Les choses les plus belles sont inutiles
À quoi sert la beauté ? L'acte gratuit ?
Y avez vous déjà pensé ?
A rien, absolument à rien. C'est peut être ça le charme de l'instant. Le sel de toutes ces choses dont l'utilité est abstraite.
Sont elles belles parce qu'inutiles ? ou inutiles parce que belles ? Toutes celles qu'on est pas obligé de faire, ces actions qui n'ont pas d'autre sens qu'un agrément du moment.
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Acheter une Lamborghini, un yacht, une île. C'est pareil finalement, car une Lamborghini c'est joli et ça sert à rien, un yacht c'est la même chose en plus cher, et une île ça dépend de la taille et de l'endroit. Mais bon, tout est possible après tout.
Si vous avez joué une seule fois au loto, vous ne pourrez pas me jeter des pierres.
Je plaisante vous aurez compris, parler d'acte gratuit, de mot gentil, puis de yacht & Lamborghini c'est pas sérieux et c'est fait exprès, c'est pour dire. C'est pour comparer la beauté invisible, ineffable, intérieure, avec le concret, le matériel. Là encore, la beauté étant subjective, chacun ses goûts, le clinquant virant souvent au kitch ; au mauvais goût.
Où réside l'intérêt paradoxal de faire une voiture de 15 litres de cylindrée ? Une Hispano Suiza qui consomme autant qu'un train de banlieue, qu'une Micheline diesel, sauf qu'en plus c'est de l'essence qu'avale une Hispano, c'est plus cher.
Uniquement dans la recherche esthétique et mécanique. ?
En plus côté écologique c'est moyen ; 1 chauffeur plus 1 passager qui se déplacent dans un confort déplacé, tout ça gratuitement, car cette promenade n'a aucun but, elle ne revêt pas de caractère social, encore moins d'utilité publique.
Évidemment, on pourra toujours dire que les fabricants de voitures de luxe se gavent d'argent. Oui, mais pas toujours. Certaines marques prestigieuse, Bugatti par exemple, n'ont même pas réussi à vendre leurs chefs d'oeuvres, déjà la crise ? Les moteurs des Bugatti Royale ont d'ailleurs étés déterrés après la guerre et ont servi devinez à quoi ?
À équiper des trains, avec lesquels Bugatti a même battu des records de vitesse ; autour de 200 km/h, c'est vous dire la puissance des moteurs, à l'origine conçus pour tirer 4 gus en boudoir et un chauffeur à l'air libre.
Aston Martin vendait certains modèles à perte, car ça revenait tellement cher de tout faire faire ''à la main'', surtout quand la sous traitance n'existait pas, que le prix devenait dissuasif, même pour les riches. Le prestige entraîne parfois la faillite.
Les Cadillac des années 50, pas mal aussi dans le genre décadent, quoique un peu plus abordable, automobiles démesurées, baroques, aux couleurs déjà métallisées, parfaitement assorties aux robes de soie rutilantes des High Society Fifties Ladies. D'ailleurs, les pubs Cadillac étaient sans ambiguïté, clairement ostentatoires.
''Buy a Cadillac'', ou plusieurs tant qu'à faire, une pour chaque jour de la semaine, bleue ciel, vert émeraude, rouge sang, noire, jaune, rose. Why not ? No limit ; Vous le valez bien !
Elles sont quand même belles ces Cadillacs, non ?
Pendant que les malheureux trimeurs d'usine façon Charlie Chaplin dans les temps modernes passaient sous les rouages monstrueux du bagne répétitif de gestes robotiques, dûment étalonnés sur leur possibilités physiques, calculées à la limite de l'épuisement, les high life designers de chez Cadillac réfléchissaient au moyen d'assortir les voitures de luxe au tenues vestimentaires des femmes aisées.
Chacun son boulot ! Paraît qu'il n'y a pas de sot métier ; moi j'fais des trous dans des billets, disait Gainsbourg dans le Poinçonneur des Lilas
Parenthèse ; les peintures métallisées ne sont apparues en France qu'au début des années 70. Comme l'interdiction à la Banque de France de fabriquer de l'argent sans intérêts.
Vous me direz : Aucun rapport entre l'argent de la dette et la peinture métallisée ! Si justement ; les Etats Unis ont inventé les deux. Même si l'intérêt de la peinture à reflets métallique est discutable, c'est toujours une question d'argent, qu'ici on injecte jusque dans la peinture des voitures.
Ce n'est pas de l'argent mais des particules d'aluminium, mais le résultat est le même ; il faut que ça brille ! Et surtout ça ne sert absolument à rien, c'est inutile, mais c'est ''beau''.
À contrario de l'acte gratuit et des voitures de luxe, les travaux alimentaires ou forcés sont laids, eux ; vraiment pas beaux. Un véhicule utilitaire est lui aussi rarement agréable à regarder. Mais sans aller jusqu'à l'horreur conceptuelle des travaux ''d'intérêt général'', substitut de l'incarcération chez la démocrassie, tout acte utile égale l'acte laid.
Beurk !
Forcément ; laid. & inutile aussi.
Mais au sens où il ne sert qu'à la survie, c'est l'antithèse du plaisir sur la terre, la contrainte permanente, l'esclavage ; le travail, mot d'ailleurs tiré du latin tripalium, instrument de torture.
Mais écoutez bonnes gens, voici une idée qui nous permettra d'éviter à présent les inconvénients liés à tout acte gratuit, payant ou forcé. Vous n'avez qu'à fermer les yeux ou regarder ailleurs, c'est ce que vous faites souvent d'ailleurs, la beauté dérange. Pourquoi détournez vos les yeux de l'objet de vos rêves ?
Y a qu'à tous vivre dans le noir. Tous aveugles ! Ce sera le bonheur dans l'uniforme ! plus besoin de voter la révolution dans les urnes ou le travailler plus parce qu'on le vaut bien.
Mais oui, la voilà l'idée ! Envie et jalousie qui nous pourrissent la vie disparaîtraient au profit de l'oubli des courbes avantageuses des miss. Entre autre.
Une fois la lumière éteinte, qu'est ce qui différencie Madame Quidam de Marilyn ou Bardot à la belle époque ? Sans jeu de mot. Arlette Chabot de Rhianna ?
Dans le noir, dans le langage steppique en cours sous les couvertures ; mélange de caresses, de chuchotements, de souffles courts et parfois de cris ; peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. À plus forte raison quand plusieurs flacons pousse-au-crime ont précédés l'action et irradiés libidos.
Le noir ça peut être beau finalement ; on voit rien mais on peut imaginer ce qu'on veut.
Le plus dur c'est le réveil.
Pour éviter de se refléter dans les yeux d'un alien rencontré (e) après une soirée arrosée, un avatar de bar, de verres solitaires, chasser l'angoisse, la honte, la peur parfois et les regrets toujours d'avoir cédé à l'imbibation sans modération, on devrait étudier une transhumanisation partielle de l'homme, qui lui permettrait de ne plus jamais voir la réalité en face, sans se cogner dans les murs et tomber dans les escaliers.
C'est à la mode en ce moment, le transhumanisme ; améliorer les caractéristiques physiques de l'homme pour en faire un Dieu ; y a du boulot mais ça coûte rien d'essayer.
Le Roi Fou. © Pierre Chalory, huile sur toile, 180 x 120 cms 1995.
Une subtile modification technologique, un ajout ou un retrait génétique qui nous soûlerait à tout jamais sans les risques de chute et de garde à vue. Quoique, j'ai remarqué que les gens qui ne boivent jamais semblent avoir de sérieux problèmes, on dirait qu'ils vacillents d'origine.
On deviendrait des légumes blafards, des taupes à l'air libre, des ravis abrutis ; le Nouvel Ordre Mondial parfait ! Attali et ses concepts soviéto globaux à base de milliards en monnaie de singe revendus aux bovins travailleurs interdits de propriétés, Attali disais-je, n'a qu'à bien se tenir.
L'Eurogroupe pourrait aussi être intéressé ; il suffirait d'adapter les méthodes d'Ivan le Terrible, qui fit crever les yeux de l'architecte de Sainte Sophie afin qu'il ne puisse plus refaire ailleurs un chef d'oeuvre concurrençant sa grandeur.
Euréka !
C'est simple. Il suffit d'aveugler proprement et sans douleur la population pour effacer les inégalités sociales.
Du coup, les ''élites'' n'auront plus besoin de compte en Suisse, de magouille et d'esbrouffe. Plus besoin d'être riche, de se crever à la tâche, puisque de toute façon plus personne ne verra de différence entre twingo et jaguar, entre député et balayeur, entre ?
Mais je m'égare, pourtant j'ai arrêté de boire, il n'y a pas longtemps c'est vrai.
Car à bien y réfléchir, nous sommes déjà bien aveuglés, mais plus de bêtise, de cupidité que par manque de lumière. Les dioptries n'éclairent plus que les avatars inconscients et perdus que nous sommes devenus, nous les hommes.