vendredi 9 juin 2006 - par Chansiaux

Les agriculteurs, le mode de vie avant le travail

La nouvelle PAC, qui découple les aides à la production, induit des comportements inattendus chez les exploitants agricoles. Comme la masse des Français, ils aspirent à une plus grande qualité de vie.

Les agronomes, les conseillers en gestion, les chercheurs sont désorientés par les comportements individuels des agriculteurs. C’est Jacques Mathé (Centre d’économie rurale de Niort), responsable de la veille économique auprès de CER France, qui a mis les pieds dans le plat lors d’une conférence de presse (Jouffray-Drillaud, société semencière, Paris, en juin). Jacques Mathé, n’y est pas allé par quatre chemins et a fait preuve de conviction dans ce monde où se cultive la langue de bois. « La conduite des agriculteurs, en tant que chefs d’entreprise, est de plus en plus dictée par des considérations non économiques. » Temps, amplitude et pression de travail, complexité agronomique, sécurité du résultat... priment sur les « vieux » critères : rendement, marge brute, travail bien fait. Les techniciens au contact du terrain constatent même des pertes de compétences techniques ! La nouvelle PAC est passée par là, le revenu est découplé de la production et inversement. D’une exploitation à sa voisine, des stratégies très différentes peuvent être déployées. Il n’y a plus de modèles. Pour l’ensemble de la société, consommateurs ou citoyens, cette nouvelle donne a son importance. L’acceptation des OGM, des nouvelles technologies, de tel ou tel mode de production... se fait de moins en moins rationnelle. Il y a des agriculteurs qui « bazardent » leur troupeau de laitières parce qu’ils ne veulent plus traire le samedi soir ! Des quadras délaissent le métier à la faveur du départ d’un associé pour exercer un autre métier. D’autres restent agriculteurs, mais font réaliser l’ensemble des tâches par un entrepreneur, tandis qu’eux se sont faits recruter comme cadres dans une industrie alimentaire. Cela, ce n’est pas pas Jacques Mathé qui le dit... ce sont des cas vécus dans mon propre entourage !



9 réactions


  • vinz (---.---.178.227) 9 juin 2006 13:40

    une reforme en profondeur de la PAC semble necessaire. mais ce sont ceux qui en profitent le plus qui ont l’oreille des politiques qui en décident ! alors ?


  • Internaute (---.---.1.94) 11 juin 2006 13:53

    Plus qu’un commentaire, une question à l’auteur.

    Y-a-il encore en France la place pour une agriculture vivrière ?

    Quand j’étais petit, les marchés étaient tenues par les femmes et filles de petits paysans qui y vendaient leurs légumes. On y trouvait qualité, diversité, vie sociale et parfois aussi quelques vers.

    Aujourd’hui les marchés sont tenus par des commerçants qui s’approvisionnent bien souvent directement à Carrefour. L’intérêt d’aller au marché s’est réduit à économiser le transport.


  • Plus robert que Redford (---.---.210.57) 11 juin 2006 17:03

    Excellente mise en valeur des changements qui s’annoncent radicaux, mais je reste sur ma faim ! Pourriez-vous développer ?


    • parkway (---.---.18.161) 12 juin 2006 11:51

      à robert+que redford

      je pense que les agriculteurs comme tous les autres citoyens prennent conscience peu à peu qu’on les a pris pour des crétins et des vaches à lait et celà depuis de trop nombreuses années ; Comme d’habitude avec la France, nous sommes parmi les premiers à réagir ! ce sentiment s’est exacerbé ces dernières années avec nos « braves » dirigeants !

      De même avec l’environnement, il faut s’attendre à des surprises !

      Il est possible d’ailleurs que ces deux choses soient liées...

      Mme Soleil a parlé !


    • Chansiaux (---.---.195.198) 12 juin 2006 13:06

      Bonjour,

      En effet, l’article ne fait que lever le voile. Auparavant , en régle générale, les agriculteurs mettaient en place des stratégies pour avoir du rendement (c’est à dire du chiffre d’affaires) ou des marges brutes plus importantes, car leur revenu dépendaient de ces critères. Les subventions étaient fonction de la production. Dés lors que la nouvelle Pac instaure des aides directes au revenu, indépendamment de la production, pourquoi continuer sur la voie du « productivisme » ? Les critères changent et deviennent plus sociologiques, notamment tout ce qui contribue à diminuer la charge de travail et la note d’énergie me semble promis à un bel avenir.

      http://comagri-chansiaux.blogs.com


  • anlevtebot (---.---.149.236) 26 juin 2006 21:01

    Bonjour,

    La dernière réforme de la P.A.C (en attendant la prochaine) à fini de décourager un nombre considérable d’agriculteurs. Ils ont le sentiment de n’être plus compris ni par les politiques ni par leurs relais traditionnel(syndicats,techniciens,conseillers divers). Seul un nombre limité d’entre eux auront les moyens de s’adapter a la nouvelle donne . Les autres désabuser prenne des chemins qui parfois étonne, mais ils quitteront le métier.

    Il ne faut pas se tromper, l’agriculture française de demain sera hyper-intensive sur 3 plans :économie,environnement,production Néanmoins elle ne couvrira que 60% à 80% de nos besoins.Juste de quoi casser les cours mondiaux.

    Fournir des matières premières agricoles et entretenir un jardin pour nos concitoyens le tout au moindre prix,voila ce que l’on attend de nous. Pourquoi pas, mais de mon point de vue la contre partie n’y ai pas.


  • (---.---.47.135) 5 juillet 2006 17:59

    Ils ont raison. Pourquoi travailler alors qu’on peut vivre sans aucun effort.Plus besoin de se lever le matin,l’argent arrive facilement. plus besoin de remplir ses papiers administratifs qui ne servent à rien d’autre qu’à payer des gens qui vivent avec peu d’effort+soucis, avant d’aller ds des poubelles. Il est très difficile de gérer une entreprise et de faire le travail indispensable de cette entreprise. Comment faire avec 35 heures/semaine —45 semaines par an...il faut deja faire +de 35 heures dès que l’on a un employé pour faire ts ce fatra de papiers ;pour l énumaration voir la liste ds internet.


  • CONF79 (---.---.113.21) 8 septembre 2006 11:16

    Certes, les comportements d’abandon existent. mais de nombreux agriculteurs ont des projets et des idées qui les épanouissent et qui permettent de recréer un lien fort avec les consommateurs et la société. Voir par exemple ce blog...

    http://osonslaconf79.canalblog.com/


    • chansiaux (---.---.34.164) 8 septembre 2006 17:17

      Bonjour,

      Merci de votre réaction, bien sûr il y a bien des gens qui ne baissent pas les bras, heureusement ! Mais il y a aussi des réalités qu’il ne faut pas taire, quelle que soit l’opinion que l’on peut en avoir. Mon objectif en tant que « bloggeur » est de faire ressortir des fais qui me semblent être de bons indicateurs de l’agriculture d’aujourd’hui. Cela ne signifie pas que je les cautionne.


Réagir