mardi 11 décembre 2018 - par JBSERBIST

Le suffrage universel

N’est-il pas consternant de constater qu’en ce 21ième siècle et deux siècles et demi après les révolutions américaine et française, on ne soit pas encore parvenus à trouver un système qui permette de choisir pour diriger ces nations, lesquelles comptent forcement en leur sein des hommes ou des femmes possédant les qualités requises, celui ou celle qui en serait digne. Si nos systèmes de sélection ne peuvent produire que des Bush, des Trump, des Hollande ou des Macron, c’est que ces systèmes de sélection, car il s’agit bien de sélection, sont forcément mauvais et sous l’influence de forces extérieures, en l’occurrence la presse.

 Condorcet lui-même avait démontré en son temps la stupidité du suffrage universel. Des nombreuses conversations que j’ai pu avoir autour de moi, il en ressort un certain consensus que j’ai pu constater sur quelques noms dont : René Monory ou Pierre Beregovoy, par exemple. Le premier fut ouvrier garagiste et le second ouvrier à 16 ans. Tous deux gagnèrent l’estime des français. Ce constat démontre que la conduite d’un état ou d’une entreprise ne nécessite en rien, bien au contraire, des hommes issus de la méritocratie et encore moins des politiciens de carrière issus des grands partis ou de grandes écoles. Il m’arrive souvent de penser que le cantonnier de mon village pourrait faire un excellent premier ministre, pourvu qu’il ait courage, intégrité et avant tout souci de l’intérêt public.

En 2002, paraissait un livre « Les conquérants de l’invisible » de Alain Jamais ; ce livre racontait l’histoire d’un des fleurons de l’industrie française, AIR LIQUIDE. L’ouvrage paraissait au moment où cette société célébrait son centenaire ; elle a depuis toujours conservé son statut de placement de père de famille, bien que son histoire et même son existence soit inconnues de la majorité des français. Alain Jamais, dans la conclusion de son livre, donnait une explication au succès d’Air Liquide : pas d’énarque ni de parachuté de la Haute Administration. Autre explication, ces 3 patrons avaient fait un parcours à l’anglaise au sein d’Air Liquide, en franchissant progressivement les différentes étapes de responsabilité ; ils comptèrent successivement un polytechnicien, un diplômé de l’Ecole Supérieure de Commerce, et un centralien en la personne de Benoit Potier l’actuel PDG.

En comparaison, deux énarques furent mis à la tête de deux autres prestigieuses entreprises que furent la Compagnie Générale des Eaux et la Société SUEZ.

Le premier Jean-Marie Messier, J2M, l’homme aux trous dans les chaussettes, parachuté de l’administration, convertit la CGE en la Société VIVENDI aujourd’hui en grande difficulté. Le second énarque Gérard Mestralet, après un passage à la Direction du Trésor, se chargea de transformer SUEZ en la fusionnant avec GDF, l’ensemble aujourd’hui rebaptisée ENGIE. Demandez aux anciens actionnaires de la CGE et de SUEZ ce qu’ils pensent de leurs investissements. Le cours de ENGIE qui plafonnait à 46 euros en 2008 en vaut 12 aujourd’hui.

Pour quelle raison ai-je fait cette digression ; simplement pour montrer qu’à de rares exceptions, que ce soit dans la gestion des affaires de l’Etat comme d’une entreprise, les énarques sont totalement inadaptés.

Comment donc procéder, afin de choisir d’une façon juste et rationnelle l’homme ou la femme correspondant au meilleur profil, sans contrarier les sensibilités démocratiques d’un peuple aux opinions souvent très diverses et changeantes, sensibilités et opinions qui sont pourtant à la racine du problème.

Une solution serait de déléguer le vote populaire à une sorte de conclave ou comité restreint et faire un appel d’offre au sein de la société civile afin d’y recruter des candidats répondant à des exigences strictes : longue expérience dans le monde de l’entreprise privée en exercice ou retraité avec préférence donnée aux PME ; dossier judiciaire vierge ; afin que le profit ne soit pas la SEULE motivation de la candidature, l’indemnité accordée devant répondre à des besoins et dépenses justifiées et raisonnables.

Tout cela peut paraitre utopique mais il faudra bien trouver rapidement une solution autre que le système actuel qui ressemble trop à une loterie ou un jeu de foire où il faut descendre des vieilles boites de conserve.

 Pour mon part, j’opinerais pour la monarchie constitutionnelle dont les meilleurs exemples sont sans conteste, les 3 monarchies scandinaves. Mais l’attachement totalement irrationnel des français à leur république, a été entretenu soigneusement par 2 siècles d’enseignement et d’esprit jacobins. Je suis assez tenté d’en donner une illustration par le court récit d’une conversation que j’avais entendue dans un train de banlieue : le premier envisageait l’éventualité d’une restauration, à cela le second répondit : si nous avions une restauration, il faudrait à nouveau s’éclairer aux chandelles.

Aussi stupide que puisse paraitre un tel raisonnement la Monarchie, dans l’esprit de la majorité des français, est un anachronisme et un retour en arrière.

 Qu’importe le fait que les 3 monarchies déjà citées pourraient nous donner des leçons en matière de démocratie.

Reste le pouvoir personnel représenté par Franco qui fut le seul dictateur à repasser la main de son plein gré à un régime démocratique et dont l’australien Brian Crozier a fait une excellente biographie. Mais là, mieux vaut ne pas en parler puisque les français semblent donner la préférence à une démocratie totalitaire.

Pour conclure, et dans le contexte actuel, le système une fois de plus va payer sa survie pour quelque temps encore. L’anarchie rampante, un pouvoir qui ne s’exerce plus que pour taxer ceux qui travaillent, un pouvoir en complète déliquescence et dont la devise est « Fort avec les faibles, faible avec les forts » nous conduira infailliblement à une dictature, qu’on le veuille ou non.



9 réactions


  • waymel bernard waymel bernard 11 décembre 2018 19:04

    Prenons déjà exemple sur la démocratie illibérale hongroise : la moitié des députés élue dans un scrutin uninominal à un tour pour représenter les territoires, l’autre moitié élue à la proportionnelle. La proportionnelle quelle horreur pour les « progressistes », ces mondialistes immigrationnistes.


  • HELIOS HELIOS 11 décembre 2018 19:57

    ... ce n’est pas le suffrage universel qui pose problème, c’est le controle de l’action de l’élu ensuite.

    Je milite depuis longtemps pour que les choix fait par les representants élus des peuples ne puissent se faire sans prendre l’avis direct auprès des peuples.

    Je l’ai ecrit par ailleurs, une decision du peuple, prise par referendum, ne doit pas pouvoir etre outrepassée sans un autre référendum (rappel 2005) et d’ailleurs il existe des sujets quyi ne doivent etre tranchés que par référendum : ratification traités,accords (ceta), pactes (Marrakech) etc


    • Zolko Zolko 11 décembre 2018 22:26

      @HELIOS : « ce n’est pas le suffrage universel qui pose problème, c’est le controle de l’action de l’élu ensuite »
       
      même pas. C’est le contrôle des candidats qui pose problèmes. En effet, que sait-on d’un candidat ? Rien, à part ses promesses. Et pourquoi n’aurait-on pas, par exemple, ses 3 dernières déclarations d’impôts ? Au lieu d’avoir une déclaration volontaire des élus, je voudrais la déclaration forcée des candidats. C’est avant le vote qu’on veut savoir à qui on a affaire, pas après ! Faut être logique.
       
      Du coup, en effet, ce n’est pas le suffrage universel en soi qui pose problème, mais son organisation :

      1. les candidats devraient déposer une vraie candidature, avec CV, lettre de motivation, déclarations d’impôts...
      2. ne pas élire avec un suffrage uninominal à deux tours, mais au contraire un suffrage binominal à un tour : une sorte de Condorcet simplifié.

      mais forcément, ceux qui sont au pouvoir ne veulent pas ça, ce qui prouve que ce n’est pas à ceux qui sont déjà au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir (®Chouard™)


  • Jonas Jonas 11 décembre 2018 21:29

    La démocratie représentative est un concept vérolé, et dangereux à long terme.

    - le principe du suffrage universel est contraire au bon fonctionnement d’un État, puisqu’il est basé sur un seul critère : la majorité des votants , qui élisent des élus peu importe qu’ils soient compétents, diplômés et moralement juste.

    - l’élection est individualiste, elle donne accès à tous au droit de vote, satisfaisant les désirs simplistes, ce qui ne peut donner naissance à une classe politique unie et cohérente, car chaque individu est unique, et vote en fonction de ses propres intérêts, et est surtout soumis à l’influence de la propagande politique et médiatique.
    Pourquoi croyez-vous que tous les candidats à a présidentielle sont des arrivistes, avides de pouvoir et d’argent, sans la carrure d’un vrai chef d’état ?
    Comment croyez-vous qu’Hitler soit arrivé au pouvoir ? N’a-t-il pas été élu démocratiquement ?

    - la nomination d’une classe politique au poste de commandement pendant un temps limité, fait qu’elle cherche à se faire réélire pour se maintenir au pouvoir, en utilisant à terme les calculs politiques et la corruption : banques et complexes industriels deviennent des interlocuteurs privilégiés, la classe politique est promue alors comme la réelle classe dominante, contrôlée par ces lobbys.

    - ces lobbys favorisent la venue de centaines de milliers de migrants en provenance du tiers-monde pour satisfaire leurs intérêts financiers et économiques, le marché du travail. Ils ont une vue purement économiste, marchande, de la société, loin des aspirations et des intérêts des citoyens.

    - Les démocraties oeuvrent à la satisfaction et au contrôle totalitaire des masses (État providence) : développement de l’assistanat (revenu universel, chômage, retraite, contrôle et asservissement des institutions éducatives (écoles, lycée , universités, contrôle des média), pour donner naissance à une génération de citoyens déracinés loin de tout répère religieux, culturel, ethnique, assistés, contrôlables, influençables, malléables qui votent pour eux, et suffisamment lobotomisés aux sirènes du mercantilisme.

    - destruction des structures traditionnelles comme la famille (généralisation et encouragement à l’avortement, au divorce, homosexualité, adoption par des couples homosexuels, théorie du genre dans les écoles et universités,...). La famille représente une des ultimes structures qui freine le contrôle des masse, en effet, l’État ne contrôle pas ce qui se dit dans les foyers, des pensants qui pourraient menacer ses fondements.

    En particulier, les régimes démocratiques socialistes ont des effets dévastateurs à long terme sur les sociétés (enfants sans repères familiaux et culturels, sans fierté d’appartenance, enfermés dans une logique consumériste (jeux vidéo, iphone, facebook,...) d’où l’augmentation des dépressions, des taux de suicide, dénatalité,...


  • Jonas Jonas 11 décembre 2018 21:32

    « Qu’importe le fait que les 3 monarchies déjà citées pourraient nous donner des leçons en matière de démocratie. »


    Le principe d’un État-nation ne peut fonctionner que si les intérêts du chef de gouvernement SE CONFONDENT avec ceux du pays qu’il dirige.
    Un président de la république élu pour 5 ans, une fois son mandat écoulé, que lui importe le devenir de la France ? C’est durant son mandat qu’il fait son beurre et amasse sa fortune, après, il devient un citoyen comme les autres.

    Un roi qui gouverne, lié à vie à la Nation doit veiller au bien de son peuple, car si le peuple est mécontent, c’est lui et sa famille qui seront visés.
    Cela ne peut fonctionner que si le monarque qui dirige le peuple a des principes moraux de justice et d’équité, par exemple, fondés sur le Christianisme.


    • Ruut Ruut 12 décembre 2018 08:38

      @Jonas
      +1
      Je partage votre analyse.
      Surtout si le monarque doit léguer la nation a son enfant, le legs ne doit pas être pourris.
      De plus pour un Monarque un peuple heureux et prospère impose le respect des autres chefs de Nation.
      Le problème et l’égo de ces dits Monarques.
      Une véritable démocratie n’est pas plus mal, mais uniquement si elle ne repose pas sur des représentants qui eux peuvent être corrompus.
      Le contrôle des élus doit venir du peuple et non d’une justice corruptible et contrôlable par des corrompus.
      Donc seule une démocratie directe ou chaque décision doit venir des urnes n’est viable.


  • 4 ou 15 BM 11 décembre 2018 23:58

    J’avais déjà posté ce lien très intéressant, mais je le reposte à nouveau car tout est dedans.

    Ne perdez pas votre temps : passez-le à écouter...

    https://sciencetonnante.wordpress.com/2016/10/21/reformons-lelection-presidentielle/


  • 4 ou 15 BM 12 décembre 2018 00:53

  • Ruut Ruut 12 décembre 2018 08:32

    La démocratie as toujours été combattue par le pouvoir en place.

    Car elle n’est viable qu’avec des médiats qui font de l’information et non du sensationnel remplis de propagande.

    Notre nation est plus proche d’une dictature que d’une démocratie.

    Ce n’est pas pour rien que le pouvoir actuel s’en prend a internet (dernier espace de liberté de notre époque).


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