La nouvelle PAC, qui découple les aides à la production, induit des comportements inattendus chez les exploitants agricoles. Comme la masse des Français, ils aspirent à une plus grande qualité de vie.
Les
agronomes, les conseillers en gestion, les chercheurs sont désorientés par les
comportements individuels des agriculteurs. C’est Jacques Mathé (Centre
d’économie rurale de Niort), responsable de la veille économique auprès de CER
France, qui a mis les pieds dans le plat lors d’une conférence de
presse (Jouffray-Drillaud, société semencière, Paris, en juin). Jacques Mathé,
n’y est pas allé par quatre chemins et a fait preuve de conviction dans ce monde
où se cultive la langue de bois. « La conduite des
agriculteurs, en tant que chefs d’entreprise, est de plus en plus dictée par des
considérations non économiques. » Temps, amplitude et pression de travail,
complexité agronomique, sécurité du résultat... priment sur les « vieux »
critères : rendement, marge brute, travail bien fait. Les techniciens au
contact du terrain constatent même des pertes de compétences techniques ! La
nouvelle PAC est passée par là, le revenu est découplé de la production et inversement.
D’une exploitation à sa voisine, des stratégies très différentes peuvent être
déployées. Il n’y a plus de modèles. Pour l’ensemble de la société, consommateurs ou
citoyens, cette nouvelle donne a son importance. L’acceptation des OGM, des
nouvelles technologies, de tel ou tel mode de production... se fait de moins en
moins rationnelle. Il y a des agriculteurs qui « bazardent » leur
troupeau de laitières parce qu’ils ne veulent plus traire le samedi soir !
Des quadras délaissent le métier à la faveur du départ d’un associé pour exercer
un autre métier. D’autres restent agriculteurs, mais font réaliser l’ensemble
des tâches par un entrepreneur, tandis qu’eux se sont faits recruter comme
cadres dans une industrie alimentaire. Cela, ce n’est pas pas Jacques Mathé qui
le dit... ce sont des cas vécus dans mon propre entourage !