Liberté d’expression, liberté chérie !
La liberté d"expression est la base des droits de l'homme, la racine de la nature humaine et la mère de la vérité.
Tuer la liberté d'expression revient à insulter les droits de l'homme, étouffer la nature humaine et supprimer la vérité.
On glose beaucoup sur la liberté d’expression qui serait un des fleurons de la démocratie du moins dans sa version déifiée. On la revendique même pour la contraindre.
Faisons d’abord un sort au postulat qui réduit la démocratie à l‘expression d’un droit comme le droit de vote qu’il soit rendu obligatoire ou laissé à la discrétion de celui qui est appelé à l’exercer. Le droit de vote est un des moyens d’exercer ses droits mais c’est aussi un leurre qui permet de contourner la volonté populaire par différents artifices dont le moindre n'est pas le parjure.
A cet égard le taux d’abstention devrait être pris en considération comme mode d’expression quelle que soit la signification plurielle qu’on pût lui donner : depuis la défiance envers des autorités perçues comme illégitimes jusqu'au "je m’enfoutisme" fort à la mode en cette période de l’évolution de la nation où l’accessoire matériel prend le pas sur l’essentiel philosophique, où jouir sans entraves est plus important que construire un avenir.
Un adage ( de ma région ) stipule que l’on ne peut même à coups de triques faire boire un âne qui n’a pas soif et manifestement le peuple n’a plus soif quand il s’agit de peser sur les décisions de la cité : une majorité accepte donc passivement la grêle de mauvais coups qui s’abat parfois sur elle.
A quoi bon ! (ou "tous les mêmes" ou pire "tous pourris" ) est souvent l’antienne la mieux partagée et pas seulement au comptoir du café du Commerce où les délires avinés font souvent force de loi.
On ne s’étonnera guère que, dans un tel climat de déréliction, insidieusement se développent des attaques à la liberté d’expression même dans ses aspects les plus anodins.
Je me sens de gauche et j’ai un âge qui me donne suffisamment de recul pour constater la lente érosion des libertés. En réaction en fait à cette explosion non encadrée des licences ( de toute nature et même pour d’aucuns contre nature ) consécutive à mai 68.
Jamais la maxime « l’excès en tout est un défaut » n’a trouvé plus évidente confirmation que dans les conséquences de cette libération des esprits et des corps, conséquences que l’on vit aujourd’hui où différents mouvements au départ de libération font peser sur les consciences un poids qui impose de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant d’oser un avis purement conformiste.
Le prétexte de la remise en ordre - pas si républicain que cela - a été fourni par les soudains états d’âme exprimés par certains représentants la plupart du temps auto-proclamés de la population juive pour qui pourtant la république témoignait déjà à l'époque une grande complaisance sinon une déférence certaine.
Le mouvement de régression a d’abord été enclenché à l’occasion de la répétition des « mots d’esprit » et des calembours orientés de Jean-Marie Le Pen qui exprimait, à sa façon, un ras-le-bol diffus dans la population quand, à force de ressasser un passé douloureux où la France de Pétain n’avait pas tenu un rôle fort glorieux, on plaçait une partie de la population sur un piédestal victimaire, un autel au pied duquel tous les Français devaient battre régulièrement leur coulpe.
Grâce à l’indignation surjouée des Médias lui servant et pas nécessairement de manière inconsciente de formidable caisse de résonance, Jean-Marie Le Pen est passé d’un rôle de chef scout d’un groupuscule confidentiel à la stature d’un homme qu’on pourrait qualifier d’état si on le compare au nanisme généralisé de ses détracteurs faussement outragés et qui se drapaient dans les oripeaux d'une démocratie ébranlée par ses saillies.
Il n’a eu ensuite qu’à troquer ses plaisanteries graveleuses sur les Juifs pour un combat infiniment plus porteur dans l’imaginaire collectif car articulé sur ce qui survit au tréfonds de toutes les âmes la peur de l’autre, de l’étranger dont son grand talent oratoire a réussi à libérer l’expression aujourd’hui quasi sans limites.
Les stupides lois Gayssot qui devaient être le point d’orgue de cette repentance généralisée ont abouti à ce que se développent des surenchères victimaires où fort logiquement certains se demandaient pourquoi leur passé douloureux valait moins que celui des Juifs.
On en est arrivé au point où des plaisanteries qui ne sont pas du meilleur goût mais sont tout de même anodines valent à leurs auteurs d’être voués aux gémonies.
Aujourd’hui Pierre Desproges ou Coluche feraient l’objet de poursuites.
Ainsi Pierre-Jean Chalençon, collectionneur d’art et animateur acheteur, assez brouillon au demeurant, de l’émission « Affaire conclue... » de Sophie Davant avait exprimé par tweet sa « déception » de constater la longévité de Line Renaud. Ce n’était pas fort malin mais ce n’était, je pense, qu’une tentative assez vaine de mot d’esprit.
En conséquence de sa folle audace il avait déjà dû subir de sévères remontrances de la part des Torquemada du service public.
Pour mettre un point final à l’affaire et pour lui signifier son congé de l’émission, on a profité de sa présence à la fête anniversaire de Jean-Marie Le Pen où il s’est laissé photographier à côté de Dieudonné, autre pestiféré du spectacle et empêcheur de réfléchir en rond.
Il y a donc des amitiés ou des compagnonnages proscrits par le vade-mecum d’état même si cet état se dit démocratique.
Le problème dans toutes ces agitations ( sans grande utilité sinon masturbatoire pour le soliloque compassé de certains locuteurs à la mode ) est qu’elles servent de prétexte à une restriction continuelle du droit d’expression où pourrait être menacé in fine celui de professer des opinions qui ne sont pas en ligne avec la doctrine officielle.
On conçoit que la liberté d’expression doive se plier à certaines règles et notamment celles qui consistent, par exemple, à ne pas troubler l’ordre public par des appels au meurtre mais au-delà de ça elle consiste aussi à revendiquer le droit de dire ce que le bon goût ou l’usage interdisent de dire.
Quand ce droit est contesté, nous allons vers ce que nous connaissons actuellement en France un bridage de la réflexion qui, pour avoir droit de cité, ne peut s’exercer que sur les terrains déjà défrichés par la doxa officielle.
C'est en chassant la poussière sous le tapis que l'on écrit l’histoire officielle mais ce n’est pas de cette manière que l’on fait œuvre d’historien.