sont ceux qui regardent la télévision et qui ne sont pas politiques. Il faut qu’ils (les candidats) passent beaucoup à la télévision.

Regardez la similitude des courbes de passage à la télé et les résultats aux élections. Il suffit de monter les curseurs des challengers, vous les montez à 10, 15%, ça va donner l’impression de naturalité.

Et puis les deux partis qui ont la même politique de droite dure, et qui s’appellent gauche et droite. Mais en fait ils ont la même politique pour les industriels et les banquiers, les multinationales en fait.

Vous les mettez au curseur plus haut et ils vont être élus l’un ou l’autre. Peu importe, ils vont faire la même politique. Evidemment les gens sont gentils, ils croient les candidats au moment des campagnes électorales. Et c’est ça, c’est la gentillesse qui fait la déception après.

Mais enfin, après deux-cents ans d’échecs des suffrages universels qui permettent aux riches d’acheter le pouvoir politique.

Depuis, depuis, qu’ils écrivent des Constitutions ces gens là ont mis en place un système d’abord censitaire, là au moins c’était clair, ensuite universel quand ils se sont aperçu, Tocqueville disait très tôt donc en début du 19ème siècle, il disait : « je ne crains pas le suffrage universel parce que les gens voteront comme on le leur dira. » Ça fonctionne très bien.

Le fait de désigner des maîtres au lieu de voter des lois est une imposture politique. Nous ne sommes pas en démocratie. En démocratie nous voterions nos lois, nous mêmes. Un homme, une voix pour voter des lois pas pour désigner des maîtres.

Le fait de nous imposer de désigner des maîtres est une supercherie. Ça donne un résultat ploutocratique avec des riches qui dirigent depuis deux-cents ans.

Alors aujourd’hui on arrive dans une crise parce que les capitalistes n’arrivent pas à verser suffisamment de salaires pour vendre leur camelote. Alors effectivement, ils prétendent que le système est en crise, en crise comme si c’était un accident, ce n’est pas du tout un accident. Les choses se passent comme d’habitude avec une impuissance politique. Vous avez raison sur l’impuissance politique.

Mais cette impuissance politique, elle est programmée. Il y a un endroit où il est écrit que le peuple n’a aucune puissance. Ça s’appelle la Constitution.

Le problème, c’est que tout le monde s’en fout. Nous nous foutons de la constitution. C’est bien fait pour nous. C’est pas la faute des affreux qui dirigent, c’est notre faute à nous de ne pas écrire notre constitution dans laquelle nous prévoirions notre puissance.

Le Référendum d’initiative populaire, les élections sans candidats ou les élections avec des primaires et avec l’impossibilité pour les condamnés de se représenter, etc.… 

Notre impuissance tient à notre démission du processus constituant. Et tant qu’on bavarde sur ce que font les représentants politiques qui sont les représentants des riches, on passe à côté de la cause de nos problèmes.

Il me semble qu’en recentrant la réflexion sur la cause de nos problèmes on arrive a trouver la solution. » (Fin de la transcription.)

 

Si vous avez commencé par la lecture de ce texte, débarrassez-vous de la tare de l’écriture en écoutant la vidéo, irremplaçable, de l’événement.

Signalez-nous les erreurs de transcription, nous nous dépêcherons de les corriger.

 

Mory Traore

Abidjan, Côte d’Ivoire



14 réactions


  • trevize trevize 30 septembre 2014 10:50

    Je ne comprend pas, en quoi le fait de ne pas écrire la constitution arrangerait les choses ?
    Si on peut la dicter à l’oral, on peut aussi l’écrire avec des mots. Que la constitution soit le coeur du problème, c’est fort possible, mais il ne suffit pas de la rendre orale pour la réparer.


    • Pere Plexe Pere Plexe 30 septembre 2014 17:57

      Curieux raisonnement en effet...Surtout que l’histoire montre que de tous temps il y a des dirigeants qui s’assoient sur les constitutions et autres lois avec une facilité déconcertante.

      Et pas seulement en Afrique !

    • Mmarvinbear Mmarvinbear 1er octobre 2014 03:56

      Il y a une forte tradition de l’oralité en Afrique. L’écrit y est vu comme une tare occidentale dans les sociétés traditionnelles.


      En réalité, les civilisations orales sont les plus despotiques qui soient, car elle prive du savoir et de la réflexion la plus grande partie de la population, confiant les clés du système à des gardiens auto-proclamés qui, bien entendu, défendent bec et ongles leurs privilèges indus.

      L’écrit se diffuse partout quand l’oral reste autour du locuteur. savoir lire, c’est apprendre à être libre.

      Ce que les griots esclavagistes ne peuvent pas supporter.

    • epicure 3 octobre 2014 01:43

      il suffit de voir ce qui se passe dans des pays sans constitution écrite en Afrique comme en somalie par exemple, vu qu’il n’y a même pas d’état pour appliquer la constitution.
      Cela n’empoche pas certains d’appliquer une constitution orale appelée charia pour faire pire que dans des pays avec constitution écrite.


  • howahkan Hotah 30 septembre 2014 11:21

    Le jours ou a été vu en profondeur que l’argent n’a aucune existence en soi, et que l’écrit c’est du vent aussi..................................mais que cela n’est que la représentation hallucinogène et hypnotique de l’arme du voleur toujours violent par nature

    alors ce sera déjà un arrêt net dans la direction du suicide collectif..........


  • bernard29 bernard29 30 septembre 2014 13:49

    il faut une règle du jeu. Que la règle ne soit pas parfaite, n’empêche pas qu’il en faut une, et c’est mieux de l’écrire.

    Même pour annoncer que la société fonctionnera par référendums citoyens, il faut une constitution pour le dire et en fixer les modalités de vote.


  • Ruut Ruut 30 septembre 2014 17:03

    Ce serait en effet [plus démocratique que les lois soient votées par les citoyens.
    Mais cela imposerais aux Politique de bien les expliquer et de de fait qu’ils les comprennent eux mêmes.


    • Mmarvinbear Mmarvinbear 1er octobre 2014 04:03

      Ce le serait, oui, mais cela est presque impossible.


      Le degré de complexité de notre société et de nos technologies font qu’ elles ne sont que peu intelligibles dans leur ensemble par tout un chacun.

      De plus, pour étudier, discuter et voter ou non ces lois, les journées ne suffiraient pas ! Les députés doivent étudier et discuter de cela des jours entiers. Les séances à l’assemblée ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Pouvez vous vous permettre de passer plus de 12 heures par jours à faire cela, tous les jours ou presque ?

      De plus, il vous faudrait des connaissances en sociologie, en diplomatie, en technique, en biologie, en sciences sociales pour bien faire. Les avez-vous ? Pas moi. Il faut être capable de planifier une action sur des années, sachant que les résultats peuvent mettre plus de temps encore avant de se faire sentir. la pesanteur sociale est très forte, et diffère du temps médiatique ou tout doit se faire dans l’instant. En êtes vous capable ?

      Une démocratie directe n’est possible que dans les petites structures. Au delà d’un certain seuil, la représentation est inévitable.

  • marauder 30 septembre 2014 18:39

    Je comprend pas cet attrait pour le « tout dans la constitution », on sait tres bien marcher sur ses belles valeures (liberté égalité fraternité) ou meme carément les ajourner avec deux trois détails qui rendent ces belles paroles caduques (genre « liberté sauf ce qui contredit la loi »).

    Une chose est néamoins vraie, cexu qui écrivent les constitutions ne devraient pas etre ceux qui seront élus. IL est moins probable de tomber sur quelqu’un de puissant et dominateur dans une stochocratie que dans une oligarchie représentative par election.

    De toutes facons, meme une fois ces systemes installés a l’échelle dun pays, vous allez vite déchanter, on est trop nombreux et cette échelle ne devrait pas nous etre accessible de cette manière.
     On devrait plutot s’intéresser au communalisme libertaire, concept relativement plus vieux,(et de toutes facons déja experiménté « naturellement » la ou l’oppression d’autrui se fait plus rare ...), qui a été brièvement experimenté (et surtout tres tres lourdement réprimé par les capitalistes/bourgeois, justement ...) a paris en 1871, à Houliaïpole et a kronstadt entre 1917 et 1921 et en espagne en 36 ...

    A part cela, dans le cadre relativement « classique », on a eu thomas sankara au burkina faso, un président vraiment normal en uruguay (je sais plus le nom ...)... Bref, quand on voit le peu de miracles qui se produisent dans le cadre « classique », une chose est certaine, on doit réellement et fondamentalement changer notre facon de concevoir le vivre ensemble. Ca passera forcément par un changement de conscience, une facon réellement détachée de percevoir ses peurs .... Alors la, peut-etre, on aura un début d’espoir.


    • trevize trevize 30 septembre 2014 20:03

      "De toutes facons, meme une fois ces systemes installés a l’échelle dun pays, vous allez vite déchanter, on est trop nombreux et cette échelle ne devrait pas nous etre accessible de cette manière.« 

      C’est clair que tout ça est une question d’échelle. Il faut qu’on arrive à rééquilibrer les différents niveaux de pouvoir. Le pouvoir doit migrer du haut vers le bas de l’échelle, pour plus de stabilité et d’efficacité. Moins de pouvoir à l’europe, moins de pouvoir à l’état français, plus de pouvoir aux échelons locaux de notre organisation ; privilégier la commune. De ce côté-là, la constitution de la Ve république est claire, dès son préambule : la France est une république décentralisée. Dans les faits, c’est tout le contraire qui se produit. Nous n’avons toujours pas réellement franchi le pas de la régionalisation, depuis le non au référendum de 69 qui a vu de Gaulle partir. Il est d’ailleurs très paradoxal que les nostalgiques de sa politique le prennent comme symbole de l’homme politique fort à la tête d’un état fort.

       »Ca passera forcément par un changement de conscience, une facon réellement détachée de percevoir ses peurs"

      C’est en cours, mais c’est très long. Comment lutte-t-on contre ses peurs ? en les fuyant ? en les occultant ? En les endormant ? En s’en défendant ? Non, on lutte contre la peur en s’y confrontant, et pour cela on n’a absolument aucun autre choix que de la maintenir éveillée.
      Cette période bizarre que nous vivons, c’est comme une psychanalyse générale. Plus la situation empire, plus le problème devient commun et plus nous nous trouvons obligés de nous unir pour y faire face ensemble, ou bien de s’entre-tuer pour survivre.
      Tout ça n’est qu’unevue de l’esprit pour décrire les faits actuels, par contre il est très difficile de prédire comment toute cette histoire va se dénouer. Métanoïa salvatrice ou schizophrénie durable ?


    • marauder 1er octobre 2014 12:46

      trevize
      C’est en cours, mais c’est très long. Comment lutte-t-on contre ses peurs ? en les fuyant ? en les occultant ? En les endormant ? En s’en défendant ? Non, on lutte contre la peur en s’y confrontant, et pour cela on n’a absolument aucun autre choix que de la maintenir éveillée.

      Je ne suis pas aussi optimiste, les prises de conscience vont souvent aussi de pair avec le reste de la population qui, elle continuer d’etre aussi prévisible qu’il y ’a 3000 ans. On disait souvent déja qu’aux états-unis se cotoyaient souvent le pire et le meilleurs. C’est vrai, sauf que le pire fait toujours plus de dégats que le meilleurs, car la proportion d’etre humains capable de dépasser ses limites qui lui sont conditionnées dès sa naissance reste largement en deça d’un seuil critique. Pire, toute regression est possible, quand on voit ce que des philosphes grecs ont écrit y’a 2000/2500 ans et ce qu’est devenu l’occident par la suite, quand on sait que le mot « barbare » est d’origine grec, et signifiait l’étranger (barbare = celui qui dit des trucs incompréhensibles), on voit que rien n’a changé.
      Si Rome et Athene avaient a certaine breves période experimenté des modes de gouvernance a peut près revolutionnaire pour l’époque (a priori), ca ne les a pas empeché d’etre soit attaqués par un envahisseur, soit attaqué de l’intérieur, par de multiples coups bas...
      Ca nous fait dire que finalement rien n’a été inventé depuis l’invention de l’écriture, des grandes cités, de l’agriculture et des sociétés tres peuplées et complexes. Les plus belles idées existaient presque en l’état, et le pire était toujours a la porte (corruption, esclavage, clientelisme, sexisme, hierarchisme, théocratie, imperialisme).
      L’idée de « passer par le haut » pour changer le monde est forcément voué a l’echec, de meme que vouloir le changer depuis son échelle personnelle si réduite. Entre les deux, on peut essayer, relativiser, propagander, rassurer, proposer, déconstruire pour créer a nouveau, avec moins, mieux, plus simplement ...

      Avec les problemes a venir, le plus basique a mettre en oeuvre dans un colectif serait d’arriver a etre le plus autonome possible, matériellement, et sur le plan des idées. Ensemble, quelques personnes peuvent avoir un pouvoir qu’"ils ne peuvent pas soupconner forcement.
      Un village pas loin de chez moi a proposé un truc sympatoche, un bon début, meme si le contenu sera surement loin d’etre plus haut que les paquerettes (pas que je trouve les paquerretes viles), il propose 1 jour par semaine de discuter d’un sujet que les participant indiquent dans un bout de papier qui sera tiré au sort pour la fois suivante.
      Rien qu’arriver a faire tenir quelques personnes pendant une année dans un processus de réappropriation de notre langue, de nos outils intellectuels c’est déja ca.
      Rien qu’avec la confusion qu’il y ’a dans notre monde, il faudrait des vies pour détricoter tout ca.


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