Les races n’existent pas, compris ?
Comment appelle-t-on un homme de couleur avec un révolver ? « Monsieur » !
Cette blague sotte - datant des années soixante - il est désormais compliquée de la dire en société. Pis : il est nul et non avenu de parler de race, puisque le mot « race » vient d’être supprimé de la constitution par la Députation, soudainement investie d’une mission scientifique. La Chambre, à la l’unanimité des présents, a en effet tranché le nœud gordien de la question il y a une quinzaine de jours, avant que n'éclate l'affaire Benalla.
Juan Carlos Monedero, fondateur du mouvement d’extrême gauche espagnol Podemos, doit par exemple être blâmé pour ce tweet de la semaine passée : « les Noirs ont gagné le mondial. L’Europe pourrait sauver ceux qui arrivent en bateau, ne serait-ce parce que parmi eux, il y en a sûrement un qui est un génie du foot ». Par delà ses conclusions hardies, l’ibère a tort sur le fond : le mot noir ne signifie rien ; sachons-le désormais, lorsque nous croisons un Malien d’un noir d’ébène au détour du boulevard, c’est en fait un être semblable en tout point à nous, et idem pour le jaune aux yeux bridés. Là où le sot croit voir un japonais, il doit se mettre en tête que non, il rencontre un habitant de la planète terre, indifférencié.
Patatras pour nos nouveaux Diafoirus, dans un article du sérieux New-York Times publié en mars dernier, le scientifique David Reich, professeur de génétique à Harvard, proclame exactement le contraire.« On peut être préoccupé par une éventuelle mauvaise utilisation des données pour justifier le racisme, mais en tant que généticien il n’est simplement plus possible d’ignorer les différences génétiques moyennes entre les races. Des avancées révolutionnaires dans la technologie de séquençage d’ADN ont été faites au cours des deux dernières décennies. Ces progrès nous permettent de mesurer avec une précision parfaite quelle fraction de l’ascendance génétique d’un individu remonte, par exemple, d’Afrique de l’Ouest. Avec l’aide de ces outils, nous apprenons que les différences d’ascendance génétique qui sont corrélées à de nombreuses constructions raciales actuelles sont bien réelles. Des gens bien intentionnés qui nient la possibilité de différences biologiques substantielles entre les populations humaines se recroquevillent dans une position indéfendable, qui ne survivra pas à l’assaut de la science. » Et le généticien d’ajouter : « Vous entendrez parfois que les différences biologiques entre les populations sont petites, parce que les humains ont divergé trop récemment des ancêtres communs pour que des différences substantielles soient apparues sous la pression de la sélection naturelle. Ce n’est pas vrai. Les ancêtres des Asiatiques de l’Est, des Européens, des Africains et des Australiens étaient, jusqu’à récemment, presque complètement isolés les uns des autres pendant 40 000 ans ou plus, ce qui est amplement suffisant pour que les forces de l’évolution puissent fonctionner. Dans les années à venir les études génétiques montreront que de nombreux caractères sont influencés par des variations génétiques, et que ces traits diffèrent en moyenne entre les populations humaines. Il sera impossible – en effet, anti-scientifique, idiot et absurde – de nier ces différences ».
Certes, l’étude des races humaines a beaucoup évolué. On est loin, sans aucun doute, des affirmations péremptoires et absurdes d’un Linné (1758), l'un des premiers à tenter de classer rationnellement l'ensemble des êtres vivants, qui distinguait l'homme blanc (Europeaus), "esprit aiguisé et inventif, doux, gouverné par les lois", le rouge (Americanus), "obstiné, joyeux, libre, respectueux des coutumes", le jaune (Asiaticus), "hautain, avare, sévère, gouverné par ses opinions", et le noir (Africanus), "rusé, indolent, négligent, gouverné par son caprice ou par la volonté de ses maîtres".
Néanmoins, et quoique le fait contredise nettement l’oukaze récent de nos députés français, la fréquence de différentes maladies varie nettement selon les catégories de populations. Par exemple, aux Etats-Unis, plusieurs études de haut niveau ont montré que le cancer de la prostate ou l'hypertension sont plus fréquents chez les Afro-américains que chez les autres, quand le le cancer de la peau ou l'ostéroporose sont plutôt rencontrés chez les « Caucasiens ». Quelques maladies rares sont clairement spécifiques à des groupes particuliers, comme le syndrome de Tay-Sachs, une maladie infantile grave (et visiblement antisémite puisqu’elle frappe au principal les Juifs ashkenases) ou la thalassémie - une anomalie des globules rouges - rencontrée chez les peuples de l'arc Méditerranéen, ou encore des troubles cardiaques fréquents chez les Antillais et les noirs en général. Si les races sont un leurre, pourquoi les maladies ne sont-elles pas au courant ? Sont-elles politiquement incorrectes ? La très sérieuse Food and Drug Administration (FDA) vient de donner le feu vert, le 23 juin dernier, à la mise sur le marché du premier médicament destiné exclusivement aux Noirs américains. Le BiDil (c’est le nom du produit) réduirait significativement les risques de décès des patients afro-américains atteints d’insuffisance cardiaque, selon une étude parue récemment dans le New England Journal of Medicine. Faudra-t-il placer les médecins auteurs de l’étude en garde à vue ?
Bien entendu, il n'y a qu'une seule race, les humains. Mais ils sont différenciés. Les "races" sont consécutives aux mouvements de population, puis à leur sédentarisation. L’homo sapiens émerge en Afrique il y a deux cent mille ans. Les premiers groupes à migrer en dehors de l’Afrique subsaharienne colonisent l’Afrique du nord et l’Asie du sud-ouest il y a cent mille ans. Des peuples d’Asie du Sud ont migré en Asie du Sud-est il y a environ 70 000 ans et ont évolué en Asiatiques du Sud-est. Certains des peuples d’Asie du Sud et d’Asie de l’Est ont émigré dans les îles de l’archipel indonésien et sont arrivés en Nouvelle Guinée il y a environ 65 000 ans. A peu près à la même époque, certains de ces peuples ont émigré en Australie, où ils ont évolué en Aborigènes Australiens, etc. On pourrait continuer ainsi sur des pages entières. Les recherches sur la migration et les races constituent un pan entier de la science (la paélontologie, et la génétique) corroboré sur le terrain par des recherches très pointues sur les sédiments et les ossements, avec des études en laboratoire allant jusqu’à la physique nucléaire.
La théorie LGBT (on n’est ni homme ni femme à la naissance, on le devient par choix) ou la disparition des races par décret (les noirs, contrairement à une opinion courante, n’existent pas) procèdent tous deux de la même démarche : il s’agit d'éradiquer le racisme ou l'ostracisme par la force de la loi, quand il suffit d’ouvrir les yeux pour constater que Marcel n’est pas Claudine, et Mamadou, pas Yves.