Les perversions de Saturne
Les perversions de Saturne.
Février 2012
- Le temps quel emmerdeur, à part de coller des rides et de l’arthrose à quoi qui sert celui là ?
Ainsi bougonnait papy Raymond le cul poser sur un voltaire défraîchi entre les piles des programmes télé à deux balles et ses respectables revus de jardinage.
Tic tac, tic tac, une hanche, un col du fémur qui fout le camp et merde ! C’est quoi ce bordel on ne peut pas partir comme un flash, sur ses deux jambes ? Il faut vraiment en passer par la déchéance physique, psychique et morale ? La vie a-t-elle jugée que l’outrage à l’intégrité était nécessaire pour rappeler l’homme à un peu plus d’humilité ?
On a beau poétiser, dire que les rides aux coins de nos yeux sont les fleuves des larmes des veufs ou des veuves ou qu’elles sont apparues parce que l’on a trop ri, taratata, elles sont bien là et rien ne peut gommer cette signature du temps dont on se passerait bien.
Cataracte et prostate sont en un bateau, putain ! Si les deux pouvaient se noyer !
Bon bref, le mica continu de s’écouler et pas un grain pour bloquer cet enfoiré de sablier, c’est comme ça !
Devant sa télé, papy suit la campagne électorale, Il est subjugué par les aboiements pré orgasmiques de Nadine la folle lorsqu’elle prend fait et cause pour le napoléon d’opérette. Ca côtoie le summum du ridicule, attitude dans laquelle cette dinde idiote prouve toute son inutilité et sa complaisance en se vautrant dans une vacuité intellectuelle abyssale. Tout comme le frénétique déhanchement de sa croupe charentaise lors de ses apparitions télévisuelles, qui chaloupant et tanguant comme un bateau ivre donne la gerbe. Une fois à droite pour les mauvaises pensées, une fois à gauche pour les chasser, tout cela sous une apparente bonne conscience putassière. La décence voudrait que lorsque l’on est intellectuellement déficient on s’efforce à une pratique d’abstinence verbale. Mais bon, ce n’est qu’un être primitif qui ignore ou s’arrête la sincérité et ou commence la correction car, n’ayant aucune notion de savoir vivre, son environnement éducatif se limite à la longueur de la laisse qu’a bien voulu lui octroyer son maître…
Voilà, depuis quelques temps, comme disait le grand Jacques, rythmé par la pendule qui nous attend, du lit au fauteuil devant la télé et du fauteuil devant la télé au lit… Et pour voir quoi ? Des conneries qui alimentent son Alzheimer, triste final sans tambour ni cymbale.
- Tu veux ma canne dans la gueule, Gabriel ?
Si le physique ne suit plus, sa verve n’a rien perdu de sa spontanéité et de sa franchise. Un vrai régal…
- Tu le sais bien, ce monde par en couille, comme moi, tout comme moi…
- T’inquiète pas Raymond, tout ce passera bien.
- Arrête ce sourire, ça m’agace.
Mars 2012
N’oubliez pas mon ami le passeur, mettez les gages pour la traversée de l’Achéron sous la langue des morts, obole à Charon. Partir sur la pointe de pieds sans un bruit face aux cris des martyrs, préférer par défaut le monde de l’oubli à l’actuel des folies.