lundi 27 mai - par beo111

Les doubleurs se font doubler

Vous avez sans doute entendu que les doubleurs sont en train de se faire doubler. Par l'intelligence artificielle (IA). Ils ont interpellé la Ministre de la Culture Rachida Dati pour faire valoir l'exception française au cinéma et à la télévision.

Alors évidemment ils défendent leur beefsteak, c'est humain. Personne n'a envie de se faire remplacer par une machine, c'est entendu. Cependant je vous propose de pousser un peu plus loin l'analyse, parce que quand on va plus loin, on voit des choses que les autres n'ont pas vues.

Déjà, le doublage, d'où ça vient ? De la fin du cinéma muet, où la question ne se posait pas. À la rigueur on mettait les panneaux en français, une sorte de sous-titrage muet. Ensuite, avec l'arrivée de la voix, plusieurs options se sont présentées, les principales étant : sous-titrer ou doubler.

Et il fallait répondre à la question : sous-titrer, ou doubler ? En France vous connaissez la réponse, nous avons massivement doublé. L'idée était de protéger la langue française. Mais elle était inspirée par la peur de la langue anglaise. Et vous le savez, la peur est mauvaise conseillère.

Parce que regardez ce qui s'est passé : l'industrie cinématographique étasunienne a pu facilement écouler ses films déjà rentabilisés en France, où ils ont pu toucher un large public populaire qui n'avait pas d'effort à fournir pour comprendre une production en langue étrangère.

Tout cela a été en plus facilité par un facteur politique, à savoir que libre circulation des produits culturel étasuniens était la seule contrepartie exigée par le plan Marshall. C'est pourquoi encore aujourd'hui ce sont surtout des séries américaines que l'on voit sur nos écrans de télévision.

Eh oui après tout, pourquoi pas des séries italiennes, belges, espagnoles, roumaines, chinoises ? Ou le cinéma indien de Bollywood ? Après tout il n'est pas cher du tout. Il y a la différence culturelle oui, mais justement, ne s'est-on pas fait avoir ?

À trop vouloir protéger la langue française, n'avons-nous pas favorisé le déferlement de culture étasunienne dans notre pays ? La réponse est indiscutablement oui. Car si les gens avaient eu à faire l'effort de lire les sous-titres, ils auraient consommé moins de culture étrangère.

André Malraux disait qu'une culture, ça se mérite, ou pour être plus précis, ça se conquiert. Oui, mais cela vaut pas uniquement pour les producteurs culturels, c'est aussi vrai pour les consommateurs. Et à être paresseux, le téléspectateur français s'est laissé submerger.

Surtout que là encore, ce n'est pas l'anglais parlé ou même chanté qui change quelque chose. On entend beaucoup d'anglais à la radio, et ce n'est pas pour cela que tout le monde se met à parler cette langue, particulièrement difficile à apprendre pour les Français.

Les sonorités ne sont pas les mêmes, le rythme évolue, l'accent tonique n'est pas du tout placé comme en français, et il y est encore plus irrégulier. C'est pour cela par exemple que dans les spectacles de gymnastique, les athlètes non anglophones ne sont pas gênées par le fond sonore en anglais, puisque de toute façon leur attention ne peut pas détournée par des paroles qu'elles ne comprennent pas.

Eh oui, l'anglais est difficile, c'est une barrière naturelle. Et c'est parce qu'ils n'ont pas fait confiance à la nature que les politiciens français ont favorisé l'invasion du tout-à-l'anglais, car évidemment si 90% des produits culturels qui nous entourent sont d'origine anglophone, le système éducatif a tendance à enseigner cette langue en priorité.

En priorité par rapport aux autres. Aux langues de nos voisins, allemand, italien, espagnol, qui eux sont restés dans l'UE, et avec qui, normalement nous sommes appelés à resserrer les liens. Oui, pourquoi n'a-t-on pas à la radio plus de chansons en langues européennes ?

Parce que, comme déjà évoqué, les produits culturels les moins cher ont déjà été rentabilisés auprès d'un public assez nombreux. La seule solution serait de rentabiliser des produits culturels à l'échelle de l'Europe. Pour se faire on pourrait utiliser l'espéranto, dix fois plus rapide à apprendre que l'anglais.

Son initiation, puis son enseignement massif dans toutes les écoles d'Europe permettrait l'émergence d'une culture réellement européenne, sans menacer les langues nationales, car c'est une langue purement internationale.



11 réactions


  • Sirius Sirius 27 mai 10:49

    ça fait longtemps que les OS se sont fait doubler par les robots et que les chauffagistes se sont fait doubler par les plombiers polonais


  • Montdragon Montdragon 27 mai 11:39

    Malheureusement un épiphénomène.

    Les classes moyennes a faible Valeur Ajoutée sont terrorisées par l’IA qui supprimera leurs jobs inutiles et trop bien payés sur Excel ou autres logiciels chaotiques.

    Certains l’ont déjà compris et se cassent à la campagne faire du miel bio ou du maraichage équitable/inclusif/mes c. sur la commode.

    La robotisation de certaines taches, en revanche, qui touchait les classes inférieures ne leur a jamais fait lâcher une larme.


    • La Bête du Gévaudan 27 mai 23:35

      @Montdragon

      les beaufs lepénistes ce n’est pas important... ce qui est important, c’est NOUS, auditeurs de radio-france, téléspectateurs d’Arte, lecteurs de Médiapart et électeurs de Mélenchon.


  • nenecologue nenecologue 27 mai 13:20

    « l’exception culturelle » ...

    Des stars trop payées avec nos impôts.

    Ils se disent anti frontières pour plaire à leurs maitres mais ils vivent dans des quartiers protégés par de hauts murs et des gardiens ...

    Ils se disent de gauche mais réclament sans arrêt des avantages par rapport au vulgus pecum qu’ils méprisent...

    Bref, ils sont moins utiles au système et sont mis de coté après l’avoir bien servi : Bien fait pour eux !


  • zygzornifle zygzornifle 27 mai 14:24

    Ils sont comme les journalistes, des bons petits toutous toujours a japper pour que leur maimaitre le gouvernement leur renouvelle leur gamelle de flotte et leurs nonos en leur gratouillant la tête, peut être même pourront t’ils dormir sur la couette bien lovés aux pieds de leur maitre adoré et protecteur ....


  • ETTORE ETTORE 27 mai 14:34

    Nos « stars » ne rêvent que d’une étoile sur le boulevard, qui les mèneraient à la fortune !

    La Chooooose French, est devenue une simple marche, recouverte d’un tapis, qui ne dit pas son nom, et fait grimper dessus, tout ce que l’on devrait ignorer, ou ne pas faire paraitre décemment, sous une robe !

    C’est le triste constat, d’une doublure, qui ne concerne pas que les répliques, mais bien d’autres intérêts que la morale ne saurait décrire, sans en avoir la couleur du tapis piétiné, de faux talons d’Achille !


  • Seth 27 mai 19:49

    Ben ça tombe bien : il y a justemant une liste Esperanto aux zheuropéaineus. smiley


  • La Bête du Gévaudan 27 mai 23:46

    je ne sais pas si la France fait plus mal que les autres pays européens, qui mangent tous de la série américaine...

    perso je préférais le doublage au sous-titre qui arrache les yeux... mais les doubleurs étaient nuls et ne savaient pas prononcer... et puis de toutes façons ça fait longtemps que je ne regarde plus les navets qu’on nous propose.

    d’ici une ou deux générations, l’espéranto ce sera l’arabe... avec les félicitations du COMECON bruxellois, de Sa Majesté Charles III et du Konducator Mélenchon. On pourra ânonner nos sourates et faire la Californie sans la mer de l’Atlantique à l’Oural.

    jamais pigé l’intérêt de l’espéranto : tant qu’à faire, autant spiker l’english pour accéder à une culture complète... Et puis l’espéranto reviendrait autant à liquider les langues de toutes les nations européennes, je ne vois pas bien la dimension humaniste là-dedans. Il y a des pays indépendants qui ont le français en langue officielle ; on peut spiker l’english sans être soumis aux Américains. Je ne vois pas ce qu’apporte l’espéranto. Mais vous pouvez tenter votre chance à Davos ou Bruxelles : ils seraient bien capables de nous l’imposer !


    • beo111 beo111 28 mai 08:11

      @La Bête du Gévaudan

      Ben justement non. L’espéranto est une langue, facile à apprendre, donc elle ne peut pas être un centre de profit financier. Elle n’intéresse ni Davos, ni Bruxelles.

      Au contraire, elle permet de se décoloniser l’esprit, car les traductions de livres vers l’espéranto viennent de manière beaucoup plus équitable des grands ensemble culturels mondiaux, là où 90% des traductions en français viennent de l’anglais.

      Mais surtout, comme l’espéranto est très facile à apprendre, on a pas besoin de trop investir pour l’apprendre. Alors que justement, les investissements pour faire apprendre l’anglais à une population sont lourds, et cela menace les langues nationales, car trop de ressources sont dédiées à l’anglais.


    • Panoramix Panoramix 28 mai 13:56

      @La Bête du Gévaudan
      après le franglais puis le globsh, on aura donc l’arabish


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